Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Il y aura un virage à gauche en Russie – Boris Litvinov

Une fois de plus nous plaidons ici pour qu’au moins le PCF entende ce que disent les communistes. Comment peut-on prétendre se ranger derrière un régime qui interdit, emprisonne, torture les communistes mais aussi des militants d’autres partis et même des religieux, comment peut-on prétendre ignorer ce qui se passe dans le Donbass et dont témoigne ici Boris Litvinov secrétaire du KPRF dans la République populaire de Donetsk, ce qu’il propose comme perspective politique ? Il n’y aura pas de liberté pour les communistes français tant qu’il y aura une telle censure de la part de leur direction et du secteur international, de l’Humanité. Mais cela va beaucoup plus loin parce que la chute de l’URSS a eu des conséquences dans tous les partis, dans toute la gauche et dans l’approche intellectuelle du monde bien au-delà des communistes. Il faut que les bouches s’ouvrent et que ce qui se dit ici ne soit pas limité à un petit nombre. J’ai été stupéfaite hier de voir l’évolution des militants du PCF 13 que j’ai rencontrés, certains suivent ce blog, d’autres lecteurs (lectrices) viennent d’adhérer sur “la ligne Roussel” et je crois que le congrès aura des exigences que je n’espérais plus, je vais essayer d’écrire un article là-dessus. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

http://wpered.su/2023/03/21/v-rossii-budet-levyj-povorot-boris-litvinov/

Boris Litvinov, premier secrétaire de la branche régionale (républicaine) de Donetsk du KPRF, a accordé une interview à l’agence de presse “Antifasciste”. (https://antifashist.com/)

Boris Alekseevich, notre précédente interview a été publiée le 11 février de l’année dernière, dans laquelle vous déclariez que tôt ou tard, la Russie reconnaîtra les républiques du Donbass, qu’il n’y avait pas d’autre solution. Dix jours plus tard, votre prédiction s’est réalisée. Que s’est-il passé à l’échelle historique et comment évaluez-vous le rôle du KPRF dans cette affaire, puisque c’est votre parti qui a insisté, dès le début de la confrontation en 2014, pour que les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk soient reconnues ?

– Il ne s’agissait pas d’une prédiction, mais plutôt d’une conviction claire de ce qui devait être. Pour moi, d’un point de vue historique, ce qui s’est passé est ce qui est écrit dans tous les programmes des Partis communistes, du Parti communiste russe, du Parti communiste ukrainien et de notre parti de RPD – nous sommes tous des communistes, luttant pour la réunification des peuples fraternels en un seul État d’union. Cette mesure est un progrès vers l’objectif de notre programme. Le nom de l’État rétabli n’est pas si important, même si pour les communistes, bien sûr, il serait plus acceptable de l’appeler l’Union soviétique, où “soviétique” vient de “soviets”, “conseils”, les organes de pouvoir par lesquels le peuple dirige l’État. Je pense que tôt ou tard, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Transnistrie suivront cette voie de la réunification avec la Russie.

Lors d’une émission en 2014 – à l’époque, j’étais souvent invité sur les chaînes fédérales – j’ai dit que l’architecture du monde était en train de changer et que nous ne devions pas en avoir peur. Dans l’histoire de l’humanité, cela s’est souvent produit, certains États se sont effondrés et d’autres ont été créés. Nous ne devons pas avoir peur de ce processus, c’est le cours de l’histoire et la volonté des nations. Il n’y a plus ni accord de Potsdam, ni accord de paix de Yalta, ni acte d’Helsinki. Tout cela appartient au passé, toute l’architecture mondiale de l’après-guerre s’est effondrée. Ce qui nous est arrivé en 2014, dans le Donbass, devrait être un exemple pour les territoires de l’ex-URSS qui en ont eu assez du capitalisme, qui ont compris que le monde avait fait fausse route, qu’il était dans une impasse historique. Créons un précédent – Russie, Belarus, RPD, RPL, Ossétie, Abkhazie et autres pays – en disant que nous ne reconnaissons plus les accords de Belovej. En 1996, la Douma d’État russe avait déjà décidé de dénoncer les accords de Belovej. Alors, dénonçons-les maintenant, admettons que nous nous sommes trompés il y a 32 ans, qu’en fait, l’expérience a montré que nous devions être ensemble. Que tous ceux qui l’ont compris s’unissent en un seul État. Le fait que notre reconnaissance et, plus tard, notre rattachement à la Russie aient eu lieu est le premier pas sur cette voie. Historiquement, c’est la seule façon pour nous de survivre.

Quant au rôle du KPRF, la réponse se trouve déjà dans votre question. En effet, le KPRF est aux côtés du Donbass depuis le tout début, depuis 2014. Huit ou neuf fois lors des réunions de la Douma, le KPRF a soulevé la question de la nécessité pour la Russie de reconnaître la DNR et la LNR. Kazbek Taisaev m’a dit que le KPRF avait également soulevé la question de la reconnaissance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud à huit reprises, et il m’a dit alors que “tant que nous ne l’aurons pas soulevée huit fois, il n’y aura pas de progrès”. Et c’est ce qui s’est passé : ils l’ont soulevée huit fois, et finalement elle a été votée lors de la neuvième session. Or, cette question ne peut être posée qu’une seule fois par session. Le rôle des communistes dans cette question est donc très important, et le fait que les communistes aient préparé le projet de loi et que Taisaev l’ait soumis à la Douma le 22 février montre le travail de fond et la persévérance de la faction communiste. D’ailleurs, tout le monde, même au sein de la faction dirigeante, n’était pas d’accord à l’époque. Je me souviens que Zatuline a commencé à s’y opposer, disant que nous devions réfléchir, tout peser… Mais le bon sens a fini par l’emporter et cette décision historique a été prise.

Nous n’avions pas d’autre choix : nous étions à la veille d’une grande bataille militaire avec le régime ukrainien, et cette décision, peut-être pendant un certain temps, a anticipé le fait que l’Ukraine préparait une offensive à la fois contre Donetsk et Gorlovka. Elle est ensuite devenue l’opération militaire spéciale, mais la première étape a été la reconnaissance. En bref, la reconnaissance a eu lieu, nous sommes maintenant ensemble, et une lourde tâche de restructuration de nos vies entières nous est imposée. Nous vivions sous les lois de Donetsk telles que nous les avions imaginées, maintenant nous entrons dans le champ législatif de la Russie, et cela bouleverse à bien des égards notre politique intérieure.

– Quels sont les changements nécessaires dans la République ? La principale chose que l’on peut souligner, c’est le besoin urgent de réformes.

– En fait, il ne s’agit même pas de réformer, mais de créer à partir de zéro. Nous avons une République populaire de Donetsk, c’est d’ailleurs moi qui ai inclus le mot “populaire” lorsque j’ai rédigé la déclaration sur notre souveraineté. Or, en neuf ans, notre “République populaire” n’est pas devenue populaire. Et maintenant, nous devons faire beaucoup d’efforts pour que nos concitoyens sentent qu’il s’agit de leur république. Il est nécessaire d’impliquer le plus grand nombre possible de personnes dans la gouvernance de la République, de la rue à la ville, jusqu’à notre parlement. Pendant neuf ans, il n’y a rien eu de tout cela, le gouvernement local était complètement absent – le gouvernement vivait de son côté, et les gens du leur. Oui, les menaces extérieures – l’Ukrofascisme, les Anglo-Saxons, les Américains, la dévastation et ainsi de suite – sont une chose, nous devons tous les combattre ensemble. Mais si les gens comprennent qu’il s’agit de leur république, dans laquelle tout dépend d’eux, alors le sens de la lutte devient plus clair, la motivation pour lutter devient tout à fait différente. C’est l’essentiel, et nous y arrivons progressivement – les élections se profilent à l’horizon. Oui, elles ne sont pas encore complètes, elles ne seront pas organisées dans tous les conseils, mais il s’agit néanmoins d’un premier pas dans cette direction.

Deuxièmement. La Russie est en train de reconsidérer ses politiques intérieures, dans l’économie, la sphère sociale, l’éducation, la culture, la politique et d’autres domaines. Tout le monde veut savoir quelle est l’idéologie de la Russie. Mais il n’y a pas d’idéologie, parce que c’est écrit dans la Constitution [qu’il n’y a pas d’idéologie] et que de plus en plus de gens comprennent que ce n’est pas bien, que ça ne doit pas être comme ça, qu’il faut faire quelque chose. Nous devons également apporter des réponses à ces questions à notre niveau politique et régional, car nous nous trouvons aujourd’hui à l’épicentre de la confrontation.

Je pense qu’il y aura beaucoup de travail pour comprendre le rôle du Donbass dans le modèle économique russe. Le Donbass, son industrie, a été créé à l’origine non seulement pour notre petite région, mais pour l’ensemble du grand pays, pour l’ensemble de la Russie, et peut-être pour une certaine partie du monde. Et où développer notre industrie dans les nouvelles conditions ? Nous sommes un pays d’industrie lourde, d’énormes entreprises de classe mondiale, mais où les développer compte tenu des sanctions et du fait que de nombreuses entreprises en Russie même n’ont pas encore trouvé leur créneau. La Russie doit décider du type d’économie qu’elle construira à l’avenir, du type de pays qu’elle sera, et nous avons également besoin de certitudes à ce sujet au sein de la république. Est-il judicieux de restaurer de gigantesques usines sidérurgiques, sans savoir où s’approvisionner en matières premières et où commercialiser les produits ? Ce sont là des questions qui exigent une étude approfondie et que j’esquisse à grands traits. Prenons Mariupol – Le combinat sidérurgique Illich, Azovstal, Azovmash – qui en a besoin aujourd’hui, où commercialiser leurs produits ? Le choix de la ville à construire dépend de la compréhension que l’on en a, car presque toutes les villes du Donbass ont été construites pour de grandes entreprises. Et qu’en sera-t-il maintenant, à quoi la population sera-t-elle employée ? Pour répondre à ces questions, il faut notamment changer d’idéologie politique et d’approche économique. Sans un Gosplan [plan d’Etat], rien ne fonctionnera.

Mais l’essentiel, je le répète, est d’impliquer la population dans la gestion de la république – c’est la question numéro un.

– La Russie et l’Ukraine sont en conflit direct. Comment voyez-vous le destin de l’Ukraine dans ce contexte ?

– Chacun voit les choses à sa manière, j’ai quant à moi ma propre idée de ce qui est nécessaire. De mon point de vue, l’État ukrainien tel qu’il est aujourd’hui ne peut pas exister.

– Pourquoi ? Pouvez-vous l’expliquer ?

– Oui, je peux l’expliquer. En 1917, pendant l’occupation fasciste, et en 1991, l’État ukrainien a été créé par la volonté d’un petit groupe de personnes, en s’appuyant toujours sur un soutien extérieur. Sur des troupes étrangères, sur de l’argent étranger, sur des armes étrangères, sur des politiciens ukrainiens corrompus qui sont prêts pour leur profit personnel à sacrifier les gens ordinaires qui habitent ces terres. Et elle n’existe pas en tant qu’entité indépendante, parce que quelqu’un veut toujours l’utiliser, l’État ukrainien – cela a toujours été le cas. L’Ukraine a été utilisée comme tremplin pour attaquer la Russie. Les historiens affirment que la séparation moderne de l’Ukraine et de la Russie a été conçue pendant la période austro-hongroise, à la fin du XIXe siècle : il s’agissait d’arracher l’Ukraine à la Russie et de créer une tête de pont contre la Russie sur le territoire ukrainien subordonné. D’une part, c’est la raison pour laquelle son existence en tant qu’État indépendant est impossible.

D’autre part, cette possibilité existe. La pratique soviétique a montré que l’Ukraine en tant que république ne peut exister que dans le cadre d’une alliance et d’une amitié avec la Russie. Il pourrait probablement y avoir une sorte d’entité nationale dans cette union, mais seulement dans le cadre d’une alliance avec la Russie. Et cela est possible dans le cadre du modèle soviétique d’existence de la Russie et de l’Ukraine. Si nous parlons d’un modèle capitaliste, tôt ou tard, l’Ukraine sera de toute façon déchirée par des voisins plus puissants, et elle sera obligée de se joindre à l’un d’eux. Le plus souvent, c’est à ceux qui sont contre la Russie qu’elle s’est ralliée.

Si l’Ukraine reste un État aujourd’hui, elle sera toujours utilisée comme un facteur de discorde avec la Russie, un provocateur de guerres et d’instabilité à ses frontières. C’est une zone de guerre permanente. Il pourrait être judicieux de créer plusieurs provinces sur son territoire, quatre ou cinq, et cette idée a été envisagée à un moment donné. Mais si on la laisse en l’état, c’est toujours un conflit reporté et il faudra s’en occuper. C’est mon avis, mais il y a d’autres avis sur la question.

Compte tenu des réalités actuelles, pensez-vous que l’Ukraine cessera d’exister ?

– C’est difficile à dire avec certitude. D’une part, j’aimerais que l’Ukraine reste un territoire économiquement, socialement et politiquement amical [avec la Russie]. D’autre part, elle pourrait devenir un pays neutre, mais dans ce cas, le régime politique doit être modifié sans aucune ambiguïté. Aujourd’hui, il n’y a pas de telles forces qui peuvent s’en charger, du moins pas en vue. Je pense que d’ici la fin de l’année, nous aurons une guerre d’usure, et après cela, le peuple ukrainien, malgré 30 ans de lavage de cerveau – j’y suis confronté actuellement, c’est effrayant ce qui se passe dans leurs têtes – mais je crois toujours en la sagesse du peuple ukrainien profond et je pense qu’il finira par comprendre qu’il doit vivre à l’amiable avec la Russie. J’espère qu’il y aura des administrateurs capables d’exprimer cette idée, qui commenceront progressivement à être attirés dans l’orbite politique et économique de la Russie. Le processus sera long, au moins 15 ans, jusqu’à ce qu’une nouvelle génération arrive à maturité et ne se souvienne plus de tout ce qui s’est passé ces dernières années. Il faut comprendre que l’Ukraine n’a tout simplement pas d’autre choix, elle a déjà été sacrifiée par le monde occidental. La raison doit prévaloir, tôt ou tard.

Le Donbass fait désormais partie de la Russie, votre parti a été officiellement enregistré et est devenu le représentant d’un parti parlementaire en RPD. Qu’avez-vous l’intention de faire, comment allez-vous vous battre politiquement, quels intérêts allez-vous poursuivre ?

– Le processus de reconnaissance légale était attendu depuis longtemps, il aurait dû être réalisé en 2014. Nous avons été enregistrés en 2014 en tant que Parti communiste de la RPD, mais le problème est que la loi sur les partis politiques n’a pas été adoptée depuis neuf ans, et nous étions en dehors du cadre juridique de la république, bien que nous ayons continué à travailler du mieux que nous pouvions.

Après avoir rejoint la Russie, nous avons organisé une conférence le 4 décembre et créé une branche régionale du KPRF, mais nous n’avons été enregistrés que le 3 mars. Les autorités locales ont traîné les pieds pour procéder à l’enregistrement, et je comprends pourquoi. Les élections approchent et plus tôt le parti en tant qu’entité légale s’implique dans le processus, plus il est possible de faire de choses et plus ses chances sont grandes. La branche de Russie Unie, par exemple, a été enregistrée immédiatement, mais pas chez nous, pas dans la DNR. Par ailleurs, la législation russe en la matière stipule que les branches régionales des partis sont enregistrées en fonction de l’emplacement des organes de ces partis, c’est-à-dire dans la juridiction de Donetsk, dans la DNR. Je ne sais pas où le certificat a été enregistré pour la branche régionale de “Russie unie”, mais il leur a été apporté et remis solennellement sous l’œil des caméras de télévision. Il s’agit probablement d’une manifestation du “droit au téléphone”.

Nous avons également entamé la procédure d’enregistrement au début du mois de décembre. Je me suis rendu à Rostov à trois reprises, ils ont examiné les documents et ont déclaré que tout allait bien, mais il n’y avait toujours pas d’enregistrement à Donetsk. Je suis ensuite allé deux fois à Moscou, où l’on m’a également dit que tout allait bien, mais il n’y avait toujours pas d’enregistrement local ! Le parti “Russie unie” est déjà en pleine campagne, et nous nous courons partout pour obtenir un document, car il est impossible de commencer un travail au niveau légal sans enregistrement. Finalement, début mars, un certificat nous a été délivré. Et ici (il montre – L.R.) regardez, nous avons le numéro de notre certificat d’enregistrement 001, c’est-à-dire que nous sommes les premiers. J’ai une question, mais qu’est-ce qui est écrit pour la branche régionale de “Russie Unie” alors, si nous sommes les premiers ? Et c’est ainsi qu’ils ont travaillé, pendant que nous attendions le document… Mais maintenant que nous avons reçu le document, nous avons également commencé à travailler de manière intensive.

Les élections locales auront lieu dans 20 des 30 unités administratives et territoriales, c’est ce qui est prévu pour le moment. Pour lancer le processus de participation aux élections, nous devons réorganiser les organisations locales du parti, ce qui prend beaucoup de temps. Nous nous rendons sur place deux ou trois fois par semaine, nous créons des structures, nous devons recevoir les adhésions au parti, choisir la direction, inviter des observateurs et des autorités locales à la réunion, mais sans cela, nous ne pourrons pas désigner des candidats à la députation, former des commissions électorales de district. Il s’agit d’un travail d’organisation qui demande du temps 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Nous avons franchi la première étape du processus électoral – la lutte pour la nomination de notre représentant à la commission électorale républicaine. À trois reprises, on nous a refusé la nomination de notre personne au sein de cette commission, bien que nous ayons légalement le droit d’y avoir un représentant.

Ils ont essayé de me proposer trois personnes issues des autorités, de différents organes : “Boris Alekseevich, prenez quelqu’un de chez nous ! Pourquoi aurais-je besoin de quelqu’un de chez vous alors que nous avons notre propre représentant du parti ? Finalement, nous avons eu gain de cause, notre candidat a été admis, il a rejoint la commission pour cinq ans. Aujourd’hui, avant le 10 avril, nous devons soumettre nos nominations aux 20 commissions territoriales, puis aux commissions de circonscription. Nous avons créé un état-major pré-électoral qui fonctionne déjà, mais nous sommes chaque jour rejoints par de nouvelles personnes. L’une des questions les plus problématiques est celle de la presse et de la couverture médiatique de notre travail. Nous essayons de créer notre propre agence qui s’occupera de ces questions, mais nous avons besoin d’argent pour attirer de bons professionnels et nous travaillons actuellement sur ces deux questions – les médias et les fonds.

En ce qui concerne l’adhésion au parti, elle est en cours, nous avons créé plusieurs pages sur les réseaux sociaux depuis seulement une semaine et les gens nous appellent déjà pour nous demander comment adhérer. Beaucoup de militaires nous rejoignent maintenant, à la fois des soldats et des officiers, ainsi que des intellectuels. Les milieux d’affaires se sont tournés vers nous ces jours-ci, ils veulent également nous rejoindre. D’une manière générale, le travail d’organisation est en pleine effervescence.

Que se passe-t-il dans les régions de Zaporojié et de Kherson en termes de construction du parti ? Existe-t-il un groupe de parti dans ces régions, et si ce n’est pas le cas, comment comptez-vous attirer des militants ? Existe-t-il une demande d’idéologie communiste au sein de la population locale ?

Oui, des sections du KPRF ont été établies dans ces territoires et je leur rends visite assez souvent, en particulier dans la région de Zaporojié. Ils se préparent aux élections comme nous. Mais il est bien sûr beaucoup plus difficile pour eux de travailler, car la population est encore très prudente à l’égard de la Russie. Et le mot “communiste” y est presque un gros mot.

En fait il en va de même ici, dans nos territoires libérés. Nous avons récemment mis en place une organisation à Volodarskoe – le village a été libéré au printemps dernier – et les gens là-bas m’ont dit que la moitié, voire plus de la moitié, des écoliers en rentrant de l’école se mettent devant un ordinateur et écoutent des leçons diffusées en ligne depuis l’Ukraine. Ces cours sont dispensés par des enseignants ukrainiens, y compris des gens qui ont fui d’ici, et ils leur disent que “lorsque nous reviendrons, si vous ne connaissez pas nos matières, vous n’entrerez pas dans les universités ukrainiennes”. Et si la physique et les mathématiques ils les étudient dans nos écoles, pour les sciences sociales et humaines, qui forment leur conscience, ils les apprennent “là-bas”. C’est un gros problème. Et dans les régions de Zaporojié et de Kherson, ce problème est encore plus aigu. Le lavage de cerveau subi pendant 30 ans est très fort. C’est pourquoi j’ai dit qu’il faudrait au moins 15 ans pour que les attitudes changent, car nous devons élever au moins une génération, y compris de nouveaux enseignants, qui penseront différemment de ceux qui travaillent actuellement dans les écoles.

Quelle forme prend la protestation de ces personnes ? S’agit-il d’un boycott discret, ou peut-être de manifestations publiques qui ne sont pas médiatisées ?

– Il s’agit surtout d’un boycott discret. J’ai assisté à une réunion avec le chef de l’administration de la ville de Zaporojié et il m’a dit que de nombreux enseignants n’allaient tout simplement pas travailler, en particulier les enseignants du primaire. Ils reçoivent leur argent, leurs salaires en Ukraine, ils les transfèrent sur des cartes, ils les encaissent, tout en parlant aux enfants et en leur lavant le cerveau, en leur parlant du retour imminent de l’Ukraine. Il s’agit d’un travail souterrain discret, presque invisible, mais dirigé directement contre notre gouvernement.

Je pense qu’il y a deux raisons à cela : premièrement, encore une fois, les 30 ans de lavage de cerveau sur la “grande nation ukrainienne”, sur son rôle dans l’histoire du monde. Maintenant, c’est leur croyance, elle vient de l’intérieur, c’est-à-dire que ce n’est pas quelque chose de superficiel qui peut être facilement effacé, non, c’est profond. Avec la Russie, nous devons montrer et prouver par une pratique positive commune que tout ce qu’on leur a dit n’est pas vrai, que nous sommes complètement différents et que nous avons une vie différente, normale, positive – une vie pour les gens. Nous leur apportons la prospérité et la bonté et nous avons besoin d’un exemple de cela. D’autre part, c’est la peur. Ils ont peur que s’ils prennent ouvertement notre parti, s’ils commencent à coopérer, les “frères des steppes” viendront, commenceront à détruire, à tuer de manière démonstrative, à organiser des diversions. Malheureusement, ils voient que ce ne sont pas des menaces en l’air. Bien sûr, le retrait de la région de Kiev, de Kharkov, de Kherson a rendu un très mauvais service, car les gens ont peur qu’en cas de problème, ils puissent être tués de la même manière que ceux qui ont coopéré et sont restés à Koupiansk ou à Kherson, par exemple, après notre départ. Ce sont les principales raisons qui les poussent à se comporter comme ils le font.

– Les élections au Conseil du peuple de la RPD sont prévues pour septembre de cette année. Qui sera sur les listes des partis ?

– Il est trop tôt pour dire qui sera sur les listes. Jusqu’à présent, nous avons établi le principe selon lequel un candidat sur quatre est un militaire. En outre, nous développons nos activités en fonction des domaines traités par le Parlement – sphère sociale, éducation, médecine locale, logement et autres domaines, selon les commissions qui existent au Parlement, dans les autorités locales, dans ces domaines nous recherchons nos atouts, non seulement des communistes, mais aussi des sympathisants qui peuvent partager nos points de vue. Nous demandons aux gens de nous dire “si vous devenez député, avec quels projets vous viendrez, ce que vous voulez changer dans ce segment, quelles idées vous avez, où vous voyez des problèmes et quelles sont les solutions”. Les gens préparent leur programme, nous voyons qui est le mieux préparé et nous prenons les mieux préparés d’entre eux comme candidats à la députation. Ceux qui ne peuvent pas devenir députés, qui ne sont pas admis sur la liste des candidats retenus, deviendront assistants de députés s’ils le souhaitent. Dans le cas contraire, nous recommanderons à ces personnes de travailler au sein des autorités exécutives locales. En d’autres termes, nous créons une colonne vertébrale de spécialistes qui veulent transformer quelque chose. Deuxièmement, nous nous adressons aux collectifs de travail en leur proposant de nommer dans leurs rangs des personnes expérimentées et entreprenantes, prêtes à défendre les intérêts de leurs collectifs, et nous, en tant que parti, sommes prêts à présenter ces personnes en notre nom.

Le parti a reçu l’adhésion d’un jeune homme au nom de famille très célèbre – Sergei Zakharchenko, le fils du premier chef de la république. Comment est-il venu à vous et que fait-il au sein du parti ?

Cette histoire a commencé en 2014. À l’époque, Alexandre Vladimirovich a fait appel à Kazbek Taisaev et au parti pour aider un certain nombre de personnes à obtenir une éducation correcte. Parce que maintenant c’est la guerre, mais demain il y aura la paix et nous avons besoin de spécialistes. Souvenez-vous du troisième congrès du Komsomol en 1920, lorsque les membres du Komsomol se précipitaient au front, et que Lénine prononça sa célèbre phrase “Apprenez, apprenez et apprenez encore”, pour acquérir les connaissances nécessaires à la construction d’un pays pacifique. Et Zakharchenko a fait la même chose, il est venu et a dit – aidez-nous, nous avons besoin de ressources humaines. J’y ai aussi contribué, nous avons envoyé 1 600 personnes étudier en Russie, avec l’aide des députés du KPRF, de Valentina Ivanovna Matvienko [Présidente du Conseil de la fédération, NdT] et de beaucoup d’autres.

En 2015, ce thème s’est poursuivi, Sergei est entré dans ce programme en tant que diplômé de l’école. Il a obtenu son diplôme à l’Académie russe d’économie nationale et d’administration publique et a été suivi tout au long de son cursus. Après avoir obtenu son diplôme, il a travaillé pendant un certain temps dans d’autres structures, mais il est ensuite venu au KPRF à Moscou et a dit (et il a ensuite répété cette phrase ici dans mon bureau) : “Je veux continuer l’entreprise de mon père, je veux construire la République populaire de Donetsk”. On lui a demandé : “Comment veux-tu la construire ?” Il a répondu qu’en tant qu’avocat, il aiderait les gens et reconstruirait le pays. On lui a dit que si c’était ce qu’il voulait, il devait prendre le pouvoir. Lorsque Sergei est arrivé à Donetsk, il est venu me voir, m’a répété qu’il voulait poursuivre la cause de son père et a ajouté que “si papa était vivant, il rejoindrait aussi le parti communiste”. C’est en tout cas sa conviction. Je sais qu’Alexandre Vladimirovitch avait de très bonnes relations amicales avec Kazbek Taisaev, qu’il a rencontré Ziouganov à de nombreuses reprises et que nos conversations avaient une certaine couleur. Lorsque Sergueï a déclaré vouloir suivre cette voie, nous l’avons accepté au sein du parti et Guennadi Andreïevitch lui a remis sa carte de membre du parti dans la salle des colonnes de la Maison des syndicats. Pour l’instant, il a été envoyé à l’École supérieure du parti à Moscou, qui s’appelle maintenant le Centre de formation politique. Avec nous, il s’occupera principalement de la politique de la jeunesse – Komsomol, pionniers, jeunes communistes. Nous voulons créer un groupe de jeunes autour de lui, afin que ceux-ci, avec leur jeune initiative et leur enthousiasme, dirigent leur énergie vers les tâches auxquelles nous sommes confrontés.

Les élections au parlement local se feront par listes de partis, il n’y aura pas d’élections majoritaires. Les députés éliront ensuite eux-mêmes le chef de la république. Cette mesure a suscité un vif émoi au sein de la population et des discussions animées ont eu lieu sur les réseaux sociaux : les gens sont indignés que, dans une république populaire, on les prive de la possibilité de choisir leur dirigeant. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous l’intention d’initier une révision de cette procédure ?

– Les gens ont probablement un peu oublié, mais en 2014, dans notre Déclaration de souveraineté, et le peuple a voté pour cette Déclaration lors du référendum de 2014, le modèle politique de notre république était de type soviétique, qui, je vous le rappelle, vient du mot “Soviets”. Nous n’avions pas prévu de poste de chef de la République. Nous étions censés avoir une large autonomie, comme je l’ai déjà dit – en commençant par la rue et en terminant par le parlement, qui était l’autorité suprême. Le gouvernement, c’est-à-dire le pouvoir exécutif, était nommé par le parlement et responsable devant lui. De mon point de vue, il s’agit du meilleur modèle possible pour notre république. Ce modèle n’a duré que six mois, du 14 mai au 14 novembre. Nous nommions le gouvernement, nous avions prise sur lui, le gouvernement était responsable devant le peuple par l’intermédiaire de ses représentants au parlement. Si nous avions eu un gouvernement local autogestionnaire à l’époque, il aurait été responsable devant le peuple dans les localités où il avait été élu.

En octobre et novembre 2014, certains technologues politiques russes, aujourd’hui disparus, nous ont persuadés qu’une direction unique était nécessaire en temps de guerre. Nous avons accepté avec beaucoup de réticence qu’il en soit ainsi pendant toute la durée de la guerre. Cette approche a permis de créer, en neuf ans, un modèle dans lequel la population vivait de son côté, tandis que les autorités vivaient de leur côté, sans qu’il y ait de retour d’information entre elles. Qui, parmi la population, était au courant pendant ces années, par exemple, de notre budget, des plans de développement du gouvernement, du degré d’influence du chef de l’État sur les membres du cabinet ? Quelle est sa vision de la vie ? En fait, nous avons une gouvernance déséquilibrée. Nous faisons désormais partie de la Russie et, d’une certaine manière, ces rouages commencent à se mettre en place. En Russie, par exemple, dans certaines entités constitutives de la fédération, c’est ce qui se passe : le parlement élit le chef de la région.

Si quelqu’un a lu la nouvelle Constitution, le chef de notre république sera en charge de l’autorité exécutive, c’est-à-dire qu’il en sera directement responsable. Jusqu’à présent, c’est ainsi. Mais idéalement, je suis généralement en faveur d’une forme de gouvernement parlementaire. Je reviendrais à l’idée que nous avions depuis le début, lorsque le gouvernement était responsable devant le peuple. Aujourd’hui, par exemple, le chef de l’État nomme les ministres. Et à qui les ministres rendent-ils compte ? Probablement au chef, mais ce n’est pas toujours le cas, comme nous le savons. C’est pourquoi notre Constitution actuelle constitue probablement un pas dans la direction que j’ai mentionnée. C’est-à-dire que le chef sera élu par une majorité au parlement et que cette majorité sera responsable de toutes les politiques – des succès comme des échecs. Et le peuple demandera des comptes à la force politique qui dominera notre parlement et au chef qu’elle élira dans ses rangs.

Que pensez-vous de l’appel de Leonid Slutsky, du LDPR, à créer un parti unique pour la durée des hostilités, le “parti de la victoire”, comme il l’a appelé ? Dans quelle mesure cet appel est-il réaliste et est-il nécessaire en principe aujourd’hui ?

– Non, c’est irréaliste et irréalisable. Nous avons une société de classes, qui est divisée en strates plus petites, et il y a de toute façon une lutte au sein de la société. Chaque force politique propose à la société l’un ou l’autre modèle de développement de l’État, qu’elle souhaite mettre en œuvre. Les communistes représentent les intérêts des travailleurs, en premier lieu ceux des salariés. Nous avons notre propre vision du bon développement de notre État. Pendant 30 ans, différents groupes politiques se sont succédé à la tête de l’État, et nous avons fini par arriver à ce que nous sommes aujourd’hui, et vous pouvez constater par vous-mêmes où nous en sommes. Le premier indicateur est que le pays compte beaucoup moins d’habitants. Le niveau de l’industrie, de l’éducation et de la médecine a chuté de manière significative. Notre État a été volé – 300 milliards ont été gelés à l’Ouest et plus de 200 milliards ont été soutirés par les structures oligarchiques au cours de l’année écoulée. Celui qui, dans de telles conditions, parle d’un parti uni, travaille sur les émotions, mais ne parle pas de la racine de nos problèmes, proposant en fait de tout laisser en l’état. Si nous avions eu un État de type soviétique, nous ne serions pas restés devant Marinka, Ougledar, Avdeevka, Artiomovsk pendant des mois, et dans certains endroits pendant un an – nous aurions eu suffisamment d’obus, de chars, de canons, d’avions, et plus important encore, les gens auraient compris qu’il s’agit de leur État, qui doit être défendu. Aujourd’hui, tout est différent, plus compliqué et il est difficile de comprendre le sens de l’avenir. Il est donc nécessaire de s’unir pour la victoire, oui. Mais s’il s’agissait d’un autre type d’État, le chemin vers la victoire serait différent. Aujourd’hui, le chemin de la victoire est épineux et très difficile. Et je ne peux pas dire que la victoire est au coin de la rue, la victoire est encore loin. Mais nous allons essayer.

Ces dernières années, le KPRF a été pratiquement considéré comme le principal parti d’opposition en Russie – il y a le candidat à la présidence Pavel Groudinine qui a rassemblé un grand nombre de partisans, il y a des députés de l’opposition dans les parlements locaux qui étaient sur la liste du parti ou qui ont été soutenus par le parti. D’une part, le parti est assez conservateur, mais d’autre part, il n’est pas étranger aux déclarations audacieuses et aux actions qui frôlent l’opposition au gouvernement actuel. Que se passe-t-il aujourd’hui au sein du KPRF, quelle est l’orientation du parti en Russie ?

– Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la définition du terme “conservateur”. Le parti a une très longue histoire, mais ce n’est pas un parti conservateur, au contraire, c’est un parti très moderne. C’est un parti du progrès historique, de l’avenir de l’humanité. Le socialisme dans notre pays, qui a été le premier à s’engager dans cette voie parmi tous les autres pays du monde, n’a pas perdu, il a reculé. Dans la vie, il y a des victoires, il y a des reculs. Mais l’idée socialiste n’a pas disparu, elle n’est pas morte. Tous les pays qui sont aujourd’hui sur cette voie obtiennent les meilleurs résultats, tant dans la vie en général que dans l’économie.

En ce qui concerne le KPRF, nous apportons un certain sens aux gens, nous avons une idée scientifiquement solide et éprouvée dans la pratique. Poutine a dit que le capitalisme était dans l’impasse. Mais si le capitalisme est dans l’impasse, quelle est la prochaine étape ? Seule une voie socialiste de développement – oui, elle sera nouvelle, ce sera le socialisme du XXIe siècle. Peut-être y aura-t-il quelques réminiscences de la NEP, peut-être même des éléments de convergence à une certaine période, une telle théorie a existé. Mais cela se produira probablement lorsque les gens seront au pouvoir, lorsqu’ils exerceront ce pouvoir lors des élections, et non pas comme c’est le cas actuellement en Russie : falsifications, vote électronique, vote sur trois jours – toutes ces choses ne contribuent pas à convaincre les gens que le système électoral est correct. C’est la première chose à faire.

Deuxièmement, le peuple ne dispose pas des biens, des richesses naturelles de notre pays. Selon notre doctrine communiste, les richesses naturelles devraient appartenir à l’État. Dans la Russie d’aujourd’hui, les richesses naturelles appartiennent aux capitalistes et toute la plus-value est à l’étranger. Il faut aussi un plan, car sans plan, rien ne marche. Aujourd’hui, nous constatons que même l’industrie militaire, qui est en grande partie aux mains du secteur privé, marche cahin-caha. Aujourd’hui, ils essaient de tout mettre en place, mais c’est encore très difficile.

Certains se demandent ce qu’il en est de l’initiative privée. Prenons l’exemple de la Chine, où l’initiative privée est florissante et aide l’État à se développer. Sous Staline, 15 à 20 % des biens de consommation pendant la guerre étaient même produits par des coopératives, c’est-à-dire des entreprises privées. Lorsque l’initiative privée aide l’État à se développer, l’État socialiste est doublement gagnant. Saturer le marché avec les biens dont vous avez besoin, là où l’État ne peut pas mettre la main, là où il ne peut pas suivre. C’est exactement le type d’État auquel nous sommes favorables. Le syndicat des petites et moyennes entreprises de la DNR est venu nous voir et nous a dit : “Nous voulons être avec vous, dites-nous où nous pouvons être utiles à l’ensemble de l’État, à la république”. Je leur ai donné deux directions : la transformation et le développement du mouvement coopératif dans différents domaines. Nous avions un mouvement coopératif très développé dans le Donbass, lorsque les petits producteurs s’unissaient et créaient des produits qui étaient demandés par la population.

C’est pourquoi, aujourd’hui, le parti communiste donne des perspectives, un sens à la vie. Et de plus en plus de gens comprennent que sans signification, sans idéologie, que nous n’avons pas selon la Constitution, il est impossible de se développer, d’avancer vers l’avenir. C’est pourquoi nous portons une idéologie, nous portons des significations. Et que portent les autres partis ? Et quelles sont les significations de Russie Unie, par exemple, du LDPR et d’autres partis ? Interrogez les gens dans la rue, je pense que 95 % d’entre eux ne vous répondront rien. Ils n’apportent aucune signification. Nous mettons des significations dans l’esprit des gens. Il est important pour nous que les gens sachent tout, qu’ils comprennent, qu’ils aient leur propre jugement, qu’ils soient conscients de ce qui se passe autour d’eux. Qu’ils viennent consciemment à la protection de l’État, qu’ils comprennent qu’il s’agit de leur État, qu’ils s’engagent consciemment dans son développement – alors le résultat sera bon. Et lorsque la population est dans l’obscurité idéologique, lorsqu’elle ne comprend pas où va le pays, pourquoi il y va, il est très difficile de vivre dans un tel pays.

– Dans une interview, comme je l’ai dit au début de notre conversation, vous avez fait une prédiction qui s’est réalisée très rapidement. Aujourd’hui, la Russie s’est engagée sur la voie d’un changement forcé – il s’agit d’une rupture avec l’Occident, du SVO, il est clair que les choses ne seront plus ce qu’elles étaient auparavant. Mais comment cela va-t-il se passer maintenant, pouvez-vous le prédire ?

– Il y aura un virage à gauche. Soit les autorités actuelles en Russie comprendront que ces idées, ces significations proposées par le parti communiste doivent être développées, soit l’État connaîtra une histoire très difficile. Parce que la lutte mondiale actuelle ne va pas vers la vie, mais vers la rupture, la soumission et la destruction. Le monde est global, il n’a nulle part où s’étendre. Il faut soit dévorer ses semblables, soit se développer selon un autre paradigme. Notre paradigme est socialiste, il suit les idées du parti communiste. C’est le processus historique. Nous devons nous unir aux pays qui suivent cette voie. Il s’agit avant tout de la Chine, et aussi du Viêt Nam. Nombreux sont ceux qui disent avec dédain – oui, le Viêt Nam ! Le Viêt Nam compte 100 millions d’habitants et son économie est deux fois plus puissante que celle de l’Ukraine avant le début du conflit. Ce sont ces pays qui veulent se débarrasser du diktat anglo-saxon. C’est avec ces pays que nous construirons une cohabitation. Le monde sera divisé en plusieurs parties. Oui, il y a beaucoup de questions ici – quel sera le système monétaire, comment le commerce sera organisé. Je pense que le rôle de l’ONU dans le monde diminuera progressivement et finira par être réduit à néant, à l’exception de quelques fonctions décoratives. Au moins deux systèmes politiques mondiaux seront créés. L’abandon du modèle capitaliste ultra-classique est la voie que suivront la Russie et les autres pays qui ne veulent pas vivre selon le monde anglo-saxon. Nous avons suffisamment de ressources. Nous avons besoin que ces ressources appartiennent au peuple, à l’État du peuple. Nous ne sommes pas des cousins pauvres, la nature nous a dotés de riches ressources, nous devons maintenant les utiliser rationnellement. C’est la voie que suivra notre État. Je pense qu’un changement radical se produira d’ici 2 à 3 ans. Il y aura des élections présidentielles en 2024, qui dépendront beaucoup de la façon dont les événements se dérouleront sur le front, puis il y aura des élections législatives. Lorsque les élections législatives auront lieu, j’espère que les forces de gauche – les communistes et ceux qui formeront une alliance avec nous, il y en a 53 aujourd’hui – prendront la majorité et conduiront le pays vers la gauche, sur la voie de la démocratie et du socialisme.

Et si ce n’est pas le cas ?

– Si le pays ne suit pas cette voie, il peut aboutir à ce qui se passe actuellement en Ukraine : la dictature et le fascisme.

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