Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le monde ne peut pas attendre, par Daniel Ellsberg

Daniel Ellsberg, né le 7 avril 1931 à Chicago (Illinois) et mort le 16 juin 2023 à Kensington (Californie), est un économiste (fonctionnaire) américain employé par la RAND Corporation, qui a fourni en 1971 au New York Times les Pentagon Papers, 7 000 pages de documentation top-secrète appartenant au Pentagone et concernant le processus décisionnel du gouvernement pendant la guerre du Viêt Nam. Et il a résisté aux assauts de la CIA, en obtenant en 1973 un jugement en sa faveur. Il a reçu le prix Nobel alternatif en 2006, « pour avoir placé la paix et la vérité en premier, au mépris de risques personnels considérables, et avoir consacré sa vie à inspirer les autres à suivre son exemple ».. Il est considéré comme le premier lanceur d’alerte. Il n’a jamais cessé de prendre position contre la guerre en Irak, pour Snowden, Assange. Toute sa vie celui qui a été en tant que haut fonctionnaire convaincu de publier la preuve de l’intervention criminelle au Vietnam à cause d’une jeunesse en rébellion, en a appelé à l’exemple. Le courage est contagieux disait-il (malheureusement je le crains la lâcheté aussi) et c’est une expérience que tous ceux qui ont choisi le combat connaissent. Il suffit parfois d’une voix qui ose dire l’injustice, la trahison de l’idéal et le mépris du citoyen, du militant pour que d’autres voix s’élèvent. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

PAR DANIEL ELLSBERGFacebook (en anglais)GazouillerRedditMessagerie électronique

Ellsberg, s’exprimant lors d’une conférence de presse, New York, 1972. Image de Bernard Gotfryd.

Cet article a été publié pour la première fois par CounterPunch en février 2006. RIP, Daniel Ellsberg.

***

Je n’aurais pas pensé copier les Pentagon Papers, risquant une éventuelle vie en prison, sans l’exemple de milliers de jeunes Américains qui faisaient tout ce qu’ils pouvaient – y compris la désobéissance non violente au projet de règlement – pour s’opposer à une guerre injuste et sans espoir. Ils ont fait preuve de courage civique, et je peux témoigner de leur efficacité. En tant que consultant du gouvernement et ancien fonctionnaire, j’ai ressenti leur pouvoir sur ma propre vie.

Face à un président qui viole ouvertement la loi, poursuit une autre guerre dans l’impasse, sans espoir et injustifiée, et proclame son intention de poursuivre les deux, le courage civique est nécessaire aujourd’hui de la part de ceux qui peuvent lui demander, à lui et à son administration : membres du Congrès, journalistes, lanceurs d’alerte potentiels au sein du gouvernement, procureurs et juges. « Tout ce qu’ils peuvent faire », même au prix de leurs postes et de leur carrière, est ce qui est nécessaire de la part de ceux qui occupent de tels postes stratégiques en ce moment, et ce que nous devrions exiger d’eux, par notre propre exemple. Tout ce qui est en-deça de cette exigence n’est pas approprié à cette crise constitutionnelle.

Le courage est contagieux. Une façon pour les citoyens de réveiller les initiatives courageuses de ces personnes est de les confronter au spectacle de masses de citoyens ordinaires montrant leurs visages ensemble dans les rues et les places publiques pour exprimer leur indignation, leur condamnation et leur rejet des pratiques officielles. Les manifestations prévues ce samedi à Washington, D.C. peuvent, entre autres, encourager les représentants du Congrès à utiliser leurs pleins pouvoirs dans les enquêtes à venir pour exposer et réduire les abus du gouvernement – à partir de lundi au Comité judiciaire du Sénat sur l’espionnage domestique manifestement illégal et inconstitutionnel par l’administration.

Les membres de la majorité républicaine ont prêté le même serment que les démocrates et leurs témoins officiels : ils doivent respecter la Constitution. Poser des questions qui se contentent de réponses évasives, du mensonge ou du refus de répondre ne suffit pas pour remplir ce serment. Les pouvoirs des comités comprennent les assignations à comparaître pour témoignages et éléments de preuve et les citations criminelles pour outrage ou parjure. Les pratiques illégales doivent non seulement être identifiées et condamnées, mais aussi stoppées, et les fonctionnaires qui en sont à l’origine et qui persistent doivent être arrêtés, à tout le moins, démis de leurs fonctions, et cela avant 2009. Les candidats aux primaires et aux élections de cette année devraient être avertis que leur propre capacité à occuper un poste dépendra de leur volonté d’enquêter, de destituer les fonctionnaires, du président et du vice-président, qui mettent en danger notre liberté et notre démocratie.

Il y aura des dizaines de façons de le faire. Manifester à la Maison Blanche le 4 février est un bon début.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Discours d’un Terroriste sur la propriété et les Droits de l’Homme.
    Mais aussi sur ce que doivent être les institutions démocratiques et leurs représentants des outils et des commis pour faire entendre le peuple dans ses parties mais aussi individuellement et dans l’intérêt général et le respect de chacun.

    Les Tyrans toujours au pouvoir qui l’ont fait guillotiner et qui salissent encore sa mémoire en le qualifiant de Terroriste tout comme les contre révolutionnaires qui ont introduit cette notion de Terreur pour disqualifier ceux qui en France incarnaient le plus grand progrès de cette époque.

    La liberté comme le droit de propriété ne doit pas nuire aux autres. Ces droits appartiennent à chacun.

    Les associations politiques doivent œuvrer pour le progrès de la société.

    L’oppression contre un seul individu ou une seule nation est une oppression contre tous.

    Les commis du peuple doivent rendre compte devant le peuple et pouvoir être destitués.

    DISCOURS SUR LA PROPRIÉTÉ, SUIVI DU PROJET COMPLET DE DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN.

    convention — Séance du 24 avril 1793.

    https://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_de_Robespierre/Sur_la_propri%C3%A9t
    %C3%A9._Projet_de_d%C3%A9claration_des_droits_de_l%E2%80%99homme_et_du_citoyen

    Extraits:

    Art. Ier — La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer de la portion de biens qui lui est garantie par la loi.

    II. — Le droit de propriété est borné, comme tous les autres, par l’obligation de respecter les droits d’autrui.

    III. — Il ne peut préjudicier ni à la sûreté, ni à la liberté, ni à l’existence, ni à la propriété de nos semblables.

    IV. — Toute possession, tout trafic qui viole ce principe est illicite et immoral.

    Art. Ier. — Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent s’entr’aider selon leur pouvoir, comme les citoyens du même État.

    IV. — La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme d’exercer, à son gré, toutes ses facultés. Elle a la justice pour règle, les droits d’autrui pour bornes, la nature pour principes, et la loi pour sauvegarde.

    Le droit de s’assembler paisiblement, le droit de manifester ses opinions, soit par la voie de l’impression, soit de toute autre manière, sont des conséquences si nécessaires de la liberté de l’homme, que la nécessité de les énoncer suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme.

    XIII. — La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens.

    XIV. — La loi est l’expression libre et solennelle de la volonté du peuple.

    XV. — Le peuple est le souverain : le gouvernement est son ouvrage et sa propriété, les fonctionnaires publics sont ses commis.

    XVI. — Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier ; mais le vœu qu’elle exprime doit être respecté comme le vœu d’une portion du peuple qui doit concourir à former la volonté générale.

    Chaque section du souverain, assemblée, doit jouir du droit d’exprimer sa volonté avec une entière liberté : elle est essentiellement indépendante de toutes les autorités constituées, et maîtresse de régler sa police et ses délibérations.

    Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires.

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