Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le congrès du Parti Communiste au jour le jour – les contributions du 21 décembre 2022

Franck Marsal propose d’ouvrir dans ce blog une rubrique journalière qui insisterait sur les contributions qui paraissent tous les jours dans le forum de discussion du PCF et qui permettent d’enrichir la base commune. Nous accueillons volontiers une telle rubrique parce qu’elle correspond d’abord au travail d’information que prétend faire ce blog. Nous avons beaucoup de lecteurs étrangers ou résidant à l’étranger qui auront ainsi la possibilité de connaitre l’état de réflexion en France, ensuite parce sans être un site officiel du PCF, ce blog a toujours insisté sur l’importance de ce parti, son caractère central dans une issue à la crise de notre pays. Enfin, parce que le véritable travail démocratique au sein de ce parti, celui qui passera outre les tentatives de division réside bien là, et le débat démocratique qui fait du parti communiste un parti pas comme les autres est ouvert puisque le 39e congrès du PCF “est entré dans une phase active de préparation”. Mais comme je le souligne par ailleurs, je ne pense pas que l’on puisse avoir un Congrès qui ouvre sur une perspective politique disons “socialiste” si l’on entretient si peu que ce soit l’illusion que l’on pourra conserver un secteur international totalement inféodé à l’OTAN et une presse qui est alignée sur ce choix. Maintenant c’est l’affaire des communistes et je n’ai pas d’autre choix que d’espérer pouvoir leur faire confiance. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Le 39ème congrès du PCF est dans la phase active de préparation. La base commune a été adoptée par le Comité National et un premier texte alternatif a été publié. Pendant ce temps, le site https://congres2023.pcf.fr/contributions continue de recevoir chaque jour de nombreuses contributions des communistes, ce qui témoigne de l’engagement collectif des militants de ce parti. Alors aujourd’hui, j’ai décidé de lire toutes les contributions et de publier un commentaire de lecture (bien sûr subjectif et personnel). Le forum de contribution est très actif et très riche et je pense que le but principal des contributeurs est de susciter la discussion. Rebondir et échanger sur les contributions me semble donc un moyen utile de le faire. Je ne sais pas s’y je parviendrais à tenir le rythme, mais je vais m’y efforcer.

Aujourd’hui, 21 décembre, 4 contributions nouvelles ont été publiées :

• la contribution de la camarade Evelyne Ternant, de la fédé du Doubs, intitulée « Retraites : pour une bataille offensive qui rassemble le salariat »

• la contribution de la camarade Martine Antoine, de la fédé du Val de Marne, intitulée « Je suis communiste et je ne permets à personne d’en douter »

• la contribution du camarade Allain Dallest de la fédération des Bouches du Rhône, intitulée « Quelle organisation communiste à la sortie du 39ème congrès »

• la contribution collective des camarades Henri Ausseuil, Isabel Cabeca, Isabelle de Champs, Denise Delterme et Robert Kissous, de la fédération de l’Hérault, intitulée « sortir de la domination du capitalisme rentier pour un monde multi-polaire ».

Répondre à la situation concrète : Réflexions et éléments de programmes

La contribution des camarades Héraultais est une analyse très complète dont de larges part mériteraient à mon sens d’être reprises sous forme d’amendements à la base commune. Ils commencent par une utile précision de méthode :

« Ce texte ne cherche pas à bâtir un programme pour une société future idéale, c’est notre peuple qui en décidera le moment venu, dans les conditions historiques du moment. Marx l’a énoncé il y a longtemps et c’est ce qui nous différencie des socialismes dits utopiques du XIXème siècle. Il se situe en 2022 et cherche à répondre à la situation concrète que nous avons à affronter. La victoire électorale ne sera possible que par un large rassemblement dans lequel nous ne serons pas seuls. Des compromis seront nécessaires. Mais le passé a prouvé que si certaines conditions ne sont pas remplies la victoire électorale peut être illusoire. »

Cela les mène à poser la question de la structure économique de notre pays, faisant écho et développant avec clarté ce que notre parti a déjà posé comme question centrale, celle de la réindustrialisation (et qui est à nouveau d’une grande actualité avec par exemple la pénurie de paracétamol qui frappe de nombreuses pharmacies) :

« Fondamentalement il s’agit d’abandonner l’économie de rente qui consiste à faire produire ailleurs à bas prix pour vendre cher en occident. Ce système n’est favorable qu’aux possesseurs de capitaux, et est destructeur d’emplois, de compétences, de lien social, et représente une catastrophe pour les peuples occidentaux, une aubaine pour les multimilliardaires. »

Pour cela, les camarades posent un certains nombres de conditions, dont certaines ont déjà été formulées (lutte contre l’évasion fiscale, réindustrialisation, formation), mais d’autres sont à prendre en compte :

• La comptabilité nationale devra être revue de fond en comble pour que n’apparaissent pas seulement les échanges marchands monnayés mais aussi les destructions de capital et de matériel, les pollutions, le coût de la fraude. Il faut transformer “l’écologie punitive” en “économie écologique.” Il ne sera plus possible que les gains soient privés et les dépenses de correction des effets néfastes publiques.

• L’infrastructure de transports, l’énergie seront débarrassé de l’économie de rente et rendus à la nation. Un secteur bancaire d’état puissant contrôlant les superstructures devra être créé, remplaçant les fausses nationalisations de 1981

Il est nécessaire en effet de faire le bilan des échecs ou des renoncements de 1981 et de faire la différence entre l’œuvre accomplie par les ministres communistes en 1945 – 1946. Cette œuvre est en réalité collective. Elle est aussi celle du parti, des militants, de la CGT, des travailleurs et, il faut toujours le rappeler, du contexte créé par la victoire soviétique contre les nazis.

Ce bilan est clairement contrasté : les créations de 1946 sont encore des avancées sociales majeures qui structurent notre pays, malgré toutes les politiques menée par les divers gouvernements de la bourgeoisie de les liquider. En revanche, de 1981, il ne reste presque plus rien et les nombreuses nationalisations alors menées ont été rapidement renversées et oubliées. Elles n’ont rien produit, rien créé, car on s’est contenté de changer l’actionnaire de sociétés, sans s’attaquer au marché.

Marcel Paul, lui, n’a pas nationalisé telle ou telle entreprise. Il a nationalisé l’électricité (tout le secteur, à 99%) et le gaz. Il n’a pas créé un « pôle public de l’électricité ». Il a supprimé le marché capitaliste de l’électricité et du gaz pour le remplacer par un service public national administré, garantissant (à terme) à tous l’électricité abondante et bon marché. Et lorsqu’il s’est agi de renverser la politique de l’électricité, l’état et l’Europe n’ont pas cherché à privatiser massivement. Leur priorité a été de réinstituer un « marché » de l’électricité. Ce « marché », artificiel et nuisible, a permis l’enrichissement de grandes fortunes, et provoque aujourd’hui des prix élevés et des pénuries.

Cela pose la question du pouvoir et de ce qu’est une « victoire populaire » et, selon nos camarades, c’est bien l’enjeu qui doit nous préoccuper :

“(…) Jusqu’à présent quand la gauche est arrivée au pouvoir, ce sont les mêmes qui sont restés aux commandes. Et rien n’a changé sinon en pire. Modifier la façon de faire est donc un impératif. Il s’agit de fait d’une révolution par rapport à l’évolution des quarante dernières années. Mais ou bien nous y parviendrons ou bien les leviers économiques nous échapperont ainsi que la moindre chance de changer quoi que ce soit. C’est pourquoi la bataille des élections ne peut se limiter à des alliances électorales entre partis impliquant un plus petit commun dénominateur. C’est une majorité du peuple français qui doit assimiler ces conditions. Chacun le fera à son rythme et en fonction de ses intérêts de classe. Ce ne sera ni simple ni facile. Mais un changement petit bras ne sera pas un changement. La bataille des idées doit se situer à un niveau jamais encore réalisé.”

On ne saurait mieux expliquer l’enjeu de l’existence, de l’autonomie et de la visibilité d’un grand parti communiste. Nous en avons un besoin critique dans les temps troublés et dangereux que nous vivons, où la menace du fascisme et de la guerre monte chaque jour, engendrant confusion et divisions. Il ne suffit pas en effet d’une victoire électorale, portée par des discours lyriques. La gauche de Mitterrand en 81 avait cette victoire et ces discours. C’est pourquoi, si un rassemblement victorieux est nécessaire, il ne peut être purement électoral, mais doit être issus des classes sociales populaires mobilisées :

« L’accord ne pourra se faire sur des options idéologiques mais seulement sur des objectifs clairement identifiés et accompagnés de luttes sociales. C’est en remportant des succès que la conviction se forge, non par des discours et la victoire rend le discours meilleur dans une relation dialectique. Le succès électoral découlera des luttes victorieuses. Et si le PCF et ceux qui partagent les analyses présentées ici ne sont pas assez puissants nous aurons des victoires électorales mais pas de changement réel, le passé l’a largement prouvé. »

Pour préciser le rôle, la tâche que « le PCF presque seul doit accomplir », les camarades apportent une analyse sociologique des composantes de la gauche, et c’est en effet le point essentiel, non la question des chefs, mais la question de la base :

« Les autres partis de la NUPES représentent les intérêts des couches moyennes. Les couches populaires oubliées par la gauche ne votent plus ou votent mal. Les 20 % qui continuent à voter ne votent pas tous communiste loin de là, mais le PCF est le seul qui s’en soucie vraiment puisque c’est un des axes de son existence. Il n’est pas exclusivement le parti de la classe ouvrière mais il est celui qui porte ses intérêts. Il est dangereux pour la démocratie que les élections ne mobilisent que la moitié des français et françaises. Comprendre pourquoi est plus important que de se lamenter. »

C’est un point crucial et qui mériterait un gros travail de développement à l’occasion de ce congrès : de quelle classe sociale voulons-nous être fondamentalement l’expression ? La composition du PCF a évolué et un parti de masse n’est jamais exclusif d’une seule classe sociale. Cependant, il ressort également de l’histoire de notre parti que son ancrage sociologique a évolué et a joué un rôle déterminant dans cette histoire.

Dans les années 30, sous l’impulsion de Maurice Thorez et de Benoît Frachon, le parti part à la conquête des masses et centre son action en direction des ouvriers non qualifiés, de la jeunesse, des classes les plus populaires. C’est l’adhésion massive de ces couches qui, en 1936, multiplie les effectifs de la CGT réunifiée par 11 et modifie sa composition sociale par l’entrée massive des ouvriers spécialisés, ouvriers moins qualifiés des grandes chaînes de production, donc les couches les plus populaires, notamment dans la fédération de la métallurgie, celle d’Ambroise Croizat. Cette entrée des catégories les plus populaires renforce considérablement l’influence des communistes au détriment des socialistes dès 1937.

Le succès du PCF va ensuite attirer à lui des classes intermédiaires, un grand nombre d’intellectuels, ce qui est un enrichissement indéniable du parti, et va lui permettre de développer son action et ses idées dans de nombreuses directions, pour le plus grand bénéfice de tous. En revanche, la désindustrialisation, la modification sociologique de la France et la trahison de la gauche en 1981 vont affaiblir profondément l’implantation ouvrière du PCF : fermeture des mines, de nombreuses usines sidérurgiques, métallurgiques, disparition de nombreuses petites industries traditionnelles de fabrication, associées à une féroce répression anti-syndicale, vont paralyser l’action ouvrière. Dans les années 90, deux éléments viendront entériner ces évolutions : la suppression des cellules d’entreprises du PCF, qui groupaient pourtant encore plus de 30 % des adhérents, et la rupture du lien organique, construit à la Libération entre le PCF et la CGT.

Contrairement à ce qui a été théorisé par les intellectuels bourgeois dans les années 90, la classe ouvrière n’a pas disparu. Au contraire, nous assistons dans notre pays depuis à la création d’un nouveau prolétariat, très précaire, mais largement inorganisé. Ce sont ces nouvelles couches populaires qui peuvent, portées par l’expérience et la conscience historiquement forgées, mener les luttes, vaincre et écrire un nouveau chapitre de l’histoire du communisme et de la France. C’est vers elles, sur leurs lieux de travail que nous devons porter notre discours et notre action en priorité.

La contribution poursuit ensuite en analysant quelques points clés programmatiques, la laïcité, l’évolution vers un monde multipolaire et la nouvelle guerre froide (espérons qu’elle ne deviendra pas rapidement chaude) développée par les USA à l’encontre de la Russie et de la Chine. Ces deux développements sont tout aussi intéressants, je vous renvoie au texte de ces camarades pour aborder les autres contributions du jour.

Unir et mobiliser les classes populaires et les classes moyennes

La contribution d’Evelyne Tenant met habilement en perspective le texte de la base commune sur la question de la réforme des retraites :

“La bataille politique sur les retraites qui s’annonce nous met à l’épreuve des travaux pratiques sur le rassemblement, tel qu’il est pensé dans le projet de base commune, quand il rappelle: « C’est dans les luttes et dans la bataille d’idées que cette large majorité de notre société peut s’affirmer comme une majorité politique, capable d’imposer démocratiquement au Parlement, au gouvernement et jusque dans tous les lieux de pouvoirs, des choix politiques ouvrant la voie à la construction d’une nouvelle civilisation.».

En effet, les luttes et les batailles d’idées ne sont pas des abstractions, c’est ce qui fait la vie sociale et politique de notre pays, au quotidien, et c’est à l’aune de ces luttes que nos réflexions prennent (ou pas) sens. Comme elle le note :

« Les cadres en effet, avec 42 annuités et une entrée dans l’emploi en moyenne à 23 ans partent déjà à 65 ans. La réforme ne change rien à leur situation actuelle. Les 20 milliards d’économie recherchées par le pouvoir avec la réforme seront donc exclusivement payés par les travailleurs aux carrières longues, ceux qui ont les métiers physiques les plus durs et l’espérance de vie la plus courte. »

La réforme voulue par Macron est donc très injuste. Mais :

« peut-on vraiment espérer mobiliser l’ensemble du salariat en appelant à l’altruisme des catégories sociales censées être épargnées par la réforme ? »

Evelyne Tenant nous invite à considérer au contraire que :

« La contestation sur la base exclusive du creusement des inégalités non seulement ne construit pas l’unité du salariat, mais ignore la réalité de la crise du travail, qui touche toutes les catégories du salariat. La parcellisation des tâches, la perte de sens du travail, l’absence de maîtrise sur l’organisation du travail et sur les décisions stratégiques sont durement ressenties par toutes et tous, cadres compris. Cette aliénation génère de multiples réactions qui vont de la démission «discrète» de l’implication minimale dans le travail, au turn over ou au burn out. L’opposition entre la prétendue facilité des carrières des diplômés, censés pouvoir facilement travailler jusqu’à 65 ans et les autres relève de la mythification des métiers dits intellectuels. En réalité, les rapports d’exploitation capitalistes, et leurs exigences de productivité et de subordination à la rentabilité du capital affectent de manière certes différenciée mais sans faire beaucoup d’exception les diverses catégories de salariés. »

On pourrait ajouter que Macron et la bourgeoisie, qui pourtant sont totalement opposés au principe d’un statut universel accordant à chacun une retraite digne, font leur miel des différences existant entre les différentes catégories de salariés et s’en servent constamment pour diviser. C’est pourquoi, comme le rappelle Evelyne Tenant :

« L’intérêt commun des salariés, des ouvriers, employés, techniciens et cadres supérieurs est donc de voir l’âge de la retraite diminué, le niveau des retraites protégé, le rapport au travail émancipé, le temps libre agrandi, dans un progrès général de civilisation, qui permette le plein épanouissement de chacun, dans les activités individuelles ou collectives du hors travail. »

Dans ce cadre, Evelyne Tenant analyse les propositions, points d’accords et points de divergence de la NUPES. Si l’accord a été trouvé sur le retour aux 60 ans et aux 42 annuités, Evelyne note que le PCF est seul à revendiquer l’intégration des années d’études comme années de cotisation, un enjeu essentiel pour les jeunes dont la durée d’étude se prolonge sous l’effet des difficultés d’insertion sur le marché du travail. Surtout, elle développe de manière intéressante la question du financement :

« Pour le PCF, la retraite à 60 ans, avec inclusion dès 18 ans des années d’études et de formation, un taux de remplacement de 75% sur la base des 10 meilleures années pour le secteur privé et de l’indice terminal pour les fonctionnaires a un coût de 100 milliards d’euros, dont le financement repose sur la création massive d’emplois, la fin des contrats précaires qui affectent particulièrement les jeunes et les femmes, et une hausse des cotisations sociales employeurs telle que les entreprises soient incitées à développer les dépenses humaines et dissuadées à sur-accumuler le capital. La réforme des retraites est donc en interrelation étroite avec la transformation des rapports sociaux nécessaires pour éradiquer le chômage et changer les modes de production et de consommation. Sans cette perspective de radicalité, il n’est pas possible de financer une réforme aussi ambitieuse, il n’est pas possible d’améliorer le système actuel, ne serait-ce que modérément, en comptant sur le levier de la CSG qui est payée à plus de 80% par les salariés. De plus, la cotisation sociale, qui est un prélèvement à la source sur la valeur créée par les salariés, leur ouvre logiquement des droits de gestion de la protection sociale, anéantis au fil des contre-réformes depuis l’œuvre d’Ambroise Croizat, mais incontournables dans une perspective d’avancée démocratique. C’est parce que le PS et EE-LV n’estiment pas possible de disputer au patronat le pouvoir économique et d’enclencher une dynamique de création massive d’emplois qu’ils réduisent les objectifs de réforme des retraites. Quant à LFI, l’estimation à 20 milliards d’euros seulement de la réforme des retraites proposée dans « L’avenir en commun » montre qu’elle ne garantit ni un taux de remplacement à 75% des salaires, ni un départ à 60 ans pour tout le monde, avec la contrainte ».

Cette analyse nous renvoie à nouveau à l’utilité du Parti Communiste, de son apport au débat mais de sa capacité surtout à apporter aux travailleurs les éléments de compréhension nécessaires pour avancer et gagner. La question du droit de gestion, et la référence à Ambroise Croizat est essentielle. Avant de s’attaquer aux droits de retraite, la bourgeoisie s’est assurée le pouvoir sur la gestion du système. C’est le premier point sur lequel elle a combattu l’œuvre de Croizat. Nous ne regagnerons pas de nouveaux droits sans reprendre le contrôle de la gestion d’un service public unifié et national de la retraite digne.

Evelyne Tenant conclut par la nécessité de mener de front à la fois le rassemblement contre la réforme et le débat à gauche pour une bataille offensive et dynamique :

« Faisons confiance à notre capacité à faire bouger les lignes au sein des forces de la NUPES dans le sens de plus d’ambition et plus de cohérence. »

Je me permets de reformuler légèrement. Il ne s’agit pas seulement de « faire bouger les lignes au sein de la NUPES » et nous, seuls, n’avons pas ce pouvoir. L’enjeu est de nous adresser à tous et en particulier aux couches les plus populaires, qui aujourd’hui, ne sont que marginalement entrées dans la NUPES. Lorsqu’elles se mettront en mouvement (je pense que cela a déjà commencé, au vu des grèves qui s’accélèrent partout), ces couches populaires feront bouger les lignes. En nous adressant à elles sur la bases de nos propositions qui répondent, expliquent et ouvrent des perspectives nouvelles, nous soutenons cette mise en mouvement qui ensuite, fera rapidement bouger les lignes. C’est aussi un des enjeux de notre congrès : la campagne de Fabien Roussel a attiré les regards et la sympathie au delà de notre sphère habituelle. Une partie de ces regards vont observer le résultat de notre congrès et attendre de nous des moyens d’aller de l’avant. Cela nous renvoie exactement à l’analyse des camarades héraultais de l’abstention massive des classes populaires et à la nécessité de s’y adresser.

Ce point est également abordé dans la contribution de la camarade Martine Antoine, du Val de Marne, qui écrit :

« Je suis communiste depuis 1973 et me suis reconnue en 1976, toujours à ce 22ème congrès dans cette même logique, dans le mot d’ordre « l’union du peuple de France » impulsé par Georges Marchais, comme je le suis aujourd’hui, en accord avec cette partie du document d’orientation de notre 33ème congrès qui précise en parlant de notre stratégie « Elle vise à la construction d’un vaste mouvement populaire conscient auquel le PCF concourt par son apport… ” et encore : « Le débat stratégique induit trop souvent et presque automatiquement un débat sur nos alliances notamment électorales. » C’est pourquoi, parce que je suis communiste, je m’implique dans l’assemblée de circonscription de la NUPES considérant que nous avons un rôle à jouer pour faire grandir le rassemblement de ce peuple de France au-delà des seules formations politiques qui l’ont constituées pour les législatives ET que nous devons nourrir notre pensée communiste de l’apport d’autres que nous-même, la nourrir de la dynamique citoyenne »

La question posée par la NUPES est précisément celle que formule la citation du 33ème congrès : Est-ce que la NUPES est un « vaste mouvement populaire », une potentielle « union du peuple de France » ou bien est-ce une alliance électorale. Il serait intéressant que Martine nous éclaire sur la nature exacte de ce qu’elle appelle « l’assemblée de circonscription » :

Est-ce représentatif d’un « vaste mouvement populaire » ? Est-ce que cette assemblée représente plusieurs centaines ou des milliers de travailleurs de la circonscription ? Est-ce que ce cadre permet de dépasser largement les quelques dizaines de militants principalement issus des partis et mouvements politiques de la NUPES ? Est-que des syndicats sont partie prenante de cette assemblée ? Quelle est la sociologie des participants ? Quelle est la dynamique de ce rassemblement ? Y-a-t-il des adhésions nombreuses et croissantes, notamment au sein des classes populaires ? Est-ce que cette assemblée permet de mieux porter et accompagner les luttes sociales, par exemple contre la privatisation de la RATP ?

Si la réponse à ces questions (on pourrait en formuler d’autres) est principalement non, il est à craindre que cette « assemblée de circonscription de la NUPES » soit plutôt à ranger du côté des « alliances électorales » plutôt que du côté du « vaste mouvement populaire ». Et la confusion entre les deux pourrait plutôt être un obstacle qu’un point d’appui pour avancer vers la mobilisation massive dont nous avons besoin.

Être communiste, et le centralisme démocratique :

La camarade Martine Antoine, du Val de Marne, se situe également sur un autre plan, celui de son parcours et de son identité de communiste. Son titre « … et je ne permets à personne d’en douter » montre à la fois la vigueur et la sincérité de son engagement et soulève en même temps la question de « qu’est-ce qu’être communiste ». Si elle ne permet à personne d’en douter (et elle ajoute « je m’adresse particulièrement à des camarades qui se reconnaitront »), c’est que ce débat de « qu’est-ce qu’être communiste » a dû déjà avoir lieu autour d’elle et au moins en partie, motiver cette contribution.

Son parcours, tel qu’elle le décrit nous parle en réalité bien au delà d’une personne, il retrace une large partie de l’histoire et des engagements du PCF. Elle évoque en tout premier lieu les « droits sociaux, ceux rendus possibles par nos ministres et par le rôle joué par le Parti Communiste Français clandestin dans la création du CNR ».

Cette époque est en effet fondatrice, non pas du parti en lui-même, qui naquit en 1920, dans l’impulsion donnée par la révolution russe, première révolution socialiste victorieuse dans un grand pays, premier coup d’arrêt à la terrible guerre impérialiste qui ravageait alors le monde.

Elle évoque ensuite ses différents engagements et la période de son engagements et les évolutions du parti qui y correspondent :

“Je suis communiste et j’ai approuvé sans réserve à notre 22ème congrès, la suppression à la référence à la dictature du prolétariat (ça ne doit pas parler beaucoup aux moins de 60 ans !) la fin de la conception de parti unique qui a conduit à l’échec de l’expérience des pays socialistes et abimé durablement le mot même de communiste (…) Je suis donc communiste d’un Parti qui a choisi un fonctionnement interne démocratique dans lequel l’adhérent.e est souverain.

Je suis donc communiste en m’inscrivant dans les processus internes prévus par nos statuts qui me donnent le droit d’exprimer mon accord ou mon désaccord sur les propositions de la direction nationale, Je suis communiste en exerçant éventuellement mon droit statutaire de voter pour un texte alternatif à celui proposé majoritairement par le Conseil National, d’approuver ou de ne pas approuver la/les proposition(s) de candidature(s) communiste(s) aux différentes élections.”

Si nous avons en commun ce moment fondateur de 1945 – 1946, nous pouvons nous reconnaître tous comme communistes. Cependant, nous avons des débats sur le sens que nous donnons à ce terme de communiste. A partir des années 1930, grâce notamment à l’action de Maurice Thorez, de Benoît Frachon et de tant d’autres, le Parti Communiste Français est devenu un parti de masse, peut-être le premier grand parti de masse de l’histoire de France. A partir du moment où un parti devient un parti de masse, sa base devient sociologiquement et idéologiquement diverse.

Précédemment, dans les années 20, le Parti Communiste s’était créé, s’appuyant précisément sur le terme même de communiste, en se ralliant aux analyses de Lénine sur la structure du capitalisme au 20ème siècle, les causes de la guerre, les possibilités et moyens de préparer et de conduire des changements radicaux dans le contexte difficile d’une crise profonde des sociétés de l’époque. Figurait également une critique sévère du fonctionnement élitiste et inégalitaire des partis sociaux-démocrates, dans lesquels notables et élus avaient un rôle prépondérant au détriment des militants. Cette tendance des partis sociaux-démocrates n’a fait que s’approfondir dans la suite de leur histoire, pour en faire ce qu’on appelle aujourd’hui des « écuries électorales ».

La camarade Martine Antoine a raison de rappeler l’attachement des communistes à la démocratie interne, « l’adhérent souverain ». C’est ce qui nous différencie aujourd’hui grandement d’un mouvement comme la France Insoumise, où un petit noyau dirigeant autour de Jean-Luc Mélenchon à tous les pouvoirs. Et cela explique probablement en partie au moins l’attachement de Martine (confirmé tout au long de sa contribution) au parti communiste. Mais l’adhérent est-il vraiment souverain lorsqu’il choisit majoritairement de présenter un candidat à l’élection présidentielle et qu’une série d’élus choisissent de leur côté d’utiliser leur rayonnement et leur notoriété d’élus communistes pour soutenir le candidat d’un mouvement concurrent ?

C’était bien ce que reprochaient Lénine (et la très large majorité qui fonda le PCF lors du congrès de Tours) aux vieux partis socialistes : des décisions des adhérents « souverains » laissées lettre morte par des notables et des élus qui agissent selon leur propre calcul et leur propre intérêt. Ils appelèrent à adopter un fonctionnement qui rend réellement l’adhérent souverain, qu’ils appelèrent le centralisme démocratique. A sa manière (mais au sein d’un paragraphe qui aborde plus généralement la question des relations entre le parti et ses élus), le camarade Allain Dallest aborde partiellement ce sujet lorsqu’il dit que « L’élu(e) au PCF doit avoir la liberté de ses orientations politiques et de ses décisions, mais le PCF doit fixer des règles pour que cette liberté ne rentre pas en conflit direct avec notre visée communiste et son éthique. »

Le centralisme démocratique, cela peut paraître de grands mots. Cela signifie pourtant quelque chose de très simple : la liberté et démocratie dans le débat qui précède une décision doivent être accompagnés de l’unité et du rassemblement de tous dans l’application de cette décision. Le centralisme démocratique, ce n’est ni plus, ni moins.

Personnellement, j’avais voté en 2017 déjà pour un candidat communiste. Mais la majorité du parti a décidé alors le ralliement à Jean-Luc Mélenchon. Qu’aurait-on dit alors si la candidature d’André Chassaigne avait été maintenue et portée par une minorité du parti ? Cela n’aurait eu aucun sens. Je continue à penser que soutenir Mélenchon en 2017 a été une erreur. Aucun parti n’est « infaillible », tous les partis commettent des erreurs. La force des grands partis est de savoir les identifier et les corriger, sans se perdre. Je pense, c’est un avis personnel, que la campagne de 2017 a confirmé que ce soutien était une erreur. Il a considérablement renforcé Jean-Luc Mélenchon et ses pratiques hégémonistes, sans donner le moins du monde une place à nos idées. Remonter la pente est difficile, mais déjà nos idées sont plus visibles et influent davantage sur le cours de la NUPES, notamment à l’assemblée nationale. C’est une question très importante, car un des dangers des années à venir, est de voir émerger, au sein du Parti Communiste des fractions, qui agissent comme bon leur semble, indépendamment des décisions collectives. Si le parti s’était alors divisé, comme cela s’est produit lors des présidentielles de 2022, cela n’aurait rien apporté. Cela aurait simplement rendu impossible de tirer un bilan et des enseignements clairs et partagés de cette expérience.

Éducation populaire communiste et formation :

Le camarade Allain Dallest, qui commence par une série de citations, aborde de nombreux thèmes dont je ne pourrai pas tout retracer. Une série de ces thèmes apportent des éléments très intéressants autour de la question du rôle du Parti Communiste au sein des classes populaires, à la formation de militants et de cadres issus de ces catégories sociales et à la formation en général dans le parti :

« Il est évident que l’organisation du PCF du milieu du 20eme siècle n’est pas transposable au début du 21eme siècle mais cette période nous prouve que le PCF peut s’appuyer sur une stratégie communiste qui éduque et émancipe les classes populaires, la plupart des responsables politiques de l’époque étaient d’ailleurs issus de la classe ouvrière. De cette période retenons aussi que le PCF constituait une formidable passerelle entre les travailleurs et les intellectuels. »

Le premier axe proposé par Allain Dallest pour une organisation et une stratégie répondant à cette analyse est intitulé « la politique à l’entreprise et le monde du travail » qu’il développe de manière pertinente : « L’intervention juste et percutante de notre Secrétaire National sur ce sujet ne doit pas rester au stade des bonnes intentions ou retomber sur les seules épaules de responsables nationaux, ce 39eme congrès doit ressortir avec une stratégie et une organisation concrète dans chaque fédération et chaque territoire pour élargir notre influence sur le monde du travail. Dans ce secteur nous ne partons pas d’une feuille blanche, nous avons encore des points d’ancrage, commençons par une concertation avec les structures existantes et partons de leurs expériences pour élaborer notre stratégie à venir. Faire rentrer la politique à l’entreprise est une tâche très difficile, car le capitalisme a depuis longtemps analysé que cet enjeu politique est central et a tout mis en œuvre pour isoler le monde du travail de l’intervention populaire et salariale. La plupart des pouvoirs des institutions s’arrêtent aux portes des entreprises et l’action syndicale a été majoritairement conquise par l’idée qu’à l’entreprise on ne fait pas de politique. »

On ne peut dès lors que souscrire à l’idée que :

« Le premier chantier que notre parti doit affronter est de définir clairement ce qu’est une intervention politique communiste au sein du monde du travail »

et à la critique qu’il fait des limites actuelles de notre action (prise dans une vision d’ensemble, car localement ou dans certains secteurs, nous pouvons déjà dépasser ces limites) :

« Les deux principaux axes de nos actions dans ce secteur peuvent se résumer par :

– soutien des luttes des salariés

– propagande électorale devant les grilles des lieux de travail

Le soutien aux mouvements sociaux par ses organisations et par ses élu(e)s fait partie intégrante de l’ADN du PCF et ce fait structurel ne doit surtout pas être remis en cause, mais il ne peut pas constituer à lui seul la réponse politique globale aux aspirations émancipatrices des salariés »

Et le camarade formule des préconisations intéressantes, notamment :

« L’organisation de notre intervention dans le monde du travail doit être le résultat pratique des nombreux travaux théoriques sur le travail et l’économie, évidemment ceux de notre secteur économique qui ont trop longtemps subi une injuste marginalisation au sein de notre parti, mais aussi celui de chercheurs, sociologues et ergonomes qui sont porteurs de projets cohérents pour répondre à la crise systémique que nous vivons.  »

Il aborde ensuite le type d’organisation que notre parti doit adopter pour ce travail et approuve le travail en réseau, tel que formulé dans la proposition de base commune. Cette question me semble une question très importante à traiter dans le cadre du congrès.

Nous savons que l’organisation traditionnelle du parti (jusque dans les années 1990) fut l’organisation de cellules d’entreprises. Aujourd’hui, pour certains « grands métier » ou grandes entreprises, nous disposons de « secteurs » (secteur école, santé, cheminots …) qui font un travail très important mais qui manquent cruellement de visibilité non seulement au sein du parti, mais surtout à l’extérieur. Si nous avons un « secteur » ou un « réseau » qui produit, mais que nos cellules et sections ne se saisissent pas du matériel produit pour le porter vers les lieux de travail concernés (quelles qu’en soient les raisons, mais souvent, ce sont simplement des difficultés organisationnelles), nous risquons de stagner encore. Si nous parvenons à acquérir une influence dans les lieux de travail, comment allons-nous structurer ensuite les sympathisants ? Comment le « réseau » peut-il s’articuler avec les sections sans, à un moment opportun, créer des cellules sur le lieu de travail ?

Le camarade pose ensuite la question de la formation, que j’invite chacun à lire en détail. Je mettrai simplement en évidence ce paragraphe qui porte la question de la formation politique en lien avec l’éducation populaire :

« Le PCF se doit de redevenir le parti qui transmet au peuple les sciences sociales, la culture et l’envie de penser par soi-même. Face aux monstres de l’aliénation de masse que sont les médias et les GAFA, notre tâche peut paraître immense et irréaliste, mais ne sous-estimons pas le besoin d’émancipation et l’envie d’élargir ses connaissances que chaque individu ressent devant les interrogations que suscitent la crise du capitalisme. » 

Socialisme, communisme, bilan des expériences socialistes du 20ème siècle et de leurs suites

Plusieurs des contributions que je viens d’évoquer contiennent des jugements totalement négatifs sur les expériences socialistes du 20ème siècle, avec plusieurs fois l’idée que le PCF a parfois « idéalisé » ces expériences et notamment l’expérience soviétique.

Sans aborder totalement le sujet, je voudrais juste faire cette remarque liminaire : l’idéalisation qui consiste à ne voir que le positif a certainement existé. Il me semble qu’aujourd’hui, nous devons nous écarter d’une diabolisation des expériences socialistes, qui ne ferait que reprendre le tableau apocalyptique dressé par l’anti-communisme, encore très présent et très alimenté en France.

Nous devrions avoir une lecture réaliste et matérialiste de l’histoire et de ces expériences. Considérer tous les changements apportés avec objectivité, c’est à dire bien penser ce qu’était le monde en 1917 : ravagé par la guerre impérialiste, colonialiste, sans aucun droit du travail, avec une démocratie restreinte pour l’essentiel aux hommes blancs, pourri par l’antisémitisme et le racisme. Et penser à l’impulsion que ces révolutions successives ont donné à l’ensemble de nos combats : lutte contre la guerre et l’impérialisme, décolonisation, conquête des droits ouvriers, féminisme, émancipation culturelle et sociale …

Veut-on vraiment penser que le monde d’aujourd’hui serait meilleur sans ces expériences socialistes ? Peut-on réellement affirmer, à la lumière des trente dernières années que la destruction de l’Union Soviétique a joué un rôle si positif (aussi positif que sa construction ?) ?

Ensuite, une telle analyse me semble porter précisément vers l’idéalisme. Elle oublie totalement que le cours de ces expériences est divers (Cuba n’est pas l’URSS, le Vietnam n’est pas la Chine, et la RDA était encore quelque chose de particulier) et découle aussi (d’un point de vue matérialiste). des conditions historiques, géographiques, sociales, économiques (conditions extrêmement difficiles dans tous les cas, qu’il est facile de juger avec mépris du haut de notre supériorité occidentale).

Je ne vais pas plus loin dans ce débat, mais j’aurai, j’en suis sûr, l’occasion de le développer en commentant de futures contributions, car il est sous-jacent à beaucoup des questions soulevées dans ce congrès.

Conclusion : un congrès plein d’enjeux, à la fois difficile et passionnant :

Après ces premières lectures, je me dit que ce congrès sera peut-être difficile, car les débats sont cruciaux et pour partie, ont été laissés en suspens depuis plusieurs années. La camaraderie, le respect du collectif doivent nous guider dans cette étape.

L’âpreté de la situation nationale et internationale est saisissante et se reflète dans les contributions. Il y a de l’inquiétude, des craintes, le sentiment que de grandes et difficiles questions sont devant nous et cela se traduit par des tensions inévitables. C’est le signe que nous sommes un parti qui entretient un lien vivant avec la société. C’est un bon signe au fond, et c’est ce qui fait l’enjeu passionnant de ce débat de congrès qui appelle à clarifier ensemble beaucoup de choses.

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4 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Marcel Paul, lui, n’a pas nationalisé telle ou telle entreprise. Il a nationalisé l’électricité (tout le secteur, à 99%) et le gaz. Il n’a pas créé un « pôle public de l’électricité ». Il a supprimé le marché capitaliste de l’électricité et du gaz pour le remplacer par un service public national administré, garantissant (à terme) à tous l’électricité abondante et bon marché. Et lorsqu’il s’est agi de renverser la politique de l’électricité, l’état et l’Europe n’ont pas cherché à privatiser massivement. Leur priorité a été de réinstituer un « marché » de l’électricité. Ce « marché », artificiel et nuisible, a permis l’enrichissement de grandes fortunes, et provoque aujourd’hui des prix élevés et des pénuries.
    Ce paragraphe, sorti de l’excellent travail de Frank MARSAL est illustré par un article paru ce jour dans le journal local “Le Télégramme”. Le titre de l’article est “les fournisseurs alternatifs dans le viseur”. En gros, suivant un dispositif spécial (Arenh), les fournisseurs peuvent acheter du courant provenant de l’énergie nucléaire à bas coût, qu’ils revendent parfois à des prix multipliés par dix. Evidemment, les clients, car là il s’agit de clients et non d’usagers, tentent de revenir vers EDF, 600000 depuis le début de l’année. En été, les prix proposés sont cassés, dès l’automne c’est une autre chanson. Le retour à EDF, n’est évidemment pas une mauvaise nouvelle, en soi. Sauf que cela pose des problèmes d’approvisionnement et des coûts supplémentaires. Les agissements des fournisseurs alternatifs sont l’objet d’une enquête….Attendons le résultat de cette enquête et les décisions prises éventuellement.

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Merci Michel Beyer. Ce qui se dit dans cette enquête est intéressant (Proglio lui-même considère que les “fournisseurs alternatifs” ne sont que des traders) … à condition d’aller au bour de la démarche vers un changement radical d’organisation et de politique. Ce qui n’est pas gagné …

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  • Chabian
    Chabian

    Merci pour ce travail, que je suivrai avec curiosité (je suis belge).
    J’ai achoppé sur la base commune dès le préambule ! C’est plus un discours “lyrique”, de meeting, voulant emporter une conviction et un enthousiasme, qu’un texte pour assoir des choix (on s’attendrait à numéroter les paragraphes, c-à-d les idées, et pas les lignes !). J’ai commencé à le structurer pour faire apparaître des points à discuter… et j’ai abandonné cet exercice un peu vain (et prétentieux), car la tâche est trop vaste. Le risque est de “se payer (ou bercer) de grands mots”. Et que la participation des commentateurs soit noyée dans cette “soupe” peu structurée.
    Rien qu’une séparation structurée des niveaux parait obscure, par exemple, tenez : 1/Adapter au XXIe siècle la définition du Communisme et du Socialisme ; 2/ Définir des objectifs à moyen terme, et notamment l’enjeu de la montée du populisme et du fascisme ; 3/ Définir le rôle d’un P.C. en fonction de ces objectifs, en propagande et organisation de classe ; 4/ Examiner la tactique vis-à-vis des luttes d’une part, face aux échéances électorales (et donc aux partenaires) d’autre part…
    Et ensuite se demander ce qui est crucial pour votre congrès, les points où les divergences doivent être tranchées, et ce qui l’est moins. Il me semble que tout est abordé sans structure et cela m’interroge… Je vous lirai donc !
    P.S. Une phrase comme Les 20 % qui continuent à voter ne votent pas tous communiste loin de là, mais le PCF est le seul qui s’en soucie vraiment puisque c’est un des axes de son existence.  me parait un ‘aveuglément’ entre la situation réelle actuelle et la symbolique ‘légitimante’ du parti (dont la référence à Thorez, à 45-46, et à 81 comme repoussoir), qui vous empêche d’avancer.

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      Tout cela fait partie de la situation, des conditions dans lesquelles nous devons travailler. Pour ma part, je considère que le PCF a toujours une attention particulière de la part des classes populaires et (les deux sont liés) une présence et une tradition propre en leur sein. Tout est affaibli, parfois très affaibli. Mais rien n’est encore perdu.

      Les deux campagnes électorales (celle des européennes, menées par Ian Brossat, puis celle de la présidentielle, menée par Fabien Roussel) ont confirmé cette attention particulière mais n’ont pas permis d’aller au delà. Je pense que, en particulier, les limites programmatiques, notre programme encore marqué du passé et de la période de l’effacement ont été préjudiciables. C’étai manifeste sur l’élection européenne. Le 38ème congrès avait botté en touche sur ces questions, vidant le texte initial du manifeste de son contenu pour en revenir à la conférence nationale précéente (je crois que c’était 2013). Cela a été moins visible peut-être pour la présidentielle, car Fabien Roussel a su innover, mais les limites étaient claires et notamment, les questions internationales ont été difficiles. Il a manqué un élan que des propositions programmatiques plus audacieuses de notre part aurait insufflé à la campagne courageuse de Fabien.
      Du coup, pour moi, les divervences principales à trancher sont programmatiques et organisationnelles. Porter sans équivoque les intérêts des classes populaires et la perspective socialiste d’une part et s’organiser pour mobiliser ces classes largement d’autre part.
      La question des statuts n’est pas anodine, non plus. Que faire du fractionnisme de certains élus et notamment députés qui ont joué contre la politique et le candidat décidés démocratiquement par le parti ? Les laisser s’organiser encore davantage contre le parti ? Passer l’éponge en disant “c’est pas bien” ? Ou prendre des mesures claires pour le respect des règles communes ?

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