Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Alain Girard : à propos du “bull dozer de Vitry”

Un jour peut-être on retrouvera ce blog, ses articles, vos commentaires et quelque historien en verra la richesse… mais je n’ai plus envie de me battre comme vous pensez devoir le faire pour, disons, vous faire accepter par ces gens qui ne nous méritaient pas… Ce sont des minables qui ne demandaient qu’à être convaincus que toutes les campagnes contre nous étaient justes, ils n’ont aucune excuse, ils se sont acharnés et continuent à s’acharner sur nous pour mieux promouvoir quelque pourri qui leur convenait mieux au nom de ce qu’ils pensaient en obtenir pour eux-mêmes et rien d’autre, rien d’autre croyez-le bien… .Je suis une vieille dame à qui il reste peu de temps pour profiter de la vie et qui n’en a pas à perdre avec la mauvaise foi. Mais je relaierai toujours les mises au point que vous avez le courage de faire, moi au point où j’en suis je pense que ces bobos qui jouent les âmes nobles ne méritent que des coups de pied au cul. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

L’affaire du bulldozer de Vitry a fait beaucoup de mal et c’était fait pour. Sur le document dans ce commentaire, la lettre à lL Cohen, il faut rétablir les choses. Le foyer n’était pas géré par la Sonacotra mais par l’Adef, une association de loi de 1901 créée par les fédérations patronales du bâtiment et de la métallurgie.

Le transfert des maliens des taudis, baraques en bois, de Saint Maur visait à déplacer des travailleurs sur un foyer, en bordure de zone industrielle, foyer vide, propriété de la SA Hlm de la ville de Vitry, vide car les anciens occupants, en grèves de redevances, terme pour les foyers, avaient été expulsés manu militari à la demande de l’Adef, donc du patronat.

Le foyer vide devait être réhabilité en foyer pour jeunes travailleurs de la Poste.
Il n’ a pas eu de bulldozer et pour en trouver un dans ce secteur faut le faire mais un tracto-pelle et une entrée bouchée par de la terre, tous les autres accès étaient libres.

Un grand nombre des personnels de cette association avait été réquisitionné pour assurer le transfert à coups de primes et également parce qu’il comptait dans ses gestionnaires de terrain, une large majorité d’anciens militaires, gendarmes et autres loufiats.

Aucune agression ni agressivité de la part du PCF mais des maladresses c’est sûr.

Le maire de Saint Maur avait réussi une superbe opération, se débarrasser des maliens, créer les conditions pour qu’ils ne reviennent pas sur la ville, tailler des croupières au PCF avec un relais puissant d’ailleurs de la bonne gauche socialiste.

Pour tout comprendre, les chefs coutumiers maliens avaient coordonné les choses et certains sont devenus salariés de l’association avec des emplois de convenances.

Tout cela s’est révélé au fur et à mesure de l’implantation de la cgt dans l’association, pour donner une idée, lors d’une grève en 94, devant le siège social, la police et la municipalité d’Ivry devront intervenir face à des hommes armés de matraques et de chiens dans les rues face aux grévistes. Sans doute la seule fois où à la cgt nous avons applaudi les forces de police en sachant que nombre de grévistes et syndiqués cgt étaient maliens et mauritaniens, que l’équipe de la cgt comptait des salariés étant intervenu sur ordre lors de l’affaire du foyer et que le futur secrétaire de la cgt sera un jeune malin issu du foyer de Saint Maur..

La roue avait tourné, nous avions liquidé le syndicat patron qui d’ailleurs commençait à se débarrasser des gens un peu compromettant, bilan, des chefs coutumiers, ces fameux salariés aux emplois de convenances ont rejoint la cgt.
L’un d’entre eux sera blessé à coups de couteaux lors d’une autre grève en 95 ainsi que 5 autres grévistes dont j’étais.

Voilà donc non une vérité, mais ce que je sais pour avoir bossé 35 ans dans cette association.

Ce qui a été un vrai drame tient à ce que le parti s’est tétanisé, G Marchais a fait dans la foulée un bon meeting au foyer du Bourget mais bizarrement sur le reste du pays, la déferlante anti-communiste marquait des points chez les travailleurs migrants, je me souviens de mon camarade Ben, les larmes aux yeux, déchirant sa carte.

Alors que le parti aurait sans doute du pousser les feux, aller aux masses, globalement le passé du PCF était en son honneur, comme l’était son présent.
Alors pourquoi être resté sur la défensive, je crois que déjà la crise portait ses fruits de divisions et que certains camarades en étaient à passer de la question de l’immigration à la notion de “problème” de l’immigration

En cela oui, les efforts de la bourgeoisie pour affaiblir les solidarités ouvrières avec la propriété de l’essentiel des médias, avec le renfort de la sociale démocratie, cela comportait un gain idéologique que la position défensive ne permettait pas de contenir.

Frilosité sur le sujet alors que la question centrale demeurait celle de toujours, fin du colonialisme, fin du pillage des pays tiers et coopérations de développements.
À chaque débat auquel j’ai pu participer le “bulldozer ” revenait, à chaque débat le fait d’en savoir plus sur le sujet en mettait nombre en difficultés mais les camarades du secteur immigration étaient bien isolés, c’était devenu tabou plutôt que de percer l’abcès.

Ce qui handicape grandement toute réflexion au sein du PCF sur le sujet, tout d’abord l’électoralisme, le travailleur immigré ne peut pas voter, il est donc mis de côté, deuxio, il est, même encore de nos jours, même si on nous vend un soi-disant ascenseur social, constituant un grand pan de la classe ouvrière et comme le PCF ne définit plus sa politique en fonction du rôle de cette classe les conditions sont réunies pour que d’autres s’en occupent et pas en bien…

Le 38ème congrès, la campagne des Jours heureux c’est la remise au travail, sur et par le travail, étrangement, il est question de migrants rarement et même jamais de travailleurs immigrés… Au foyer de Vitry, les maliens victimes du Bulldozer seront à un moment plus de 150 encartés au PCF…

Rendre pas seulement la parole au monde ouvrier mais le pouvoir et là, oui, le RN reculera électoralement et idéologiquement, mais encore faut-il garder au fronton de Fabien:
“Travailleurs de tous pays, le parti vous unit”

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