Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ziouganov au Forum social de Porto Alegre: “Le monde multipolaire et la lutte des peuples nous mèneront au socialisme !”

Le président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, chef de la faction du Parti communiste à la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, s’est adressé aux participants du Forum social mondial de Porto Alegre au nom des communistes russes. Le dirigeant russe tire de l’expérience fondamentale de son peuple une capacité visionnaire dans le temps et dans l’espace et la description de la manière dont le capitalisme pour survivre tente une synthèse de ses solutions (fascisme, simulacre social et néolibéralisme) est une piste à suivre, comme l’est la manière dont ce qui est apparu comme une solution (la fin de l’URSS) n’a fait qu’aggraver les contradictions. A la lecture de cette intervention on renouvelle le souhait que ce que nous tentons ici grâce aux traductions de Marianne et la collaboration grandissante de lecteurs puisse acquérir sa véritable dimension à travers la publication et l’échange d’analyses au niveau international. Cela me parait être un des enjeux encore méconnu du Congrès du PCF. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/216207.html

Le 23 janvier, le Forum social mondial a débuté dans la ville brésilienne de Porto Alegre. De nombreux politiciens considèrent ce rassemblement international massif des forces de gauche et antimondialisation comme une sorte d'”anti-Davos”.

Le Forum de Porto Alegre se poursuivra jusqu’à la fin de la semaine. Les principaux sites de la célèbre ville brésilienne seront transformés en forums de discussion. Elles porteront sur des questions d’actualité liées au développement contemporain – économique et social, politique et culturel.

Participent à l’événement international des représentants des partis de gauche, communistes et ouvriers, des organisations et mouvements anticapitalistes et antimondialisation. Ils sont venus au Brésil d’Amérique latine et d’Europe, d’Asie et d’Afrique.

Le président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, chef de la faction du Parti communiste à la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, s’est adressé aux participants du Forum social mondial de Porto Alegre au nom des communistes russes.

– Chers participants au Forum ! Chers camarades ! Chers amis !

L’humanité est entrée dans une période de grands bouleversements. Le cours des événements est en train de changer la face du monde. Cela concerne tous les pays et tous les continents, l’économie et la politique, la démographie et les relations internationales, la technologie et le monde spirituel de l’homme.

La cause de l’instabilité mondiale est la crise du capitalisme. Déjà Marx et Engels ont prouvé son caractère inévitable. L’ampleur de la crise actuelle est énorme. Pour comprendre ses origines, il faut revenir 30 ans en arrière. La destruction de l’URSS était une manne du ciel pour les impérialistes. Le capital avait mis la main sur d’énormes opportunités. Les marchés et les sources de matières premières se sont considérablement développés pour lui. La “fuite des cerveaux” de l’ex-URSS a multiplié le pouvoir des entreprises occidentales. Les programmes sociaux ont été réduits.

Le “cadeau historique” des traîtres au socialisme a permis d’atténuer les contradictions aiguës du capitalisme. Mais son bénéfice s’est avéré être temporaire. Sans concurrence avec l’URSS, le parasitisme de ce système social s’est intensifié de façon spectaculaire. Au début du 20e siècle, Lénine écrivait : “L’impérialisme est une énorme accumulation dans quelques pays de capital monétaire” et notait la “croissance extraordinaire” de la couche de personnes “complètement détachées de toute participation à une entreprise, … dont la profession est l’oisiveté”.

En 2008, une escroquerie mondiale a entraîné l’éclatement des bulles hypothécaires et financières. Le monde a été plongé dans une nouvelle crise. Au début du vingtième siècle, une crise similaire avait conduit à la Première Guerre mondiale. La situation a été sauvée par la révolution socialiste en Russie. Elle a arraché un sixième de la terre au camp bourgeois.

Nous venons de célébrer le 100e anniversaire de la formation de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Le premier État ouvrier et paysan du monde a fourni une grande expérience de construction sur les bases de la justice et de l’internationalisme. En 1941, le peuple soviétique, dirigé par les communistes, s’est soulevé pour lutter contre la barbarie fasciste. Au prix de 27 millions de vies, notre patrie soviétique a défendu le droit au libre développement, non seulement pour elle-même, mais aussi pour les peuples de la planète entière. L’URSS a contribué de manière décisive à sauver le monde de la peste brune.

Les travailleurs de tous les pays ont vu que les chaînes de l’oppression pouvaient être brisées. Un mouvement anticolonial a balayé des pays et des continents entiers. Le pouvoir populaire s’est établi dans les pays d’Europe de l’Est, en Chine, au Vietnam, en République populaire démocratique de Corée, au Laos, à Cuba et dans d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Dans ces conditions, la bourgeoisie mondiale a essayé de trois manières de maintenir sa domination.

La première méthode était le fascisme. Les régimes de Hitler, Mussolini, Franco, Horthy et les militaristes japonais étaient le produit de la réaction capitaliste. Les classes dirigeantes américaines et britanniques ont financé les nazis bien avant qu’ils n’arrivent au pouvoir. Ce sont eux qui ont permis à Hitler de rompre les dispositions de la paix de Versailles et de créer le “Troisième Reich”.

La deuxième voie était le simulacre social du capital. Face à la montée du mouvement ouvrier et communiste, il a fait des concessions aux travailleurs. Le keynésianisme, le “New Deal”, la “Welfare Society”, le “socialisme scandinave” – tous ces subterfuges, la bourgeoisie les a utilisés pour affaiblir la lutte des classes et maintenir sa domination. Dès que la “menace rouge” a disparu, le capital a commencé à démanteler les “cadeaux sociaux” faits aux travailleurs, brique par brique.

Le troisième outil était le néolibéralisme. Le FMI et les autres “araignées financières” de l’Occident ont submergé et pillé de nombreux pays. Le démantèlement des fonctions sociales de l’État a aggravé les divisions sociales. Il suffit de regarder les mégapoles modernes pour voir à la fois des bidonvilles d’une pauvreté abjecte et des quartiers chics de super riches.

Ces trois techniques ont été utilisées par la bourgeoisie au vingtième siècle “selon les besoins”. Aujourd’hui, le capital a fusionné ensemble toutes ses anciennes recettes.

La pandémie de coronavirus a révélé les côtés les plus sombres du système bourgeois. Les soins de santé, affaiblis par les réformes libérales, ont condamné à mort des centaines de milliers de personnes, même dans les pays riches de l’Occident. Les gens sont devenus pauvres. Les gouvernements ont jeté aux travailleurs des “miettes de la table” sous forme de paiements temporaires, tandis que les entreprises licenciaient des travailleurs et réduisaient leurs salaires.

Le néocolonialisme a débordé sur le “nationalisme vaccinal”. Les gouvernements occidentaux ont rempli leurs entrepôts de médicaments mais ont abandonné à leur sort des milliards de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Au cours des deux premières années de la pandémie, 40 nouveaux milliardaires sont apparus dans l’industrie pharmaceutique. Les 10 personnes les plus riches de la planète détiennent déjà plus de richesses que 40% de l’humanité. L’enrichissement d’une caste d’hommes d’affaires cyniques est payé par la misère et la souffrance des travailleurs.

Le peuple ne veut pas être un pion dans ce jeu cruel. Les gens sont indignés par l’injustice, l’inégalité, la pauvreté. La protestation prend de l’ampleur partout, y compris aux États-Unis et en Europe. Les grèves se multiplient au Royaume-Uni, en France, en Italie et ailleurs. Les manifestants n’ont pas que des revendications économiques. Les gens s’élèvent contre les politiques agressives de leurs gouvernements, qui dépensent d’énormes sommes d’argent pour renflouer le régime néonazi de Kiev.

Les confessions de Merkel et d’autres fonctionnaires occidentaux à la retraite ont confirmé qu’ils soutenaient le gouvernement banderiste depuis 2014. Tout comme il y a 100 ans, le capital utilise le fascisme, le chauvinisme et l’intolérance nationale et religieuse pour diviser les travailleurs.

Les forces de réaction s’intensifient. Au Brésil, les partisans de Bolsonaro se rebellent. Les autorités turques utilisent la secte des Loups gris. Les forces pro-fascistes relèvent la tête en Bolivie, en Argentine, au Chili et dans d’autres pays. Les autorités japonaises rêvent de vengeance. Les partis de droite en Europe, qui admirent les dictatures de Mussolini et de Horthy, ont pris le pouvoir en Italie et en Hongrie. Les ambitions du parti Vox en Espagne et de Chega au Portugal ne cessent de croître. L’élite politique américaine se comporte de plus en plus de manière réactionnaire. Le trait commun de toutes ces forces est l’anticommunisme.

Une nouvelle vague “brune” vise à étrangler l’alternative de gauche. La Chine est devenue sa cible la plus importante. Pékin est accusé sans fondement de génocide de la population musulmane et de violation des droits des habitants de Hong Kong et du Tibet. La guerre économique est utilisée pour priver la Chine des technologies modernes. La Chine est entourée de blocs militaires hostiles. Des conflits sont provoqués autour de Taïwan.

Le capital mondial augmente la pression sur la Russie, l’Iran et d’autres pays. Afin de maintenir un monde unipolaire et sa domination, l’Occident poursuit sa “politique du gros bâton”. Le “gendarme du monde” est intervenu en Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie. L’exportation de “révolutions de couleur” et d’autres techniques de néocolonialisme ont été mises en pratique. Nous exprimons notre profond respect et notre solidarité avec les peuples du Venezuela, du Nicaragua et du Belarus, qui n’ont pas permis le renversement de gouvernements populaires.

En 2014, l’Occident a organisé un coup d’État à Kiev. Avec la violence et les meurtres de masse dans le Donbass, le régime nazi en Ukraine a forcé les gens à abandonner leur langue maternelle et leur culture. La répression et les représailles ont été exercées contre tous ceux qui n’étaient pas d’accord. Le parti communiste d’Ukraine a été interdit.

Le KPRF a fermement défendu les travailleurs de Donetsk et de Lougansk. Depuis 8 ans, les communistes russes ont envoyé plusieurs tonnes d’aide humanitaire – nourriture, vêtements, médicaments, jouets pour enfants – aux habitants pacifiques du Donbass.

L’opération militaire spéciale de la Russie vise à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine. La lutte contre le foyer du nazisme en Europe fait désormais partie de la lutte pour un ordre mondial plus juste et plus sûr. La victoire de la Russie contribuera à modifier l’équilibre des forces sur la planète en faveur de la démocratie et du progrès. Elle contribuera au déclin du mondialisme et à la défaite des forces du fascisme et de l’impérialisme. Nous sommes reconnaissants à toutes les forces politiques, à toutes les personnes de bonne volonté, qui expriment leur soutien à la Russie dans la lutte antifasciste !

La tendance à la multipolarité dans le monde s’intensifie. Les peuples s’unissent pour un développement libre. Ils mettent en place les BRICS, l’OCS, l’ASEAN, l’UNASUR, la CELAC, l’Union africaine et d’autres structures d’intégration. Ces alliances fonctionnent sur la base de l’égalité et du bénéfice mutuel.

Un monde multipolaire facilitera la lutte pour le progrès social. L’affaiblissement de l’hégémonie américaine ouvre la voie à un système de relations internationales plus équitable. Toutes ces possibilités, les forces de gauche doivent les exploiter largement. Mais nous sommes conscients que la multipolarité en elle-même ne mène ni à un monde sans conflit, ni à la justice sociale, ni au socialisme. Et des milliards de personnes défavorisées rêvent d’une vie digne, libérée de l’oppression, où règnent le travail honnête et l’amitié entre les peuples. Seule la lutte des travailleurs pour le socialisme permettra de construire un monde nouveau !

L’histoire du vingtième siècle montre que rien n’est impossible pour les communistes armés des idées du marxisme-léninisme. Lorsque les forces de gauche sont unies et solidaires, tous les obstacles tombent devant elles. Notre tâche est de créer un nouveau monde, un monde pour les travailleurs, un monde sans faim, pauvreté et souffrance.

Nous savons avec certitude que la vérité de l’histoire est de notre côté. Mais ce n’est pas une raison pour rester à l’écart et attendre que le cours des événements remette tout à sa place. Le vieux monde, plongé dans l’appât du gain et la folie militariste, ne quittera pas la scène historique de lui-même. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons l’aider à disparaître.

Discuter ensemble de problèmes urgents permet de trouver un terrain d’entente, de renforcer la solidarité et de nous unir dans la lutte pour un monde meilleur. Au nom des communistes de Russie, je souhaite chaleureusement la bienvenue à tous les participants du Forum !

Notre drapeau est rouge ! Notre hymne est l’Internationale !

Les vents de l’histoire soufflent dans nos voiles ! La victoire sera la nôtre !

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