Histoire et société

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Kenya : 300 ONG dénoncent l’influence occidentale sur les préparatifs du sommet africain du Climat

À deux semaines du sommet africain du Climat, qui aura lieu au Kenya du 4 au 6 septembre 2023, 300 ONG dénoncent – dans une lettre ouverte adressée au président Ruto – l’influence du cabinet de conseil américain McKinsey sur l’ordre du jour de cette rencontre. Dans un courrier adressé au président kenyan, elles s’alarment de voir le sommet « détourné » des priorités africaines en matière de climat au profit des préoccupations des pays occidentaux. En quoi cette annonce nous permet de voir le deal passé entre les pays d’Afrique et l’Occident en matière de “crédits compensatoires” et les profits que cela génère et pour qui ?

Il faut voir qu’au Kenya, comme dans d’autres pays de l’Afrique de l’est, où Macron est allé porter en 2019 son projet climatique de l’époque, une lucrative entreprise s’est développée dans ce qu’on appelle les “crédits compensatoires”. Soulignons que dans ce contexte d’un scandale concernant l’influence du cabinet de conseil américain McKinsey, américain certes mais exemple de l’imbrication des intérêts de la France, des Etats-Unis et de l’UE sur la gestion des affaires publiques n’a rien que de très logique. McKinsey notons-le ne fait qu’utiliser les opportunités qui lui sont offertes par les Etats qui font appel à lui, corruption et soumission aux intérêts étrangers lui offrent un boulevard à des activités qui ont très peu à voir avec la défense du climat et celle des protections sociales et tout avec les profits que ce cabinet conseil espère tirer de l’orientation de ces investisseurs.

Les entreprises privées, publiques et ONG multiplient les projets censés lutter contre le dérèglement climatique. Incitées par des investisseurs étrangers, ces initiatives génèrent aussi des crédits carbone. Un commerce international qui peut s’avérer très rentable, puisque pour faire simple en échange de crédits accordés aux pays pollueurs occidentaux il est monté des projets qui sont conçus pour améliorer l’environnement détraqué en général par les mêmes investisseurs. Cela donne des petits emplois de survie mais on déchante vite quant aux résultats sur la protection et ici aussi le deal commence à être dénoncé. On ne sait pas très bien s’il s’agit d’exiger plus, de dénoncer à ce titre les complices locaux ou de se livrer à des luttes de pouvoir, le tout face à une population, celles de jeunes au chômage y compris diplômés qui se radicalisent.

C’est dans ce contexte celui d’une Afrique qui se réveille et exige d’être aux Africains eux-mêmes qu’il faut apprécier cette courte nouvelle d’une protestation de 300 ONG.

Article de RFI •55mManifestation contre l’injustice climatique à Nairobi, au Kenya (image d’illustration).© AFP PHOTO/ SIMON MAINA

Avec notre correspondante à Nairobi, Florence Morice

Définir une nouvelle vision de la lutte pour le climat qui tienne compte des réalités de l’Afrique, voilà l’objectif affiché depuis des mois pour le sommet de Nairobi. Mais pour les ONG signataires de la lettre adressée au président William Ruto, le compte n’y est pas. Car, à leurs yeux, le cabinet de conseil américain McKinsey, très impliqué dans l’élaboration de l’ordre du jour du sommet « ne représente pas les intérêts de l’Afrique mais bien ceux des entreprises et les gouvernements occidentaux ».

Illustration: la magrove et un projet de réhabilitation grâce aux “crédits compensatoires”.

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