Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sacré Coco: méditation sur la relation entre artistes, intellectuels et classe ouvrière… et leur parti “gentrifié”

Le 15 aout 2011, un grand chanteur Leprest, se suicidait à Antraigue dans le village de son ami Ferrat, il était communiste et je vous conseille d’aller sur la page Wikipedia qui lui est consacré et vous retrouverez l’esprit d’un temps où le parti communiste représentait cette “alliance” entre intellectuels et créateurs. En entendant écoutez-le et lisez cette manière dont notre pays, la France dans toutes ses composantes a été privé à la fois de son potentiel révolutionnaire et d’unité, le laissant la proie de violences, de divisions et de mépris.

illustration de Françoise la Rouge qui nous interroge: sommes-nous simplement devenus une sorte de brocante qui recueille les vestiges du passé ou comme elle ne cesse d’un regard acéré de le révéler, y a-t-il dans ces restes un monde enchanté qui invente le passé pour mieux rendre l’avenir plein de vie et de joie…

Le parti communiste que nous avons connu c’est celui qui foisonnait d’artistes et d’intellectuels qui trouvaient dans la sève ouvrière de quoi nourrir leur talent et même parfois leur génie. Ils arrivaient à ce qui parait impossible aujourd’hui former des groupes unis et assurant la promotion de jeunes talents. Tout ce monde se retrouvait à la fête de l’Humanité et plongeait ses racines dans l’inventivité truculente populaire que décrit Alain Girard en nous parlant de femmes communistes, de recettes de haricots (il faudra que je vous décrive mon plat de haricots frais avec “l’araignée” de porc (un morceau exquis).

Je voudrais vous faire comprendre deux choses, ce parti nous a été volé par une bande de bobos conformistes, petits bourgeois. Il a été volé à la classe ouvrière, aux couches populaires mais aussi aux intellectuels et créateurs qui se sont nourris de cette sève. Même si l’on isole le fait qu’incontestablement certains “dirigeants” sont des vendus et que beaucoup ont trouvé leur intérêt dans cette mutation, le gros de la troupe se conduit comme dans le cas de la gentrification des quartiers populaires : ce sont des gens qui n’ont pas de gros moyens et qui vont acheter dans les quartiers les plus défavorisés. Ils disent sincèrement aimer cette cohabitation souvent “ethnique” avec les couches populaires, ils aiment la mixité en subissent les avantages et les inconvénients, mais en fait ils ne sont que l’avant-garde du mouvement de déprolétarisation, ils livrent la ville aux bourgeois de plus en plus invivables. Le parti a subi et continue comme nos villes à subir ce phénomène de gentrification et d’exclusion de fait des couches populaires. Peu à peu ils ne savent même plus comment communiquer.

Mais ces gens-là souvent bourrés de talents et de bons sentiments ne savent plus innover et regarder ce monde de la créativité et de la transgression populaire qui est celui de la rupture avec l’ordre bourgeois, on demande à ces gens-là de l’illustrer, de le vendre et on espère faire de toute cette capacité créative, de l’ingénieur au graphiste une marchandise à bon marché, celle de l’auto-exploitation et d’un épuisement digne de celle imposée à l’OS. Oserai-je vous avouer que ces gens toujours à la recherche d’une position morale pour justifier leur monstreux égoïsme et qui n’aiment parfois le peuple que quand il confirme leur propre vertu de tolérance à la manière de la case de l’oncle Tom sont quelquefois insupportables et très ennuyeux. Les verts atteignent des sommets indépassables dans le genre… mais il est rare que les autres échappent à cette malediction. Imaginer que ces gens-là peuvent engendrer autre chose que le pire des académismes me paraît ne pas comprendre ce qui est réellement créatif. La trasgression, l’invention d’un espace et d’un temps qui dise formellement le nouveau, le dépassement, l’abolition et la conservation comme a su le faire Picasso, cette cordée héroïque née avec Cezanne et qui a révéle passé et avenir dans sa rupture, n’est pas de l’ordre du touche pipi dans les limites de l’autocensure du politiquement correct.

C’est mal comprendre ce qu’est l’art et la richesse d’une civilisation, et pour moi le nœud de l’affaire réside dans cette trivialité, cette brutalité populaire assumée (ce que Kontchalovsky a si bien décrit dans son Michel Ange et il s’agit d’une source vitale matérialiste dans laquelle Aragon et tant d’autres puisaient).

Je vais faire un détour que certains ne suivront pas en me demandant si pour comprendre cette transmutation de l’art et de la civilisation humaine n’est pas illustré par le messianisme juif qui n’est pas lui-même sans relation avec l’idéalisme russe, cubain et tous ces peuples qui ont fait la révolution, une révolution de masse et de classe avec l’alliance entre le savoir, les arts, la nation, l’internationalisme, un facteur d’unité qui matérialiste intègre transcendance et transgression. Une des questions de l’idéalisme religieux est la manière dont intervient la correspondance entre le divin et l’humain et le sens de la prière. Ce que l’on retrouve chez Spinoza quand il affirme que la connaissance est le seule prière ou que la joie vient de l’harmonie ainsi retrouvée par une conaissance qui se plie à la nature. Il ne s’agit plus d’exiger mais de se conformer à l’ordre de l’univers et la relation entre ces rites qui sont autre chose que la prière, dans laquelle il ne s’agit pas de convoquer l’esprit pour qu’il réalise votre demande, il s’agit par le rite d’assumer une partie du divin de la totalité de la création et de s’y identifier. Un kabbaliste, Ezra de Gérone, a expliqué comment se réalisait “l’accomplissement” du commandement. C’est plus proche du chamanisme que de la prière telle que l’église la conçoit et on voit bien le lien entre ce mode d’accès à la création, l’univers, la nature et la nature humaine chez des gens comme Lukacs, Bloch, et même des marxistes comme Marx lui-même. Ce rabbin EZRA affirme qu’il faut savoir passer d’un ordre très complexe de la pensée rabbinique à l’audace d’affirmations vulgaires dirions-nous. Cette transcription d’une terminologie savante dans un vocabulaire plus populaire n’est pas gratuite. Elle vise à provoquer un choc -dit-il-, à lui faire violence afin que se révèlent à lui “de façon foudroyante” la force de la doctrine théurgique de la Kabbale. Au risque de heurter ses convictions de le scandaliser.

Marx ne dit pas autre chose et insiste sur la nécessité d’une polémique qui irait jusqu’à la grossièreté et ferait tomber les masques de la charité petite-bourgeoise. Il y a une violence créative à assumer celle qui poussait le bandit qu’était le Caravage à chercher ses modèles de tableaux religieux dans les bas-fonds. Il y a cette pétrification de Michel Ange devant cet immense morceau de marbre, qu’une troupe d’ouvriers prêts à mourir par défi pour l’arracher à la montagne sont les seuls avec lui à en savoir le prix réel, et le pouvoir de lui arracher forme de titan. Il y cette espérance de siècles accumulés de labeur et de gestes sans lesquels rien n’aurait existé dans lequel Walter Benjamin voit l’ange de l’histoire qui avance à reculons en prenant à pleine brassée les espérances non réalisées. Tout cela a besoin pour ne pas rester de l’ordre du rêve de s’incarner : “la vérité du pudding c’est qu’on le mange”…

C’est ça le panier de la ménagère, la cuisine comme l’opéra ne vaut pas plus de quatre sous… Le temps où Yves saint Laurent ne défilait pas avec des stocks de climatiseurs et des piscines artificielles dans le désert pour une bande de snobs très cons, mais trouvait son public à la fête de l’Humanité.

Cela comme l’a esquissé Gramsci était la force du parti communiste français tels que nous l’avons connu et qui réalisait cette transmutation, cette pierre philosophale du mouvement historique, celui qui effectivement change l’ordre des choses existantes parce qu’il est facteur de rupture et d’unité et dont la société française est désormais orpheline. Après cette désindustrialisation, cette gentrification des couches moyennes qui se sont emparées non seulement de la gauche mais du centre même du mouvement la rencontre entre une avant-garde politique mais aussi intellectuelle et artistique et la classe ouvrière pour déposséder cette dernière.

Nous sommes désormais, selon le mot de Blaise Pascal, nostalgique de notre enfance, nous sommes des souverains dépossédés de cette part de transcendance qui accompagne les révolutions.

A l’ouvrière du textile roubaisien, Valentine DEBAES

Mais écoutons Alain Girard qui souvent si bien dire cette dépossession, cette amputation… et qui rebondit sur mes recettes, sur le panier de la ménagère…

Ah les ménagères et l’Agit prop…. Les tracts jetés à la volée et la mort possible au bout de la chose… Cette pratique qui mettra les files de femmes en réaction face à l’occupant nazi et aux collabos devant une quasi famine, souvent ignorée d’ailleurs.

Alors ici un souvenir, celui d’une ouvrière du textile roubaisien, Valentine Debaes.
C’est une femme immense que j’ai rencontré en devenant membre du PCF à Roubaix.

J’ai eu pour dirigeants de cellule Valentine mais aussi Marcel, tous deux issus des FTPF, dur de trahir après ça… Au fait la cellule est à prendre au bon sens, lieu de vie et de développement, ça vit, ça meurt une cellule et ça se reproduit.

Ceci dit, Valentine, d’une élégance rare avait pour pêché mignon de boire son petit canon de blanc au siège du parti, la Prolé, qui fut avant une boulangerie communiste, si si…

Alors Valentine avait comme nombre cette habitude de vendre Liberté au porte à porte, on en a vendu une cinquantaine un dimanche, on avait du déshabiller une autre cellule de son stock pour cela, elle avait ses 70 ans bien tapés.

Une autre coutume, celle des Ducasses à Pierrot, traduisez, banquets du parti dans le cadre des remises de cartes.
C’est le Nord, alors c’est la bière et parfois du vin mais la bière… C’est aussi en moins visible, un coup de genièvre, de Loos, il y en a du Pas de Calais mais eux… Comme une rivalité, une animosité politique entretenue par une direction fédérale …

La Ducasse à Pierrot, quelle vacherie pour les JC qui tournent partout pour recueillir les adhésions, imaginez, saucisses haricote en plat principal, le samedi suivant haricots saucisses et tenez-vous bien des fois samedi et dimanche.

Cela se couplait avec , naturellement, le discours du dirigeant, celui du JC qui avait le moins abusé du genièvre et soirée dansante.

Jusque là tout allait bien mais les haricots, quels ravages parfois.

Donc Valentine était de tous les coups mais sans doute pour revenir à ces femmes qui avaient osé affronter le pire, il y eu un évènement souvent passé sous silence;

Le conseil municipal de Roubaix se met en place, le maire pressenti, Victor Provo, est un SFIO d’un anti-communisme bon teint, il l’a prouvé de plus sordide des manières.

La SFIO c’est le parti de Jean Lebas, l’ancien maire SFIO, mort en déportation et qui aurait dit avant de périr qu’il regrettait la non intervention en Espagne, pas de preuve de ses mots, les témoins ne seront jamais mis en avant.

Alors notre Valentine, élue conseillère municipale monte à nouveau au front, elle accuse le Victor Provo de collaboration, lui qui a été mis en place par les autorités d’occupation nazies, lui qui a succédé à deux autres maires SFIO dans le même contexte.

Elle affronte cet ennemi et non adversaire et exige son départ et c’est elle qui se verra déchue de son mandat me dira t’elle, rien ne subsiste de ce moment, mais elle était une FTPF, le mensonge pas sa tasse de thé, nombre en ont fait les frais.

Tout cela pour vous dire que les saucisses haricots n’étaient quand même rien quand on est confrontés à une telle dame, une ouvrière, du textile, une militante.

Rarement je remets ce plat à table et certes amélioré et n’en doutez pas les Ducasses à Pierrot, celles et ceux qui gravitez autour de ces tables, et qui ont tant et tout donné à leur classe, à leur parti de classe, ne compteront jamais pour des haricots, ils ont forgé l’acier.

Valentine, sa silhouette fine, son élégance, son parler ch’ti, son, notre parti communiste, son petit coup de blanc, le dimanche midi sur le zinc de la Prolé.

C’est gravé, là.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 435

Suite de l'article

4 Commentaires

  • Girard alain
    Girard alain

    Souvenir…
    Je suis au bistrot à côté de la mairie d’Ivry, patrie d’Allain. Un homme est accoudé au bar, moi je sors de l’union locale, cgt si besoin de préciser.

    Je le connais de nom mais sans plus.

    Ce type accoudé a une de ces gueules, elle attire, sa posture, son regard, vous avez en visio le genre de truc ‘ il crève l’écran”.

    Assistant à un congrès d’une organisation de sans droits, chômeurs au bout du boulot, je subis la plainte d’une dirigeante qui s’offusque que le piano pour le concert du soir soit livré en retard par le conseil général.
    Soit dit en passant le même conseil général avait livré restauration, prêté la salle et ses moyens pour la réussite… Mais bon, j’ai lu que cette dernière trouvait F Roussel pathétique, bavant d’admiration devant JLM, elle qui se pâmait d’aise devant R Hue et C. Autain, pathétique c’est exact…
    Et puis le 94 est passé à droite, je ne l’entends plus..

    Alors le piano est arrivé et Allain Leprest également.

    Ces sans emplois comme c’est dit, ces au bout du rouleau, ces santés déclinantes, détruites, ravagées, ces visages marqués par une vie de galères, de nuit sous les ponts parfois, au bord su périph aussi, aux Restos du coeur, abonnés à la charité si mal ordonnée…

    Voir un camarade qui décédera quelques semaines après, les larmes aux yeux en écoutant chanter Allain Leprest, se retrouver ainsi dans un silence fait de respect par cette bouffée d’humanité, de fraternité.

    Pas un silence pesant, celui où des adultes ont les yeux écarquillés devant ces mots là, devant un artiste qui est plus qu’avec eux, qui se confond en eux.

    Allain a vécu une censure terrible, il y a eu des concerts hommage et un camarade qui me dit, c’était qui lui ? Il connaissait tous les interprètes mais pas qui ils interprétaient…

    Alors Leprest Allain…

    Répondre
  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Cette gentrification est aidée dans les mairies de gauche, comme celle tenue par le PS où un magnifique quartier populaire de banlieue va voir la destruction de tours d’immeubles pour obtenir de la mixité sociale.

    Ce quartier est magnifique depuis sa construction entre les tours de 10 et 15 étages se dressent une quantité d’arbres sur des espaces verts, dans mon enfance il y avait même juste accessible à 20 mètres de l’immeuble un verger et ses pommiers, une rivière et sur l’autre rive un petit bois, un parc pour que les enfants jouent avec de grands jeux en bois, aujourd’hui en plastique les échardes c’est “dangereux”, une piscine tournesol, pas trop chère, accessible à pied, plus tard un terrain de foot, bref de quoi passer d’agréables moments. Un peu plus tard encore une belle annexe de la médiathèque, plus récemment sont enfin arrivés le tramway et le désenclavement du quartier pour les plus modestes, la chasse aux voitures dans la ville, un ciné multiplex fort cher inaccessible à la plupart riverains, mais profitant de l’argent des comités d’entreprise, pas bien loin un petit ciné d’art et essais associatif où il faut quand même sortir 8€ par séance, c’est moins cher mais pas pour les enfants de la mère isolée à l’emploi précaire et au salaire de misère.

    Elle pourra bientôt se rassurer cette mère isolée, ses enfants vont bientôt vivre la mixité sociale, des plus riches qu’eux vont pouvoir s’installer juste à côté et leur raconter les films qu’eux pourront voir.

    Pour cela la mairie PS avec les camarades élus communistes ont un plan il vont détruire quelques tours et construire de beaux petits immeubles plus “humains”, avec encore plus de verdure et surtout de la mixité ce sera juste un peu plus cher, probablement pas pour la mère isolée mais celle-ci pourra profiter de la vue de ces à peine plus riches mais insérés ; avec un peu de chance elle pourra faire des ménages chez l’un d’eux.

    Les élus de gauche de la plaquette portant “ensemble ou avec nous” (quelle créativité ces communicants ! ), communiquent sur ce projet urbain qui va faire du bien aux habitants. Oui le problème c’est les grands immeubles ! Pour eux qui vivent dans les pavillons voisins sans jamais aller discuter aux pieds des immeubles. Ces grands immeubles futuristes dans les années 70 marquent la modernité: la salle de bains, les toilettes dans chaque appartement et même l’ascenseur comme chez les bourgeois ; en plus accessibles aux travailleurs.

    De la mixité dans ces immeubles il y en avait au début, quelques Français, un peu d’Espagnols, beaucoup de Marocains, Algériens, Tunisiens, Portugais ; plus tard quelques cambodgiens et vietnamiens puis Turcs, même un étudiant en physique nucléaire irakien et un réfugié kurde le premier adolescent de mon âge blessé de guerre que j’avais l’occasion de rencontrer. Nous avions même un Roi, paraît-il, qui venait d’Inde, sa femme et sa fille portaient des tenues magnifiques et colorées. Dans ces tours les odeurs de cuisine et les musiques se mélangeaient. Il y avait peu de bourgeois, un seul petit patron, père d’un bon copain, qui avait une petite entreprise de transports aujourd’hui disparue.

    La mixité sociale de cette municipalité des élus socialistes et de ses alliés que personne n’a rencontré dans le quartier est conçue à coup de bulldozers et de promoteurs qui vont détruire le problème, de belles tours dont l’isolation extérieure a été faite récemment, des immeubles solides et de relativement bonne qualité.

    La solution de la mixité pourtant les habitants l’ont trouvée dans leurs enfants qui pour une bonne part sont devenus enseignants, ingénieurs, techniciens, même un a eut l’audace de faire Normale Sup et d’enseigner à l’Université, un autre fait la fierté de cette mère tunisienne “Mon fils travaille à Singapour”, d’autres sont devenus militaires, fonctionnaires ou occupent divers emplois comme la majorité des français, comme cette majorité d’autres vivent les galères.
    La fille d’un ami vient de passer avec succès le barreau elle est avocate, son fils poursuit des études supérieures. Tous issus du lycée de secteur.

    Pour certains d’entre-nous, nous avons quitté le quartier, d’autres sont restés près des chibanis, dans certaines cultures on abandonne pas les vieux, les parents. Certains pour les agglomérations où il y a du boulot et où les carrières sont un peu plus faciles, d’autres pas loin pour une maison individuelle, où la chaleur du quartier a disparu. Personne chez les élus ne s’est demandé pourquoi nous partions, pas plus qu’ils nous ont demandé.

    Aujourd’hui enfin où le quartier est désenclavé grâce au tramway, où les enfants instruits des immigrés sont partis, dans ce quartier à la population vieillissante, le problème des grands immeubles va être résolu pour le plus grand profit du BTP, des promoteurs et certainement de quelque directeurs HLM et surtout pour la gloire et la poche des élus “ensemble !”.
    Ces immeubles, encore utiles, construits en grande partie par les travailleurs immigrés issus des colonies ou fuyant le fascisme vont être détruits par d’autres ouvriers probablement aussi issus de l’immigration la plus récente, longues heures de travail pénible dans le froid ,la chaleur, le danger, longues heures et constructions dont sont encore fiers les ouvriers retraités, longues heures qui vont être sacrifiée par des idéologues, des opportunistes et des corrompus qui pour la plupart n’ont jamais rien bâtit d’autre que leur carrière politique. Après tous ces investissements publics ont va ouvrir ce quartier aux couchent moyennes descendantes, celles qui donnent avec bonne conscience aux restos du cœur et qui roulent en trottinette électrique.

    Une partie de cet argent est aussi celle que continuent de verser les occupants modestes des HLM en payant des loyers pour des immeubles terminés en 1975, largement amortis, ils financent ainsi encore plus l’exclusion des travailleurs modestes à qui on refuse les droits politiques de décider de la production sur leur territoire et dans les entreprises de leurs tauliers.

    L’emploi industriel a quasiment disparu de cette agglomération socialiste, mais écoutons Jospin “Que peut-on y faire ?”. Les entreprises “sociales d’insertion” ont fleuri avec à leur tête des managers qui vont redonner le goût du travail aux chômeurs qu’il faut sortir de leur inadaptation, la mère isolée continuera probablement à faire les ménages chez ceux qui vont venir faire la mixité sociale ou dans les EHPAD où sont leurs vieux parents. La famille politique qui n’a jamais changé dans cette ville, au niveau de l’État, a privatisé, détruit l’industrie, accéléré la précarité, fait monter le FN et Macron, puis Mélenchon. Ce sont ceux qui nous disent que les problèmes des quartiers de banlieue viennent des grands ensembles, sont les même qui nous vendent la méritocratie, les méthodes de développement personnels, la compétition dans le sport, les coachs, les zizous viennent prouver que “si t’es dans la merde c’est que tu le mérite fainéant” ou que tu es malade “prends une pilule”.

    Il n’y a pas de problèmes sociaux, pas de problèmes de classes, pas de problèmes du marché du travail mais des problèmes de chômeurs, rien que des problèmes d’immeubles ou d’individus.

    À gauche, à droite de vrais démolisseurs ! Démolisseurs de magnifiques bâtiments et démolisseurs du PCF et surtout du communisme.

    Voir ou revoir le beau film français Gagarine sur une citée de la Banlieue Rouge.

    Répondre
    • Philippe, le belge
      Philippe, le belge

      Merci Daniel pour ce très beau texte dont je partage totalement l’analyse si ce n’est sur un petit point qui me fait sourire et que tu as déjà exprimé à l’occasion, à savoir ton aversion pour le sport de compétition!

      Je t’assure, il y a moyen de faire du sport de compétition tout en étant humain, voire authentiquement communiste! Ce qui rend cette compétition infecte, c’est l’argent qui s’y est infiltré, l’intéressement, le show (qui fait vendre) et la rupture de l’étique sportive qui en découlent.

      En tant qu’ancien décathlonien de niveau national belge (plus ou moins équivalent du régional français) et actuellement “coach” de lancer du javelot en Belgique, j’ai regardé successivement les championnats du monde et d’Europe d’athlétisme. Les premiers se déroulaient à Eugene, aux USA et les seconds à Munich.
      Dans les premiers, le show était privilégié! La couverture médiatique des présentations des athlètes et des podiums était systématique, longue et empiétait énormément sur la couverture de l’évènement sportif en lui-même, surtout, bien sur, des prestations des athlètes de “seconde zone”, ceux qui ne sont pas stars et qui n’ont pas les millions qui vont avec!
      Ne s’encombrant pas d’étique sportive, l’organisation US avait logé les délégations étrangères dans les logements étudiants situés non loin, avec dortoirs multi-lits et salles de douches dans le couloir (en soit, rien de mal fait!) alors que la délégation américaine, était logée dans un hôtel de luxe avec bien sur chambres individuelles et salles de bain privatives!
      La réaction du journaliste bobo belge, fils de politicien social chrétien qui ne cesse de faire de la lèche à toutes les “stars” belges, est typique. Il est indigné mais, nature bobo revenant au galop, pas pour longtemps: “Ouf, Nafissatou Thiam (notre “star” de l’heptathlon) a quand même, une chambre pour elle toute seule!” Alors ça va…
      Aux championnats d’Europe, à Munich, pour lesquels aucune prime financière n’était prévue par la fédération et dans un pays où l’athlétisme est très apprécié, la couverture était beaucoup plus tournée vers le côté sportif! On a même pu y voir lancer le premier lanceur de javelot belge qualifié pour un championnat international! Un garçon dont j’ai suivi la carrière depuis pas mal d’année, un talent pur perceptible dès le plus jeune âge mais qui n’a jamais fort été soutenu par la fédération belge. Les lancers ne sont pas les disciplines les plus médiatiques. Un garçon issu d’un milieu flamand modeste qui, dès pratiquement sa majorité à commencé à travailler à temps partiel comme déménageur, tout en s’entrainant une à deux fois par jours. Il est toujours sportif amateur aujourd’hui et il fallait voir son bonheur dimanche, à 31 ans, pour son premier et probablement son dernier grand championnat!

      Ce bonheur, on le perçoit souvent sur les podiums d’athlétisme, un sport où l’argent n’a pas encore tout pourri. Et dans une discipline comme le décathlon, qui fût la mienne, l’esprit de camaraderie, au delà de l’esprit de compétition (on s’y bat avant tout contre soi-même), est omniprésent! C’est l’esprit que je n’ai jamais cessé d’inculquer à mes athlètes. Le fait que je sois communiste et que j’ai côtoyé à l’époque des athlètes de toute l’Europe, y compris de l’Est, lors de compétitions dédiées à l’amitié entre les peuples et organisées par la fédération travailliste n’y est sans doute pas pour rien!

      Toute compétition sportive n’est pas football et millions de dollars…

      Quand il y a 50 ans, un athlète, un nageur ou un gymnaste s’entrainait déjà une à deux fois pratiquement tous les jours, en parfait amateur (je me souviens d’un article que j’avais lu dans un ancien “Miroir de l’athlétisme” évoquant les joggings très matinaux de votre sprinteur Roger Bambuck avant d’aller travailler), les footeux s’entrainaient tout au plus trois fois par semaine en plus des matchs en gagnant déjà des fortunes! Aujourd’hui, certes ils s’entrainent plus et plus dur mais ils gagnent toujours beaucoup plus d’argent.
      Il est par ailleurs intéressant de noter que certaines disciplines spécifiques d’athlétisme, particulièrement adaptées au sport spectacle comme le 100m (c’est court et aisément compréhensible, manichéen dans ses résultats), obtiennent une couverture médiatique plus importante, plus d’argent et développent, bien entendu, les attitudes les plus détestables!

      Répondre
  • LEMOINE Michel

    Oui il y a eu une rupture à l’intérieur du Parti comme dans toute la société entre les plus éduqués et les “prolétaires”. Cette “gentrification” s’est faite dans la sillage de Mai 68 quand s’est ouvert une bifurcation entre gauche sociétale et gauche sociale. Ceux qui ont pris la voie de la gauche sociétale se voyaient plus révolutionnaires que jamais. A l’arrivée ils ne sont devenus que de braves sociaux-démocrates. Les autres (dont j’étais) se sont laissé intimider.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.