Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dans l’univers d’Artek, colonie de vacances la plus prestigieuse d’URSS

Sur la côte de la Crimée, au bord de la mer Noire, se trouve un endroit indissociable du mouvement des pionniers, ces scouts soviétiques. Pourquoi était-il si populaire et pourquoi les enfants du pays des Soviets en rêvaient? Mais le sujet va bien au-delà de cette description. Hier sur Arte il y a eu une présentation de “la naissance de la civilisation”, selon le documentaire les deux fondamentaux de toute civilisation étaient la religion et le commerce. Ce qui provoque peut-être des cohésions sociales indispensables selon les auteurs à l’être humain mais aussi des guerres. Il est évident qu’avec le communisme, il y a eu d’autres propositions et ceux qui ont approché réellement les réalisations communistes et les relations sociales que cela créait en sont restés marqués à jamais. On ressent encore cela à Cuba. Il ne s’agit pas seulement de “nostalgie” mais bien d’un moment dans l’histoire de l’humanité qui l’a marqué à jamais à la manière dont la Révolution française l’a fait. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

HISTOIRE17 JUILL 2022RUSSIA BEYOND

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En 1925, les autorités Soviétiques, préoccupées par la santé de la population après la Révolution, la guerre сivile et la famine, ont décidé d’ouvrir un sanatorium pour soigner des enfants atteints de la tuberculose.Archives de Leonoro Karel/russiainphoto.ru

Le premier camp accueillait seulement 80 enfants, qui restaient dans des tentes près de la rivière Artek, dans les environs de la ville de Gourzouf, dans le sud de la Crimée. C’est ainsi que commence la légendaire histoire de cette colonie.Archives de Leonoro Karel/russiainphoto.ru

En 1928, des premiers bâtiments destinés aux enfants apparaissent. Mais qui pouvait alors imaginer que cette colonie accueillerait plus de 1,5 millions d’enfants jusqu’à aujourd’hui ?Maïa Okouchko/MAMM/MDF

En 1941, les enfants venaient d’arriver pour leur séjour d’été quand, le 22 juin, la Seconde Guerre mondiale a frappé l’Union soviétique. Le lendemain, deux cents enfants d’Artek ont été évacués dans les montagnes de l’Altaï. Cette saison deviendrait la plus longue de l’histoire : pendant trois ans et demi, les enfants y ont vécu selon l’emploi du temps de la colonie, aidant les familles des soldats, les blessés dans les hôpitaux et ramassant de la ferraille pour les chars et les avions.Evgueni Khaldeï/MAMM/MDF

Artek a lui-même été sous occupation et a été libéré seulement en avril 1944. Par la suite, il a accueilli de nouveaux groupes d’enfants originaires de Crimée l’été de la même année.Evgueni Oumnov/MAMM/MDF

Les années 1960-70 sont considérées comme étant l’âge d’or d’Artek. Le camp a atteint un niveau international et accueillait des milliers d’enfants venus autant d’URSS que d’autres pays socialistes.Dmitri Vozdvijenski, Nina Sviridova/MAMM/MDF

Une grande délégation des jeunes communistes cubains ont aussi visité Artek.A. Givental/Sputnik

Dans l’image ci-dessous, des enfants indiens et soviétiques sont en croisière sur la mer Noire.A. Givental/Sputnik

Beaucoup d’enfants africains étaient aussi invités à passer du temps en Crimée.Vladimir Rodionov/Sputnik

… ainsi que des jeunes Afghans.A. Batchinine/Sputnik

Un des événements marquants fut la visite de la jeune Américaine Samantha Smith, qui a failli arrêter la guerre froide au début des années 1980.Valeri Zoufarov, Alexandre Oboukhovski/TASS

La communauté internationale des enfants a même signé des déclarations de paix pour les enfants de différents pays: « La paix c’est la vie ! La guerre c’est la mort ! Nous détestons et maudissons la guerre, nous ne voulons pas que des bombes nucléaires et à l’hydrogène explosent, nous ne voulons pas nos pères meurent et que nos mères pleurent. Nous ne voulons pas mourir. Nous voulons la paix, voir un ciel clair et la lumière du soleil ».V. Chiïanovski/Sputnik

Artek organisait également des compétitions sportives internationales pour les enfants, et des rassemblements de tous les pionniers soviétiques.Alexandre Makarov/Sputnik

Le stade de l’Artek pouvait accueillir jusqu’à sept mille spectateurs.Sigizmound Kropivnitski/MAMM/MDF

L’Artek était aussi une carte de visite du mouvement soviétique des pionniers, des personnalités connues étaient souvent invitées a cet endroit. Parmi eux figuraient des célébrités soviétiques telles que Iouri Gagarine, le premier homme envoyé dans l’espace, un vrai héros pour ses contemporains.Isaac Tounkel/Sputnik

…mais aussi le légendaire gardien de foot Soviétique Lev YachineMAMM/MDF

… et le chef d’état Léonid Brejnev lui-même.MAMM/MDF

De plus, une panoplie d’invités étrangers sont venus voir comment le légendaire Artek fonctionnait. Parmi eux, des leaders indiens, comme Indira Gandhi, Jawaharlal Nehru et Sarvepalli Radhakrishnan (sur l’image ci-dessous)…Sigizmound Kropivnitski/MAMM/MDF

… Le Roi du Népal Mahendra Bir Bikram Shah Dev et d’autres chefs d’État et célébrités.Rounov/Sputnik

Alors, comment se déroulait la vie au sein d’Artek pour les enfants ?Vladimir Rodionov/Sputnik

Toute la journée était strictement planifiée. Le réveil avait lieu à 8 heures du matin avec de la musique jouée bruyamment dans l’ensemble de la colonie.Pitchkhoulian/Sputnik

La trompette des pionniers est un autre symbole d’Artek. Le son de celle-ci marquait le réveil et l’heure du coucher. Les pionniers en jouaient également lors des occasions importantes, en journée ou le soir.Boris Kavachkine/TASS

Le réveil était suivi d’exercices physiques à faire avant le petit-déjeuner.Semeliak/Sputnik

Le petit-déjeuner commençait à 9 heures et les enfants en service aidaient à mettre les tables.Vladimir Rodionov/Sputnik

Avant midi, quand la chaleur du soleil n’était pas très forte, les enfants passaient du temps à la plage.Vladislav Mikocha/MAMM/MDF

On pouvait se baigner seulement en groupes, en un temps limité régi par un signal spécial.Sergueï Vassine/MAMM/MDF

Après avoir passé environ une heure à la plage, les enfants allaient étudier, ou passer du temps dans des clubs, selon leurs hobbies, pour apprendre les échecs…Iouri Abramotchkine/Sputnik

… la construction navale…Valeri Choustov/Sputnik

… la modélisation automobile…Iouri Abramotchkine/Sputnik

… la peinture…V. Chiïanovski/Sputnik

…et même la construction d’un modèle de rover lunaire !V. Lagrange/Sputnik

Si vous pensez qu’un camp de pionniers était fait de loisirs, ce n’est pas tout à fait le cas. Les enfants étaient occupés chaque minute par des tas d’activités.Evgueni Oumnov/MAMM/MDF

Après ces activités, les enfants déjeunaient, de 14h00 à 16h00. Ils avaient habituellement une sieste, et un goûter juste après, le poldnik.Archives de Leonoro Karel/russiainphoto.ru

Ensuite, vers 16h30, lorsque le soleil n’est plus si actif, les pionniers retournaient à la plage.Semeliak/Sputnik

Avant le diner (qui était généralement à 19h00), les enfants avaient un peu de temps libre qu’ils pouvaient passer comme ils l’entendaient (sans jamais sombrer dans l’oisiveté). L’heure du coucher était annoncée par la trompette à 23h00 environ.V. Borodine/Sputnik

Parfois, les pionniers faisaient des tours guidés autour de la Crimée, à Yalta, Sébastopol et d’autre lieux touristiques. Sur l’image ci-dessous, les enfants se trouvent devant le célèbre château du Nid d’hirondelle.Riassine/Sputnik

L’une des festivités préférées des enfants était le Jour de Neptune. Généralement, il y avait une performance incluant danse et chant. Les enfants du camp s’amusaient à jeter de l’eau les uns sur les autres, et, bien sûr, ils se baignaient dans la mer.Sputnik

Le séjour au camp durait souvent 21 jours, sa fin étant marquée par un concert et des activités de groupe.Nikolaï Malichev/TASS

La tradition du « feu pionnier » avait lieu la dernière nuit. Les enfants qui allaient partir s’y réunissaient, parlaient, partageaient leurs secrets, leurs sentiments et chantaient.Vladimir Akimov/Sputnik

Et, bien sûr, aucune colonie ne pouvait se terminer sans larmes. Les enfants ne pouvaient pas cacher leurs émotions et leur attachement à ceux avec qui ils avaient passé ces trois semaines, et dont ils devaient maintenant se séparer. Certains allaient se revoir l’année prochaine, d’autres – plus jamais.Igor Mikhalev/Sputnik

Dans cet autre article, nous vous expliquions ce qu’il est advenu du mouvement des pionniers et ce qu’il en reste de nos jours.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    “Le Coursier” un film de Karen Shakhnazarov.

    Réalisé en 1986, un an après l’arrivée au pouvoir de Gorbatchov ce film de la perestroika dresse un tableau de la jeunesse soviétique. Ivan Miroshnikov, fils d’une mère professeur d’Histoire qui a divorcé de son père ingénieur amoureux d’une autre femme plus jeune, échoue à son examen d’entrée à l’université qu’il a passé pour ne pas décevoir sa mère. Ce jeune homme sans aucune ambition si ce n’est de trouver un travail facile chez le primeur du coin va, grâce à sa mère, devenir coursier à la rédaction d’un journal scientifique. Un emploi qui comme tout ce qu’il entreprend sera marqué par la négligence, l’insouciance . Il va séduire la fille du professeur Kuznetsov qui est d’une classe sociale supérieure.

    Le film s’attarde sur les principes et les ambitions des personnages, leur individu, les différences de classes sociales, d’éducation, la séduction de la consommation et l’imaginaire du monde extérieur, le luxe des familles riches: les beaux appartements, les habits de marque adidas, les parfums, la musique Hip Hop, le skateboard parvenu via Talinn, la consommation des filles juste pour le plaisir.

    Les parents s’interrogent et doutent: quels sont les principes de cette nouvelle génération pour laquelle ils ont travaillé dur et se sont sacrifiés ? La mère d’Ivan voulait être actrice.
    L’ambition d’Ivan comme celle de Katia est d’accéder au luxe bel appartement, maison secondaire voiture de luxe ou sportive. L’ambition d’une employée du journal est d’épouser un japonnais.

    Ce film dépeint une société soviétique déjà séduite par les valeurs occidentales, un Mai 68 bourgeois sournois, une intelligentsia qui à déjà adopté certains codes occidentaux et qui rêve d’intégrer la mondialisation.

    Quelques années plus tard ce n’est pas cette jeunesse perdue qui va détruire l’Union Soviétique mais une partie de l’élite de la génération des parents.

    Que c’est il passé ? Pourquoi le drapeau n’a pas été transmis ?

    Je suis de la génération du héros du film comme un collègue roumain et nous avions en commun de relativement bien vivre, aucun soucis bien sérieux, sensiblement le même équipement modeste mais suffisant à la maison, plus de loisirs et de culture en Roumanie que chez moi, mais au final une vie tranquille devant nous, plus ou moins selon le côté du rideau de fer. Pourquoi allions nous nous occuper de politique, de principes et nous casser la tête quand un emploi suffisait à satisfaire les besoins et procurer quelques loisirs.

    Faut il mettre en cause l’éducation de nos parents ? À l’Est pourquoi les parents auraient ils eut peur dans cette période de prospérité, de progrès et de paix ? Mon père militant communiste victime de la répression franquiste a veillé à ce que nous ayons un minimum de formation et un bon emploi, lui et la génération précédente avaient souffert de la guerre, des persécutions et de conditions de vie matérielles difficiles ; je crois qu’il a voulu nous préserver et n’a jamais trop insisté sur la nécessité de poursuivre le combat. Lors de mon adhésion un peu tardive au PCF il m’a juste prévenu de la dureté de la lutte et d’être sûr de ma détermination en regard des conséquences de cet acte.

    Parmi les aspirations de mes amis nous ressemblions beaucoup à ceux du film. Trouver un emploi, bien payé serait parfait pour plus de confort. Passer de bons moments entre amis, profiter des loisirs, si le boulot est intéressant tant mieux sinon on fera avec.

    Comme dans le film, ceux de nationalité française nous attendions ce passage à l’âge adulte qu’était le service militaire que je terminais la dernière année d’existence de la République Démocratique Allemande ; Ivan lui sera confronté à l’image d’un appelé solitaire avec sa valise et sa mine défaite, probablement revenu d’Afghanistan, reflétant la chute de l’URSS en cours.

    Je ne connais pas l’impact qu’a pu avoir ce film sur les soviétiques, mais sa sortie dans la perestroika colle bien avec le défaitisme inspiré par Gorbatchov et sa clique. Nous sommes bien loin de Баллада о солдате (BALLADE DU SOLDAT) Réalisé par : Grigori TCHOUKHRAI, où les principes sont solides et orientés vers le collectif, la pudeur et le respect pour la jeune femme rencontrée dans le wagon, le retour au combat sans montrer de faiblesse, après avoir aidé sa mère.

    Ce qui est sûr c’est qu’au même moment presque partout la vigilance des communistes a faibli et souvent conduit au désastre et à la collaboration voire l’amitié avec la classe antagonique: la bourgeoisie. À chaque fois un affaiblissement mené par des classes moyennes éduquées relativement privilégiées.

    Ce qui est sûr c’est que Youri Gagarine n’était pas japonnais et encore moins américain.

    Certains des soviétiques de la génération d’Ivan ne l’ont pas oublié :
    Сделано в СССР (“fait en URSS”) concert de 2017 avec une salle bien remplie :

    https://youtu.be/v_9n5tImIjg

    Le coursier VO ST FR:

    https://youtu.be/iSHXaaTMTBA

    La ballade du soldat VO ST EN:

    https://youtu.be/4ynPhQFVdDg

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