Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le «choix» dans les élections de mi-mandat américaines de 2022 : les républicains fascistes contre les démocrates fous de guerre

Nous continuons ici le dialogue avec des trotskistes réellement anti-impérialistes, une espèce qui fait singulièrement défaut en France, mais qui existe dans le monde anglo-saxon et en Amérique latine… Voici un bilan de ce qui attend les Etats-Unis et qui s’avère une impasse à laquelle d’autres pays sont désormais confrontés, tous ceux en règle générale qui sont le plus imprégnés désormais des valeurs, des buts et des institutions du capitalisme occidental entre une droite de plus en plus fascisante et une gauche belliciste qui ne trouve de ressources pseudo-progressistes que dans un sociétal prétexte qui dans les faits subit les diktats du conservatisme et de la fascisation de sociétés en guerre. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Patrick Martinil

Les élections américaines de mi-mandat se tiendront le 8 novembre, dans un peu moins d’un mois.

Ces élections se déroulent dans des conditions de crise extraordinaire, notamment: l’escalade de la guerre entre les États-Unis et l’OTAN contre la Russie, dont Biden a dit qu’elle pourrait conduire à «l’Apocalypse»; l’instabilité extrême du système économique, dont une inflation galopante et des signes croissants de récession mondiale; la pandémie de COVID-19 qui continue de tuer plus de 400 Américains chaque jour, avant même la vague prévue cet hiver; et les expressions croissantes de troubles et d’opposition de la classe ouvrière.

Dans ces conditions, les élections offrent un «choix» supposé entre un parti, les démocrates, dont la préoccupation centrale est l’expansion de la guerre, et un autre, les républicains, qui est dirigé par un fasciste pur et dur.

Le gouvernement Biden a fourni plus de 50 milliards de dollars d’armes et d’argent au gouvernement ukrainien dans un effort inconsidéré pour provoquer un «changement de régime» en Russie et ouvrir ce vaste pays à l’exploitation par les puissances impérialistes, sans consulter la population américaine et sans lui offrir le moindre choix en la matière.

Les démocrates et les républicains gardent un silence total sur la menace croissante d’une nouvelle résurgence de la pandémie de coronavirus alors que les températures plus froides de l’automne et de l’hiver poussent la population à rester à l’intérieur et que de nouveaux variants et sous-variants du SRAS-CoV-2 plus infectieux, plus résistants aux vaccins et plus mortels apparaissent. Le dernier acte du Congrès avant la suspension des travaux pour le dernier mois de campagne était d’adopter un projet de loi bipartisan pour financer le gouvernement fédéral jusqu’au 16 décembre, après avoir supprimé tout financement pour les nouveaux vaccins COVID, les tests et les mesures d’atténuation.

Il y a peu ou pas de discussion sur la tentative de Trump et de ses alliés fascistes de renverser le gouvernement américain le 6 janvier 2021, à travers un assaut violent sur le Capitole américain pour empêcher le Congrès de certifier la victoire électorale de Biden, et d’installer le président sortant vaincu comme dictateur-président. Après avoir prononcé un discours sur la menace pour la démocratie il y a un peu plus d’un mois, Biden est revenu à la recherche de la collaboration de ses «collègues» républicains, même si la majorité d’entre eux nient la validité des élections de 2020 et considèrent sa présidence comme illégitime.

Dans la mesure où les deux partis cessent de s’affronter sur la corruption et les fautes personnelles des candidats pour discuter des problèmes, les républicains accusent Biden et les démocrates d’être responsables de l’état désastreux de l’économie américaine, notamment l’inflation, tandis que les démocrates rejettent la responsabilité de la décision de la Cour suprême qui a annulé l’arrêt «Roe contre Wade» sur les républicains, qui ont sélectionné la majorité des juges à partir de listes approuvées par des fanatiques de l’avortement et des fondamentalistes chrétiens.

Dans chaque cas, les vrais problèmes sont réduits à la démagogie et aux mensonges. Aucun des deux partis n’a de solution à l’inflation, si ce n’est la récession massive provoquée par les hausses répétées des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine. La principale préoccupation de la Réserve fédérale – et de l’ensemble de l’aristocratie financière – est de créer un chômage de masse pour écraser le soulèvement actuel de la classe ouvrière qui se bat contre des décennies de réductions de salaires et de suppressions d’emplois par les entreprises, avec la collaboration des syndicats et de leur appareil bureaucratique.

Quant à l’attaque contre l’avortement et les autres droits démocratiques, elle n’a été rendue possible que par des décennies de lâcheté et de complicité du Parti démocrate. Les démocrates ne défendront pas plus le droit à l’avortement contre les attaques des républicains que le droit de vote, le droit d’être à l’abri de la violence policière, et les droits des immigrants et des demandeurs d’asile.

Il y a une division du travail entre les deux partis du grand patronat.

Les critiques du Parti démocrate à l’égard de Trump et des républicains, avant même que l’escroc immobilier milliardaire (Trump) ne prenne ses fonctions, étaient liées à des divergences sur la politique étrangère, en particulier l’engagement indéfectible des démocrates à exploiter les avantages pour l’impérialisme américain découlant du coup d’État de 2014 en Ukraine qui a renversé un gouvernement prorusse élu et mobilisé des groupes fascistes pour installer un régime pro-OTAN.

Cela a formé la base des efforts des démocrates de déstabiliser le gouvernement Trump, y compris notamment l’enquête Mueller, fondée sur les allégations selon lesquelles Trump était un larbin de la Russie, et la première mise en accusation de Trump, après qu’il a brièvement retardé les livraisons d’armes à l’Ukraine faisant partie de leur plan à long terme visant à transformer ce pays en forteresse anti-russe. Les véritables crimes de Trump – le traitement brutal des immigrants et des demandeurs d’asile, son racisme flagrant et son soutien à la violence policière, son énorme réduction d’impôts pour les super-riches tout en s’opposant aux dépenses pour les programmes sociaux destinés aux travailleurs, ses préparatifs de plus en plus ouverts pour la dictature, et sa politique COVID d’infection massive – ont été passés sous silence avec seulement des objections rhétoriques.

Comme le WSWS l’a documenté, le Parti démocrate n’est pas seulement le soutien le plus enthousiaste de la CIA et de l’armée, il devient de plus en plus un intermédiaire permettant à la CIA et à l’armée d’entrer et de prendre le contrôle du corps législatif, censé être une branche séparée du gouvernement. Des dizaines de candidats démocrates à la Chambre des représentants sont directement issus de l’armée, de la CIA et du département d’État.

Le Parti républicain est devenu essentiellement un parti fasciste. Il est devenu le parti de Trump, dans lequel tous ceux qui ne veulent pas rendre hommage au dictateur en puissance sont chassés de leurs fonctions, réduits au silence et menacés de violence. Trump a même proféré une menace de mort à peine voilée à l’encontre du chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, pour avoir apporté son soutien à un projet de loi statuant sur l’illégalité de toute tentative de répéter l’attentat du 6 janvier et de bloquer la certification par le Congrès du vote du Collège électoral.

Selon une étude rapportée par le Washington Post la semaine dernière, la majorité des candidats républicains aux fonctions fédérales et aux principaux postes d’État, soit 299 au total, souscrivent aux affirmations frauduleuses de Trump concernant une élection volée. Cela inclut de nombreux fonctionnaires d’État – gouverneurs et secrétaires d’État – qui seront directement responsables de l’administration de l’élection présidentielle de 2024 et du compte rendu de la décision des électeurs au Congrès américain.

Plus dangereux encore, les candidats et élus républicains préconisent et soutiennent de plus en plus le recours à la violence contre leurs adversaires politiques. Pour l’instant, du moins depuis le 6 janvier, cela s’est largement limité à la rhétorique de campagne et aux discours prononcés devant des groupes politiques d’extrême droite et fascistes. Mais cette démagogie fasciste crée un climat politique propice à la promotion de la violence, non seulement contre les démocrates, mais surtout contre la classe ouvrière, car les travailleurs entrent ouvertement en conflit avec les sociétés et l’État capitaliste.

Les travailleurs n’ont aucun choix entre les militaristes démocrates et les fascistes républicains. Ces deux partis sont des instruments de l’oligarchie financière et patronale. Ils sont amèrement divisés sur les tactiques et sur le butin du pouvoir, mais ils sont unis dans les intérêts de classe qu’ils servent – les grandes entreprises et l’oligarchie financière – et dans les intérêts de classe auxquels ils s’opposent, soit les intérêts des travailleurs qui constituent la grande majorité de la population. Cela est apparu clairement dans l’unité des démocrates et des républicains pour bloquer une grève des travailleurs du rail. Ils avaient seulement des désaccords tactiques sur le fait d’utiliser ou non les services de l’appareil syndical pour le faire.

La classe ouvrière internationale se soulève contre le système capitaliste entraînée par la chute du niveau de vie due à la hausse des prix, les attaques croissantes contre les salaires, l’emploi, les prestations sociales et les droits démocratiques, ainsi que les menaces grandissantes de guerre et de dictature fasciste. Cette mobilisation de classe, puissante, mais qui n’en est encore qu’à ses débuts, fournit la base objective d’une offensive politique des travailleurs dans tous les pays.

Aux États-Unis, longtemps le pays capitaliste le plus riche, mais aujourd’hui déchiré par les inégalités économiques, le déclin social et des conditions de vie de plus en plus brutales, la classe ouvrière est confrontée à cette tâche politique centrale: elle doit se libérer du système bipartite du grand patronat, essentiellement une dictature des riches, et doit construire son propre parti socialiste et révolutionnaire, le Parti de l’égalité socialiste.

Seule l’entrée de la classe ouvrière dans l’arène politique, en rompant avec les démocrates et les républicains et en adoptant un programme socialiste et anti-guerre, offre une voie progressiste.

(Article paru en anglais le 10 octobre 2022)

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 88

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.