Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les problèmes “internes” de la Chine

Un jour j’ai discuté avec un communiste chinois qui répondait au nom très courant de M.Wang, il m’avait dit que quand des problèmes sont exposés sur la place publique et soumis à l’opinion publique chinoise, il existait dejà des solutions pour y faire face. Selon lui le seul problème de la Chine non encore résolu était la conséquence de la politique de l’enfant unique et de l’aspect capricieux d’une jeunesse trop gâtée. Ces enfants-là seraient-ils en capacité de faire face à cette période de basculement historique dans laquelle la Chine était devenue trop grande pour se cacher et dans laquelle il fallait contenir la volonté destructrice du capital tout en poursuivant la modernisation et le développement? Si l’on veut que le marché intérieur chinois se développe et que l’épargne ne soit pas excessive, il faut résoudre les questions essentielles qui grèvent l’économie des ménages (l’éducation, la santé, le logement). Cela passe par une expérimentation entre privé, public, gouvernance nationale et locale. Il me semble important de promouvoir une conception de la politique qui note clairement les problèmes, causes, conséquences et le rôle du politique qu’il s’agisse de l’Etat ou de l’intervention citoyenne est de suivre la mise en oeuvre de ce qui a été décidé, c’est ça la démocratie. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Suite des tribulations d’EvergrandeEndetté jusqu’au cou – soyons précis, le conglomérat a annoncé en 2021 une dette de 300 milliards de dollars lorsque les autorités chinoises ont commencé à renforcer leur contrôle sur le secteur immobilier – le groupe immobilier Evergrande a requis le 17 août son placement en faillite aux Etats-Unis. La mesure vise en réalité à protéger ses actifs américains avant qu’un accord sur la restructuration de sa dette ne soit trouvé. En juillet, le groupe a annoncé une perte nette de plus de 113 milliards de dollars cumulée pour les années 2021 et 2022, la procédure de mise en faillite n’a donc pas surpris les investisseurs et les marchés mondiaux.  Fin août, le groupe a demandé la reprise de sa cotation à la bourse de Hong Kong. Dans un document déposé auprès des autorités boursières le vendredi 26 août au soir, Evergrande a déclaré qu’elle avait rempli les sept conditions requises pour annuler l’ordonnance suspendant la négociation de ses actions depuis le 21 mars de l’année dernière. “La société a des activités commerciales suffisantes”, affirme la déclaration. “La société donne la priorité à la stabilisation des opérations et à la résolution des risques, et poursuit ses efforts pour assurer la livraison des biens immobiliers.”Les doutes persistent cependant : PwC, l’ancien auditeur d’Evergrande, avait soulevé des questions telles que la possibilité de la continuité d’exploitation du groupe pour 2021 et les prévisions de flux de trésorerie sur 12 mois établies en janvier 2022, qui sont toujours d’actualité, admet le promoteur. Son nouvel auditeur, Prism Hong Kong and Shanghai Limited, a déclaré qu’il n’était pas non plus en mesure d’obtenir des preuves suffisantes pour démontrer la capacité d’Evergrande à poursuivre son activité, car les prévisions étaient basées sur certaines hypothèses “qui impliquent des incertitudes significatives”.Signe que la confiance n’est pas au rendez-vous, le cours de l’action du groupe a plongé de 79% pour atteindre centimes de 35 HKD (5 centimes EUR) lors de la reprise de la cotation le lundi 28 août, les investisseurs se précipitant vers la sortie dans le cadre d’une restructuration de sa dette. L’effondrement a effacé 17,2 milliards de HK$ (2,2 milliards de dollars) de sa capitalisation. Les réunions permettant aux créanciers de voter un plan de restructuration de la dette offshore d’Evergrande devaient avoir lieu fin août, mais ont été reportées au 26 septembre, selon une déclaration des autorités boursière hongkongaises. Les tribulations se poursuivent.
 
Campagne anti-corruption en cours dans le secteur de la santé
Une campagne anti-corruption a été lancée au début de l’année 2023 dans le secteur des soins de santé au sens large et prend de l’ampleur depuis le début de l’été. Les structures hospitalières sont concernées au premier chef, près de 170 cadres dirigeants d’hôpitaux ont été arrêtés pour corruption depuis janvier. L’industrie pharmaceutique est également concernée car au moins deux chefs d’entreprise ont aussi été arrêtés pour les mêmes motifs. Selon des experts citées par le quotidien hongkongais South China Morning Post, la campagne devrait se poursuivre encore une dizaine de mois jusqu’en juin prochain, les conclusions seront alors remontées aux dirigeants, et de nouvelles réglementations devraient être introduites sur la base des conclusions de cette vaste enquête – les têtes devraient donc continuer de tomber.  Il semble utile de rappeler que le secteur est au cœur du mécontentement de la population depuis de nombreuses années en raison des coûts élevés des prestations et des produits, et de la corruption endémique. Le coût élevé des soins de santé est l’une des trois “principales charges” – avec le logement et l’éducation – qui pèsent sur les finances des ménages chinois. Les plaintes des patients concernant les coûts médicaux inabordables, même pour des maladies bénignes, sont anciennes et répandues. Le secteur n’a pas été pris pour cible au hasard par les autorités au plus haut niveau et la campagne devrait donc recevoir l’assentiment de la population. C’est par un ailleurs un secret de polichinelle : certaines entreprises pharmaceutiques corrompent les directeurs d’hôpitaux et les secrétaires du Parti pour obtenir des ventes. Il est parfois difficile d’enquêter sur ces pots-de-vin, car ils peuvent être déguisés en parrainage ou en invitations à des conférences médicales.  Fait notable également, le secteur a été largement soutenu par des financements publics durant toute la période de la pandémie de Covid-19 : selon les données publiées en mars par la Commission nationale de la santé, les établissements de santé du pays ont reçu plus de 110 milliards de yuans (15,2 milliards de dollars) depuis 2020. Sur ces entrefaites, le gouvernement en la personne du Premier ministre Li Qiang a fait savoir qu’il avait adopté un plan de travail pour le développement et la montée en gamme des industries pharmaceutiques et des équipements médicaux pour la période 2023-2025
Que dit le texte en substance ? Qu’il faut :
– stimuler l’investissement dans l’innovation et le développement de médicaments et d’équipements médicaux au niveau national
– soutenir les grandes entreprises innovantes dans ces deux secteurs
– veiller à la protection et au développement de la médecine traditionnelle chinoise (MTC)
– former et cultiver des “talents de premier plan”
La sécurité alimentaire toujours au cœur des préoccupations du pouvoirDébut septembre, le Conseil d’État a présenté un rapport sur la sécurité alimentaire, fruit d’une enquête spéciale menée sur le sujet par des membres de l’Assemblée populaire nationale (APN). Il n’y a que deux ou trois enquêtes de ce type par an, et elles portent sur des questions d’une importance cruciale.Le Vice-premier ministre Liu Guozhong, dont le portefeuille comprend la sécurité alimentaire, le dirigeant du macro-planificateur (NDRC) et le ministre de l’agriculture ont répondu aux questions des membres de l’APN, dont son président Zhao Leji, troisième plus haut fonctionnaire de Chine.
Le rapport du Conseil d’État n’a pas été publié dans son intégralité, mais on sait que les sujets abordés recouvrent : les menaces pesant sur la sécurité alimentaire de la Chine, notamment les catastrophes naturelles et l‘utilisation abusive des terres agricolesles possibilités d’améliorer la capacité de production alimentaireles mesures incitant les agriculteurs à cultiver des produits alimentaires, en particulier des céréales de base comme le blé et le riz.

Vues : 131

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Andéol
    Andéol

    On sent bien qu’il y a quelque chose de neuf à inventer … mais peut-être s’agit-il de redécouvrir une chose qui existe déjà dans notre passé et que nous n’avons pas « vu » ?

    Depuis 50 ans Salvador Allende porte une couronne d’épines. Le présenter comme un martyre, un gentil idéaliste, est le meilleur moyen de faire oublier la force novatrice de ses réalisations.

    Médecin, il disait que ce n’est pas avec des médicaments qu’on combat les carences alimentaires des enfants : c’est en construisant un monde où tous peuvent manger. Marxiste, il pensait que pour dépasser une société dominée par l’argent la solution n’était pas d’imposer la collectivisation des grands moyens de production et d’échange par la force, comme cela avait été fait en URSS et dans les pays de l’Est : « je veux dire que si le mode de production demeure un enjeu incontournable de la révolution chilienne, le mode de régulation est une exigence nouvelle, née de ce monde complexe que n’ont pas connu les fondateurs du marxisme ».

    C’est pourquoi, dès son arrivée au pouvoir, en 1971, il fit appel à la discipline qui avait permis aux hommes d’engager la conquête de l’espace : la cybernétique. Son métier (car lui, avant de faire de la politique, il avait exercé un “vrai” métier) et son expérience lui avaient appris que ce n’est pas qu’en biologie que le besoin de rétroaction est une condition de survie pour tous les systèmes vivants, et que la complexité ne s’accommode pas des systèmes qui veulent tout régler en amont sans développer les moyens de savoir ce qui se passe en aval …

    Il avait confié au meilleur, le cybernéticien britannique Stafford Beer, souvent salué comme le «père de la cybernétique de gestion», la mise en place d’une équipe anglo-chilienne dont la mission était de concevoir des modèles de gestion compatibles avec une perspective « d’emploi humain des êtres humains » (Wiener). Il voulait dépasser cette sous-utilisation des capacités des producteurs caractéristique des sociétés qui ne croient qu’en l’argent, permettre à l’homme producteur de se dresser de toute sa stature (certains aspects de cette approche seront utilisés par … Toyota !).

    Il ne s’agissait pas seulement de technique informatique. Comme aimait à le dire Stafford Beer, « le succès de Cybersyn dépendait de son acceptation comme système, comme un réseau de gens autant qu’un réseau de machines, une révolution dans les comportements autant qu’une capacité instrumentale » L’instrument n’était pas une technologie sophistiquée mais la démocratie.

    Pas seulement la démocratie libérale, où chacun à le droit de dire ce qui veut sans que ça ne change rien. Une démocratie “cognitive”, consciente de ce qu’agir efficacement demande avant tout la CONNAISSANCE concrète de la réalité concrète dans laquelle on opère. Une connaissance fondée sur la capacité de recueillir et d’assembler toutes les informations nécessaires, sans ces filtres distordus que sont ces outils qui ne mesurent les choses qu’à travers la valeur d’échange, l’argent (le PIB par exemple). Un système d’information donc, capable d’utiliser tant les informations “publiques”, dont disposent déjà les organismes d’État, que les informations “privées”, celles qui sont dans les têtes des citoyens, TOUS et qu’on ne considère jamais (on distingue ici les connaissances fondées sur l’expérience des opinions).

    Le Chili d’Allende avait donc ouvert la voie à une démocratie OUTILLÉE dans le but d’UTILISER tout ce qui existe déjà (connaissances, lois, organismes) sans rêver à je ne sais quoi.

    Mais la gauche française ne sait même pas que cette expérience a existé. Elle n’en n’a jamais tenu compte. Sans réel projet, elle ère entre le gauchisme infantile et “la gestion loyale des intérêts de la bourgeoisie” (Blum).

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.