Marseille, ce n’est qu’un début mais il faut impérativement mener un autre combat, par Danielle Bleitrach

On parle ce soir de l’émeute marseillaise, qui a rejoint cette nuit celles d’autres villes, mais pour dire une fois de plus n’importe quoi: la peur est leur métier … C’est assez fascinant d’écouter la télé BMTV dans lequel un reporter prétend se barricader dans un hôtel de peur d’être mis en joue soit par la police, soit ceux qui ont pillé une armurerie alors que l’on est tranquille chez soi, combien de vieilles femmes de mon âge (le quartier en regorge) ont senti le chaos les assiéger ? … Que l’on se rassure, nous ne sommes pas encore assaillis dans nos foyers, pourtant j’habite dans l’hypercentre celui où sont apparus les désordres alors que jusqu’ici les cités sont tranquilles. Alors que sur la place en face de chez moi qui est habituellement squattée par les dealers, qui viennent en totale impunité vendre leur merde au collège à côté, souvent ils squattent le devant de ma porte, tous les jours je dois les envoyer s’asseoir ailleurs. Donc sur cette place, cette nuit ça gueule mais pas plus que d’autres jours. Le reporter de BMTV , lui est au sommet de l’angoisse : c’est à Marseille que la situation est plus tendue mais personnellement je suis très calme comme la plupart des Marseillais, l’inquiétude nous la vivons depuis pas mal de temps… (1) Ce qui m’inquiète est autre… Aujourd’hui, après avoir passé deux nuits à ne pouvoir dormir je sors d’un sommeil réparateur de l’après-midi, il est minuit, la télé me met au coeur de l’émeute dans une nuit rafraichie par l’orage, Marseille tropicale ? Mais si je n’ai pas dormi ce n’est pas à cause de ce qui se passe maintenant ni sur la place, ni sur l’écran de télé, simplement parce ce dimanche là j’ai vu un PCF anéanti, réduit a quia, où personne n’imagine qu’il faille agir politiquement… que puisse s’imposer une autre perspective? Où sont passés les communistes ? Ceux qui avaient un autre sens des responsabilités pour éviter que la peur ne fasse un peu plus démissionner ceux qui peuvent trouver une véritable issue. C’est là pour moi le danger et il ne fera que grandir. C’est de cela qu’il me semble urgent de parler.

J’ai dit le bien que je pensais de l’analyse de Fabien Roussel, qui contraste avec l’attitude irresponsable de la direction du PCF face à la guerre alors que tout cela est étroitement lié… Mais il manque aussi la déclaration que devrait faire un parti communiste : nous communistes sommes prêts à assumer le pouvoir, nous avons une politique et nous sommes prêts à assurer la sécurité des citoyens, la paix et restaurer les moyens de vivre ensemble, avoir des services publics, des emplois, des salaires mais nous avons besoin de l’effort de tous pour affronter les problèmes. C’est dans le fond ce que disent les communistes grecs, mais aussi le dirigeant du KPRF Ziouganov, ils ne proposent pas une combinaison politique, alors que les forces “associées” sont complètement déconsidérées, ils proposent une politique.

Dans le fond c’est sur la nécessité de cette déclaration et sur son contenu que portent les critiques que j’adresse à l’actuelle direction du PCF, sans parler par pure charité de celle de la fédération 13. Oui nous ne voulons ni de la guerre, ni de la guerre civile mais parce que nous ne savons que trop qui en est victime et qui s’enrichit, se nourrit, y recrute ses bataillons de voyous…

Hier, nous n’avions pas peur de la violence, simplement nous savions voir contre qui elle s’exerçait…

Aujourd’hui jusqu’ici tout le monde a fait ce qui fallait pour que nous soyons dans cette impasse qui va bien au-delà de l’événement ; quitte à vous paraître irréaliste, je vous répète : Vous croyez réellement que la situation pourra se résoudre en reconduisant des solutions de coalition qui sont exactement celles qui nous ont conduits là où nous en sommes? Faites rapidement la liste de ceux qui se bousculent au portillon pour vous proposer de remettre ça une fois de plus : En votant Macron pour éviter Le Pen, en croyant que Mélenchon est un “vote utile” et que la NUPES ou l’union de la gauche est l’issue ? Que ceux qui sont contre le nucléaire civil mais se résignent à l’emploi de la bombe sur “l’ennemi” veulent réellement sauver la planète? Que le mépris de classe de ceux ou celle qui tolèrent n’importe quoi contre les biens du peuple, bien individuels, la voiture avec laquelle on se rend au travail, biens collectifs des mairies, des gymnases, parce que les quartiers populaires seraient de pauvres malheureux incapables de savoir ce qu’ils font … Vous croyez que ceux qui cette nuit s’inquiètent pour leurs enfants, une fois de plus ont besoin de ce discours là? Vous croyez que ceux qui dès le début du mois se débattent dans les difficultés, regardent leur facture quelle que soit leur foi ou leur incroyance peuvent imaginer qu’il y a autre chose que l’attrait pour les postes bien rénumérés dans les combats politiciens ? Qui parmi ces gens là a l’air de s’intéresser à autre chose qu’à,son égo et à l’art de prendre la pose devant son miroir sous le soleil des médias… Ces ronronnements politiciens et ses chamailleries ne sont plus audibles… Paradoxalement Roussel donne l’impression d’être dsintéressé, mais ils sont en train d’en faire un pur produit médiatique, de l’user en jouant son capital synmpathie en petit théâtre sans portée, en effaçant le collectif derrière lui.

Or la force du PCF, c’est ce dont on l’a privé, à savoir d’être capable de gouverner au nom de la classe ouvrière représentant l’intérêt général, la patrie, l’internationalisme de paix, et de pouvoir le faire parce que ses militants sont sur le terrain organisés en cellule, au plus près des problème et armés d’une théorie qui anticipe et colle à la transformation en cours… C’est le lieu d’une réflexion collective qui se déploie partout sur la nécessité et le sens de l’intervention. C’est la démocratie républicaine à son niveau réel, celle qui pense en faisant.

Aussi étrange que cela vous paraisse le coeur des “gens” comme on dit aujourd’hui… balance souvent entre l’indignation devant le meurtre d’un enfant, le sentiment d’une injustice suivant votre teint et aussi votre lieu de résidence et une étrange compassion de classe pour ces flics mal payés que l’on envoie faire le sale boulot à la place de ces gens-là qui sont cette fois “les gros”, les nantis… “les gens” ceux qui subissent savent qui fait quoi dans cette affaire. Je sais qui sont les jeunes dealers devant ma porte, des mômes de 15 à 17 ans pas plus âgés que leurs clients qui sortent du collège, une bande de jeunes cons à qui il me démange d’envoyer une baffe tant ils sont stupides et faussement bravaches… Mais que dire de la classe politique marseillaise, d’un système de printemps marseillais qui intègre la pouliche de Guerini Samia Ghali… de l’état d’esprit des flics marseillais qui détestent Macron autant et plus que ces jeunes là qui ne savent peut-être même pas qu’il existe tant ils sont déjà abrutis. Mais dimanche, j’avais envie de mettre une baffe à ce “notable” (à ce stade là il n’est plus question de dirigeant) du PCF qui comme d’habitude plastronnait d’un air d’autant plus contente de lui qu’il avait acquis une maitrise certaine dans l’art de bloquer toute initiative concrète qui ne soit pas orientée vers les autres “notables” de la gauche marseillaise. Il est venu souriant un tantinet ironique me dire sa vieille “amitié”, je lui ai dit “dégages, je t’ai assez vu!”

Tout ce monde là me rappelle la phrase de Martine Aubry sur Hollande, quand j’ai repris Solferino (le siège du PS d’alors depuis ils l’ont vendu) même les waters étaient bouchés. Oui et les accords de Minsk avaient servi de prétexte pour préparer l’Ukraine, l’otaniser en vue de l’attaque contre la Russie dans la logique de l’atlantisme… et les marchés financiers nous avaient inventé le candidat surprise, celui qui était au dessus des partis, de ces partis là, le sieur Macron… Pendant que sous couvert de Front de gauche , derrière Melenchon comme derrière Podemos, Syriza, on en finissait de liquider le PCF en se situant dans un au-delà de la lutte des classes.

Depuis deux jours la ville est bloquée parce que notre génie national est venu porter la paix , les tramways sont arrêtés, celui-là disent les Marseillais il nous aura emmerdé jusque dans les détails. Il est aussi caricatural que la BRICS envoyé à Nanterre comme le RAID à Marseille et qui a déclenché dans une cité jusque là tranquille la mise en place d’un dispositif d’autodéfense chez tous les habitants.

un policier interrogé sur BMTV rassure celui qui l’interroge sur l’utilisation d’armes lourdes entre les mafias, dit que pour le moment ceux qui font les gros trafics et la guerre des gangs ne manifestent pas, donc pour le moment ce sont des “pétards”, mais on sait pas ce que deviendront toutes ces armes dont pas mal sont liées à des trafics dans les zones de guerre… Mais on ne sait pas ce qu’il adviendra… c’est comme l’oTAN en guerre avec une puissance nucléaire… qui peut savoir ? derrière des minots qui rêvent de s’approprier les “marques”…

Est-ce qu’il ne faudra pas une force organisée capable d’intervenir à la fois au gouvernement et sur le terrain face au fascisme qui va naître de tout cela, comme tous ces gens là ont accepté que la guerre et les livraisons d’armes soit la solution à ce que les USA et l’OTAN ont mis en place depuis des années pour conserver leur capacité de nuisance.

je dis aux communistes : Vous avez fermé les yeux devant les retraites aux flambeaux dans l’Europe, dans les pseudos guerres contre le terrorisme et vrais pillages, et aujourd’hui la colère populaire a des nihilistes criant vive la mort pour saluer celle d’un enfant, comme ceux qui à Odessa chantaient des chants nazis quand un jeune communiste de 20 ans cramait dans la maison des syndicats en feu… Ceux qui se déchainaient étaient des supporters d’un club de foot d’un oligarque qui les utilisait pour s’emparer des privatisations. Derrière toute horde il n’y a pas les exploités mais les exploiteurs … Et quand vous croyez voter pour ceux qui les mettront au pas, vous acceptez que cette horde fasse la loi.

la guerre nait du refus de voir, de la censure acceptée …

La guerre est livrée aux peuples et vous croyez qu’en soutenant ceux qui détruisent sur toutes la planète, c’est-à-dire ceux qui en retirent du profit et qui financent vos médias, vous allez échapper aux foyers qu’ils allument chez vous, parce que l’on vous aura convaincu que l’ennemi c’est l’étranger… et que vous ne savez plus vous opposez à cela qu’avec des arguments de dame patronnesse qui nie les problèmes et n’affronte pas les solutions. Il y a eu à un moment un discours nouveau de Fabien Roussel, on l’a gadgétisé avec des stupidités de barbecue, il y a encore l’écho de ce positionnement de classe dans ce dernier discours, mais il y manque la prise de responsabilité en tant que parti communiste, une politique, et pas l’adhésion à des manoeuvres politiciennes y compris en évoquant les jours heureux, le Front populaire, le temps où le PCF était en capacité d’imposer une politique. Savez vous qu’en janvier 1956, dans l’ultime élection de la IV e république, le PCF avec ses 26% , ses 150 députés était le premier parti et de loin de France ? Deux mois après c’est le rapport Khrouchtchev, le vote des pleins pouvoirs à Guy Mollet et le coup d’Etat permanent de la Ve république? Il fut un temps où le PCF à lui seul avait la confiance de toutes les couches populaires, de la classe ouvrière et vous refusez de savoir ce qui s’est passé ?

A toutes nos propositions vous répondez par la politique de l’autruche, par la censure …

Certes il nous manque un Lénine capable à la tête d’un minuscule parti bolchevique de revendiquer le pouvoir mais dites-vous bien que la situation ne va pas s’améliorer et que ce soit face à la guerre ou à la guerre civile que ces partis bourgeois ne peuvent qu’engendrer, par la lâcheté de vos dirigeants et votre complicité, vous avez laissé un peuple démuni, désorganisé. En vous disant cela j’ai l’air de manquer de réalisme mais dites-vous bien que c’est ceux qui refusent de voir l’état réel et qui se bercent d’illusion avec opportunisme qui sont à côté de la plaque.

Vous croyez que cette cécité, ce compromis qui vous détruit date de hier, qu’il y a l’ère Roussel, dites vous bien que toute tentative inachevé risque de vous conduire à une régression pire parce que l’espoir lui même aura été trahi. Ce que vous refusez de voir du passé, vous empêche d’avoir une stratégie aujourd’hu, et sans stratégie une armée comme un parti politique perd à chaque tentative de manoeuvre tactique. Regardez l’actualité : du mouvement des retraites quelles leçons avez-vous tirées, la seule qui aurait eu du sens était que ce mouvement n’était pas assez fort, pas assez organisé dans les lieux de travail, et il ne s’agissait pas de se précipiter pour y proposer une cuisine politicienne. En revanche, vous pouviez proposer des contenus politiques, dépasser les revendications immédiates en les intégrant dans le processus historique en train de se réaliser… c’est à cela que sert un parti communiste avec sa dimension théorique marxiste.

Face à ce qui montait en Grèce, j’ai envié leur situation parce qu’ils avaient des communistes en état de résistance même si eux aussi à mes yeux ne percevaient pas cette avancée du processus historique, ils combattaient aussi l’OTAN par instinct de classe. Simplement le fait de connaitre un peu la situation de la planète, de passer mes journées à marcher en observant ce qui se passait à Marseille, de vivre aux côtés de ceux qui subissent le désordre et le manque, qui voit avec désespoir ce que deviennent leurs enfants et de ne pas avoir abandonné une analyse marxiste pour comprendre tout cela me faisait ne cesser de vous alerter mais vous refusez d’entendre et vous continuez à jouer la politique de l’autruche.

Si demain pour un temps limité tout parait s’apaiser et que vous retournez à vos petits arrangements et certitudes dites-vous bien que si vous ne faites pas face la prochaine vague sera plus forte… et qu’il y aura de plus en plus de souffrance inutiles… Tandis que les groupuscules tout aussi dérisoires prétendront chacun comme en Italie renforcer les divisions en jouant les grenouilles qui veulent se faire aussi grosse que le boeuf, comment tant de mauvaise volonté, tant d’esprit concurrentiel vous a-t-il gangrenés ?

Peut-être comprendrez-vous la sévérité avec laquelle j’ai contemplé le paysage à l’issue du congrès du PCF parce que les autres sont encore pires groupuscules compris, souvenez-vous de mon diagnostic “c’est là où il y a le moins de fascistes et ils se détruisent eux-mêmes au lieu de se mettre en situation de se battre.”

j’espère que ce que j’ai vu à cette fête de la Marseillaise dimanche dernier, n’était pas toute la réalité parce qu’autrement il n’y aurait plus rien à renforcer, reconstruire, la table rase aurait été faite. Après cette journée je n’ai plus pu dormir durant deux jours …

Ce que vous prétendez éviter aujourd’hui sera pire demain.

Danielle Bleitrach
je rappelle l’article que j’écrivais en novembre dernier :