Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Facilité européenne de paix : « Aboule l’oseille et dis adieu à ta souveraineté »

Le racket sanguinaire dont les peuples sont victimes est déjà stupéfiant, mais songez que ces gens-là ont renoncé à tous les critères dits de Maastricht, comme quand il s’agit de renflouer les banques. Alors que cette même pression on la retrouve dans la “lutte contre l’inflation”, comme dans la destruction des services publics, détruire pour mieux privatiser… On comprend à quel point il importe de connaitre la logique globale y compris géopolitique de cette saignée constante que nous subissons au nom des valeurs démocratiques représentées par les vertueux USA et l’UE, sans parler de quelques autres escrocs comme le Japon, la Grande-Bretagne… Il est même extraordinaire de voir le rôle de la Suède cet ex-fleuron de la social démocratie qui s’est déjà livrée aux fonds de pension et voit Alecta, premier fonds de pension du pays, qui devrait perdre 1,1 milliard de dollars (1,03 milliard d’euros) en raison de la chute de plusieurs banques américaines. Alors que toutes ces révélations s’accumulent, il n’est pas question pour eux de changer le moins du monde de ligne derrière l’empire. Le vrai problème des peuples y compris français est qu’ils n’ont plus confiance – qui peut leur donner tort – dans cet atlantisme de la gauche, cet alignement partout et toujours sur la financiarisation et le bellicisme… Alors ils n’ont plus aucune perspective politique digne de ce nom, seulement des tactiques à court terme pour tenter de répondre au coup par coup et un peuple français qui sent confusément qu’on le prend pour un abruti… et dit “Non !”mais loin de franchir le pas nécessaire… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

« Par un étrange hasard, plus personne ne s’inquiète des critères de Maastricht et des déficits publics des États. La Facilité européenne de paix pour les montants destinés à l’Ukraine neutralise les ratios européens de dépenses publiques ». (Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes et enseignant École de guerre économique)© Fournis par La Tribune La Suède préside le Conseil de l’Union européenne en ce premier semestre 2023. C’est donc à Stockholm que s’est tenue ce 8 mars une réunion informelle des ministres de la défense de l’UE, afin de préparer la réunion décisionnaire du 20 mars des ministres des Affaires étrangères et de la défense en format « jumbo ». C’est à cette réunion « informelle » – sans prise de décision ayant des conséquences juridiques – qu’a émergé l’idée de consacrer deux milliards d’euros à l’achat d’obus d’artillerie pour l’Ukraine.

Comme toujours en Europe, la première question est qui va payer ?

En entendant cette annonce, l’opinion publique pourrait croire que c’est « Bruxelles » qui va payer, pour utiliser un terme abusif qui signifie l’Union européenne payera (UE). Comment trouver une telle somme dans le budget annuel de l’UE, 170 milliards d’euros, soit 1,17% ? C’est mission impossible sauf à modifier le droit européen, à anéantir les autres politiques européennes et à renoncer, par exemple, aux aides européennes déjà jugées trop faibles pour la compétitivité des industries civiles.

Ambiance… en pleine période d’aides massives outre-atlantique avec « l’Inflation Reduction Act ». Chaque État membre de l’UE devra donc « mettre au pot » en fonction de critères finement analysés. De toute façon, au fond cela ne change pas grand-chose tant l’argent de Union européenne est celui de ses citoyens contributeurs. Lesquels sont inégalement gagnants à en juger par les chutes de PIB par habitant des pays latins.

C’est donc ainsi que fonctionne la désormais célèbre et très « Orwellienne » Facilité européenne pour la paix (FEP) : comme la caisse d’une association financée par les cotisations volontaires de ses membres. Les traités européens interdisent en effet l’utilisation du budget communautaire pour financer des activités militaires mais les États membres peuvent s’accorder pour le faire. L’Allemagne finance donc 25% des dépenses de la FEP, la France 18%, l’Italie 13%, l’Espagne 9%, les Pays-Bas 7,5%, la Belgique 4,5%, la Suède 4%, la Pologne 3,7%, le Danemark (nouveau venu dans la PSDC) 2,5%. Tous les autres sont en-dessous de 2%. Cela signifie que les 4 principaux contributeurs (le « P4 » dans le jargon) financent les deux tiers de la FEP.

C’est pourquoi, quand l’Estonie (antépénultième contributeur avec 0,2%, avant Chypre et Malte) propose généreusement d’acheter un million d’obus pour quatre milliards d’euros, elle sait que cela lui coûterait moins de 80 millions d’euros, quand l’Allemagne devrait débourser un milliard, et la France 720 millions. On comprend bien qu’elle aurait tort de se priver de profiter l’argent des autres… il est plus surprenant que l’Allemagne et la France aient accepté un tel mécanisme. Faut-il s’étonner dans ces circonstances que le contribuable français comme l’allemand s’interroge de plus en plus ?

Mutiler les intérêts des pays contributeurs n’est pas sans risque à commencer pour l’Ukraine.

En effet, cela se traduit dans le soutien de l’opinion publique à la candidature de l’Ukraine à l’UE.

Comme le rappelle Jérôme Fourquet (Regards européens sur la guerre en Ukraine: un an après. Principaux enseignements, Fondation Jean Jaurès, février 2023), « l’adhésion à la candidature de l’Ukraine est majoritaire en Espagne (79%) et aux Pays-Bas (64%), mais aussi en Italie (63%), alors qu’elle est beaucoup plus mesurée de part et d’autre du Rhin : 55% en France et seulement 52% en Allemagne. Dans ce dernier pays, le recul du soutien à une candidature de l’Ukraine est assez marqué, puisqu’il est passé de 68% au début du mois de mars 2022 à 52% aujourd’hui. Ailleurs en Europe, le même mouvement s’observe, mais avec une moindre amplitude (entre -5 points et -9 points selon les pays). Si les Ukrainiens veulent intégrer l’Union européenne, leurs efforts diplomatiques devront se concentrer sur le couple franco-allemand, dont les populations apparaissent aujourd’hui les plus réticentes à cette perspective ».

C’est « open bar », fini l’orthodoxie budgétaire européenne !

Le Conseil européen devrait consacrer à l’achat d’obus pour l’Ukraine l’intégralité de l’enveloppe de deux milliards supplémentaires décidée en décembre. Il faudra donc renflouer à nouveau la FEP en vue des dépenses à venir. On parle déjà d’un montant supplémentaire de 3,5 milliards d’euros.

Cette somme, déjà évoquée en décembre, devait être appelée progressivement par tranches de 500 millions. Il se peut dorénavant qu’elle soit décidée en une seule fois. Le « budget » de la FEP aura ainsi été doublé en un an. Une telle fuite en avant budgétaire aurait été inimaginable dans le cadre strictement « orthodoxe » du budget communautaire. Mais la FEP fonctionne comme une caisse de bienfaisance associative : tout est possible tant que l’on trouve des contributeurs volontaires.

C’est ainsi que, avec les 360 millions que vont nous coûter les obus pour l’Ukraine, la France est désormais engagée à hauteur d’un milliard et demi. Et ce n’est pas fini. D’abord, ces chiffres doivent être traduits en euros courants, car ils sont exprimés normalement en euros constants de 2018. Or l’inflation depuis 5 ans n’a pas été neutre : peut-être 20%. Ensuite, il va falloir financer les prochains appels, soit 18% de 3,5 milliards. Au total, la FEP va coûter à la France au moins deux milliards en deux ans.

Par un étrange hasard, plus personne ne s’inquiète des critères de Maastricht et des déficits publics des États. La Facilité européenne de paix pour les montants destinés à l’Ukraine neutralise les ratios européens de dépenses publiques. Pour les soutiens destinés à l’Afrique, non… allez comprendre. Cela n’a pas manqué d’être observé dans une logique « deux poids, deux mesures » que rien ne justifie pour des humanistes attachés à l’action européenne pour la paix dans le monde.

Surtout les conséquences budgétaires ne sont pas les mêmes pour un État très riche avec des excédents commerciaux comme l’Allemagne ou les Pays-Bas versus la France au déficit commercial abyssal, l’une des premières causes de nos finances publiques exsangues.

En réalité, la France paye donc deux fois, avec son budget et avec les bénéfices qu’elle octroie à l’économie de ses voisins. La faute en incombe exclusivement à notre désorganisation dans le marché intérieur et en lien avec les accords conclus par l’UE avec les pays tiers. Dans la plus pure tradition des tribus gauloises, faute d’avoir des excédents commerciaux, nous passons notre temps à nous entretuer sur fond de pénuries sociales pendant que nos partenaires européens se délectent en nous observant avec leurs succès économiques, et avec la FEP, secteur de la défense inclus !

Alors en France, où va-t-on trouver cet argent ?

La logique voudrait qu’une décision hautement politique de cette nature et de cette ampleur bénéficie d’un financement exceptionnel de l’ensemble du budget de l’État. Il n’en sera rien. Le budget des armées pourrait financer 90% de la contribution française à la FEP. Qu’à cela ne tienne : une nouvelle loi de programmation militaire (LPM) est en préparation. Il suffit d’intégrer ces deux milliards dans la programmation. Eh bien non. Il a été décidé que la contribution FEP ne serait pas financée sur les 400 milliards de la LPM. Pourquoi ? Mystère ! Comment ? Nouveau mystère !

Ou plutôt si, tout le monde comprend qu’en réalité chaque annuité du budget des armées serait amputée d’environ 500 millions pour financer la FEP sur la durée de la programmation, tant que la FEP devra être financée. Pourtant on nous explique que nos armées n’ont plus de moyens, que nos soldats sont particulièrement exposés sur les terrains extérieurs faute d’avoir les derniers équipements … Qui veut pousser nos chefs milliaires à la démission comme déjà observé pour moins que cela ? Nos armées et les citoyens attachés à la défense et la souveraineté de leur pays apprécieront, à moins que les parlementaires n’en décident autrement.

Bien entendu, la France n’est pas obligée de participer à la FEP. Elle peut en sortir, ou négocier des aménagements comme le font les États frugaux d’Europe du nord avec une ristourne sur leur contribution au budget de l’UE, ou encore comme le faisaient les Britanniques dans l’UE avec leurs « Opt Out » ou la négociation d’un « chèque de retour » sur la politique agricole commune.

Malheureusement, le sujet semble tabou en France. Pourtant, en l’espèce, considérant la pratique des autres États en Europe, cela ne devrait pas choquer beaucoup. Bercy pourrait clairement militer en ce sens. Pour une fois, le point de vue des comptables rejoint celui des stratèges. La maîtrise d’un mécanisme qui échappe aujourd’hui à tout contrôle et à toute règle de prudence en matière de fonds publics aurait un effet bénéfique. Et si seulement ces milliards d’euros étaient au profit de notre industrie – comme le permet le droit européen – et de la souveraineté européenne en matière de défense… et bien non, ils vont ancrer notre dépendance pour des décennies !

LE TOUT POUR SAUVER CES DROITS DE L’HOMME LA… COMME EN IRAK ET DANS LES BASES DE TORTURE DISSEMINEES DANS LE MONDE

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vous vous souvenez ? et bien partout ça continue !!
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4 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Le P4 est dans le top 10 des exportateurs d’armes.

    Pour ceux qui n’ont pas compris la théorie du ruissellement de l’économie libérale il suffit de regarder comment se forment nos fleuves qui alimentent ici l’océan Atlantique: les petits ruisseaux alimentent les plus gros jusq’au dernier point d’accumulation et dans le capitalisme le cycle n’est pas fermé il n’y a pas de retour vers les ruisseaux sauf peut être sous forme de grêle.

    Qui exporte des armes ? La France 3ème exportateur mondial avec l’appui de l’État et l’obligation d’autorisation administrative pour l’export d’armes. Donc ici il y a clairement un conflit d’intérêt entre l’État et les actionnaires de ces industries d’armement qui rappelons le ne sont pas des entreprises de service public de la défense mais bien des entreprises commerciale.

    Nous trouvons tout le cynisme de ce commerce qui invoque le dynamise économique et l’emploi dans ce secteur ; qu’importe les morts et mutilés et familles endeuillées qui recevront les obus comme les populations civiles du Donbass et les soldats mobilisés des deux côtés du front victimes parmi tant d’autres.

    Depuis 1980 c’est plus de 2 700 000 morts directs dans les conflits provoqués la plupart du temps par les pays vendeurs d’armes en trouvant toujours un prétexte approprié.

    https://www.sipri.org/research/armament-and-disarmament/arms-and-military-expenditure/international-arms-transfers

    Quelle est la mission de la DGA ? La défense nationale ? Non !

    https://www.defense.gouv.fr/dga/nos-missions/soutenir-exportations

    Exportation et État français:

    https://www.vie-publique.fr/en-bref/288003-exportations-de-materiel-militaire-quel-soutien-de-letat

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  • CROCE
    CROCE

    Si nous ne sortons pas de l’Union Européenne, et surtout de l’OTAN, la France est condamnée à disparaitre, purement et simplement !
    En effet, depuis 1945, les Etats-Unis s’ingénient à faire de la France, l’un des districts du 51ème état américain : l’Europe !
    Mais à part quelques rares exceptions, les dirigeants européens sont trop lâches ou trop idiots pour prendre la seule décision qui puisse nous sauver.
    Et pourtant, la Constitution Européenne prévoit cette possibilité ( article 50, et article 13 du chapitre consacré à la défense pour quitter l’OTAN, comme l’avait fait de général De Gaulle ).
    Il n’y a même pas besoin d’unanimité des pays-membres pour le faire !
    Vous me direz : regardez l’état économique de la Grande-Bretagne !
    Et alors ? D’abord je ne vais pas pleurer sur le sort d’un pays qui, en provoquant la guerre en Ukraine, avec les Etats-Unis et la Pologne, nous a foutu dans une merde noire !
    Ensuite et surtout parce que la France n’est pas une île, contrairement à la ” perfide Albion ” !
    Notre pays est un hub autoroutier, ferroviaire, maritime, et aérien, pour tout le trafic import-export de l’Union Européenne !
    Si nous sortons de ce ” piège à cons ” tramé sournoisement par les Etats-Unis, nous retrouverons notre souveraineté, notre monnaie, notre Banque de France, et notre indépendance militaire ( demandez à François Asselineau, il vous l’expliquera mieux que moi http://www.upr.fr ).
    Bien sûr notre monnaie sera dévaluée ( ce qui boostera nos exportations et encouragera le tourisme ), mais rendra nos importations plus chères, notamment pour le gaz et le pétrole !
    Mais si nous renouons nos accords commerciaux avec la Russie, nous pourrons retrouver les contrats à long terme que nous avons perdu par imbécilité !
    Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris ce que nous pouvions reprocher à la Russie étant-donné qu’elle ne nous a jamais attaqué, et qu’au contraire elle nous a débarrassé du 3ème Reich, au prix de 27.000.000 de morts, dont 14.000.000 de soldats ! ( les Etats-Unis 292.000 volontaires ).
    Sauf si nous adorons les nazis, ce qui semble être le cas de François Hollande, de Nicolas Sarkozy, et d’Emmanuel Macron !
    Mais je suis sûr que la majorité des français n’en a rien à foutre de l’Ukraine, qui ne fait partie, ni de l’Union Européenne, ni de l’OTAN !
    L’ONU a-t-elle décidé d’une guerre en Ukraine ? Bien sûr que non !
    Alors si les Etats-Unis veulent la peau de la Russie, qu’ils aillent eux-mêmes sur le terrain, personne ne les en empêche !
    Mais pour ça, il faut en avoir dans le froc, et ce n’est la qualité du G.I. moyen !
    Comment être motivé, quand vous vous battez à 10.000 km de chez-vous, contre un pays qui ne vous a jamais agressé ?

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    • Alain Girard
      Alain Girard

      En avoir dans le froc, mouais mais alors les G’Is n’ont pas combattu en Europe ? Et d’un risque de conflit tel, réduire aux corones des combattants, franchement…
      Sur l’Angleterre, la cause de la crise actuelle ne tient pas au Brexit mais à la crise structurelle du capitalisme, là bas comme partout et la sortie de l’U.E n’est pas la garantie d’une avancée quelconque si l’État retrouvé, souveraineté nationale etc;;;ne connait comme choix de société que celui de la classe dominante. La question centrale demeure la rupture avec la politique du capital ce qui exige sortie bien sûr mais aussi perspective socialiste sinon le travailler exploité le sera toujours et l’état demeurera l’outil de la classe dominante.

      Le KKE porte cette orientation, sortie avec socialisme, cela doit nous interroger me semble t’il ?

      Ensuite quand à dire que le peuple français se fout de l’Ukraine qui n’est pas membre de l’U.E, ni de l’Otan donc pour se préoccuper de l’Ukraine encore faudrait-il que cette dernière entre dans l’U.e et l’Otan, chic c’est en cours. Et donc après le peuple de France s’emparera de la chose, n’est ce pas!? Pourtant la majorité qui s’en fout plébiscite l’appartenance à l’Otan dans les sondages.

      Étrange, très étrange d’autant que puisque l’on s’en fout, que crèvent les populations du Donbass, ils sont pas dans l’U.E, que nos camarades soient emprisonnés et torturés voire flingués par le pouvoir ukrainien, ils sont contre l’Otan et que le conflit perdure et le risque d’extension s’amplifie c’est bien connu le frontières de l’U.E et des pays européens membres de l’Otan arrêtent tout, la COvid récemment.

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      • admin5319
        admin5319

        tout a fait d’accord avec toi alain…

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