https://svpressa.ru/world/article/359182/
Comment les Huaqiao (immigrants chinois aux Etats-Unis) ont bouleversé l’univers américain. Il faut penser le monde à partir de la mondialisation impérialiste, de la manière dont elle a imbriqué les forces productives, les individus en créant à la fois les conditions d’une nouvelle civilisation mais aussi les facteurs d’antagonismes… Il faut peut-être relire le très explicite de la contradiction de Mao pour mesurer ce qu’est la Chine dans sa relation y compris avec l’empire en déclin mais incapable d’autre chose que d’autodestruction. Un exemple qui à sa manière illustre la proposition de Jean-Claude Delaunay que nous publions par ailleurs sur la voie au socialisme, la transition à la transition. On pourrait faire une analyse parallèle concernant bien d’autres immigrations, mais il y a des éléments innovants en ce qui concerne la Chine en particulier la promotion très rapide comparable à l’immigration juive à bien des égards. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
Les immigrants chinois constituent l’une des plus grandes diasporas aux États-Unis. Environ 2,5 millions d’immigrants chinois vivent aujourd’hui en Amérique, un nombre qui augmente depuis des années, selon les calculs du Migration Policy Institute.
Comment Trump est entré en guerre contre les migrants chinois. Et comment ça n’a rien donné
Les Chinois vivant à l’étranger sont appelés “Huaqiao” – ils sont plus de 40 millions dans le monde, notamment dans les pays asiatiques. Comme la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie et les Philippines.
Selon les données officielles du recensement, un peu moins de 20 000 Chinois vivent en Russie, moins encore que, par exemple, de Polonais ou de Kurdes.
Mais les États-Unis sont le plus grand pays en dehors de l’Asie où les migrants chinois s’installent. Bien sûr, ils jouent un rôle énorme dans l’économie et la politique américaines. Le président Donald Trump a tenté de réduire cette influence en limitant artificiellement la migration en provenance de Chine. La raison invoquée a été la pandémie, qui – comme beaucoup l’ont probablement déjà oublié – a commencé en Chine à la fin de 2019.
C’est Trump qui a durci les règles de visa pour les étudiants et les travailleurs chinois. La migration a également été affectée par la politique “zéro COVID” du gouvernement chinois, en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2022 : les voyages en provenance de Chine étaient sévèrement limités. Toutefois, les calculs du Migration Policy Institute montrent que le nombre de Chinois arrivant aux États-Unis a fortement augmenté au cours des derniers mois.
Quitter la Chine n’est pas patriotique. C’est également non rentable
L’immigration chinoise aux États-Unis a une histoire longue et parfois compliquée. Les contrôles de l’émigration imposés par le gouvernement chinois après la Seconde Guerre mondiale et la révolution communiste ont limité la mobilité.
Cela dit, les États-Unis ont d’abord tenté d’attirer les Chinois : en 1965, ils ont levé les barrières aux immigrants non européens. Puis les relations sino-américaines se sont également réchauffées – et la population huaqiao aux Etats-Unis a presque doublé, d’abord dans les années 80, puis dans les années 90.
Depuis lors, la population a continué à croître, mais à un rythme plus lent, car moins de personnes ont voulu quitter la Chine. Le niveau de vie dans le pays est monté en flèche grâce aux réformes de Hu Jintao puis de Xi Jinping. En outre, quitter la Chine est tout simplement devenu antipatriotique.
Il n’est pas surprenant que les habitants de Hong Kong aient fréquemment émigré en Chine – ils représentent aujourd’hui près de 10 % de l’ensemble de la diaspora chinoise aux États-Unis. Dans le même temps, cependant, la population née à Hong Kong est beaucoup plus faible aux États-Unis qu’en Chine continentale.
Les Huaqiao en Amérique sont maintenant le troisième groupe de migrants le plus important après les Mexicains et les Indiens. Au total, 45 millions d’immigrants vivent en Amérique. Cependant, leurs gouvernements respectifs sont loin de s’occuper d’eux aussi bien que le gouvernement chinois pour ses ressortissants.
Les “mille talents” de la Chine n’ont même pas besoin de l’anglais aux États-Unis
La Chine est la principale source d’étudiants étrangers dans les universités américaines. L’année dernière, près de 300 000 étudiants chinois ont étudié aux États-Unis (la plupart en ingénierie, en mathématiques ou en médecine). Au total, environ un million d’étrangers étudient chaque année dans les universités américaines.
Les citoyens chinois sont, après les citoyens indiens, les plus nombreux à obtenir des visas temporaires H-1B parrainés par des employeurs (pour obtenir un tel visa, il faut être titulaire d’un diplôme universitaire).
En 2021, les ressortissants chinois ont également reçu la moitié de tous les visas d’immigration d’investisseurs aux États-Unis. Certes, il ne s’agit pas du tout de déménager aux États-Unis, mais simplement d’investir dans l’économie américaine.
Selon les calculs du Migration Policy Institute, les immigrants chinois ont tendance à être nettement plus instruits et plus susceptibles d’occuper des postes de direction aux États-Unis.
La moitié des immigrés chinois aux États-Unis ont un diplôme universitaire (même parmi les Américains de souche, ils sont un tiers seulement, sans parler des migrants issus de pays défavorisés).
Dans le même temps, cependant, les Chinois partis en Amérique ne sont pas du tout désireux de rompre leurs liens culturels avec leur pays d’origine. Ils ne veulent pas couper les liens culturels avec leur mère patrie, bien au contraire. Ils apprennent moins souvent l’anglais et communiquent en chinois. Et ce n’est pas difficile, étant donné que l’on trouve des quartiers chinois dans presque toutes les villes américaines. Chez les “Huaqiao” américains, seul un habitant sur dix utilise l’anglais à la maison.
Et de nombreux Chinois aux États-Unis n’auront bientôt plus besoin de l’anglais – ils rentrent chez eux. Des milliers de jeunes scientifiques chinois de haut niveau rentrent des États-Unis depuis 2008. Les autorités chinoises ont mis au point le programme “Mille jeunes talents” : après avoir soutenu des thèses en Amérique ou dans un autre pays occidental, les jeunes rentrent en Chine pour occuper des postes de direction.
“La Silicon Valley se retrouvera sans ingénieurs chinois”.
Les migrants chinois sont nombreux aux États-Unis, mais pas partout. La moitié des Chinois vivent dans deux États, New York et la Californie (plus précisément Los Angeles). Dans le même temps, la Californie possède le comté de Santa Clara, où sont enregistrés les sièges des sociétés technologiques AMD, Intel et Applied Materials. Le comté fait partie de la célèbre Silicon Valley.
Et jusqu’à récemment, c’est là qu’affluaient les immigrants chinois en grand nombre. Mais même sans aucune des astuces populistes de Trump, la migration “technologique” a chuté – les ingénieurs chinois préfèrent rester dans leur pays d’origine. Et travailler pour des sociétés nationales, où les salaires et autres avantages ne sont pas plus bas qu’en Californie.
Vues : 239
Smiley
Abel Ferrara a réalisé China Girl, un joli petit film sur le thème de Roméo (italien) et Juliette (Chinoise) de part et d autre de canal street qui déterminait la frontière entre les deux communautés dans les années 80.
Il nous montre la haine que les immigrants installés depuis un siècle peuvent avoir pour ceux de fraîche date.
Il nous montre surtout que l équilibre de la terreur est assuré par les organisations mafieuses de chaque camp qui trouvent un intérêt mutuel à travailler ensemble et sont prêtes à éliminer les fauteurs de trouble de leur propre camp. On peut y voir ou pas une allégorie un peu gauchisante du monde de l époque en fin de guerre froide.
Mais cette communauté chinoise là ressemble à toute les communautés d immigrés il n y a pas d étudiants ni d ingénieur en informatique ni d entrepreneur à succès.
On mesure le chemin parcouru.