Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Viens et Vois, film soviétique, par Cecilia Zamudio

“VIENS ET VOIS” Sur ce film soviétique, beaucoup de choses ont été dites et seront dites, je ne sais pas s’il y a des mots pour exprimer le tout que suppose cette œuvre d’art, si je devais condenser les deux longues heures de ce film, en quelques mots ce serait LA POÉSIE DE L’HORREUR. C’est ce que nous explique notre camarade colombienne, communiste et féministe dont nous relayons les propos parce qu’en matière d’horreur de la guerre les Colombiens savent de quoi il est question et ce que peut accomplir le couple USA et bandes armées fascistes. A l’inverse des Français qui ignorent tout et presque de ce qui s’est passé dans le Donbass, les sud-américains n’ignorent rien et les communistes se sont identifiés au combat de ce monde de la mine, celui qui déjà sous l’avancée des nazis a tenu bon, le temps de déplacer le potentiel industriel dans l’Oural. Récemment Cecilia et les Colombiens célébraient la mort d’un de leurs militants communistes aux côtés des résistants du Donbass. Mais elle nous dit aussi qu’à l’inverse des fascistes ou des productions hollywoodiennes, le cinéma russe a toujours proclamé l’horreur de la guerre et la nécessité de la paix même quand ils sont vainqueurs. Cette haine de la guerre et cette résignation à la faire quand la patrie est menacée quand le fascisme est là, est encore aujourd’hui le leitmotiv du peuple russe et des communistes dans ce pays. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

“Viens et vois”, est un film du réalisateur soviétique Elem Klimov, auquel a participe en tant que co-auteur Alés Adamovic, partisan de la Grande Guerre, et qui a été tourné en URSS en 1985. L’histoire se passe en Biélorussie, en 1943. Les nazis occupent déjà le territoire et pratiquent l’épuration ethnique de village en village. Un garçon de treize ans, Fliora, rejoint la résistance. Sa trajectoire intime peut se lire sur son visage: l’enthousiasme initial, son sourire ingénu, laissent place à un rictus saisissant, incrusté dans une peau prématurément vieillie. Cette physionomie, que toute enfance a désertée, reste paradoxalement humaine, sensible; par contraste, les traits lisses d’un jeune Allemand qui, bien que prisonnier, continue à professer sa foi dans la Race Germanique, manifestent une insoutenable absence d’humanité. Focalisée sur Fliora, l’image induit l’identification exacerbée annoncée par le titre, car ce visage marque à rebours la souffrance qu’éprouve le spectateur devant ce massacre, elle la traduit si bien qu’on ne peut pas en détourner les yeux. Le visage du garçon sert à la fois de catalyseur et d’exutoire à l’insoutenable.

Fliora, un garçon de treize ans en 1943, pendant la grande guerre. Fliora, vit avec sa mère et ses deux sœurs, dans un petit village en Biélorussie, le petit garçon décide de rejoindre les partisans contre la volonté de sa mère, qui essaie de l’en empêcher. Le périple de Fliora est une sorte de rencontre d’un enfant avec des événements terribles, sur plusieurs jours, au cours desquels se déroule la brutale offensive allemande.

Bien que “viens et vois” soit basé sur le massacre de Khatyn, ce n’est pas un compte rendu réel des événements, mais en revanche, il relate des événements survenus pendant la campagne NAZI en Biélorussie, où 628 villages ont été détruits, et où dans les faits, la quasi totalité de la population a été exécutée de la même manière que dans le film.

À la limite d’être un film d’horreur, pourtant la délicatesse des séquences, la tâche dramatique des acteurs, le travail complexe et étonnant du son et de la photographie, transforme ce film en une sublime combinaison sensorielle, où le spectateur en sort chroniquement frappé par l’horreur.

C’est un film psychologique, où le rôle des acteurs est de transmettre les effets sur la population civile de la brutalité de la guerre, mais c’est aussi une œuvre d’art politique, où la nature sauvage du nazisme est dévoilée.

La cruauté de l’histoire vient à heurter la capacité poétique du réalisateur, qui recourt à de longs plans visant à accentuer les éléments centraux de l’intrigue, tels que l’innocence, la peur, l’incertitude, la rage, le désespoir… Ainsi, il y a des scènes où rien ne semble se passer, mais qui sont en fait le contenu émotionnel du film, ici, le récit s’arrête pour dépeindre de manière presque claustrophobe les émotions.

Mention à part, il y a le dramatisme des événements, des scènes brutales et terrifiantes, qui sont plutôt suggestion, mais où l’ampleur des massacres est explicitée. Les transitions de ce film sont pleines de détails qui sont la narration de l’histoire, ici, les fils argumentaires sont marqués.

Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder ce film, avec un parti pris sentimental, lié aux émotions que m’a provoqué le parallélisme existant, entre le « mode operandi » des nazis allemands et des néonazis ukrainiens à Odessa puis à la guerre du Donbass.

Le film, qui prétend, et est, un plaidoyer pacifiste, raconte des faits que l’humanité n’aurait jamais dû se permettre de répéter. Malheureusement, ce n’est pas le cas https://youtu.be/_BWVqR4tX84 Voici le lien du film complet sur YouTube, sous-titres espagnols.

Note : Le film sorti en France sous le nom “Requiem pour un massacre” est disponible en DVD.

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2 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    “Requiem pour un massacre” est son titre pour la France.

    Un film bouleversant, brutal dont on ne sort pas sans avoir été choqué.
    Un choc salutaire dont le titre original “Иди и смотри”, “Viens et regarde” est à mon avis bien plus adapté, je ne sais pourquoi en France on cherche tant à interpréter ce que l’auteur à choisi.

    Oui Viens et Regarde devrait être au programme des lycées et obligatoire.

    Viens regarde et n’oublie pas.

    Viens, regarde, n’oublie pas et comprend pourquoi.

    Ce devrait être le rôle des cours d’Histoire, du travail sur la mémoire.

    Pour la génération de mes filles c’est déjà une guerre lointaine.
    Pourtant d’un côté leurs grands parents sont nés pendant la guerre et de l’autre ils ont du fuir la persécution de la dictature franquiste.

    J’ai l’impression d’avoir affaire à une génération consciente de l’impossibilité de continuer à vivre comme nous le faisons, tout en poursuivant nos routines, études, espoirs d’emplois, vie de famille,… Mais aussi une génération qui comme la mienne fuit l’horreur pourtant bien présente autour de nous. Pas seulement l’Ukraine, mais les guerres dans le monde musulman, en Afrique, ces boats people qu’ont ne veut plus et que l’ont laisse mourir en mer, ces gens qui souffrent dans les rues et plus banal, les anciens abandonnés à leur sort pendant l’épidémie, sans l’accès élémentaire au soin, sans leur donner une chance de vivre encore un peu plus, avec aussi l’accoutumance à la souffrance de ceux qui travaillent.

    Pendant les longues années d’études un travail stressant, angoissant, alors qu’ils devraient être heureux de se développer et de participer au progrès de l’humanité, confiant dans le rôle que la société va leur confier et qu’ils vont saisir ; être assurés d’avoir une place et de VIVRE.

    Le résultat est le plus souvent une fuite dans un monde imaginaire développé par l’industrie du divertissement, disons plutôt de la manipulation.

    La provocation d’un stress chronique, de l’angoisse permanente, associée au matraquage contradictoire de la publicité et aux portes de sorties virtuelles, les mondes fantastiques de la littérature jeunesse envahis par les auteurs anglo-saxon, le jeu vidéo, hollywood et pour les plus atteints les psychotropes de toutes sortes vendus par le médecin ou le dealer du coin.

    Pourtant on ne sent pas cette jeunesse s’organiser, résister, avoir envie de se donner les moyens de décider de leur avenir.

    Tolérance terrible, effrayante qui ne trouve pas de débouchés dans l’action.

    Faut-il toujours attendre les moments les plus dramatiques pour agir ?

    Dans le film une scène est particulièrement touchante quand Fliora se trouve face à une jeune fille qui exprime avec rage la volonté de vivre, aimer, avoir des enfants et confrontant Fliora à sa propre mort, Fliora est terrifié par cette fille ; urgence de vivre et transmettre la vie brutalement interrompue par le bombardement du camp.

    Cette pulsion de vie devrait s’exprimer dans la paix et tout devrait être mis en œuvre pour que notre existence soit paisible, heureuse, épanouissante, sans craindre des dangers évitables.

    Nous avons faillit par manque de courage et de volonté pour certains et par déni de la réalité pour le grand nombre, pour les masses, sourds et aveugles.

    C’est peut être aussi pour cela qu’une Œuvre comme “Viens et regarde” reste confidentielle.
    Elle devrait être diffusée mondialement lors de la commémoration de la Victoire sur le nazisme.
    Mais cela remettrait en cause l’amitié des bourgeoisies Franco-Allemandes leur collaboration active, leur soutient au grand jour aux fascistes partout en Europe et surtout contredirait le mythe dominant dans les “démocraties libérales” sur la seconde guerre mondiale et sa poursuite en guerre froide. Il faudrait accorder aux faits la place qu’il méritent et celle du peuple soviétique qui a survécu à l’extermination programmée par l’horreur impérialiste.

    “Requiem pour un massacre” un film qui mérite d’être diffusé.

    Ce qui interroge aussi le rôle des politiciens dans le développement de la culture.
    Par chez moi, bastion du Parti Socialiste, des médiathèques où l’idéologie dominante n’a rien à envier à la droite, une absence de soutien et de promotion des salles de cinéma militantes et la part belle aux multiplex, hors de prix, temples de la consommation et du divertissement soutenu par les comités d’entreprise devenus de simples billetterie sans vocation éducative des travailleurs.

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  • Jean François Dron
    Jean François Dron

    A couper le souffle ! Cela retrce bien la réalité de l’horreur nazie. les nzis ukrainiens sont leurs dignes descendants. Ce qui est le plus triste, c’est que si le IIIème reich est mort en 45 le 4 eme a commencé dès 1948 avec la création de l’OTAN. la seule différence c’est que la tête ne se trouve plus à Berlin mais à Washington. ( la mondialisation capitaliste n’est qu’une autre façon de parvenir au même résultat que ce que voulait Hitler.

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