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USA : Les arguments en faveur de la diplomatie en Ukraine

Encore des Etats-Unis, alors qu’en France il ne se trouve pas une force politique capable de dénoncer Biden et ce vers quoi il nous conduit, aux Etats-Unis et dans le monde se multiplient les voix qui en appellent à la négociation et disent l’écrasante responsabilité des USA et de leurs vassaux. Le vote à l’ONU montre que le soutien à une résolution que les USA avaient présentée comme la plus neutre possible se heurte au même scepticisme du monde : la résolution non contraignante a recueilli 141 voix pour, 7 contre (Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée) et 32 pays se sont abstenus, dont la Chine et l’Inde, sur les 193 Etats membres des Nations unies. Un soutien qui continue à s’effriter depuis le mois d’octobre, quand 143 pays avaient condamné les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie, cinq votant contre. Parce qu’en terme de populations et de pays souhaitant appliquer des sanctions ou envoyer des armes le score témoigne d’un isolement grandissant des USA, la position de la Chine devient en revanche beaucoup plus consensuelle. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

ParKatrina vanden Heuvel et James W. CardenBio de l’auteur:Katrina vanden Heuvel est présidente de l’American Committee for U.S.-Russia Accord (ACURA) et directrice éditoriale et éditrice de The Nation. Elle écrit une chronique hebdomadaire au Washington Post et commente fréquemment la politique américaine et internationale pour Democracy Now, PBS, ABC, MSNBC et CNN.

James W. Carden a été conseiller du représentant spécial pour les affaires intergouvernementales au département d’État sous l’administration Obama et a fréquemment contribué à des publications à gauche, à droite et au centre. Il est membre du conseil d’administration de l’ACURA.Source :Institut indépendant des médiasLigne de crédit:Cet article est distribué par Globetrotter en partenariat avec ACURA.Tags:BidenEurope/Ukraine, Amérique du Nord/États-Unis d’AmériqueGuerre

À mesure que 2023 se déroule, nous craignons que la politique américaine continue d’être caractérisée à la fois par un glissement de mission et par l’absence de toute sorte d’engagement diplomatique avec la Russie.

Tout au long de la guerre, l’administration Biden a lentement, régulièrement, même furtivement accru l’implication de l’Amérique. Les appels de Kiev pour de plus en plus d’armes ont, à chaque tournant, été accueillis avec l’assentiment du président Biden. Pendant ce temps, le Congrès a continué d’abdiquer ses responsabilités constitutionnelles depuis des décennies, choisissant plutôt d’agir comme une chambre d’enregistrement sur des montants toujours croissants d’aide financière et militaire à l’Ukraine. Pendant tout ce temps, l’appétit de Kiev s’est accru avec l’alimentation.

Il y a d’abord eu les missiles antichars Javelin, envoyés en Ukraine par le président Donald Trump. Puis vint l’invasion russe et les demandes d’obusiers M777; et les véhicules de combat Bradley; et missiles Patriot; et HIMARS; et NSAMS; et les chars M1 Abrams; et les GLSDB à longue portée.

Kiev exige maintenant la livraison d’avions de combat F-16.

Verrons-nous bientôt la demande de troupes terrestres américaines ? Si oui, assisterons-nous à une volonté politique à Washington de refuser une telle demande ?

Quoi qu’il en soit, il convient de garder à l’esprit que les véritables bénéficiaires de la manne de dépenses de Washington ont été les cadres supérieurs de Northrop Grumman, Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics, ainsi que les entreprises qui font partie du réseau de ce que nous pourrions appeler le « soft power for profits ».

Néanmoins, il reste une autre voie que l’administration Biden pourrait emprunter au cours de l’année.

Écrivant en 1947, au début de la première guerre froide, le journaliste et grand stratège Walter Lippmann observait que « l’histoire de la diplomatie est l’histoire des relations entre puissances rivales, qui ne jouissaient pas d’intimité politique et ne répondaient pas aux appels à des objectifs communs. Néanmoins, il y a eu des colonies. »

La diplomatie américaine a trop souvent été un exercice consistant à armer nos amis (s’ils osaient remettre en question les prérogatives de Washington) ou à renverser (secrètement ou ouvertement) nos ennemis présumés, sous M. Biden et ses prédécesseurs immédiats, la pratique de la diplomatie américaine a été écartée et marginalisée; même, grâce aux effets du scandale du Russiagate largement inventé, criminalisé.

Et s’il est vrai que la responsabilité ultime de la guerre en Ukraine incombe au président russe, Vladimir Poutine, il est douloureux de rappeler que M. Biden et ses prédécesseurs ont eu de nombreuses occasions d’éviter la catastrophe actuelle.

Pourtant, lorsqu’on lui a présenté de telles opportunités, pour soutenir le processus de paix de Minsk par exemple, Washington a toujours hésité. Lorsqu’on lui a présenté un projet de traité principalement raisonnable par les Russes en décembre 2021, l’administration Biden a même refusé de l’examiner. Lorsqu’on leur a présenté des plans de paix après le début de la guerre, Washington et ses alliés ont canalisé l’esprit de Bartleby de Melville et ont déclaré qu’ils « préféreraient ne pas le faire ».

À ce stade, alors que la Russie est au début d’une nouvelle offensive, nous pensons que l’engagement diplomatique est la seule politique morale et réaliste dont disposent le président Biden et ses conseillers.

Nous espérons qu’ils poursuivront.

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