Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Oliver Stone conversations avec Monsieur Poutine(video), pourquoi Stone ? par Danielle Bleitrach

Nous avons eu la bonne surprise de voir ce documentaire d’Oliver Stone sur la chaine 3 française ce qui nous changeait de toutes les stupidités dont nous avons été abreuvés depuis des mois sur le nouveau grand satan de l’occident capitaliste. Cet occident capitaliste dont le personnel politique est de plus en plus grotesque, les héros du bien de Ben Laden poour l’Afghanistan à Zelensky pour l’Ukraine, en passant par Al qaida en Lybie de plus en plus pourris et dangereux, a une propagande nauséabonde de bêtise. La question que nous nous posons aujourd’hui 28 août 2022 à travers un certain nombre de textes est la suivante : comment se fait-il que ceux qui aujourd’hui s’insurgent devant les outrances de cette propagande ne soient pas des gens de gauche mais des gens qui souvent dans leurs propres sociétés défendent ou ont défendu des valeurs traditionnalistes voir franchement réactionnaires?. Oliver Stone fait partie à sa manière de ces gens-là et pourtant cet individu qui cotoie l’élite républicaine et qui s’engage comme volontaire au Vietnam et qui selon lui, durant sa jeunesse a été de son propre avis « très conservateur, anti-Castro, anti-Kennedy, pro-Nixon » est un des rares artistes, intellectuels qui pousse le plus loin la dénonciation de la propagande de l’occident. Ceci nous conduit à la manière d’un Lukacs, orfèvre en la matière à poser le problème de ce que l’artiste révèle au-delà de ses propres opinions et ce dans une société de “restauration” grosse de potentialités révolutionnaires.

Cela pose en effet deux problèmes à la fois différents et s’éclairant mutuellement à propos du rôle de l’individu dans l’histoire. Le premier est celui de la manière dont l’art, le développement intellectuel scientifique et technique en tant que force productive agit sur les artistes, les intellectuels et leur exigences créatives pour les amener à un dépassement qui peut-être inscrit dans leur biographie mais qui n’est réellement explicable que dans un champ (référence à Bourdieu) particulier des institutions et des pratiques champ qui traduit les liens entre structure politico économique et institutions et pratiques spécifiques à l’activité considérée. (1) Mais au delà de cette articulation forces productives, rapport de production dans la relation entre l’individu et la civilisation, cet éclairage renvoie à toute la manière dont les individus prennent conscience de la nécessité historique et donc comment cette nécessité faute d’organisation et d’idéologie peuvent s’orienter et être orientés d’une manière réactionnaire ou l’ancien mythifié peut devenir le chemin d’une identité qui leur est interdite.

Personnellement j’aurais tendance pour avoir vécu des chemins parallèles à insister sur la crise identitaire que représente le couple parental et son divorce, et aussi sur l’écoeurement, l’impossible adhésion (et reniement au monde paternel), l’influence de la mère française d’origine modeste. La France a longtemps représenté l’esprit révolutionnaire, non seulement en référence à la Révolution française mais comme l’éternel pays de la lutte des classes, avec une catégorie d’intellectuels dont Sartre demeure le modèle de l’engagement en tant que compagnons de route du mouvement ouvrier et anti-impérialiste. Cet héritage familial contradictoire, crée-t-il les conditions de ce qui est au départ de l’aventurisme mais la rencontre ne serait-ce qu’à travers la Révolution cubaine d’un monde d’honneur, de dignité qui fait presque totalement défaut dans le milieu naturel pousse cet individu là à aller plus loin ?

Pourtant cette identification biographique, qui me serait naturelle, doit être rapportée à des phénomènes historiques ; ceux qui sont plus ou moins analysés dans un texte que nous présentons aujourd’hui: à savoir ce qu’a représenté la mondialisation capitaliste née de la chute de l’URSS et que nous avons comparé à l’oeuvre de Balzac, monarchiste convaincu, méprisant le monde financier et dénué de valeurs qu’il attribue à l’aristocratie, tout en peignant la manière dont celle-ci se fond dans l’apreté du profit avec les parvenus de la bourgeoisie. Comme l’a montré Lukacs qui lui même était à porte à faux dans la mondialisation de laquelle est née le troisième Reich après l’URSS et comme réponse du capital, Balzac est un réactionnaire en tant qu’individu,mais c’est un artiste progressiste et révolutionnaire, dans la manière réaliste dont il peint le monde capitaliste né avec la Restauration. Le réalisme n”est pas une simple copie du réél comme prétend l’être le “naturalisme” à la Zola, c’est la mise à jour des déterminants sociaux qui sont le mouvement de l’histoire.

Donc nous avons avec Oliver Stone pour des raisons certes biographiques (pourtant si Kafka est un petit bourgeois tous les petits bourgeois ne sont pas Kafka ) , mais aussi qui tiennent à sa vision de cinéaste, de scénariste quelqu’un qui a choisi les voies du réalisme socialiste et d’une compréhension action des êtres humains en train de faire l’Histoire.

La contre-révolution qui a suivi la chute de l’Histoire et qui a accompagné une nouvelle phase d’accumulation du capital a promu non seulement un individualisme forcené mais aussi un fatalisme qui ôte la possibilité aux être humains de maitriser leur propre histoire, celle-ci serait éternellement le résultat de processus “économique” avec une offre et demande atomisée , la loi du marché limitée à sa main invisible, dieu et la “liberté”, seul protagoniste réel de l’histoire, les Etats-unis, leur dollar, leur armée étant le garant de la volonté divine, le bien absolu. Si alors se confond le despotisme, l’autocratie les plus réactionnaires avec une conception du monde qui donne aux masses la possibilité d’intervention sur leur destin, la question peut apparaître de plus en plus fondamentale pour ceux qui sont de plus en plus pressurés, soumis à l’injustice, mais aussi aux intellectuels, aux créateurs. Ceux -ci sont de plus en plus parallèlement brisés dans leurs capacités créatrices et c’est sans doute là comme l’avait prévu Aragon que l’avant-garde de la création en matière d’art, de sciences rencontre l’avant -garde politique.

Mais voici la biographie d’oliver Stone telle que nous l’avons reconstituée à partir de Wikipedia.

Oliver Stone est dans sa biographie même un individu caractéristique de cette interrogation sur ce qui peut produire à la fois du conservatisme et dans le même temps un esprit de contestation qui va jusqu’au bout de toutes les dénonciations. Sean Penn avant qu’il opère un retour au judaisme pro-sioniste (cela ne durera pas) appartient à la même famille de pensée. Il est né le 15 septembre 1946 à New York, à Manhattan, il est l’unique enfant de Louis Stone, un financier de Wall Street issu d’une famille juive franco-américaine — qui lui inspirera plus tard le film Wall Street —, et de Jacqueline Goddet, elle-aussi, une Française de confession catholique (ce qui explique l’aisance d’Oliver Stone en français). Il est l’enfant d’une mésalliance, et d’un couple qui ne durera pas, ce qu’il ne digère pas parce que cela le met en porte à faux dans son identité entre un père riche, juif, chargé des finances du général puis président républicain Eisenhower et une mère d’une famille modeste française. Il entame des études à Yale, où il fréquente George W. Bush et tout le milieu de la gentry républicaine, tout en y faisant preuve d’esprit « aventurier et provocateur ». Il décide sur un coup de tête de s’engager dans l’armée.

Volontaire au Viêt Nam et débuts dans le cinéma (années 1970)
En avril 1967, il décide de s’engager comme volontaire dans l’armée américaine et prend part à la guerre du Viêt Nam. Engagé dans l’infanterie, Oliver Stone effectue ses classes à Fort Jackson en Caroline du Sud, avant d’être envoyé au Viêt Nam le 14 septembre 1967. Il sert alors au sein de la 2e section de la compagnie Bravo du 3e bataillon du 22e régiment d’infanterie de la 25e division d’infanterie jusqu’en avril 1968. Il est ensuite affecté à la 1re division de cavalerie en place près de la frontière cambodgienne. Il se fait alors appeler Bill, le prénom Oliver faisant trop efféminé auprès du corps militaire. Blessé, il est évacué à deux reprises. Il termine son service en novembre 1968, et rentre aux Etats-Unis décoré de la Purple Heart et de la Bronze Star. Au Viêt Nam, il développe l’aspect visuel de ses futurs films, ayant expérimenté pendant le conflit ses talents de photographe. Le conflit l’affecte durablement et influence son cinéma, Oliver Stone privilégiant les thèmes portant sur la violence contemporaine et les liens de celles ci à l’État.

Il reprend ses études et se tourne vers le cinéma, sa pension militaire lui permettant de payer les frais de scolarité. Il intègre l’université de New York. Il y rencontre Lloyd Kaufman, fondateur de la société Troma Entertainment, spécialisée dans le film d’horreur, et surtout, Martin Scorsese, qui devient son professeur, lui conseillant de puiser dans son expérience personnelle et sa vie pour écrire. Dès lors, il se concentre sur l’épisode marquant : la guerre du Viêt Nam. Ainsi, il sort de l’université diplôme en poche grâce à son très remarqué film de fin d’année, un court-métrage de 11 minutes intitulé Last Year in Viet Nam, pour lequel le félicite Martin Scorsese. Dès lors, il expérimente le cinéma en diversifiant ses méthodes d’écriture et de réalisation et en passant tour à tour du rôle de réalisateur à celui de producteur et même d’acteur.

Le cinéaste en 1987.
Oliver Stone débute réellement en tant que scénariste : il écrit en outre durant sa carrière tous les scénarios de ses œuvres (mis à part U-Turn6). Ainsi, il écrit des scripts stylisés qui plaisent aux producteurs et se trouve ainsi au générique de films des plus grands réalisateurs : Brian De Palma pour Scarface, Alan Parker pour Midnight Express et Evita ou encore Michael Cimino pour L’Année du dragon.Oliver Stone réalise quelques séries B d’horreur comme La Main du cauchemar, puis apparaît sous le feu des projecteurs en 1986 avec deux films retentissants et contestataires : Salvador et Platoon. Ce dernier remporte quatre Oscars en 1987 dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il s’agit du premier opus de sa trilogie sur le Viêt Nam avec Né un 4 juillet et Entre Ciel et Terre quasi autobiographiques. Né un 4 juillet lui vaut en 1990 un nouvel Oscar pour sa réalisation et la reconnaissance de ses pairs.

Films biographiques et documentaires (années 1990-2000)

A la 66e Mostra de Venise, en septembre 2009, pour la présentation du documentaire South of the border.
Il égratigne ainsi maints éléments de la société civile et militaire : les yuppies dans Wall Street, l’État dans Né un 4 juillet ou encore la CIA et le complexe militaro-industriel dans JFK. Oliver Stone s’intéresse ensuite au dopage dans le milieu du sport avec son film axé sur le football américain L’Enfer du dimanche. Il marque ensuite une pause par la réalisation de deux documentaires, l’un sur la Palestine et Yasser Arafat (Persona non grata) et un autre très controversé sur Fidel Castro (Comandante). Ce documentaire est une synthèse de 30 heures d’interviews entre Stone, grand admirateur du dirigeant cubain, et Fidel Castro. Diffusé en mai 2003 sur les écrans américains, il a dû être remonté à cause de la pression des anti-castristes.

Enfin, Oliver Stone repart avec de nouveaux films : le film épique Alexandre en 2005 qui, fort d’un budget de plus de 150 millions d’euros, n’a pas trouvé son public et reste pour Stone un échec, lui qui voulait réaliser le plus grand film de sa carrière[réf. souhaitée]. Il s’attaque de nouveau à un sujet brûlant concernant les États-Unis, les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Longtemps baptisé The 11 September’s Oliver Stone Project, le film prend le nom de World Trade Center et se focalise sur les secours déployés par les autorités durant ces attentats et les pompiers en particulier.

Après JFK et Nixon, il s’intéresse à George W. Bush dans W. : L’Improbable Président, sorti en 2008. Josh Brolin incarne le 43e Président des Etats-Unis. W. a rapporté 29 500 000 $ au box-office7. Ces recettes sont jugées assez décevantes, au vu du budget du film de 25 100 000 $7.

Oliver Stone au festival de Cannes 2010, pour Wall Street : L’argent ne dort jamais.
En 2010, il signe la suite de son Wall Street de 1987, intitulée Wall Street : L’argent ne dort jamais. Michael Douglas reprend son rôle de Gordon Gekko, alors que Shia LaBeouf incarne un jeune trader.

En 2012, il adapte un roman de Don Winslow, pour le film Savages. Taylor Kitsch, Blake Lively et Aaron Taylor-Johnson incarnent les membres d’un ménage à trois qui dealent de la marijuana. On retrouve également dans ce film John Travolta, Benicio del Toro et Salma Hayek.

En 2013, il réalise un spot publicitaire pour la Coupe du monde de football de 2014, où il apparaît lui-même aux côtés des footballeurs Radamel Falcao, David Luiz et Sergio Agüero8.

En 2014, il prépare un film sur l’histoire du lanceur d’alerte Edward Snowden, sur la base du livre du journaliste Luke Harding (The Guardian), The Snowden Files : The Inside Story of the World’s Most Wanted Man (en)9. Le tournage de Snowden débute en février 2015, et le film sort en 2016.

En 2017, il préside le jury du 22e Festival international du film de Busan.

Il se marie trois fois : avec Najwa Sarkis de 1971 à 1977, avec Elizabeth Burkit Cox de 1981 à 1993, avec laquelle il a deux fils (dont Sean Stone), et enfin avec Sun-jung Jung, une Sud-Coréenne, avec laquelle il a une fille.

Prises de position et critiques
Durant sa jeunesse, il est de son propre avis « très conservateur, anti-Castro, anti-Kennedy, pro-Nixon ».

En 2007, alors qu’il intervenait en Colombie pour la libération de trois otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, considérés comme terroriste par l’Union européenne et les États-Unis), il accuse le controversé chef d’État colombien Álvaro Uribe d’avoir délibérément fait échouer leur libération en faisant intensifier les opérations militaires dans le secteur. Il déclare par ailleurs au sujet des guérilleros qu’ils ne sont pas des terroristes mais « une armée de paysans semblable à celle d’Emiliano Zapata » et, tout en condamnant la pratique des enlèvements, les juge « héroïques de se battre et de mourir pour ce qu’ils pensent être juste ».

Déjà critiqué en 1992 par certains médias américains à cause de ses vues sur l’assassinat de John F. Kennedy, Oliver Stone et Time Warner sont même attaqués en justice pour les crimes suscités par Tueurs nés (en) mais l’affaire est classée.

Il apporte son soutien à Julian Assange, Chelsea Manning, Edward Snowden, Fidel Castro et Hugo Chavez3. En 2020, il choisit de se faire vacciner contre la Covid-19 avec le vaccin russe Spoutnik V13.

Oliver Stone ne soutient ni Hillary Clinton ni Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2016. Il déclare ne pas avoir le désir de réaliser de film sur Trump à la suite de la victoire de celui-ci, et ne pas être autant « fasciné par lui » que la majorité des gens. Quant à Clinton, Stone lui reproche principalement son agressivité dans les relations internationales, évoquant son rôle dans le soutien des États-Unis aux paramilitaires Contras (Nicaragua), les bombardements de l’OTAN en ex-Yougoslavie (Serbie et Kosovo), l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, la destruction de l’État laïc libyen et les tentatives de changement de régime en Syrie. Il avait cependant soutenu Bernie Sanders dans la primaire démocrate15. En avril 2017, il signe avec Danny Glover, Noam Chomsky, Eve Ensler, Mark Ruffalo et Nancy Fraser une pétition de soutien à Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle en France (« France: Please Don’t Repeat Clinton vs. Trump Tragedy »).

Oliver Stone participe également à une rencontre annuelle des soutiens du mouvement de révolution zapatiste du Chiapas.

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