Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les démocrates dissimulent les raisons de la descente du FBI à la propriété de Trump

La Maison-Blanche refuse de discuter de la menace que pose Trump à la démocratie, cet article de nos trotskistes favoris de WSWS pose un vrai problème celui de la collusion de classe entre les dirigeants démocrates et le putschiste Donald Trump, le silence organisé autour des raisons du recours à cette procédure inusitée en couvre bien d’autres. La manière dont face à la colère des couches populaires des Etats-Unis, le recours au fascisme, à ses divisions internes, à ses guerres est déjà à l’œuvre. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Barry Greyil

La descente du FBI à la propriété de Mar-a-Lago de l’ancien président Donald Trump est un événement sans précédent dans l’histoire des États-Unis. La descente était fondée sur un mandat judiciaire, qu’un juge fédéral ne délivrerait contre un ancien président que sur la base des preuves les plus convaincantes d’un crime majeur, pas pour une quelconque violation technique des règles relatives au traitement des documents.

Le gouvernement Biden a l’obligation d’expliquer à la population américaine la nature du lien entre la perquisition à Mar-a-Lago et l’attaque du 6 janvier 2021 sur le Capitole par Trump et ses partisans fascistes dans une tentative violente d’annuler l’élection de 2020.

Il ne fait guère de doute que la décision de mener la perquisition a été motivée par des preuves que de nouvelles attaques se préparaient dans les plans de Trump toujours bien réels pour prendre le pouvoir.

Pour la Maison-Blanche et le ministère de la Justice, dissimuler les preuves et les accusations qui font l’objet d’une enquête les rendrait complices des efforts de Trump pour renverser la Constitution américaine et établir une dictature. Un tel régime autoritaire serait fondé sur la violence populaire fasciste et la mobilisation du soutien encore considérable de Trump au sein de l’appareil d’État, soit l’armée, la police de l’immigration, d’autres agences de police et le FBI lui-même.

Biden a refusé de commenter la perquisition. Le président démocrate a organisé deux événements à la Maison-Blanche, mardi. Le matin, il a signé le Chips and Science Act, accordant des centaines de milliards de dollars des contribuables à l’industrie américaine des semi-conducteurs afin de réduire la dépendance de l’armée américaine vis-à-vis des puces produites à Taïwan et en Chine. Dans l’après-midi, il a signé l’instrument de ratification de l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN.

Le président démocrate a refusé de répondre aux questions lors de ces deux événements. Plus tard dans la journée de mardi, Karine Jean-Pierre, attachée de presse de la Maison-Blanche, a refusé de répondre aux questions des journalistes sur la descente, tout en insistant sur le fait que Biden n’avait pas été prévenu et n’avait pas été informé à ce sujet.

L’affirmation de la Maison-Blanche selon laquelle le président ne commente pas les actions du ministère de la Justice parce que ses décisions en matière de poursuites sont «indépendantes» et «apolitiques» est grotesque. La décision de faire une descente dans la propriété de Trump en Floride a été prise en sachant parfaitement qu’elle déclencherait une tempête politique à Washington. Si, en fait, Biden n’était pas personnellement impliqué, c’est uniquement parce qu’on a décidé de lui fournir la possibilité de nier toute implication.

Lors des deux événements organisés à la Maison-Blanche, Biden a salué le soutien bipartisan à une politique américaine dure de confrontation avec la Russie et la Chine et a appelé à une plus grande «unité» avec le parti d’opposition. Mais le Parti républicain s’est au contraire rangé derrière Trump, dénonçant la perquisition, et certains membres du Congrès ont déclaré que cela pourrait justifier une procédure de destitution du président Biden.

La quasi-totalité des dirigeants républicains a répété la condamnation de la descente par Trump, y compris le chef de la minorité de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, qui a publié une déclaration dans laquelle il s’engage à ouvrir des enquêtes sur le ministère de la Justice et le procureur général, Garland, si les républicains reprennent le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de novembre. Les putschistes fascistes cherchent, en d’autres termes, à passer à l’offensive.

Les miliciens qui soutiennent Trump au sein des Proud Boys, des Oath Keepers et d’autres groupes similaires ont envoyé des tweets appelant à des manifestations dans les villes du pays et menaçant de recourir à la violence armée.

Les républicains et leurs partisans dans les médias crient et hurlent à propos de cette descente «sans précédent». Le Wall Street Journal a déclaré dans un éditorial: « Une fois que le Rubicon de la poursuite d’un ancien président a été franchi – surtout si l’infraction présumée et les preuves sont moins que convaincantes – chaque futur président sera une cible ».

La chose qui est sans précédent est la tentative de Trump de renverser le gouvernement, l’accusation la plus «convaincante» qui puisse être portée dans un pays supposé démocratique. En refusant de révéler les accusations portées contre Trump, Biden et le procureur général, Merrick Garland, cachent délibérément à la population américaine la gravité et la profondeur de la crise politique.

Le langage du Wall Street Journal est révélateur. «Franchir le Rubicon» fait référence à la décision de Jules César d’envoyer ses légions traverser le Rubicon et de renverser la République romaine, s’emparant ainsi du pouvoir dictatorial. Cette métaphore s’applique plus directement aux actions de Trump le 6 janvier 2021 et les jours précédant cette date qu’à tout autre événement de l’histoire américaine.

Le gouvernement Biden a la responsabilité d’expliquer et de montrer au public l’ampleur de la conspiration qui a été découverte. Quelles sont les informations qu’elle a reçues qui ont déclenché la décision de faire une descente au domicile de l’ex-président? Qu’a-t-elle appris sur ses projets actuels de déstabilisation et de renversement du gouvernement? Quelles attaques violentes Trump et ses partisans fascistes se préparent-ils à déclencher contre la population américaine?

Personne ne peut croire qu’on a mobilisé une trentaine d’agents du FBI pour fouiller Mar-a-Lago pendant toute une journée parce que Trump était en possession d’une douzaine de boites de la Maison-Blanche qui pourraient contenir des documents classifiés. Cette affirmation de «sources» anonymes ne fait que démontrer que la Maison-Blanche prend la population américaine pour des imbéciles – et qu’elle est plus préoccupée par la réaction du public à la divulgation que des véritables raisons de la perquisition que les conspirations fascistes de l’ancien président. En ne révélant pas les motivations de la descente, le gouvernement Biden facilite la dissimulation de l’insurrection du 6 janvier.

La classe ouvrière ne peut avoir aucune confiance dans ce gouvernement, ni pour enquêter sur les plans dictatoriaux de Trump et faire la lumière sur ces derniers, ni pour combattre la droite fasciste lorsque ces plans se concrétiseront dans un autre assaut frontal contre ce qui reste des formes constitutionnelles en Amérique. Tout son bilan est celui de la dissimulation et de la lâcheté.

Au cours de la période qui a précédé la tentative de coup d’État – lorsque Trump a soutenu des complots d’extrême droite qui visaient l’enlèvement et l’assassinat de la gouverneure démocrate du Michigan, Gretchen Whitmer et d’autres gouverneurs démocrates qui avaient imposé des restrictions minimales en matière de COVID-19, a refusé de s’engager dans un transfert pacifique du pouvoir et a dit aux Proud Boys de «se garder prêts à intervenir» s’il perdait les élections – Biden a écarté le danger.

Pendant les événements du 6 janvier, Biden n’a rien dit d’autre que de supplier Trump de passer à la télévision et de défaire sa propre insurrection, tandis que les législateurs démocrates se recroquevillaient sous leur bureau.

Les démocrates ont utilisé la Commission du 6 janvier de la Chambre des représentants pour dissimuler le rôle des puissants éléments de l’armée, de la police et des services de renseignement dans le soutien à la tentative de coup d’État, tout en promouvant la fiction selon laquelle, à quelques exceptions près (les «fous»), le Parti républicain s’est opposé au complot de Trump.

Le Parti démocrate, comme les républicains, est sous les ordres de l’oligarchie patronale et financière, qui a largement augmenté sa richesse pendant la pandémie au moyen de l’argent gratuit de la Réserve fédérale, des attaques brutales contre le niveau de vie et les conditions de travail des travailleurs et de l’escroquerie des prix protégée par le gouvernement.

L’effondrement de la démocratie américaine est le résultat d’un processus prolongé de déclin économique et de réaction politique. Ses deux causes fondamentales – une guerre impérialiste sans fin et une inégalité sociale toujours plus grande – sont enracinées dans la crise mortelle du capitalisme américain et mondial.

La classe ouvrière doit intervenir dans la crise politique, en mobilisant son immense pouvoir social indépendamment des partis du grand capital et de leurs agents dans la bureaucratie syndicale.

La seule façon de mettre fin à la guerre, à la pauvreté et à la course à la dictature est de libérer le pouvoir de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste et de lutter pour un gouvernement ouvrier.

(Article paru en anglais le 10 août 2022)

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1 Commentaire

  • Xuan

    Il est à peu près certain aussi que cette opération est liée à la dégringolade de Biden et à l’objectif des élections de mi-mandat dans près de 3 mois : écarter Trump en rappelant ses méthodes putschistes.
    Les démocrates de leur côté ont censuré Trump à travers le lobbying de la high tech.
    Dans tous les cas ce n’est pas le combat de la démocratie contre le fascisme mais de deux crocodiles cannibales.

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