Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Transition vers la transition, ma contribution au débat par Franck Marsal

Transition vers la transition, ma contribution au débat, un important apport de Franck, je me permets d’ajouter une ou deux remarques, puisque j’ai posé la question. Tout à fait d’accord sur le point 1-La transition du capitalisme au socialisme a déjà commencé puisqu’il y a eu l’URSS et le temps des Révolutions. Oui mais le problème est que depuis une trentaine d’années le processus est bloqué, même dans la coexistence des formations sociales. Je me demande alors si ce ne sont pas seulement les formations sociales qui coexistent mais les mouvements révolutionnaires qui peuvent être de nature différente, ce qui pose l’incontournable question de leur unité. Prenons l’exemple de la révolution française, il y a coexistence des révoltes paysannes, des Lumières avec les élites bourgeoises, le mouvement des artisans parisiens, les sans culotte, la dictature jacobine ; la Terreur les unifie mais la guerre est aussi là. La contrerévolution fait ressurgir une autre majorité plus importante puisqu’elle rassemble non seulement les contrerévolutionnaires organisés mais ceux qui n’ont pas la force de résister. Et à ce titre, on pourrait plus récemment peut-être voir ce qui se passe en Amérique latine, au Chili, en particulier avec le vote en faveur de la Constitution de Pinochet sur la relation entre élections et unité révolutionnaire. Si je résume mon propos, il tiendra en trois idées: 1) il faut complètement revoir l’articulation vote-mouvement social qui est issu du khrouchtchévisme, de l’eurocommunisme. 2) il faut reprendre l’analyse du rôle de la guerre impérialiste en l’actualisant, en insistant sur les formes actuelles de remise en cause de la propriété, de l’État au cœur de la montée des mécontentements. 3) la piste tracée par Jean-Claude et qui articule forces productives et impérialisme me parait plus heuristique que celle sur le néolibéralisme – qui est une utopie contrerévolutionnaire, non seulement l’État n’a pas été détruit mais il s’est renforcé à la fois dans des formes régionales antidémocratiques, mais également en devenant toujours plus (ne serait-ce qu’au travers des commandes militaires) un facteur d’accumulation essentiel sous une forme financiarisée. L’importante contribution de Franck Marsal témoigne de l’accélération d’une prise de conscience au sein du PCF et cette avancée va avec la lutte des classes en France, une grande référence marxiste. Mais il y a le poids de l’eurocommunisme, même celui de l’époque Georges Marchais, qui constitue à la fois une référence et une limite pour que les idées deviennent force matérielle. Pour le dire clairement, pour qu’il existe une avant-garde révolutionnaire sans laquelle “les masses” ne peuvent pas intervenir, il faut un facteur d’unité qui soit en phase sur le mouvement réel qui est celui du bellicisme impérialiste ou comment à l’intérieur de la guerre monte “la guerre civile” pour reprendre l’idée de Lénine, demain nous publierons une analyse de Jean Salem sur Lénine, la politique et la guerre. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsocieté).

Illustration : une manière de souligner la manière dont la Chine se voit en tant que société sous-développée proposant à la majorité de la planète une autre modernité que la voie occidentale.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la contribution de Jean-Claude, très justement intitulée « transition vers la transition ou comment faire pour que le socialisme devienne une force matérielle ».

D’abord, je trouve ce titre très pertinent. Nous devrions logiquement être dans une société en transition, puisque le capitalisme a manifestement épuisé ses possibilités créatrices, et pourtant nous semblons vivre une stagnation, voire un recul. La seconde partie du titre complète et éclaire la question en faisant référence à la phrase de Marx qui explique que « les idées ne deviennent des forces matérielles que lorsqu’elles s’emparent des masses ».

Faire en sorte que les masses s’emparent à nouveau des idées socialistes, de l’idée du socialisme, de la socialisation du processus de production, afin de prendre ou de reprendre le chemin de la transition.

1. La transition du capitalisme au socialisme a déjà commencé

La transition du capitalisme au socialisme a été engagée, en Russie soviétique à partir de 1917 et a suivi un processus croissant tout au long de la plus grande partie du 20ème siècle. C’est ce que j’ai appelé dans un article précédent le stade du « socialisme dans plusieurs pays isolés ».

C’est-à-dire que depuis 1917, nous avons des pays socialistes dans l’économie mondiale, au début, ils ont joué un rôle marginal, mais rapidement, cela n’a plus été le cas. L’URSS devient à partir de la seconde guerre mondiale un acteur clé, sans être loin d’égaler la puissance industrielle américaine. Comme nous l’avons souvent abordé sur ce blog, le développement du socialisme, à partir de la Russie puis dans une série de pays importants mais isolés a eu un impact mondial et a transformé globalement l’histoire, l’économie et la sociologie de presque tous les pays.

Durant une première période, les formes économiques socialistes et les formes économiques capitalistes étaient cantonnées chacune dans des pays différents. Après la seconde guerre mondiale, cette situation s’est modifiée : des formes de socialisation avancées ont été mises en place dans des sociétés capitalistes (comme la sécurité sociale ou la nationalisation de l’électricité en France). Pour faire une parenthèse sur ce sujet, désigner ces formes de socialisation avancées par la formule creuse et contradictoire du « communisme-déjà-là » n’a aucun sens.

Le concept marxiste de formation économique nous aide à comprendre cette situation. Ce concept a été élaboré et développé pour analyser des sociétés pré-capitalistes. Il permet de comprendre que plusieurs modes de production peuvent coexister au sein d’une même société, car l’apparition d’un mode supérieur ne signifie pas la disparition complète des modes précédents. En revanche, lorsque plusieurs modes coexistent, un de ces modes est dominant et structure la place des autres. Ainsi, le capitalisme, dominant en France par exemple au 19ème siècle coïncide-t-il avec des formes d’économies comme l’esclavagisme dans les colonies, qui joue, dans l’accumulation du capital un rôle qui est loin d’être négligeable. Avoir des formes de socialisations avancées dans une économie capitaliste n’est donc pas du tout la même chose qu’avoir des formes d’économie de marché et de capitalisme dans une société à dominante socialiste. L’un domine, l’autre est dominé. Une eau gazeuse n’est pas du tout la même chose d’une atmosphère battue par une pluie intense.

De même, il est important de noter qu’un mode de production peut se développer en plusieurs stades successifs, ainsi le capitalisme n’apparaît pas en premier lieu sous le stade développé de la grande industrie, ainsi que l’expliquent Marx et Engels dans les premières pages du Manifeste Communiste :

L’ancien mode d’exploitation féodal ou corporatif de l’industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s’ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture prit sa place. La moyenne bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande ; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l’atelier même.

Mais les marchés s’agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devint insuffisante. Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne supplanta la manufacture ; la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.

Ainsi, la société française d’après guerre, à mon sens, développe des formes avancées de socialisation, sous la pression du mouvement ouvrier organisé par le Parti Communiste et la CGT. Mais ces formations sont dominées par la structure générale de l’état et de la société dominée par la bourgeoisie, par ses relations internationales, dominée par le protectorat américain. La structure sociale dominante du capitalisme français de l’après-guerre est clairement et sans conteste possible bourgeoise et capitaliste, mais des éléments précurseurs du socialisme, des formes avancées de socialisation, sont présentes dans certaines niches spécifiques.

La structure générale des modes de production au niveau mondial est donc la suivante au milieu de la 2nde moitié du 20ème siècle :

1) Plusieurs pays socialistes, URSS, Chine, Vietnam, Cuba et pays de l’Est, mais avec des forces productives encore très insuffisamment développées ;

2) Un pays capitaliste dominant, les USA, qui disposait après la 2nde guerre de plus de la moitié de la capacité industrielle mondiale et qui contrôle les principaux processus industriels et financiers mondiaux ;

3) Des anciennes puissances coloniales européennes et japonaises ravagées par la guerre, fragilisées au sens social, dans lesquelles la structure capitaliste est sécurisée par l’occupation militaire et la domination politique des USA, mais qui conservent un tissu industriel avancé. Dans une partie de ces sociétés, des formes de socialisation avancées sont présentes du fait du développement autonome des idées socialistes et de la lutte des classes en leur sein ;

4) Des anciennes colonies, pour l’essentiel économiquement très arriérées, et dont la première évolution sera d’obtenir une indépendance le plus souvent formelle lorsqu’elle est concédée, réelle, lorsqu’elle est conquise les armes à la main.

C’est dans ce cadre général que je souscris à l’analyse de Jean-Claude sur l’impérialisme mondialisé. Le stade du capitalisme mondialisé, tel qu’il surgit dans cette 2nde moitié du 20ème siècle n’est pas un développement autonome du capitalisme mais déjà une réaction à une première étape de développement socialiste après une 1ère étape de crise systémique du capital. Il est déjà en interaction, en lutte et en opposition avec lui. Après une phase de reconstruction, durant laquelle le capitalisme a été essentiellement sur la défensive face à un socialisme conquérant sur presque tous les continents, une nouvelle phase apparaît au tournant des années 70, durant laquelle ce rapport va s’inverser et le capitalisme mondialisé, dirigé par la bourgeoisie états-unienne, pressé à la fois par le terrain perdu et par la baisse tendancielle du taux de profit, va entreprendre une vaste contre-offensive.

Le néo-libéralisme et le néo-colonialisme : la contre-offensive capitaliste de la fin du 20ème siècle

Je ne vais pas analyser en détail cette phase car Jean-Claude l’a très bien fait, juste en tracer quelques traits caractéristiques complémentaires :

1. Le capitalisme a compris que le développement des forces productives joue contre lui. Les formes les plus avancées, les formes économiques socialisées, se développent plus vites que les formes arriérées liées à la propriété privée. D’autre part, le développement des anciennes colonies, qui aspirent à la liberté et à l’égalité, ne lui est pas favorable. Il va donc engager une lutte acharnée contre le développement économique lui-même, et en particulier contre le développement de toutes les formes économiques avancées, les états socialistes mais aussi contre le développement économique de ce qu’on appelle alors le “tiers monde” sous la forme du néo-colonialisme et contre son propre développement économique, sous la forme du néo-libéralisme. En même temps une lutte idéologique (et si nécessaire physique et militaire) constante et féroce est engagée contre les forces et les idées communistes.

C’est pourquoi je ne rejette pas le terme de « néo-libéralisme ». Pour moi, le néo-libéralisme est la politique économique de l’impérialisme mondialisé, nécessaire à sa survie. Freiner le développement économique pour conserver le contrôle du monde. C’est pour cela que le développement de la Chine socialiste pose problème : en se développant, elle réussit là où tous les autres pays ont échoué : développer massivement les forces productives contre les limites posées par le néo-libéralisme et le néo-colonialisme. Ce faisant, elle rend le néo-libéralisme inopérant : pour le capitalisme actuel, freiner son propre développement, ce n’est plus seulement prévenir l’émergence de formes socialistes, c’est alors se mettre en infériorité par rapport à la Chine, ce qui est évidemment inacceptable. Le développement de la Chine fait entrer le néo-libéralisme occidental en contradiction avec lui-même.

2. L’impérialisme mondialisé est en contradiction avec la structure nationale. La domination de l’empire etats-unien assure la stabilité de cette contradiction. Par ses leviers de pouvoirs, Washington et la bourgeoisie américaine, le centre financier de Wall Street, le complexe militaro-industriel états-unien assure la stabilité, attribue à chacun sa place et garantit à chaque bourgeoisie nationale sa sécurité dans les situations où la lutte des classes devient trop aiguë. En contrepartie, ces bourgeoisies acceptent de livrer les clés de leur pays au contrôle américain : pénétration culturelle, supervision de la formation et de la sélection des dirigeants (le cas échéant, élimination des dirigeants problématiques), ouverture aux marchandises et aux capitaux américains, contrôle de la technologie (le cas échéant, les projets trop avancés ou prometteurs sont freinés ou rachetés par des sociétés américaines). Cependant la solution apportée à la contradiction est fragile et transitoire. La contradiction demeure. Il faut constamment veiller, intervenir, contrer et, inévitablement, c’est de plus en plus visible et problématique.

3. Le néo-libéralisme et la concurrence capitaliste mondialisée induisent la dégradation sociale des pays occidentaux dominants, USA et Europe occidentale en particulier. C’est un peu comme si le Brésil des années 80 devenait en quelque sorte le modèle social vers lequel tendent les USA et l’Europe. Cela se traduit notamment par :

  • paupérisation généralisée des classes populaires, développement d’un lumpen-prolétariat massif, sans-abris, précarité énergétique …
  • corruption et dégradation morale des couches dirigeantes,
  • Abstentions et dépolitisation,
  • Effondrement de la démocratie et fascisation de la société,
  • Instabilité financière et budgétaire,

En freinant le développement des forces productives, le néo-libéralisme ramène les sociétés les plus développées en arrière vers des formes fascistes.

4. Durant cette phase, même si on observe une régression partielle des rapports socialistes dans l’économie mondiale, ceux-ci demeurent présents. Surtout, l’intégration de l’économie chinoise dans l’économie capitaliste, simultanément à l’introduction de l’économie de marché à l’intérieur de l’économie socialiste de la Chine va permettre un nouveau développement des forces productives, sous cette forme mixte : une économie socialiste de marché. Cette économie va connaître un taux de croissance de plus de 10 % par an pendant plusieurs décennies, sortant des centaines de millions de la grande pauvreté et parvenant à égaler, et dans de nombreux domaines à dépasser l’économie américaine.

Grâce au développement induit par les formes socialistes avancées combinées et articulés à des éléments d’économie capitaliste, de nouvelles bases sont posées pour les développements sociaux ultérieurs. Les conditions dans lesquelles l’histoire peut s’écrire sont désormais changées et c’est ce que nous observons déjà. Lorsque ce développement entre en contradiction avec la structure de l’impérialisme mondialisé, se produit un resserrement du pouvoir. Les apparence volent en éclat et on entend les grondements de la force brutale et de la guerre. Le pouvoir se rétrécit à son ossature.

J’ai envie de faire ici une analogie historique : lorsqu’il décrivait la prise de pouvoir par Napoléon 3 en 1851, Marx exprimait la dynamique générale en ces termes :

« Le pouvoir exécutif, contrairement au pouvoir législatif, exprime l’hétéronomie de la nation, en opposition à son autonomie. Ainsi, la France ne sembla avoir échappé au despotisme d’une classe que pour retomber sous le despotisme d’un individu, et encore sous l’autorité d’un individu sans autorité. La lutte parut apaisée en ce sens que toutes les classes s’agenouillèrent, également impuissantes et muettes, devant les crosses de fusils.

Mais la révolution va jusqu’au fond des choses. Elle ne traverse encore que le purgatoire. Elle mène son affaire avec méthode. Jusqu’au 2 décembre 1851, elle n’avait accompli que la moitié de ses préparatifs, et maintenant elle accomplit l’autre moitié. Elle perfectionne d’abord le pouvoir parlementaire, pour le renverser ensuite. Ce but une fois atteint, elle perfectionne le pouvoir exécutif, le réduit à sa plus simple expression, l’isole, dirige contre lui tous les reproches pour pouvoir concentrer sur lui toutes ses forces de destruction, et, quand elle aura accompli la seconde moitié de son travail de préparation, l’Europe sautera de sa place et jubilera : “Bien creusé, vieille taupe !  »

Transposons ces phrases à la situation actuelle, en substituant au pouvoir exécutif de Napoléon 3 le pouvoir exécutif états-unien sur le monde, pouvoir qui s’exerce désormais sans limite puisque les USA transforment la perception communément admise de la réalité pour justifier à l’avance leur politique. Voici ce que cela pourrait donner :

« L‘impérialisme mondialisé exprime l’hétéronomie du monde, en opposition à son autonomie. Les vieilles nations en conflit pour le monde sont retombées sous le despotisme d’un seul pays, sous l’autorité d’un pays sans autorité. La lutte parût apaisée en ce sens que toutes ces vieilles nations s’agenouillèrent, également impuissantes et muettes, devant la crosse des fusils.

Mais la révolution va au fond des choses. Elle ne traverse encore que le purgatoire. Elle mène son affaire avec méthode. Jusqu’ici, elle n’a accompli que la moitié de ses préparatifs, et maintenant, elle va accomplir l’autre moitié : Elle perfectionne d’abord l’ONU, pour la renverser ensuite. Ce but atteint, elle perfectionne le pouvoir de l’OTAN et des USA ; le réduit à sa plus simple expression, l’isole, dirige contre lui tous les reproches pour pouvoir concentrer sur lui toutes ses forces de destruction, et, quand elle aura accompli l’autre moitié de son travail de préparation, le monde sautera de sa place et jubilera : « bien creusé, vieille taupe » !

L’ONU se voulait un lieu dans lequel chaque pays avait une voix égale. Fréquemment, on fait appel à l’ONU comme un parlement dans lequel on pourrait régler les conflits internationaux. Mais ce « parlement » a été depuis longtemps vidé de son contenu. Depuis de longues décennies, les USA ont pris le dessus sur l’ONU et imposent leur lecture des événements et des rapports internationaux. Un pays peut être détruit, bombardé, sa population peut être affamée, son économie réduite à néant, son gouvernement renversé, s’il ne suit pas la ligne dictée. Le vainqueur d’une élection peut être déclaré perdant et même fraudeur sans la moindre preuve. La « communauté internationale », c’est à dire « les leaders d’opinion bourgeois et les grands médias possédés par les multinationales » décident. Les uns sont les méchants, les autres sont les gentils. Aujourd’hui, l’impérialisme mondialisé ne s’embarrasse plus de formes. Il dicte sa vérité et impose à tous d’agir selon cette vérité. Il multiplie les guerres et se réarme pour imposer sa domination sans limites.

Quels pourraient-être, en France, en 2023, la forme et le contenu de la transition vers cette société transitoire que nous appelons le socialisme ?

Si les conditions internationales dans lesquelles l’histoire et le développement du socialisme sont désormais changées, qu’est-ce que cela change pour la France ?

Pour répondre à cette question, il nous faut revenir un peu en arrière. Dans le monde divisé en deux par la guerre froide, la France est dans le bloc capitaliste. Elle est partiellement libérée par les armées américaines et britanniques et partiellement par sa propre résistance, dans laquelle le Parti Communiste joue un rôle très important.

Dans l’assemblée constituante de 1945, le PCF obtient 159 députés sur 586, plus du quart. Dans celle de 1946, il en obtient 153. Il est le premier parti de France avec entre 500 000 et 800 000 adhérents. La CGT, dans laquelle les communistes jouent un rôle dirigeant, en compte plusieurs millions.

Le PCF peut donc jouer un rôle déterminant et imposer des changements sociaux structurants qui vont radicalement moderniser la structure sociale et politique de la France. Mais, le PCF ne peut pas se saisir du pouvoir, ni seul, ni à la tête d’un front populaire qui mettrait fin au capitalisme en France et établirait une société socialiste. Cela tient bien sûr à la présence des troupes américaines, encore nombreuses, mais pas seulement. La bourgeoisie n’a pas lâché le pouvoir.

La bourgeoisie est contrainte, durant environ deux ans seulement, de faire des concessions, mais elle ne lâche pas le pouvoir. L’état, l’armée, la police, les préfets, le pouvoir économique, une partie des médias restent aux mains de la bourgeoisie, sans conteste et malgré la collaboration éhontée dont elle a largement fait preuve avec les nazis.

Le PCF choisira de rendre les armes dont il disposait et de s’intégrer à la démocratie renaissante et tout autre choix eut été un aventurisme voué à un échec sanglant. Dès 1947, le pouvoir bourgeois, aidé par le Parti Socialiste et son ministre de l’intérieur Jules Moch dissout les compagnies de CRS réputées proches des communistes et fait intervenir massivement l’armée sur les carreaux des mines pour imposer aux mineurs grévistes la reprise du travail.

A partir de ce moment, dans le contexte de la guerre froide, le PCF est isolé et attaqué de toutes parts. S’engage alors une période essentiellement et nécessairement défensive. Malgré les évolutions de la situation, le PCF ne peut pas retrouver un rôle politique aussi important que celui que les circonstances particulières de la Libération ont données. Il est surveillé, limité, on n’hésite pas à emprisonner ses dirigeants. Il ne peut que défendre ce qui a été conquis, pied à pied, dans les luttes et soutenir les révolutions internationales par sa solidarité sans faille.

C’est dans ce contexte que François Mitterrand formule (dès le début des années 60) le projet politique qui le mènera au pouvoir et qu’il exprime en substance de la manière suivante : ni la bourgeoisie, ni les USA ne toléreront qu’un gouvernement de gauche dirigé par les communistes parvienne au pouvoir en France. En revanche, il est possible comme cela fonctionne dans les pays d’Europe du Nord, de construire un mouvement socialiste important et « de gauche », qui réduise l’influence du parti communiste de façon à ce que la « gauche réformiste » parvienne au pouvoir dans des conditions « acceptables » pour la bourgeoisie française et pour le gouvernement américain.

Un tel projet a évidemment placé le Parti Communiste dans une situation très difficile (c’était d’ailleurs un des objectifs). C’est un véritable piège : refuser l’alliance est impossible, l’accepter revient à accepter soi-même sa future marginalisation. On pourra débattre longtemps de cette situation et des choix qui ont été faits. De toutes façons, ce qui compte c’est ce qui a été fait, et non ce qui aurait pu être fait, sur lequel on ne peut que spéculer. A mon sens, ce qui a été fait, c’est rester sur la ligne de crête, difficile : ni rejeter en bloc, ni accepter naïvement, se battre autant que possible (résumé par la formule « L’union est un combat »), accompagner le mouvement, tenter de le réorienter, et tenir jusqu’à des conditions plus favorables. A mon sens encore, c’était le choix le plus courageux et celui qui était de nature à maintenir du mieux possible, l’existence et la solidité du parti dans des circonstances extrêmement hostiles. Le Parti Communiste s’est affaibli, à la fois quantitativement et qualitativement, il a même un peu plié, mais il a tenu et commence depuis 4 ans à se redresser.

La situation actuelle est nouvelle aussi sur le plan national :

1. Comme évoqué ci-dessus, l’hégémonie états-unienne se termine. Le frein mis au développement des forces productives n’a pas réussi à empêcher le développement de la Chine qui offre désormais à l’ensemble des pays du monde des alternatives nouvelles : l’accès à des financements autonomes, la possibilité de commercer sans contrainte politique, des partenariats technologiques et scientifiques ouverts et des produits sophistiqués à bon marché. Bien sûr, la perche est plus facile à saisir pour des pays émergents que pour un pays développé comme la France, qui plus est, situé au cœur de l’aire de domination états-unienne.

2. Le démantèlement des conquis sociaux de la Libération et l’offensive néo-libérale ont provoqué en retour une prolétarisation massive de la population française, en particulier, de sa jeunesse. Ce n’est pas un hasard si ce sont 168 jeunes communistes qui ont signé la contribution la plus marquante et la plus offensive dans la préparation du congrès. Car les jeunes générations vivent une expérience du capitalisme radicalement différente de celle de leurs parents.

3. Le développement mondial des forces productives et les crises de plus en plus dangereuses du capitalisme produisent, comme l’a souligné Jean-Claude une nouvelle période de guerres et de révolutions. De par son histoire et son expérience sociale, la France a toujours eu une position particulière dans l’arène de l’histoire. Elle est à nouveau en train de montrer, face à Macron son tempérament. Quel autre pays d’Europe a eu ses « gilets jaunes » ? Dans quel pays occidental, y a t-il une telle effervescence sociale pour défendre le droit à la retraite ? Le rejet et la mise en question des choix imposés par le « néo-libéralisme » est de plus en plus fort. La mémoire vivante des acquis de la période 45-46 présente en France des caractères uniques.

4. Dans les pays capitalistes développés, la France est un des rares pays (celui qui nous dépasse réellement, je pense, est le Parti Communiste Japonais) à avoir gardé un parti communiste de masse. Nous pouvons trouver notre parti affaibli et avoir la nostalgie du passé, mais nous avons entre nos mains un atout considérable. Surtout si le parti confirme sa capacité à se régénérer et à aller, dans cette nouvelle situation, de l’avant.

5. La France dispose, encore pour quelques années, de grands atouts scientifiques, techniques et industriels pour son développement, inexploités et même attaqués par la politique néo-libérale. Elle ne dispose pas de ressources minières et pétrolières importantes, mais elle peut être autonome sur le plan agricole et dispose d’une maîtrise clé de l’énergie nucléaire.

6. En revanche, la France a perdu irrémédiablement son ancien empire colonial et toute possibilité de se construire par l’exploitation d’autres nations. L’impérialisme mondialisé ne lui réserve plus non plus la place de choix qu’elle a pu conserver ces dernières décennies du fait de son histoire. Elle doit désormais se tenir par elle-même et se développer par ses propres moyens. Pour la France, comme pour la majorité des nations dans le monde, il est nécessaire de reposer correctement la dialectique de la souveraineté et de l’internationalisme. Pour cela, il faut d’abord admettre que, comme le disait Karl Liebknecht au moment de la 1ère guerre mondiale : « l’ennemi principal est dans notre propre pays. ». L’impérialisme mondialisé est puissant, mais il agit sur nous principalement parce qu’il est dans une collusion d’intérêt avec notre propre bourgeoisie. La bourgeoisie française ne s’est jamais opposée au cours libéral de l’Union Européenne. Au contraire, elle s’est appuyée sur les institutions européennes pour réaliser en France ce qu’elle ne parvenait pas à réaliser seule. S’appuyer sur l’étranger contre la souveraineté du peuple est une constante historique de la bourgeoisie française, qui remonte à la royauté et à la Cour. Si la haute bourgeoisie française (financière et monopoliste) n’avait pas jugé qu’investir dans l’UE était dans son intérêt de classe, l’UE n’existerait même pas. Sans le pouvoir bourgeois en France, ni l’UE ni l’OTAN ne peuvent continuer à exister. Une fois la nation constituée en république sociale, en pouvoir des classes populaires, la souveraineté ne s’oppose plus à l’internationalisme, elle y conduit directement. En revanche, faut-il le rappeler, le souverainisme sans pouvoir populaire est un mirage.

Tous ces éléments me font dire qu’il est à la fois possible et indispensable de retrouver le chemin de la transition vers le socialisme, vers le déploiement de nouvelles formes avancées de propriété et de rapports sociaux. C’est le moment, c’est maintenant. Nous avons devant nous les décennies décisives pour franchir une nouvelle étape socialiste dans le monde et en France également.

Par où commencer ?

D’abord, nous avons déjà commencé et nous devons poursuivre et approfondir : réaffirmer l’utilité, la nécessité, l’originalité du parti, du projet communiste et (cela est à développer, mais en réalité nous en avons les principaux ingrédients) de la voie socialiste. Nous devons confirmer et approfondir ce choix.

Il faut renouer les fils rompus de l’histoire, comprendre ce qui a été fait, pourquoi cela a été fait, admettre les circonstances qui ont été traversées et ne pas perdre de vue que, sur le plan mondial, la transition vers le socialisme est commencée, en discerner les étapes et le cheminement complexe. En France en particulier, nous avons des acquis très originaux, les formes sociales avancées développées en 45-46 par les communistes : la sécurité sociale entièrement gérée par les représentants des travailleurs, telle que l’avait bâtie Ambroise Croizat, le secteur électrique entièrement nationalisé et sorti de l’économie capitaliste de marché par Marcel Paul, pour être une administration technique au service du développement du pays sont les plus connus. Baptiser ce qu’il en reste aujourd’hui de la formule creuse de « déjà là du communisme » est presque une insulte. Nous devons nous réapproprier ces avancées sociales. La première étape est de revendiquer le retour aux principes d’alors, comme la nationalisation intégrale du secteur de l’électricité, ce que les partisans des « déjà là », vous l’aurez remarqué comme moi, ne font jamais.

C’est le plus connu, mais il n’y a pas que cela dans notre histoire. Pourquoi ne pas parler du statut des dockers et des ouvriers du livre, qui prévoyait que les organisations ouvrières (à l’époque la CGT) détenaient le pouvoir de contrôle sur le choix des salariés à embaucher et non plus le patron. Reconnaissons que cela poserait de manière complètement nouvelle et audacieuse le problème de la sécurité d’emploi et de formation. On formerait des commissions d’embauche avec des objectifs et des procédures transparentes pour en finir avec les discriminations de toutes sortes à l’entrée dans le monde du travail et on réglerait ainsi une foule de problèmes.

Il nous faut également formuler plus clairement l’objectif : Il nous faut bâtir une nouvelle société, une société plus avancée, s’appuyant indissociablement sur la science ET sur la mise en place de nouveaux rapports sociaux, à travers le développement de formes de propriétés avancées. Il nous faut un plan de développement économique et technologique, il nous faut aussi un plan de développement culturel et social. Permettre à chacun une place, sa place dans le travail collectif, dans la vie commune et donc dans la société, dans le respect de son individualité, de ses compétences et de ses capacités d’évolution. Refaire du travail un temps de coopération et de co-construction et non plus un temps de destruction et d’épuisement. Pour reprendre une ancienne formule « l’émancipation de chacun doit être la condition de l’émancipation de tous », Mais, à nouveau, évitons de brandir des formules en les vidant de leur véritable sens : cela ne peut se faire sans dépasser la propriété privée des moyens de production, sans prendre le pouvoir à la haute bourgeoisie.

Nous avons devant nous un énorme travail, qu’un article ou même un livre n’épuisera pas. Nous ne pourrons pas réaliser tout de suite ce dont nous rêvons, mais nous n’avons déjà plus assez de temps pour imaginer tout ce que nous aurons à réaliser demain. Nous devons nous intéresser à chaque rouage de la société, à chaque secteur de production et de service, à chaque problème et à chaque perspective. Écouter et dialoguer avec les classes populaires de ces problèmes et reformuler ensemble ce que les solutions pourraient être, dans une société où les barrières de la propriété et les barrières de classes sont levées. Alors, l’idée du socialisme deviendra une réalité concrète, une force sociale, non plus une idée mais un programme.

Moi-même, dans ces quelques lignes, je n’ai absolument rien inventé. Je n’ai fait que reprendre des éléments de notre histoire, des apports des camarades, de la dynamique de ce que nous avons engagé depuis quelques années et de tout ce qui remue dans la société en reformulant. Tout cela est déjà commencé.

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32 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Le PCF peut donc jouer un rôle déterminant et imposer des changements sociaux structurants qui vont radicalement moderniser la structure sociale et politique de la France. Mais, le PCF ne peut pas se saisir du pouvoir, ni seul, ni à la tête d’un front populaire qui mettrait fin au capitalisme en France et établirait une société socialiste. Cela tient bien sûr à la présence des troupes américaines, encore nombreuses, mais pas seulement. La bourgeoisie n’a pas lâché le pouvoir.
    La bourgeoisie est contrainte, durant environ deux ans seulement, de faire des concessions, mais elle ne lâche pas le pouvoir. L’état, l’armée, la police, les préfets, le pouvoir économique, une partie des médias restent aux mains de la bourgeoisie, sans conteste et malgré la collaboration éhontée dont elle a largement fait preuve avec les nazis.
    Le PCF choisira de rendre les armes dont il disposait et de s’intégrer à la démocratie renaissante et tout autre choix eut été un aventurisme voué à un échec sanglant. Dès 1947, le pouvoir bourgeois, aidé par le Parti Socialiste et son ministre de l’intérieur Jules Moch dissout les compagnies de CRS réputées proches des communistes et fait intervenir massivement l’armée sur les carreaux des mines pour imposer aux mineurs grévistes la reprise du travail. (F.Marsal)

    Jeune adhérent en 1962, j’ai souvent entendu “Nous avions les armes en 1946, nous aurions du en profiter” . C’étaient parfois des camarades âgés, ayant participé à la Résistance, qui nous tenaient ce discours. Mais avec le recul, certains étaient des anciens trotskystes pratiquant la politique de “l’entrisme”.

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Je réagis au coup par coup. Je suis d’accord avec ton analyse de l’époque miterrandienne. Rappelons-nous la déclaration de Miterrand en Allemagne (Berlin, je crois). Les américains sont inquiets. Ils craignent l’arrivée de ministres communistes, en France et en Italie. Ne craigniez rien leur répond-il, je prendrais 3 millions de voix au Parti Communiste. Il a effectivement pris 3 millions de voix au PCF. Il en a même pris plus. Mais avions-nous d’autre choix? Non!!! Nous étions aussi victimes de notre propre bataille de l’Unité. “L’Union est un combat” avait écrit Etienne Fajon. A titre d’exemple, le PCF avait placé des centaines de milliers de “Programme commun” dans la population. Les autres formations signataires…combien???Lorsque la bataille pour la “réactualisation du Programme Commun” a eu lieu, nous avons été très mal perçus. L’Union des forces de gauche était acquise, mais la bataille du contenu avait du retard. Nous étions des briseurs de rêve. L’après 1981 a démontré que les Nationalisations réalisées à l’époque, bien qu’importantes, étaient surtout des entreprises étatisées. Le rapport de force ne nous a pas permis de faire des Nationalisations comme celles réalisées après la Libération.

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  • Xuan

    Je crois que la question centrale reste la prise du pouvoir.

    Concernant le “néolibéralisme”, c’est une notion apparue sous Reagan, qui prétend qu’une main invisible de la concurrence règle l’économie.
    Est-ce que le découplage technologique de la Chine relève de cette théorie ? Et les sanctions sur l’énergie ?
    Mais dans tous les cas dès lors que le capitalisme monopoliste d’Etat apparaît, cette règle prend du plomb dans l’aile. Ce sont les monopoles qui accaparent, qui décident, qui détruisent…pas les acteurs mineurs du capitalisme. Et ils le font parce qu’ils possèdent le pouvoir d’Etat.
    La “main invisible” c’est l’Etat bourgeois, ce qui n’exclut nullement le développement inégal ni la concurrence entre les requins non plus.

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Tout à fait, la question centrale est et reste la prise du pouvoir. C’est à travers cette notion que la question de l’union doit être regardée. Et la question de l’union ne peut jamais être posée “en soi” et indépendamment de savoir quel est le rapport de force au sein de la coalition. D’ailleurs, si on observe historiquement ce qui s’est passé dans de nombreux pays, l’union se réalise assez naturellement (parfois trop ?) lorsque les communistes prennent le pouvoir. Le débat sur le “réformisme” cesse lorsque la révolution est acquise ! En revanche, la création de la sécurité sociale aboutit à la scission de la CGT par FO…
      Sur le “néo-libéralisme”, je ne veux pas lancer un débat sémantique. Je ne crois pas bien sûr à la main invisible ! Ce que je veux dire, c’est qu’au tournant des années 70, après l’expérience de l’Ecole de Chicago au Chili de Pinochet, l’impérialisme trouve de nouvelles modalités d’actions et de domination sur le monde, en particulier par le contrôle des marchés financiers, la circulation accélérée et dématérialisée des capitaux et des devises qui lui permettront de ruiner rapidement l’économie des pays récalcitrants et d’imposer une lutte renforcée contre le développement autonome et les formes disons “pré-socialistes” qui peuvent exister.
      L’ascension économique de la Chine et le développement même freiné de certains pays dits émergeants invalide une large partie de ces outils aujourd(hui puisque la Chine propose des circuits financiers alternatifs. Il faut noter qu’il y a de longues années de travail entre le développement industriel et la capacité technique à proposer ces services financiers alternatifs.
      Sur le capitalise monopoliste d’état, j’avoue ne pas être un expert de cette notion. Peut être, je la comprends insuffisamment. Mais, l’impérialisme décrit par Lenine est déjà monopoliste et étatiste, notamment au travers des possessions coloniales. Je suis plus à l’aise avec la caractérisation d’impérialisme mondialisée, telle que l’a développée Jean-Claude.

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      • Xuan

        je ne donnerai pas une définition savante du capitalisme monopoliste d’État, mais un exemple allusif.
        Un chef d’atelier m’avait confié que chez Total où il avait travaillé auparavant, on savait avant tout le monde les coups d’État.

        Ce qui n’exclut pas le développement de la mondialisation, mais là j’insisterai sur l’hégémonisme parce que la mondialisation elle même remonte à la nuit des temps.

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        • marsal
          marsal

          Tout à fait d’accord avec toi. Et c’est pour cela que j’apprécie l’expression “impérialisme mondialisé”,de Jean-Claude, qui me semble bien pointer cette hégémonie, tout en traçant son histoire depuis l’impérialisme classique colonial (et on savait aussi, dans les compagnies coloniales les coups d’état avant tout le monde),

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Le problème avec l’unité c’est qu’elle n’est pas définie ni le but que cette unité poursuit.

    Si nous perdons de vue l’objectif du socialisme alors l’unité devient un concept inutile.

    Par expérience au PCF à chaque fois que les dirigeants fédéraux ou nationaux ont parlé unité, depuis la prise de pouvoir par les liquidateurs, cette unité c’est faite entre élus et opportunistes ; ce qui est tout simplement inutile pour avancer vers le socialisme.

    J’ai écouté avec intérêt les deux dernières vidéo de la chaîne librairie des tropiques, où souvent il y a de bonnes mises en perspectives et quelques bonnes analyse.

    Sur les commentaires que faisait Dominique M comme quoi le PCF était devenu un parti Petit Bourgeois il y aurait beaucoup à redire ; il reconnaît comme moi l’opportunisme de JLM ce qui n’est pas bien difficile ; par contre il ne nous explique en rien pourquoi le PCF de mon époque comptait 60% de diplômés du supérieur dans ma fédération et pratiquement aucun jeune ouvrier et rarement des enfants de l’immigration.

    La raison la plus probable est bien sûr une lente dérive anti socialiste à la direction du PCF, mais surtout la fin du militantisme là où il doit être pratiqué: dans les entreprises et dans les quartiers des prolétaires.

    L’activité dans ces quartiers était quasi inexistante abandonnée à la politique clientéliste du PS local et des barbus apparus dans les années 90. Nous n’avons jamais cherché à recruter sérieusement dans ces quartiers. Le résultat en est une boboisation du PCF, mais nous ne sommes pas les pires.

    Nous entendons beaucoup d’intellectuels parler éducation populaire, mais combien vont à la rencontre de ses couches populaires ? Loin du débat sur ce qui est en train de changer ou des abstractions parfois difficilement insaisissables, les débats d’une bonne partie des intellectuels n’a aucun effet sur ces couches populaires, loin des préoccupations pratiques et immédiate et trop souvent dans les préoccupations lointaine, alors qu’il faudrait lier les deux.

    Paradoxalement le PCF a perdu la vision à long terme: le socialisme, et sur les préoccupations pratiques des travailleurs il ne part pas à leur rencontre.

    Les groupuscules qui théorisent parfois à haut niveau sont inconnus ; ils ne mettent pas plus en pratique leurs connaissances et l’enseignement de l’Histoire qui pourtant leur est familière.

    Dans ma ville il y avait souvent des conférences hebdomadaire sur ceci et cela organisées par un ancien camarade du PCF, de l’éducation populaire; mais celle-ci ne franchissait jamais les portes des habitués et des instruits.

    On arrose sans cesse ceux qui savent et on laisse sécher les prolétaires.

    Le renforcement et l’unité des communistes à la base et avec les travailleurs permettra de changer les orientation et mettre les élus opportunistes ou liquidateurs en minorité ou à la porte.

    Que les anti communistes quittent le PCF serait un grand soulagement, sur quoi faire l’unité sinon sur l’objectif du socialisme ?

    Il faut faire germer des cellules dans les quartiers populaires, les lycées, les universités, les hôpitaux, c’est là que se trouvent nos alliés de classe et non au PS à EELV ou LFI ; ces cellules doivent vivre par ceux qui habitent ces lieux et les intellectuels les nourrir de leurs connaissances.

    Sur la théorie nous y avons accès en France, le problème principal du PCF me semble est le même qu’a affronté Lénine, l’organisation des communistes et avec eux inspirer celle des masses.

    Je ne vois pas comment l’unité vers le socialisme peut se faire en ménageant les liquidateurs, il faut se séparer des entraves et refonder à la base.

    Cela ne sera possible qu’avec les forces qui restent au sein du PCF et leur détermination.
    Les changements s’accélèrent et le PCF semble ne pas être en capacité de réagir de suivre le rythme.

    Les dockers de liverpool ont gagné 14 à 18% d’augmentation après 3 mois de grève et pas avec des mouvements saute mouton qui ont déjà prouvé leur inefficacité depuis les réformes des retraites de 2003.

    Pour les partisans de l’unité et nous savons tous ce qu’elle recouvre chez les dirigeants du PCF les réformes des retraites ne font que suivre le livre blanc de Michel Rocard ministre du PS, accompagné dans bien des réformes par la CFDT.

    Unité des prolétaires, oui ! Collaboration, non !

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    • Alain Girard
      Alain Girard

      Unité ou union car l’unité est une chose unique et je conçois mal comment cette unité pourrait se concevoir. Nous savons par expériences, toujours douloureuses, que l’union est certes un combat mais faut-il en avoir conscience, un échec. Même avec un PCF au dessus du lot, ce qui devait empêcher nos alliés de retourner leurs pêchés mignons, la collaboration avec la bourgeoisie, ce fut un échec et bien pire.
      Au nom de l’union , le PCF mais pas que ses dirigeants, ne simplifions pas, ont accompagné la dérive avec à chaque fois des compromis unitaires qui poussaient militants et travailleurs à la marge. À chaque recul, pas seulement électoral, c’était pour mieux rebondir puisque nous faisions de la politique avec nos têtes, réflexion envers tout camarade ayant une analyse critique.

      La période du Programme commun , sa naissance ouvrait sur une volonté populaire d’en finir avec la droite, Giscard, c’était l’Espoir d’une gauche dotée d’un programme qui fait passer JLM pour un plus à droite que…
      Lors de son actualisation, le PS et le MRG étaient déjà sur une ligne d’austérité, rappelons-nous, le Plan Barre condamné par le PCF avant sa présentation et le PS annonçant, faut voir alors que les orientations du pouvoir étaient limpides.
      Le PCF pesait encore fort notamment au sein du mouvement syndical de classe et pourtant, nos compagnons de route avaient pris la tangente.
      La construction du Programme commun fut l’antichambre de la construction de la gauche plurielle et de ces politiques dites unitaires, l’écroulement du PCF, avant tout dans ses forces organisées sur les lieux d’exploitation.
      L’ordre de dissoudre les cellules d’entreprises sous l’égide de Robert Hue, élu à une majorité écrasante du parti, ce parti appelé à devenir un parti comme les autres, un véritable arrêt de mort puis celui qui né à Tours rompait avec ce que représentaient tous les autres.
      Dans les quartiers populaires, l’abandon de la proximité militante au profit des sections, le tout dans des quartiers où les populations issues de migrations remplaçaient le français devenu accédant à la propriété, loin, cher, endetté.

      Le PCF, qui organisait ses cours d’alphabétisations, qui accueillait les camarades immigrés, les organisait dans le secteur immigration, ce PCF qui a permis à tant de cadres formés de rentrer chez eux pour tenter d’y bâtir un monde nouveau, L’Oncle Ho, les mineurs polonais, les camardes portugais, ceux venus d’Algérie, du Maroc, que ce PCF a su conscientiser, organiser comment s’étonner que le total abandon ait profité aux pires en y ajoutant les divisions de fait.

      De nouvelles migrations ont lieu, c’est le sens normal quand l’impérialisme ravage tout et partout, c’est un non sens que le PCF, le mouvement syndical ne s’interrogent même pas sur la place de ces migrants au sein des organisations. Un peu comme si tout s’était arrêté à l’ère d’une France industrielle qui l’est beaucoup moins, à l’ère où l’électoralisme fait pièce au combat de classe plutôt que d’être dans des élections apportant soutien au combat de classe, mais en aucun cas, la solution finale envers le capitalisme.
      Tout est à, dans, sur les champs d’exploitations, tout se joue là pour qui veut conquérir non seulement le pouvoir politique, encore que, mais mettre un terme à l’exploitation de la force de travail.

      Laisser croire que cet aboutissement est en cours par un capitalisme glissant, de par sa crise vers une société communiste laisse pantois, là encore et même sans être marxiste, on peut crier aux fous quand le pire des conflits actuel pourrait écrire le mot FIN pour notre humanité?

      PLus de bases organisées, plus de militants confirmés et l’abandon qui , naturellement, accompagnait la dérive, la formation marxiste, l’éducation populaire et l’émergence de nouveaux militants issu de ces migrations y compris internes au pays.

      La rupture du parti avec le marxisme fut un pas vers la casse d’un outil unique, dans le cadre d’un euro-communisme de bon aloi, acceptable même par la social démocratie tant son modèle imprégnait le mouvement communiste qui y perdait jusqu’à son utilité pour les masses, pour les peuples, le socialisme et la paix.

      Je lis les contributions ici, elles sont de très haut niveau, quel encarté au PCF aujourd’hui est en capacité d’en débattre, peu, très peu tant la machine à décerveler a fonctionné.
      Le ralliement à la guerre, à l’Otan en sont, selon moi, une illustration, Fabien Roussel n’a pas la construction marxiste, le sens de l’analyse du combat de classe suffisant, il en est certes responsable mais bien plus encore, le vide abyssal des secteurs du PCF, économique, international etc…

      Oui les sujets mis en débat ici sont d’un très haut niveau, demeure la question centrale à mon sens, la conquête des pouvoirs, la voie socialiste sans parti révolutionnaire, sans militants révolutionnaires, sans programme de rupture avec la politique du capital…
      Il ne peut y avoir une sorte “‘automaticité” entre la crise structurelle du capital avec la baisse tendancielle du taux de profit et l’engagement de la nation sur une voie socialiste.

      Alors quelles formes, quels moyens, je répondrais pour ma part, quel outil politique, syndical pour quelle finalité et cela ne peut que passer par une ré-appropriation du PCF par les salariés, les prolos et dans le même temps par une remise à jour du logiciel, un marxisme d’actualité, confronté à l’idéologie dominante de la classe dominante, le moyen de construire le ou les rassemblements populaires dans, par, pour le combat de classe.

      Les formes de cette construction politique ne peuvent se concevoir que dans la confrontation au réel, en allant aux masses et je prends un exemple, à Verdun, de très bons militants de la cgt exigeaient d de ne pas faire deux ans de plus, implicitement ils étaient sur la base des thèses de la cfdt, du PS en son intégralité.

      En bref, toute contre réforme menée par la droite est maintenue par la gauche quand elle arrive, parfois, au pouvoir, elle peut même l’amplifier, voir El Khomri Macron.
      La bataille idéologique exige de démontrer que les moyens sont sous nos yeux, que les 35,5 années de cotises, les 60 ans à taux plein c’est non seulement jouable mais c’est du progrès social, du droit de vivre.

      Un parti révolutionnaire, éclairé et éclairant, sans cela ce n’est plus socialisme ou barbarie, mais la fin de tout

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      • Reitnomud Sined
        Reitnomud Sined

        Rien à ajouter…
        Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement.
        Merci camarade.

        Hasta la Victoria Siempre !

        Sined

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  • Michel DECHAMPS

    Magistrale , merci Franc,j’hadere totalement à ce programme qui m’a donné des envies à 80 ans de retourner militer et prendre d’assaut des citadelles capitaliste comme y il a un certain temps l’usine de roulement à billes d’Évry occupée par les CRS.,et les studios de TF1 rue. Cognac Jay pour défendre le joyaux de l’industrie aéronautique. Le Parti c’était autre chose .merci

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  • Olivier MONTULET
    Olivier MONTULET

    La révolution est toujours confondue erronément avec les révoltes (qui ne sont en aucun cas cause de révolution, pas plus qu’elles n’exercent quelle qu’influence que ce soit sur la révolution) et avec les coups d’État.
    Le coup d’État est une prise du pouvoir par la violence (qui s’exprime de différentes façons et intensités). C’est un groupe qui impose son pouvoir sans se soucier de l’avis de la majorité.
    La révolte, la seule action populaire collective toujours violente, n’est jamais motivée que par et uniquement par la faim au ventre.
    La révolution, c’est un changement de paradigme, une nouvelle manière d’appréhender le réel. La révolution est culturelle, mais toujours initiée par les plus érudits, en particulier les artistes et les scientifiques. La forme de la hiérarchie sociale change, mais fondamentalement les positions sociales ne changent guère.
    La révolution (comme beaucoup de “faits” historiques) est un conte, un mythe raconté par les dominants qui ainsi justifient leur position dominatrice.
    Bref, la révolution, c’est une illusion à laquelle s’accrochent les dominés destinés à toujours rester dominés.
    Mais, n’est-ce pas notre seul moyen de survivre que de s’illusionner ? Croire en la révolution, c’est faire acte religieux. Nous avons tous besoin d’une religion pour survivre !
    En attendant ne cessons jamais d’emmerder les dominants où qu’ils soient et qui que ce soit !
    Le seul ennemi, mais irréductible, c’est la soif de domination qui se niche en tous les humains.

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    • admin5319
      admin5319

      j’ai hésité à publier votre commentaire mais il présente le mérite de montrer à quel stade de méconnaissance peut aujourd’hui en être l’imbécile gorgé par la doxa médiatque, et la prétention qu’il tire de son ignorance. Comme je crois, non sans illusion, parfois à la perfectibilité des individus je vous conseille donc un ouvrage érudit et passionnant dont j’espère pouvoir faire un compte rendu qui éclaircit magnfiquement à partir des travaux de spécialistes de la Révolution française ce concept de Révolution. Claude Mazauric : D’histoire & d’historiens préface de Pascal Dupuy et Isabelle Laboulais. Hermann editions 2021.

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    • marsal
      marsal

      Qu’est qu’un paradigme ? Ce terme est un néologisme, venant de la philosophie des sciences américaine. Il est amusant de revenir à la définition classique donnée par le Littré : “Terme de grammaire. Exemple, modèle de déclinaison, de conjugaison. Le paradigme d’une conjugaison, la série des formes d’un verbe présentée en tableau.”
      Ce terme a été popularisé en philosophie des sciences par notamment Thomas Kuhn, à partir des années 1960 pour désigner “découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à un groupe de chercheurs des problèmes types et des solutions”. Il est devenu un lieu commun à partir des années 2000, où presque tout est devenu “changement de paradigme”, c’est à dire changement de modèle de conjugaison.
      Il est évident qu’il y a, en particulier en science, mais aussi en politique, des changements de la manière d’appréhender le réel. Nous appréhendons le réel avec nos sens, mais nos sens sont éduqués à voir, à sentir, à entendre ce qui apparaît utile au regard de notre expérience. Le regard d’un chasseur n’est pas le même que celui d’un informaticien. Il ne voit pas la réalité de la même manière, et ceci n’est pas une métaphore, c’est une réalité objective.
      Notre manière d’appréhender le réel est donc guidée par notre intérêt et comme la production des outils de pensée (au premier rang desquels est le langage) est sociale, ce sont des intérêts sociaux qui guident notre manière d’appréhender le réel. L’histoire des sciences fourmille d’exemple, tant en sciences faussement dites “dures” qu’en sciences “sociales” ou “humaines” des conflits et des interactions entre les enjeux sociaux et politiques et les avancées ou blocages des sciences. Et donc, même en sciences, les “changements de paradigme” ne tombent pas du ciel. Je crois que c’est le physicien Heisenberg (connu pour son interprétation idéaliste de la mécanique quantique) qui a dit en substance que les idées nouvelles en physique s’imposent quand une nouvelle génération de physicien remplace l’ancienne. Bien qu’ayant une interprétation très idéaliste de la mécanique quantique, Heisenberg avait au fond une vision plutôt matérialiste de l’évolution de sa discipline.
      Car dire que la révolution est un changement de paradigme (et ajouter de surcroît que “La forme de la hiérarchie sociale change, mais fondamentalement les positions sociales ne changent guère” c’est abonder dans la vision idéaliste de l’histoire, précisément celle propagée par les élites dominantes.
      En réalité, les “changements de paradigme” ne sont donc pas neutres et ne tombent donc pas du ciel. Il y a des manières d’appréhender le réel qui sont conservatrices et donc aujourd’hui bourgeoises et impérialistes, et il y a des manières d’appréhender le réel qui sont émancipatrices, révolutionnaires et donc aujourd’hui populaires, prolétariennes pour employer les grands mots. Et ce n’est même pas seulement une question de vocabulaire et de concept, c’est même la place du langage qui est changée. Dès l’ors qu’on adopte l’interprétation idéaliste de l’Histoire, on accorde une place excessive et dominante au langage. C’est exacerbé dans la politique actuelle, on le voit très bien à propos de l’Ukraine : pour nos gouvernants, il suffit que l’on dise partout que l’Ukraine gagne la guerre pour qu’elle la gagne effectivement. Mais quand la réalité se révélera différente, il faudra bien “changer de paradigme”. On l’a vu aussi avec le Covid, on le voit encore avec la “réforme” des retraites, dont on nous dit sans ciller qu’elle a pour objectif de “sauver notre système de retraite”. On va nous priver de retraite pour sauver le système de retraite. La bourgeoisie sature naturellement l’espace médiatique avec un langage qui peut s’éloigner radicalement de la réalité car elle pense que son langage crée la réalité.
      Les classes populaires ont un rapport différent avec le réel et le langage. Leur langage est étroitement associé à l’action car ce sont des classes productrices.Tous les jours, elles entrent dans le processus de production et leur vision ne peut pas s’éloigner trop de la réalité par laquelle notre société produit les moyens de sa reproduction. Pour le cheminot, le train part ou ne part pas. Il ne peut pas partir idéalement tout en restant bloqué en gare réellement. Pour le maçon, le mortier prend, il est trop liquide ou trop pris et cela est précis : il va pouvoir remplir sa fonction ou pas,Si ce n’est pas le cas, si le mur n’est pas suffisamment droit, pas au bon endroit, il faudra le démolir et le reconstruire. Pour l’informaticien, c’est pareil : le programme tourne ou il bugue, et même pour le comptable.
      Cet échange nous donne une ligne de plus à notre programme de travail : il faut nettoyer nos cerveaux de toutes les scories idéalistes que la pensée post-moderne y a semé.

      .

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      Essayons de mettre vos affirmations face à des exemples concrets.

      La révolte ne serait que motivée par la faim au ventre et ne serait cause de révolution.

      Il n’y a pas de révolte contre les calamités climatiques, les épidémies qui dévastent les cultures et le bétail pourtant les conséquences en sont pour certains fatales la famine tue sans discernement.

      On ne se révolte pas contre la nature on travaille à la transformer pour en apprivoiser son développement et réduire les risques qui échappent à notre contrôle.

      Les révoltes sont des réactions à l’injustice et un rapport entre classes exprimant une violence collective non contre quelque chose mais contre une classe dominante. Il faut qu’il y ait un rapport de propriété du pouvoir et une injustice insupportable.

      Quand les paysans demandent la fin des privilèges la terre est déjà là cultivée par des générations ; les paysans ne supportent plus que le seigneur exerce son pouvoir sur le fruit de leur travail et s’en accapare injustement le profit, tant que les classes dirigeantes garantissent aux dirigés une certaine sécurité et organisation de la société ceux-ci sont tolérés voire sincèrement acceptés.

      Les esclaves noirs des champs coloniaux ne fuyaient pas la faim mais les entraves à leur liberté, ils n’étaient pas non plus incités par quelque intellectuel, Rousseau ne devait pas être leur lecture du soir après les journées de labeur dans les champs de coton.

      Un membre de ma famille a été un des organisateurs de la grande gréve des mineurs des Asturies en 1962, délégué dans la toute première commission ouvrière, qui donnera plus tard le syndicat CCOO Comisiones obreras, il sera déporté lors de la répression policière puis contraint à l’exil.

      Fils d’un artisan avec un enfance misérable il travaillera dans les chantiers meurtriers de construction de barrages hydroélectriques, une nette amélioration par rapport à son travail précédent de garçon de ferme qu’il avait commencé à l’âge de huit ans, arrivé à l’appel du service militaire il opte pour cinq années de travail dans les mines de charbon qui offre l’exemption du service militaire et un maigre salaire ; il profite de cette occasion pour apprendre les mathématiques en trois mois, de la table de multiplication aux équations de second degré, en passant par l’algèbre et la géométrie afin d’entrer à l’école des mines où il sera admis et promis à une belle carrière de cadre.

      Les conditions de vie et de travail dans “la cuenca minera” sont insupportables pour les travailleurs ce n’est pas la famine, mais la disette et parfois nourrir les enfants est difficile ; dans cette Espagne où les grands propriétaires sont très riches, les paysans d’Andalousie souffrent tout autant que les mineurs Asturiens.

      Les dirigeants communistes sont tous persécutés et presque tous fichés par la police politique franquiste c’est le cas de Victor Bayon un des agitateurs communistes qui a son mérite mais ne sera pas déterminant dans la révolte qui va venir. Trop marqué par la police mon parent ne se fiera pas à lui.

      Comme mon parent des centaines d’ouvriers vont organiser avec l’aide des femmes la Grande Grève dans le silence le plus total, les messages sont cryptés, les militants connaissent parfois que deux autres contacts, les femmes parlent entre elles dans les maisons et influencent leurs maris.

      Je peux vous assurer que parmi la totalité des organisateurs aucun n’était un intellectuel et tous étaient des mineurs et femmes de mineurs, certains avaient une formation marxiste mais très rares et en tout cas le travail intellectuel n’était pas leur activité principale, mais bien au contraire d’arracher le charbon ou faire fonctionner les mines pendants de longues heures. Par contre ce que tous savaient c’est que la grève était le seul moyen d’améliorer leurs conditions matérielle, familiale et professionnelle et que les revendications pouvaient être satisfaites.

      Les revendications vont être satisfaite dans l’affrontement avec le ministre du travail franquiste Solis.

      La première revendication sera de pouvoir parler librement et sans répression: ce que le ministre accordera et que le flic Ramos réprimera par la déportation et la torture. La première revendication est donc de pouvoir exprimer librement et dans la paix les besoins et les réformes souhaitées par les travailleurs.

      Au bout de trois mois de grève dans un pays où son organisation est condamnée par la peine de mort la victoire de 300 000 travailleurs en grève permettra d’obtenir la fin de la violence au travail, des augmentations de travail importantes et des équipements de protection des travailleurs et surtout la fin de la peur des travailleurs qui ont réussi a briser un genou au franquisme. Par la suite les conditions de vie générales en Espagne ne cesseront de s’améliorer. Il en aura coûté quelques morts, estropiés et exilés.

      Dans ce cas l’élément déclenchant n’est pas un intellectuel ni même les grands dirigeants du PCE, Dolores Ibárruri ou Santiago Carillo, même si elle apportera son soutien avec une mobilisation internationale pour soutenir cette grève tout comme Picasso. Le coup de grisou qui a détruit la grande compagnie charbonnière Duro Felguera est bien partie des mineurs eux même qui ont assumé seuls la totalité de l’organisation et des opérations.
      Ce qui a déclenché cette Révolte sont des conditions matérielles et des rapports sociaux injustes et non une idée, une foi ou un ventre creux même s’ils étaient mal remplis.

      Si nous prenons les exemples plus récents des Gilets Jaunes aux révolutions colorées manipulées par l’Impérialisme Mondialisé les conditions de vie matérielles y sont souvent bien meilleures qu’il y a 100 ans, par contre le sentiment d’injustice, de corruption devient souvent insupportable, certains émigrent d’autres se révoltent. Quel mouvement intellectuel se trouve derrière les Gilets Jaunes ou la population du premier Maïdan ou encore à Solidarnosc ? Le mouvement des Gilets Jaunes c’est justement éteint quand il est passé de la revendication économique domestique à la revendication politique.

      Les coups d’État qui s’imposent à l’avis de la majorité sont les coups d’État réactionnaires: celui de Franco, le second Maïdan, la Marche sur Rome la prise de pouvoir d’Hitler et ceux fomentés par les impérialistes dans toutes leurs colonies. Mais placez-vous les coups d’État que sont la prise de pouvoir des révolutionnaires en France, dans l’Empire Russe à Cuba sur le même plan ? Lénine a offert le Pain et la Paix, Castro la Terre, les révolutionnaires français la fin des privilèges où penchait l’avis majoritaire des peuples opprimés selon vous ?

      Dans nos démocraties libérales les dirigeants obtiennent péniblement 25% des voies au premier tour et pour la plupart exercent la même politique, où est le soucis de l’avis “général” ?

      Vous affirmez que la forme de la hiérarchie sociale change mais pas les positions.

      Comment donc sont arrivés aux plus hautes fonctions Napoléon Bonaparte, Voroshilov ou encore Thorez et Croizat ?
      Ce dernier à unifié la sécurité sociale des travailleurs et leur a confier le pouvoir d’élire au suffrage universel les administrateurs.
      Thorez a donné un statu qui protège le fonctionnaire de l’arbitraire du pouvoir. N’est ce pas un changement qualitatif libérateur ?
      Ils sont tous héritiers des deux grandes Révolutions européennes et de la volonté de démocratie réelle et de liberté pour tous.
      Dans “Le Ciel est à vous” de Jean Grémillon, 1944, le travail affronte la bourgeoisie dans la course aux records aéronautiques, les uns par leur travail et sacrifice, la bourgeoise par sa fortune, les deux par le désir d’aventure et de gloire. L’Union Soviétique fera d’un fils de paysans un pilote de chasse puis le premier homme dans l’Espace et accompagnant ce symbole élèvera des millions de soviétiques vers la modernité et l’Union Soviétique au plus haut rang mondial industriel mais aussi moral et culturel. N’est ce pas là un immense changement ? Offrir aux masses les fruits des progrès des connaissances et de la production.

      La Révolution ne serait que point de vue, culturelle (se mot reste à définir) et initiée en particulier par les artistes et les scientifiques.
      Le producteur, le travailleur de la terre est premier par son travail la sélection des semences et des terres à cultiver il va produire le surplus et l’intellectuel le scientifique et la superstructure, non pas que l’agriculteur primitif ne pense pas mais la division du travail va produire des classes sociale dont l’intellectuel.
      Parmi les grands personnages de la Révolution aucun n’est principalement artiste ou scientifique mais au contraire philosophe, politicien, moine au Moyen Âge avec les capacités d’analyser l’état de la société de synthétiser et de résoudre les problèmes ; c’est ainsi que progressivement son réduits les conflits et rassemblé toujours une plus grande quantité de producteur dans des espaces pacifiés qui sont les seuls lieu où le développement économique et social sont possibles.

      Non les Révolutions ne sont pas un mythe elles produisent des changement qualitatifs observable: le serf et le paysan libre du Moyen Âge ne sont plus l’esclave de l’antiquité condamné par la Chrétienté l’esclavage disparaît jusqu’au retour à l’admiration de la Grèce et de Rome et la découverte du Nouveau Monde, le salarié n’est pas plus un esclave ni un serf il gagne sa liberté formelle de déplacement il est un travailleur affranchi, il lui reste à gagner le pouvoir politique pour sa dernière phase de libération le socialisme contre la bourgeoisie. Dans les pays socialiste l’ampleur et l’intensité de l’amélioration de la qualité de vie est mesurable et contrairement aux pays qui forme l’Occident Collectif ce développement ne se fait pas au détriment de pays tiers mais sur leur propres force de travail puis par la coopération. La comparaison du développement des deux plus grands pays possesseurs de ressources naturelles lURSS et les États-Unis permet de valider cette observation: l’un pratique le pillage, l’autre encourage les librations nationales des victimes du colonialisme. La Révolution Française a donné cette soif de démocratie qui doit être respectée et qui pousse la bourgeoisie à faire semblant d’être démocrate ; mais l’idée est là opérante avec des moyens matériels de la rendre possible.

      Nous avons tous besoin de Religion ! Oui si nous le prenons au sens étymologique du mot comme ce qui relie les individus et fonde la société, regroupés hier déjà de façon très rationnelle mais avec une part de superstition et de mythologie correspondant à l’état des connaissances de ces sociétés et à des intérêts de classe. Le communisme comme religion me convient très bien quand il unit l’Humanité par la raison et le bien commun en gommant ce qui divise. Notre succès et notre survie reposent sur le groupe social et mieux il profite à chaque fois de son extension et de son unification, les progrès de notre espérance de vie en sont le résultat.

      “Faire la Révolution est un acte religieux” pourquoi pas ! Mais certainement pas pour survivre, c’est pour vivre que nous nous battons. Les Français, les Soviétiques, les Cubains ne survivent pas ils vivent et certainement très intensément avec le développement de chacune de leurs capacités, de chacun et de tous, en tout cas c’est le sens imprimé par les Révolutions initiés et effectuées par les travailleurs et guidées par les intellectuels et les artistes dans un contexte transformé par la politique et les sciences et techniques.

      Refouler la Révolution est un acte réactionnaire tout comme promouvoir l’idée d’une domination naturelle chez l’Homme qui contredit l’Histoire même et notre développement qui repose exclusivement sur la coopération et l’entraide, le partage perfectible des fruits du travail et des connaissances, la compassion et l’altruisme qui garantissent la paix. L’immense majorité des travailleurs aide son camarade, les gens sont généreux avec ceux dans le besoin, tristes et choqués face aux horreurs de la misère et de la guerre. L’immensité de la population n’est pas dans le calcul froid de l’intérêt égoïste, ces sentiments sont ceux d’une minorité sans morale et immonde. Non les Révolutionnaires ne voulaient pas dominer leurs pareils, chez les mineurs des Asturies en 62 aucun ne s’est enrichit, aucun n’a trouvé une bonne place, nombreux ont souffert et certains ont tout perdu pour la justice et la liberté.

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  • pam
    pam

    La période est extraordinaire.. Avec cet article suivant celui de jean-claude, il me semble que nous touchons du doigt ce qui a manqué aux communistes depuis des décennies, un marxisme vivant qui parte du réel et qui soit tourné vers l’action..

    Mais je suis interrogatif sur ton analyse d’une stratégie mitterrandienne dont le PCF n’aurait été qu’en réaction, en position fragile “sur la crête” dis-tu… Il me semble au contraire que c’est bien une décision stratégique du PCF qui choisit l’union de la gauche parcequ’il pense qu’une majorité populaire est possible et qui se demande comment ne pas se faire piéger. Marchais le présente bien dans son célèbre rapport de 1972 demandant aux communistes de valider le programme commun;

    https://lepcf.fr/Marchais-l-homme-qui-avait-choisit-l-union-comme-un-combat

    Dans les discussions du CC d’Argenteil en 66, il y a très présente cette idée notamment portée par Garaudy que le PCF serait “aux portes du pouvoir”, il ne manquerait que quelques milliers de chrétiens de couches moyennes pour gagner… électoralement. Si Garaudy en rajoute, il reste qu’au fonds, il y a bien l’idée qu’on peut avoir une victoire électorale ce qui conduira au 22eme congrès à la “voie pacifique” sans même tenir compte du coup d’état au Chili trois ans avant…

    Il me semble donc qu’on se donne une capacité nouvelle de comprendre pour agir avec cette formulation de la révolution comme une “transition” et cette perception qu’il y a toujours coexistence de modes de production dans le temps historique non pas parcequ’on en déciderait comme une forme de modèle mixte, mais parceque l’histoire fait que le “processus” révolutionnaire est nécessairement différencié selon les secteurs, la géographie, l’état réel des rapports sociaux…

    amitiés

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    • LEMOINE Michel

      Ce à quoi pensait Garaudy, ce n’est pas à “quelques milliers de chrétiens de couches moyennes” mais aux intellectuels. Je le cite : “Reconnaitre l’importance nouvelle du rôle des intellectuels, le changement qualitatif qui s’est opéré, de ce point de vue, dans la deuxième moitié du XXe siècle, ce n’est nullement contester, ni même estomper le rôle moteur et dirigeant de la classe ouvrière dans le mouvement révolutionnaire, c’est au contraire refuser d’enfermer la classe ouvrière dans ses fonctions anciennes”.
      A mon avis cette position pêche par son imprécision.Elle venait trop tôt. Ce qu’il fallait et qu’il faut plus que jamais gagner au socialisme (à un nouveau socialisme) ce ne sont pas les “intellectuels” (terme vague et couche sociale inconstante et bigarrée) mais la nouvelle classe montante productive mettant en œuvre les sciences et les techniques.

      https://lemoine001.com/2020/05/22/reponse/

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      • Daniel Arias
        Daniel Arias

        Dans notre volonté de comprendre les transformations à l’ouvre dans nos sociétés cette notion de classe montante révolutionnaire me laisse perplexe et j’ai encore un peu de mal à l’identifier dans nos sociétés.

        J’ai longtemps travaillé comme développeur d’applications informatiques pour de grandes entreprises et banques.

        Le caractère révolutionnaire de nos productions est visible dans presque tous les domaines d’activité humaine de l’industrie aux beaux arts et jusque dans notre intimité et même notre organisme.

        Les travailleurs de ses branches sont des prolétaires qui vendent également leur force de travail avec à la différence des ouvriers qu’ils n’ont pas besoin de reproduire leur produit pour continuer à enrichir le propriétaire du brevet.

        Sont ils comme les ouvriers ceux qui peuvent prendre la direction de la Révolution ?

        Les ouvriers malgré la robotisation croissante ont encore la possibilité de bloquer la production, ce que nous les développeurs informatique ne pouvons faire ; au mieux nous pouvons ralentir l’évolution de la production mais pas la stopper ; ce qui limite notre puissance en tant que classe.

        Les informaticiens ne produisent pas directement: ils sont une fonction support de l’entreprise, du travail des exécutants ; tout comme les ingénieurs et cadres de l’industrie du XIXe siècle ils transforment les processus de travail mais ne les exécutent pas.

        Mais alors si nous informaticiens ne sommes pas les exécutants du XXIe siècle qui sont ils ?

        Les employés des secteurs plus anciens: banque, commerce, transport et toujours industrie et agriculture.

        Ces emplois sont toujours la mais profondément transformés et moins nombreux avec l’accroissement de la productivité.

        La dactylo a disparu sa fonction a fusionné à la fois dans l’ordinateur personnel de l’employé et dans les serveurs qui ont absorbé les connaissances des cadres d’hier. De nombreux emplois intermédiaires dont les fonctions sont automatisables ont ou vont disparaître, et cela ne concerna pas que les faibles qualifications.

        L’employé d’aujourd’hui est comme l’ouvrier d’hier et d’aujourd’hui devenu un servant de machine qu’elle soit une machine outil, l’ordinateur ou le smartphone et parfois tout à la fois.

        La croissance de la qualification de chaque emploi accompagne sa dépendance à la machine.

        La part d’ouvriers détenant encore un pouvoir sur son travail tend à diminuer avec la robotisation. Mais ils ont encore du pouvoir.

        Quelles catégories professionnelles se développent ou se transforment avec la numérisation ?

        Les spécialistes: informaticiens, techniciens réseaux, mathématiciens,…

        Les fonctions support à ces technologies: dépanneurs, installateurs, formateurs, assistance,..

        Les travailleurs des plateformes: producteurs de contenu dans la culture, l’information, la formation ; les travailleurs du tourisme dans l’hôtellerie ; les travailleurs de la logistique à vélo mais aussi en voiture ou camion ; les cuisiniers traiteurs ; les artisans offrants leur services aux enseignes de bricolage en ligne.

        La télémédecine peut potentiellement elle aussi transformer cette catégorie professionnelle et la mettre dans une certaine mesure en concurrence mondiale ; l’IA sait déjà traduire les langues ; des applications permettent déjà à des patients de communiquer pour les soins dans d’autres langues. Cette concurrence mondiale est subie par de nombreuses professions intellectuelle et assez violemment par les informaticiens eux même depuis les années 2000.

        La classe montante des informaticiens est révolutionnaire malgré elle et agit consciemment le plus souvent dans son intérêt de classe et exceptionnellement pour le bien commun. C’est un travail qui paye et avec des promesses d’emploi. Les mauvais cotés du métiers ne sont jamais dans le prospectus et le story telling.

        Les fonctions supports et les travailleurs de plateforme et de la logistique eux gardent un fort pouvoir de négociation comme les ouvriers et sont en mesure de bloquer le système. Ils sont ceux qui utilisent la numérisation et assurent les échanges économiques.

        Ces travailleurs dont la fonction ne nécessite pas une grande qualification sont ceux qui passent sous le radar, ils ne sont pas à la mode, invisibles des média, mais partout dans les rues et les services, nombreux parfois très mal payés aux conditions de travail difficiles ils font parfois la une quand ils refusent de prendre des passagers, de monter leur vélo ou de livrer les millions de colis. De plus ils ont des emplois non délocalisables fortement dépendant d’un territoire, ils sont la matérialisation de la numérisation des process de travail.

        Ne faudrait il pas plutôt porter attention à cette couche intermédiaire, comme l’était hier les ouvriers entre les organisateurs du travail et les débouchés des produits et services ?

        C’est cette classe qui a le plus à gagner à une révolution, liée à son territoire et subissant de front la nouvelle exploitation elle est plus accessible pour un travail idéologiquement et possède une puissance révolutionnaire par sa fonction sociale.

        Hier les organisateurs, les penseurs de l’organisation scientifique du travail étaient adhérents plutôt à la CGC qu’à la CGT a quelques exceptions près. Aujourd’hui les informaticiens n’échappent pas à cette règle même s’ils sont acteurs de la révolution technologique ils ne seront probablement pas ceux de la révolution politique, il n’en ont pas l’intérêt de classe immédiat.

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        • Sined Reitnomud
          Sined Reitnomud

          Salud compañero,

          La sempiternelle interrogation
          à propos de la “Révolution Informatique”:

          Mais où sont les révolutionnaires ?
          et d’ailleurs
          Y a-t-il là des révolutionnaires ?

          Fraternidad
          Sined

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        • LEMOINE Michel

          Vous confirmez que cette classe montante liée à la révolution informatique est révolutionnaire pratiquement. En quelques décennies elle a bouleversé le monde. C’est une classe d’un type nouveau. Elle est internationale. Elle modifie le régime de propriété sans en avoir conscience. Elle rend quasiment métaphysique l’idée que le travailleur vend sa force de travail et partant elle sape les bases du capitalisme (la force de travail comme marchandise et l’idée même de valeur – il n’y a pas de logique à ajouter des heures de manutention, de pilotage d’engin et une pincée de travail informatique. C’est aussi absurde que d’additionner des pommes, des choux et des kilomètres !)
          Il ne faut pas s’attendre à ce que cette classe se coule dans le moule des organisations ouvrières. Pour la mobiliser il faudra beaucoup d’imagination et de créativité. Bien sûr elle a son pendant au pôle bourgeois du rapport de production dont le pouvoir politique menace de dépasser celui des États. Cela complique encore la tâche. Mais ce qui est inscrit dans le processus de développement des forces productives ne peut qu’advenir.

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          • LEMOINE Michel

            Ajout : les travailleurs des tâches subalternes voudraient monter dans l’échelle sociale. Ils ne peuvent pas être intéressés par une révolution qui les laisseraient dans la même situation. On peut et on doit défendre leurs intérêts mais certainement pas compter sur eux pour passer à un mode de production supérieur. Il s’agit de changer le mode de production (en mieux et plus adapté aux forces productives) quand on parle de révolution. La révolution peut se faire en un coup (comme la proclamation de la charte des droits de l’homme de 1793 qui abolit la propriété féodale faite de droits féodaux divers et inscrit dans le marbre la propriété bourgeoise) mais elle peut se faire sur des siècles comme la révolution néolithique qui fait de la terre un objet de propriété collective puis privée. Il faut réfléchir à cela. Peut-être que la révolution socialiste sera une combinaison des deux types d’évolution.

          • Xuan

            Comment pouvez-vous parler ainsi ? ! Je trouve votre jugement limite méprisant. La première générosité consiste à faire le sacrifice de sa paie pour le bien commun, et faire passer l’intérêt collectif avant ses propres soucis financiers, surtout quand il s’agit des plus mal payés. Et lorsque la grève aboutit, chacun en bénéficie, y compris les non grévistes, n’est-ce pas ? Alors sur qui peut-on compter ?

          • Xuan

            Le critère pour juger si une classe est révolutionnaire c’est de savoir si elle participe à la lutte de classe, pour commencer, et ensuite à la révolution.

            Que la numérisation soit une révolution technologique et scientifique est une certitude. Qu’il s’agisse d’une révolution sociale permettant de renverser le capitalisme, non.
            Dans tous les cas la machine numérique soulage en principe le travail manuel mais ne le supprime pas. Au lieu d’ouvrir une vanne on clique sur OPEN sur la supervision. Mais quand la vanne est grippée il faut enfiler les gants et appeler les mécanos.
            D’autre part l’automatisation conduit à passer de deux opérateurs par machine à un opérateur pour deux machines en l’espace de quatre ans, moyennant des licenciements ou des suppressions de postes à la faveur des départs en retraite.
            cela signifie qu’en terme de plus value, le poids d’un ouvrier est multiplié par quatre.

            Un informaticien pond des lignes de programmes. Si son travail est vendu c’est une marchandise avec une valeur d’échange, dont une partie est rétribuée au salarié.
            S’il travaille pour la gloire, il aura l’estime des geeks mais son travail ne vaut rien. nib, pas un kopeck, des clous. Pas même l’usure de son clavier.
            Par contre des capitalistes avisés utiliseront ce travail gratuit, c’est-à-dire que l’auteur des lignes de programme est encore plus exploité. Mais au lieu de se révolter il se pourrait qu’il soit fier de s’être dévoué pour le “bien commun” et considère cette générosité comme un acte révolutionnaire, avec la bénédiction de Boccara, Verroust, Lojkine, Dimicoli, etc.

            Le fait est que c’est un état d’esprit malheureusement encore un peu répandu chez les techniciens et cadres, qui ont déjà fini leur journée mais qui se précipitent pour dépanner une machine en rade, alors que l’astreinte est déjà là pour les remplacer.
            Ce sont aussi des salariés qui acceptent des tâches supplémentaires en échange d’une promesse d’augmentation, voire juste pour les félicitations de leur encadrement. Tant que leur salaire leur permet de vivre convenablement et qu’il évolue, qu’ils peuvent partir en vacances aux quatre coins de la terre et donner des cours particuliers à leur progéniture, ça peut continuer. Quand ils restent bloqués dix ans d’affilée, ils commencent à comprendre qu’ils se sont fait rouler.

            Les “travailleurs des tâches subalternes” ne raisonnent pas ainsi. Parce que leur maigre salaire leur explique déjà noir sur blanc en bas et à droite du bulletin de paie qu’ils sont exploités. Et parce que l’exploitation s’accompagne du mépris de classe, transmis à travers l’échelle hiérarchique. Ils ont parfaitement compris que leur travail, leur force de travail en fait, est l’objet d’un marché et que la loi du marché capitaliste est dictatoriale.
            Alors quand on leur propose un poste “plus intéressant”, avec “davantage de responsabilité”, ils demandent d’abord la rallonge. Quand ils veulent une augmentation ils se mettent en grève. Ils sortent de l’usine. Ils se tiennent devant le portail avec des banderoles CGT. Ils brûlent des palettes, ils boivent du pastis, ils mangent des merguez, et ils regardent entrer leurs camarades techniciens, informaticiens…en leur criant “avec nous, avec nous !”

            Alors que les “classes montantes” commencent à se battre avec les prolos, avec les travailleurs des tâches subalternes. Après on parlera de “révolution informationnelle”.

          • etoilerouge
            etoilerouge

            Parfaitement d’accord avec vous. Un cadre n’est utile que s’il aide à la lutte de classes les travailleurs subalternes. Les autres profitent des droits acquis par la lutte des subalternes ,pourrissent de leur corruption et de leur individualisme le monde du travail. Ceux là,informaticien ou autres greluches diplômées st des corrompus et ne mèneront aucune révolution autre que 68tarde. Dont on voit les résultats.

          • LEMOINE Michel

            Dès lors que le développement des forces productives ébranle l’édifice social, toutes les classes sociales participent à la lutte des classes, soit pour maintenir leur position ou pour l’améliorer, Face à cet ébranlement, pour les classes anciennes, être conservateur, vouloir préserver ses acquis est la position la plus spontanée. La classe montante (la classe ouvrière au XIX ème siècle, la classe scientifique et technique actuellement) est la seule qui, tant qu’elle est montante, n’a rien à conserver et qui est donc tentée d’innover. Elle innove actuellement plus sur le plan sociétal que social. Sur le plan social on assiste cependant à quelques innovations comme la gestion par projet, le télétravail, le lancement de “start-up” etc. Qu’on le veuille ou non une autre société se préfigure ainsi. C’est le rôle des marxistes d’analyser tout cela scientifiquement et de l’orienter vers un dépassement du capitalisme. C’est ce que Lénine appelait “faire l’analyse concrète de la situation concrète”.

            PS : occuper les ronds-points, brûler des palettes etc. c’est plus conservateur que révolutionnaire. On défend ses acquis, on obtient améliorations à la marge, mais tout reste comme avant et bientôt tout est à recommencer. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, mais il faut être lucide : agiter des drapeaux c’est bien mais ce n’est pas révolutionnaire.

            Une bonne partie de la lutte se fait actuellement sur le plan sociétal. Sur ce plan il faut opposer le marxisme et sa théorie des rapports sociaux (de production et sexe) aux théories du genre. Hélas lors des luttes pour le mariage homosexuel le Parti Communiste a été lamentablement suiviste. Il y a un énorme travail à faire pour corriger cela et mettre au centre la question de la famille et de sa crise. J’y ai consacré quantité d’articles sur mon blog, sous la rubrique “genre”, sans aucun écho. Maintenant c’est la droite qui occupe l’espace abandonné et a qui pris la tête de la lutte contre le wokisme et marque des points.
            Le PKRF parait plus lucide et combattif.

          • Rouge Trégor
            Rouge Trégor

            Très bonne réponse à Michel Lemoine. Merci Xuan.
            Signé : un ex-informaticien membre actif de la CGT.

  • pam
    pam

    La formule de Franck sur l’eau gazeuse et l’air pluvieux est appelé à jouer un rôle dans notre “ère du socialisme” aussi important que la formule bien connue de l’eau qui bouille pour illustrer la notion de changement qualitatif (Staline ? )

    L’intérêt c’est qu’elle se concentre justement sur la transition… comment on passe d’une eau gazeuse à un air pluvieux ? alors que l’eau qui bout semble un processus accumulatif linéaire, sans bien illustrer le moment justement où la quantité se transforme en qualité…

    La formule de Franck montre mieux qu’il y a bien une différence qualitative entre l’eau et la vapeur d’eau, mais qu’elles peuvent être mélangées…

    Avoir des formes de socialisations avancées dans une économie capitaliste n’est donc pas du tout la même chose qu’avoir des formes d’économie de marché et de capitalisme dans une société à dominante socialiste. L’un domine, l’autre est dominé. Une eau gazeuse n’est pas du tout la même chose d’une atmosphère battue par une pluie intense.

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Il y a la même différence, je crois, entre une unité “de la gauche” dirigée par les couches moyennes-supérieures et un front de classe révolutionnaire dirigé par la classe ouvrière, ce qui se mesure par exemple avec la différence entre ce qui a été fait en 45 – 46 et ce qui a été fait en 81. Cela renvoie à la discussion ci-dessus entre Michel Lemoine et Xuan. Oui, les tâches évoluent, les forces productives évoluent. Mais les rapports sociaux ne peuvent pas évoluer au même rythme. Il y a accumulation de contradictions jusqu’à la révolution, qui est d’abord politique, changement de pouvoir pour induire ensuite un cycle de développement des nouvelles formes sociales et donc des forces productives.
      Au début, les nouvelles fonctions techniques sont placées au dessus du prolétariat, elles sont rares et ne sont pas développées. Au fur et à mesure de leur développement, elles sont partiellement prolétarisées. Elles parviennent à comprennent qu’elles ont besoin de laisser la classe ouvrière jouer son rôle décisif. Les cheminots sont des professions techniques avancées, en particulier les conducteurs de trains. Mais ils ont une histoire, ils sont un collectif, ils vivent la production avec leur corps. C’est pour toute ces raisons que leur condition de mobilisation est particulière.
      En 1995, pas mal de gens étaient contents de voir les cheminots bloquer le pays pour défendre leur système de retraite, et notamment à ce moment, les fonctionnaires ont pu garder des avantages importants, si ma mémoire est bonne. Lorsque les cheminots ont défendu leur statut, le soutien était bien moindre. Pourtant, sans statut, les cheminots sont moins unis pour défendre tout ce qu’il y aurait à défendre. Alors, comme le dit Xuan, c’est à chacun de savoir où il se trouve et s’il est prêt à sacrifier sa paye et bien davantage, se reconnaitre comme un prolétaire et que, parmi les prolétaires, certains ont un rôle déterminant et le courage de le mener.

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Certains me trouveront radoteur. Au mieux, ils me traiteront de passéiste et me diront ” arrêtes tes pleurnicheries”. Mais le travail de Frank me rappelle des tas de souvenirs: des enthousiasmants, d’autres qui m’apportent des bleus à l’âme. Ma mémoire me fait défaut, je vais essayer d’être précis le plus possible.
    J’ai adhéré au Parti Communiste en 1962. J’étais à l’époque livreur dans une société à succursales multiples. J’ai adhéré sur la base de la la lutte pour la Paix en Algérie. Cela fait partie du côté enthousiasmant. Les accords d’Evian en 1963 sont venus couronner la lutte du Peuple algérien, mais aussi notre combat. Une anecdote: Louis Leroux, sécrétaire fédéral de la fédération du Finistère m’a demandé de faire la tournée des baraques de Brest avec un bigophone. Peu de foyers avaient la télé à l’époque. Brest avait des milliers de baraques. Le siège de Brest a duré jusqu’en septembre 1944. A cela s’était ajouté, en 1948 je crois, l’explosion d’un bateau de nitrates en pleine rade. Cette tournée de baraques fut un succès. Des années après, certaines personnes me le rappelaient. Je n’oublie pas non plus, la lutte contre l’OAS, dans l’Union. Ce sont des moments forts pour des jeunes.
    J’ai aussi adhéré sur la politique d’Union de la gauche. Les jeunes adhérents, nous y avons cru. Les anciens camarades nous racontaient le Front Populaire et la Libération. Pourquoi n’y aurait-t-on pas cru? Au contraire, nous sommes rentrés à fond dans la bataille de l’union. Je ne vais pas vous raconter toutes les vilenies (pour être gentil), que les socialistes nous ont fait. Comment voulez-vous ne pas y croire quand un membre du bureau politique, Claude Poperen, en clôture de conférence fédérale nous tient ce discours: “si vous voyez, sur le trottoir d’en face un camarade socialiste, n’hésitez pas à traverser la route pour lui serrer la main”. Bon….
    Puis est arrivé 1968. Que dire, du bon et du moins bon. Le bon, des augmentations de salaire importantes (33% pour ma part), du moins bon et même du pas bon du tout. Je vous livre mon analyse personnelle. Il y eu 2 camps perdants en 1968, les gaullistes et les communistes avec la CO et la CGT dans une moindre mesure. Ceux qui ont vécu cette période se rappellent le meeting de Charléty avec Rocard et tous les gauchistes réunis. Mais aussi les prises de parole courageuses, devant les ouvriers de chez Renault, d’Aimé Halbeuer et Georges Seguy. Je crois que la CGT a tiré le maximum de ce qui pouvait être tiré. C’est à partir de là que le “sociétal” a pris le pas sur “la lutte de classe”. En politique, c’est à partir de là que le PCF a commencé à perdre de l’influence. Les pompidoliens et les giscardiens, eux,(beaucoup d’entre eux n’étaient pas blanc-bleu sur la période de l’occupation) prenaient le pas sur les gaullistes.
    Puis arrive l’accord sur le Programme Commun, la bataille sur la réactualisation de ce programme, et l’affaire de Plogoff. Vous ne pouvez pas imaginer les ravages que Plogoff a fait chez les communistes finistériens. C’est Miterrand lui-même qui y a mis fin en annonçant entre les 2 tours de la Presidentielle de 1981, que lui élu, il n’y aurait pas de centrale à Plogoff.
    Sur la réactualisation, je me suis déja expliqué: nous avions gagné la bataille de l’union pour l’union. Mais par contre sur le contenu, nous n’avions pas avancé malgré le placement de nombreux livres sur ce fameux programme.
    Sur Plogoff, j’en suis encore tout chose. Je ne discuterais pas sur le bien-fondé ou pas de cette décision prise par Giscard d’Estaing ou ses amis. Il est vrai que la Bretagne est en bout de réseau et tributaire d’apport extérieur si l’on considère que Nantes est à l’extérieur. C’est un autre débat, je ne vais pas m’y risquer aujourd’hui. Le secteur Penmarc’h/Plogoff était, comme la région d’Huelgoat, un secteur très rouge. Dans ces secteurs, la Resistance, FTP et autres, avaient été très actives et n’avaient pas attendu Barbarossa pour agir. La Fédé, j’en étais en tant que membre du bureau fédéral, nous soutenions nos camarades qui ne voulaient pas de la centrale. De nombreuses manifestations ont émaillé cette période. Chaque manif était soutenue par des milliers de personnes. Nous participions aux défilés, même si nous étions souvent relégués en queue de manif. Et c’est ainsi, qu’un samedi nous défilions contre l’installation de la centrale. Le samedi suivant, nous défilions pour l’installation de cette centrale.
    Que c’était-il passé entre temps? Georges Marchais avait donné une “soufflante” à Louis Leroux. Nous ne pouvions pas à la fois, être pour le nucléaire civil, et contre à Plogoff. Je vous laisse deviner la suite à l’intérieur du Parti. Je pense que Miterrand a bénéficié de sa prise de position entre les 2 tours pour être élu. Georges Marchais lui, au 1er tour avait laissé des plumes.
    Une remarque toute simple: j’ai le privilège, si l’on peut dire, d’habiter près de l’île Longue(7 kms), près aussi de la base ou sont stockées les ogives nucléaires (7kms). Donc aux premières loges. Chaque année le Mouvement de la Paix organise une petite manifestation. C’est pas la foule, mais elle a le mérite d’exister. Pour la sécurité, un périmètre de protection est défini. Pas de chance, à 100 mètres prés, je n’aurais pas le droit à la capsule d’iode qui doit garantir la vie sauve aux bienheureux. Vladimir, s’il te plait, ne fais pas l’idiot. Contentes-toi d’arriver à Paris avec tes chars.
    Le 2 ième tour des Présidentielles de 1981 a été un crève-coeur pour beaucoup de camarades. Choisir entre le candidat de la droite, Giscard d’Estaing, ou celui, dit de la gauche qui avait prévu d’assassiner le PCF. Je préfère ne pas épiloguer. Je vais m’arrêter là.
    A l’instar de Joséphine Baker, j’ai 2 amours.
    Bien qu’ayant quitté le PCF, je suis toujours amoureux. Le PCF, dans le bon ou le mauvais m’a fait ce que suis..bien ou pas bien.
    Mon 2 ième amour( ou mon premier), c’est ma femme. Elle est décédée, il y aura bientôt 2 ans. Nous avions 67 ans de mariage, avec des hauts et des bas, comme tout le monde.
    Me voila seul, physiquement en forme moyenne. J’ai l’âge de radoter, je ne m’en prive pas.
    Ce blog, merci encore Danielle, me procure un plaisir immense et m’aide à tenir. Et puis alors, j’apprends plein de choses.

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    • Franck marsal
      Franck marsal

      Ce n’est pas du tout radoteur. C’est passionnant, très émouvant et nous avons beaucoup à apprendre de ces périodes de l’histoire. J’ai un exemplaire du programme commun dans ma bibliothèque, maïs je connais très peu la manière dont les choses se sont faites puis défaites.

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    • Pascal
      Pascal

      Passionnant.
      Etant trop jeune pour savoir de quoi il était question avant de lire ce commentaire (et les autres plus haut), c’est enthousiasmant et stimulant intellectuellement de lire ces échanges et débats.
      il est même rare que les commentaires soient aussi foisonnant d’idées.
      merci (à toutes et tous).

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  • Pascal
    Pascal

    Bonsoir,
    Où peut-on trouver l’article traitant de « socialisme dans plusieurs pays isolés » ?

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