Histoire et société

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Uranium appauvri : alors que des tribunaux européens reconnaissent le risque de cancer, l’armée anglaise s’enferme dans le déni


La controverse sur les effets néfastes des Munitions à l’Uranium Appauvri est maintenant définitivement tranchée et l’on peut même être surpris de l’ampleur du problème (plus de 8000 cas en Italie seulement !) devant tant de silence officiel. On sait depuis longtemps le cynisme abject occidental, et en particulier du Royaume Uni, dans l’affaire de l’envoi de MUA en Ukraine. Malgré non seulement tous les avertissements des nombreux experts scientifiques sur la question, et maintenant malgré les jugements rendus dans plusieurs pays européens qui ne permettent plus de douter, ils n’hésitent pas à exposer leurs prétendus alliés ukrainiens, et bien sûr ce qu’ils estiment la racaille russe, à ce poison. Il est vrai que tous ne sont que des slaves que l’on a conduit à s’entretuer pour tenter de maintenir les bénéfices de nos multinationales. Ils ne reculent pas non plus devant l’évidence de la pollution toxique à long-terme de l’environnement. Quand on voit l’étendue des ravages causés par les obus sur les riches terres ukrainiennes, on peut se demander comment les Cargil et autres prédateurs des capacités agricoles de l’est de l’Ukraine vont pouvoir écouler leur production de mais et de tournesol contaminée à l’UA. Peut-être ont-ils compris que ces ressources allaient bientôt échapper à leur contrôle et qu’il devenait donc légitime, voire utile, d’en empoisonner les sols pour des générations ? Attila….

Amitiés,

Jean-luc

Uranium appauvri : alors que des tribunaux européens reconnaissent le risque de cancer, l’armée anglaise s’enferme dans le déni

Plusieurs tribunaux européens ont jugé que l’uranium appauvri était responsable de cancers apparus chez des soldats. Pourtant, l’armée anglaise continue d’affirmer qu’il n’y a pas de danger à envoyer ce type de munition toxique en Ukraine.

Ecrit par Phil Miller, le 2 mai 2023 et publié dans declassifiedUK.

Un soldat italien devant le quartier général de la police serbe au Kosovo, détruit par l’OTAN en 1999 (Photo ; MIKE Nelson / AFP via Getty)

Plus de 300 soldats italiens vétérans des guerres de Yougoslavie ayant développé un cancer après avoir été exposés à des munitions à l’uranium appauvri (MUA) ont gagné leur procès contre l’institution militaire italienne. Plusieurs d’entre eux, décédés entre temps, étaient représentés par les familles endeuillées.

Les procès sur la question se sont multipliés au cours des dernières années, et les tribunaux italiens ont jugés à plusieurs reprises qu’il y avait bien un lien entre les cancers présentés et le service dans les Balkans où ces armes ont été utilisées. L’arsenal italien ne comprend pas de MUA, mais, dans les années 1990, soldats et policiers italiens ont participé aux opérations en Bosnie et au Kosovo où ces munitions ont été utilisées par les alliés de l’OTAN.

L’uranium appauvri (UA) est un métal lourd possédant une toxicité à la fois chimique et radioactive. C’est un réalité un déchet des centrales nucléaires que le Royaume Uni utilise dans la fabrication d’obus capables de percer le blindage des tanks et qu’il fournit maintenant à l’Ukraine. Les scientifiques débattent toujours des risques à long terme de ces MUA tant sur la santé humaine que sur l’écologie des zones de conflit. Les ministres britanniques clament que le risque est minimal et se limite à « la contamination possible par le métal lourd d’une zone localisée autour du point d’impact ». Mais beaucoup suspectent que les MUA utilisées dans les Balkans et en Irak sont à la source de nombreux cas de cancer observés.

C’est en tout cas la position adoptée par l’officier de police en charge de l’enquête sur la mort de Stuart Dyson, un ancien soldat britannique. Dyson était en charge du nettoyage des tanks engagés dans la guerre du Golfe de 1991. Il a développé une forme rare de cancer qui a conduit à sa mort en 2008. Selon le jury d’enquête, sa mort a « le plus probablement » été causée par l’exposition à l’UA. Le ministère de la défense a toutefois rejeté cette décision et a refusé de payer à sa veuve la pension due aux soldats morts en service.

A l’opposé, une pension de service a été allouée à la veuve du capitaine Henri Friconneau, un gendarme français engagé au Kosovo mort plus tard d’un cancer. La cour d’appel de Rennes, saisie en 2019, a jugé que la mort de Friconneau était due à son exposition à la poussière d’UA. Le ministère français de la défense a accepté le jugement et a ajouté son nom sur un monument à la mémoire des morts en opération au Kosovo.

Mais c’est en Italie que l’on trouve le plus grand nombre de vétérans soldats ayant reçu une compensation. En 2015, la cour d’appel de Rome a octroyé une compensation de 1,3 millions d’Euros à la famille après qu’elle ait jugé d’ « un lien sans équivoque » entre l’exposition à la poussière d’UA et le cancer. Le journal Il Fatto souligne que le jugement a en fait été plus loin que les jugements précédents en reconnaissant que le lien de causalité était au-delà de l’équilibre des probabilités.

Un jugement plus récent de 2018, consulté par Declassified UK, statue que la cour « ne peut pas rejeter la possibilité qu’un soldat ayant servi [dans les Balkans] ait pu être exposé à des polluants génotoxiques capables d’augmenter les chances d’apparition d’un cancer ».

Une commission parlementaire italienne sur le sujet a constaté des niveaux « alarmants » d’exposition parmi les vétérans italiens et en a conclu que cela avait « aidé à semer la mort et la maladie ».

Le mois dernier Euronews nous informait que plus de 400 soldats italiens ayant servi dans les Balkans avaient depuis succombé des suites de cancers et qu’on comptait 8000 cas supplémentaires de cette maladie. Interviewé, l’avocat principal de ces actions judiciaires, Angelo Tartaglia, suppliait le Royaume Uni de « réfléchir aux risques et aux conséquences » de l’envoi de MUA à l’Ukraine. Il ajoute que « il est possible que à la fois des soldats russes et ukrainiens soient touchés par la maladie, mais, ce qui est encore plus préoccupant, c’est le risque que la pollution créée par ces activités militaires puisse créer des dommages irréversibles à l’environnement et que des civils soient exposés ».

Panique en Italie’

La question de l’UA fait l’objet d’une chaude controverse en Italie depuis que les soldats sont revenus du Kosovo. Elle a été débattue par le cabinet de Tony Blair en 2001 qui concluait que « la panique en Italie est prématurée puisque trop peu de temps s’est écoulé pour voir des cancers se développer ». Même si Blair cherchait à se donner un « vernis de sympathie », il était en fait surtout préoccupé de ne pas mettre en cause la ‘relation spéciale’ que le Royaume Uni entretient avec les Etats-Unis au moment ou Georges W Bush prenait ses fonctions. La décision de son cabinet fut que « le gouvernement doit étudier la question à minima et éviter de donner l’impression qu’il se désolidarise des Etats-Unis d’Amérique -qui a utilisé des MUA au Kosovo- au moment où une nouvelle administration est inaugurée ».

En 2003, c’est maintenant les Etats-Unis et le Royaume Uni qui utilisaient des MUA, suscitant une vague d’inquiétudes. Le ministre britannique de la défense reconnaissait son ‘devoir moral’ d’aider l’Irak à nettoyer les munitions après la guerre et a publié la liste des positions de tir.

Mais ce n’est pas cette approche qui est retenue pour l’Ukraine où le Royaume Uni a envoyé des milliers d’obus, dont des MUA. Le ministre des forces armées, James Heappey, a déclaré devant le parlement que « les tanks Challenger-2 fournis par le Royaume Uni, ainsi que les MUA envoyées en Ukraine sont maintenant sous le contrôle des Forces Armées Ukrainiennes. Le ministère de la défense (britannique, NdT) ne tient pas de registre des positions de tirs de MUA utilisées par l’Ukraine ». Il ajoute qu’il « n’y a aucune obligation faite au Royaume Uni d’aider à nettoyer les MUA tirées par les tanks Challenger-2 des Forces Armées Ukrainiennes »

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1 Commentaire

  • John V. Doe

    L’UK et les USA ont bien de la chance de faire actuellement partie des juges et donc pas des pays & personnes jugés par les tribunaux qui poursuivent les crimes de guerre. Mais peut-être qu’un jour la multipolarité changera cela. C’est une raison de plus de penser et d’agir en ce sens.

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