Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’éminent philosophe allemand Jürgen Habermas exhorte l’Occident à entamer des pourparlers de paix avec la Russie

Quand les bases du raisonnement sont fausses même Habermas, le dernier avatar à la fois de la rationalité kantienne et de l’école de Francfort, a du mal à concevoir des concepts qui nous permettraient de sortir du sophisme qui prétend que pour faire la paix, il faut “armer” Zelensky contre la Russie. Depuis des décennies en France, en Europe, il n’y a eu aucune opposition à la propagande de l’OTAN. Il n’y a pas que l’Allemagne, toute la presse, la totalité des médias, l’édition, l’université, ont été contrôlés en ce sens et les complicités ont été multiples. Alors qui portera la nécessité de la “paix” ? Qui ira à l’encontre d’une démonstration inculquée jour après jour, à l’exclusion de tout autre narratif, sur ce qui est civilisation et ce qui est barbarie? Habermas n’ose pas se situer ailleurs que dans ce consensus, ce confort de la respectabilité bigote et ignorante des clercs : “Poutine veut la guerre, il envahit sans raison, il a tous les torts mais il faut faire la paix” et pourquoi donc il faudrait faire la paix? Et qui osera simplement dire ces Faits qui sont pour les Russes l’obstacle réel : “Nous Russes on veut la paix en Ukraine. Nous ne sommes pas contre. Seulement deux questions : qui a commencé en 2014 et quelles sont les garanties en 2023, si nous avons été trompés à Minsk pendant huit ans ?” Comme ils l’ont été dès la fin de l’URSS, et l’avancée de l’OTAN. Quel confiance faire à “l’éminent” Habermas et à tous ceux de son espèce, s’ils ne partent pas de là? quel travail “conceptuel” aura-t-il la moindre pertinence ? L’écart grandira entre ce que l’on croit savoir et les conséquences des processus réels, entre ignorance et bigoterie, personne alors n’osera plus aller a contrario, alors même que le peuple français éprouve un scepticisme grandissant. Chacun sera contraint d’en rester au niveau dans lequel nous sommes enkystés, l’opportunisme et le crétinisme parlementaire suppléant à la volonté politique minimale. Toute adhésion de la jeunesse sera freinée parce que cette absence tragique d’analyse politique la sacrifie au premier chef et il ne restera plus que quelques vieillards se souvenant avoir dit il y a des décennies : plus jamais ça. La préoccupation d’Habermas, le chantre de la troisième voie européenne, ne trouve plus les concepts pour se dire parce qu’il est interdit de dire donc de dialoguer. Son embarras devant l’absence de “dialectique de la raison” dit une fois de plus un développement des forces productives vers l’apocalypse au lieu de soulager la peine humaine, ce qui a fait du nazisme ce qu’il a été, Habermas et nous découvrons que toute leçon a été oubliée sans moyens d’agir mais alors qui entend une telle mise en garde? Quel impact a un Habermas ? (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

18/02/2023

Habermas a donné son avis sur le conflit en cours en Ukraine dans un article pour le journal Süddeutsche Zeitung

16 février 2023

L’Occident doit « prendre ses propres initiatives » pour des pourparlers de paix avec la Russie indépendamment du gouvernement ukrainien, a exhorté le philosophe allemand Jürgen Habermas dans un article pour un journal allemand.

Écrivant pour Süddeutsche Zeitung, Habermas, qui est largement considéré comme l’un des théoriciens contemporains les plus célèbres au monde, a déclaré que même si le président russe Vladimir Poutine n’avait exprimé aucune volonté de négocier la fin de la guerre en Ukraine, l’Occident devrait toujours rechercher un accord négocié basé sur des concessions mutuelles.

Le penseur allemand a fait valoir que les pays occidentaux qui affrontent l’offensive russe avec des fournitures d’armes pourraient facilement se retrouver tels des « somnambules au bord d’un précipice », car ils n’ont pas défini le but exact de l’aide et ils laissent la responsabilité de décider quand commencer les négociations pour mettre fin aux combats à Kiev. Il peut arriver un moment où ils devront donc soit abandonner l’Ukraine, soit rejoindre la guerre eux-mêmes.

Deux définitions vagues et concurrentes de l’objectif des livraisons d’armes ont émergé, a-t-il écrit. L’une est que l’Ukraine ne peut pas perdre et l’autre est que la Russie doit être vaincue. Ne pas préciser l’objectif exact du soutien occidental est une erreur fatale, et il est incohérent et irresponsable de laisser à Kiev le soin de décider quand négocier la fin de la guerre et quelle devrait être la base des négociations.

« Je suis préoccupé par le caractère préventif des négociations qu’il faudrait mener, parce qu’elles empêcheraient une longue guerre de faire encore plus de victimes humaines et de destructions ce qui nous ramènent finalement à un choix désespéré : soit d’intervenir activement dans la guerre, soit, afin de ne pas déclencher la première guerre mondiale parmi les puissances nucléaires, de laisser l’Ukraine à son sort », a-t-il écrit.

Habermas a souligné que la capacité de l’Ukraine à se battre aussi longtemps que possible dépend du soutien de l’Occident ; il a expliqué que l’Occident porte également une responsabilité morale pour la destruction causée par les armes qu’il fournit.

Il a ajouté que la livraison d’armes de plus en plus modernes a enclenché une dynamique qui pourrait nous pousser imperceptiblement au bord d’une troisième guerre mondiale.

Selon Habermas, cela montre que l’Occident doit prendre l’initiative de pourparlers de paix. Cependant, il n’y a toujours aucun signe que Vladimir Poutine soit prêt à négocier, et l’occupation de territoires dans l’est de l’Ukraine a créé une situation inacceptable pour Kiev.

Ceci, cependant, est peut-être une réponse à l’erreur des alliés occidentaux de laisser délibérément la Russie dans l’ignorance dès le début quant à l’objectif du soutien militaire, car l’ambiguïté laissait ouverte la possibilité d’interpréter le véritable objectif de l’Occident comme un changement de régime en Russie, ce qui est inacceptable pour le Kremlin, a-t-il ajouté.

En plus des pertes en vies humaines, la guerre consomme chaque jour de plus en plus de ressources matérielles qui ne peuvent être remplacées indéfiniment. Habermas a expliqué que ce seul fait est une indication que l’Occident doit faire pression pour ouvrir des négociations.

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