Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Au nom de quoi, exactement, est-ce que les nazis ont cessé d’être les méchants ?

Je dois dire que ce que j’ai vu et suivi depuis 2014 en Ukraine me fait partager l’étonnement de l’auteur de cet article, je n’arrive pas à comprendre comment les Français, les responsables politiques, les journalistes, les chercheurs peuvent feindre de ne pas savoir ce qui se passe en Ukraine. Je dois dire que ce qui me laisse le plus étonnée et indignée est quand les personnes d’ascendance juive et les communistes adhérent à pareil négationnisme. Le souvenir d’enfance me touche particulièrement. Il s’avère que je suis devenue communiste à cause du rôle des communistes et de l’armée rouge durant la deuxième guerre mondiale. Et au fur et à mesure de l’évolution, quelles que soient leurs erreurs, j’ai toujours vu les communistes moins pires que les autres, plus justes, plus désintéressés. Aujourd’hui par pur opportunisme, voir crétinisme intégral, leurs dirigeants s’alignent sur toute la classe politique de mon pays, ils semblent ignorer d’abord ce qu’est l’OTAN, ce que les forces capitalistes occidentales qu’ici et dans le reste du monde créent pour assurer leur main mise. Et il n’y a plus d’exception communiste alors qu’un seuil a été franchi avec l’Ukraine et la complaisance face à ces nazis et oligarques corrompus, la guerre est là et elle est sans échappatoire. On peut ne pas être d’accord avec l’intervention de la Russie de Poutine, mais nier la réalité de ce qu’est l’Ukraine par lâcheté est une rupture de la confiance que je pouvais avoir dans les communistes français. Ou c’est ce qui a fondé ma vie, ou c’est ce que la politique en France à quoi je dois renoncer et mon choix est fait, je n’ai pas l’âge de ce genre d’accommodement. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

PAR ADMIN · 9 MAI 2022

Par Robert Bridge
Paru sur Strategic Culture Foundation sous le titre Exactly When Did the Nazis Stop Being ‘The Baddies’?


Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’hémisphère occidental se range désormais du côté des éléments néo-nazis contre la Russie.

Cette année, le défilé du jour de la Victoire à Moscou, en commémoration de la défaite de l’Allemagne nazie en 1945, est un événement doux-amer. En effet, le peuple russe se trouve une fois de plus, à sa grande surprise, dans une lutte existentielle contre le fascisme. Pourtant, cette fois-ci, les gouvernements occidentaux ne se contentent pas d’ignorer le problème qui se pose à la frontière de la Russie, ils le cautionnent activement.

Une histoire vraie : À la fin des années 1970, à l’école primaire Nativity of Our Lord de Pittsburgh, en Pennsylvanie, plusieurs élèves et moi-même avions été appelés au tableau pour résoudre un problème de mathématiques. Ayant dûment terminé ma tâche, j’ai pris un moment supplémentaire pour gribouiller quelque chose à côté de ma réponse avant de retourner à mon bureau.

Tout à coup, notre professeur, une religieuse pragmatique du nom de Sœur Dolorosa, a demandé d’une voix frémissante d’indignation : « Qui… a… fait… ÇA ? ». Ma seule pensée était que l’un de nous allait avoir des gros problèmes. Il s’est avéré que j’avais raison et que cet « un de nous », c’était moi. La religieuse en rage s’était levée de son bureau, et se tenait à côté de mon problème de maths, frappant une règle en bois contre le tableau où j’avais griffonné une image, qui se trouvait être une croix gammée. Ce n’est pas quelque chose que l’on trouve normalement dans la décoration d’une classe catholique. J’ai lentement levé la main en attendant que l’ire bien connue de Dieu, ou la redoutable règle de la nonne, s’abatte sur moi.

Avant que le lecteur ne porte un jugement sur mon acte insensé, il est important de noter que je n’avais découvert cet ancien symbole – aujourd’hui identifié à l’Allemagne nazie et à ses atrocités – que le matin de ce jour-là. Lors d’un passage à la bibliothèque de l’école, j’étais tombé sur un livre sur la Seconde Guerre mondiale, et j’avais vu pour la première fois une image de la redoutable croix gammée. Inutile de dire que je n’avais aucune idée des horreurs qu’elle représentait, et que j’étais stupéfait qu’une simple croix biscornue puisse susciter autant d’émotion.

(Lol. Cet article du journal allemand Die Welt, « le mensonge du bataillon néo-nazi », vise à minimiser le rôle des nazis dans le bataillon Azov.

Mais dans l’image qu’il a lui-même choisie pour illustrer l’article, il y a 3 symboles distincts, clairement et objectivement nazis.)

Aujourd’hui, plusieurs décennies après que mon professeur ait piqué une colère noire à cause d’un symbole politique griffonné par un enfant ignorant, le monde est devenu un endroit radicalement différent, et pas en mieux. Est-ce que c’est parce que nous avons oublié les cruelles leçons de l’histoire ou parce que la russophobie aveugle est si profondément ancrée dans les esprits, difficile à dire. Quoi qu’il en soit, l’hémisphère occidental est maintenant, aussi incroyable que cela puisse paraître, du côté des éléments néo-nazis contre la Russie. La croix gammée, semble-t-il, n’inspire plus l’effroi dans le cœur de ses citoyens.

Beaucoup de gens seront tentés de se moquer de ces affirmations, et de les rejeter comme de la « désinformation du Kremlin », ou autre. Ces mêmes personnes n’ont probablement jamais entendu parler du personnage historique Stepan Bandera, le collaborateur nazi de la Seconde Guerre mondiale en l’honneur duquel des dizaines de statues ont été érigées sur les places des villes d’Ukraine [et des rues rebaptisées à son nom, lien en français, NdT]. Elles n’ont pas non plus eu l’occasion, grâce aux partis pris anti-russes bien connus des médias occidentaux, de voir l’attirail néo-nazi, et les nombreux tatouages documentés par les troupes russes dans leur marche épuisante à travers l’Ukraine, dans l’espoir d’un futur tribunal militaire.

Pendant ce temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en avant son ascendance juive pour tenter de contrer la Russie, qui affirme vouloir « dénazifier » son pays. Comment un président d’origine juive pourrait-il s’aligner sur les forces idéologiques responsables de l’Holocauste ? Il serait toutefois erroné de se fier à ses affirmations. Le fait est que Zelensky s’est montré absolument impuissant face aux forces d’extrême droite ukrainiennes. Il suffit de se reporter à 2019, lorsque les paramilitaires néonazis se fédéraient autour d’une campagne de rejet de toute capitulation, qui appelait au refus de tout accord de paix avec les citoyens pro-russes du Donbass tel que formulé dans le protocole de Minsk. Le fait que Zelensky ait finalement été contraint de céder à leurs exigences explique tout ce que nous avons à savoir sur le conflit actuel.

Les journalistes Alexander Rubinstein et Max Blumenthal ont récemment décrit l’ampleur de la pénétration de l’idéologie néonazie dans la société ukrainienne, et ce indépendamment de l’origine ethnique de Zelensky.

« Azov avait été officiellement incorporé dans l’armée ukrainienne et sa milice d’autodéfense urbaine, connue sous le nom de Corps national, était déployée dans tout le pays sous la surveillance du ministère de l’Intérieur ukrainien, aux côtés de la police nationale », écrivent les auteurs dans The Grayzone. « En décembre 2021, on a vu Zelensky remettre le prix du ‘Héros de l’Ukraine’ à un dirigeant du Secteur droit fasciste lors d’une cérémonie au parlement ukrainien. »

En effet, bien avant que Moscou ne se sente obligé de prendre des mesures en Ukraine face à ces menaces d’extrême droite, qui, soit dit en passant, bénéficient du seul soutien des États de l’OTAN et de leurs armes, les journalistes occidentaux discutaient publiquement de la montée des tendances fascistes dans le pays.

En mars 2018 déjà, le journaliste de Reuters Josh Cohen rapportait que même si « de nombreux Ukrainiens continuent de considérer les milices [d’extrême droite] avec gratitude et admiration, les plus extrêmes de ces groupes promeuvent une idéologie intolérante et illibérale qui mettra l’Ukraine en danger à long terme. »

Cohen cite ensuite Matthew Schaaf, directeur du projet Ukraine du think tank Freedom House, qui a révélé que « de nombreux groupes organisés de droite radicale existent en Ukraine, et alors que les bataillons de volontaires ont été officiellement intégrés dans les structures de l’État, certains d’entre eux ont depuis lors créé des structures politiques et des ONG pour mettre en œuvre leur vision. »

Ce que représente cette « vision » explique en grande partie les troubles qui embrasent l’Ukraine aujourd’hui.

Combien de progressistes de l’hémisphère occidental savent, par exemple, que Kiev a donné la permission au groupe extrémiste C14 (le nom fait référence à un serment de 14 mots populaire parmi les suprémacistes blancs) d’établir des patrouilles dans les rues de la capitale ? En 2018, trois forces de ce type chapeautées par des milices ont été enregistrées à Kiev, la capitale ukrainienne, et près de deux douzaines dans d’autres villes. Pourtant, aujourd’hui, les médias occidentaux prétendent que rien de tout cela n’existe, et que toute discussion sur le néonazisme en Ukraine est de la « désinformation. »

Les efforts manifestes de l’Occident pour blanchir soudainement le pouvoir et l’influence de l’extrême droite en Ukraine trahissent plus que tout sa russophobie enracinée. Pourtant, s’ils étaient confrontés à une menace néonazie à leurs frontières, il est peu probable que les États membres de l’OTAN – et notamment l’Allemagne, où le simple fait d’arborer un symbole nazi peut conduire une personne en prison – maintiendraient leur neutralité actuelle.

Tout comme la réaction indignée de cette enseignante catholique, il y a de nombreuses années, lorsqu’elle a été confrontée à la vue d’une croix gammée dans sa classe, les gens doivent à nouveau comprendre le danger inhérent à une telle idéologie – même si cela implique de parvenir à une compréhension de la la Russie et à une coexistence pacifique avec elle. Mais il faut d’abord que le monde occidental cesse d’attendre de Moscou qu’elle accepte de vivre à côté d’une menace existentielle – une idéologie détestable dont l’agressivité a été amplement prouvée – qu’aucun autre pays au monde ne tolérerait longtemps.

Il est temps de se rappeler que les nazis sont les méchants.

Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration : Portait colorisé de Stepan Bandera / Wikimedia Commons

Note de la traduction :

Selon le journal Jewish News, Le Parlement ukrainien a déclaré le 1er janvier journée nationale de commémoration de Stepan Bandera, collaborateur nazi de l’Ukraine. Article de 2018.
Ceux qui vous disent qu’il n’y a « pas de nazisme dans l’Ukraine actuelle » sont soit des ignares, soit des menteurs.

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9 Commentaires

  • Marc
    Marc

    Bonjour

    Pour appuyer cet article, un témoignage tout frais :

    https://www.youtube.com/watch?v=ZoKnhXnp-Zk

    ..

    Répondre
  • Marc
    Marc

    Et la Victoire, à nouveau fêtée librement à Marioupol :

    https://www.donbass-insider.com/fr/2022/05/10/la-rpd-fete-le-jour-de-la-victoire-a-marioupol/

    Répondre
  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Si cela ne concernait que l’Ukraine ce serait un moindre mal.

    Les digues anti fascistes sautent toutes les unes après les autres faute de résistance communiste organisée et crise aidant avec l’extension dans frein du capitalisme aussi bien dans sa dimension géographique néo coloniale que dans sa dimension intérieure par la privatisation non seulement des services publics mais également des individus dans leur plus grande intimité avec la révolution numérique du web 2.0 du smartphone et du big data.
    Aujourd’hui une poignée d’entreprises les GAFAM savent exactement ce que vous faites, vous pensez, vous consommez, où vous vous trouvez, votre état de santé leur donnant le pouvoir d’exploiter ces mines de données d’en extraire de l’information de la vendre de la manipuler de contrôler des nations leurs gouvernements et leur peuple. Ces entreprises peuvent vous vendre sur les plateforme comme livreur, artisan, chauffeur et même dans vos relations amoureuses ou vos organes, rien n’est sacré. Imaginez le nouveau propriétaire de Twitter devenir propriétaire de l’ensemble d’Internet. Les autres facsistes de la Silicon Valley soutenus financièrement par le Parti Démocrate ne valent pas mieux. Ici peut être le terme totalitarisme pourrait commencer à avoir un sens réel.

    Les méthodes de manipulations sont connues et utilisées de longue date par les publicitaires, la répétition incessante et par plusieurs canaux du même message. Ce serait entre 1500 et 15000 signes commerciaux perçus par jour et par personne. Les sciences cognitives au service de la bourgeoisie ne se limite pas au commercer mais consolide ce qui est le plus important leur position sociale de contrôle de l’ensemble de la politique.

    Mais ont ils été méchants un jour ces nazis ? Pour les bourgeois et les aristocrates qui les ont financés en échange de bon et loyaux services, la presse des années 30 aussi trouvait quelques charmes à Mussolini, Franco et Hitler, jusqu’à attribuer la Légion d’Honneur décoré dans les années 20, ce grand amis de la République dont la devise de la légion était “viva la muerte !”.
    Et dont l’amitié avec Hitler n’était pas cachée.

    Rappelons que pendant des décennies un tourisme de masse populaire c’est déversé sur les plages de la “costa del sol” sous l’œil bienveillant del Caudillo tout comme les bases du libérateur américain et les survols des bombardiers nucléaires. Avec un peuple aux salaires de misère dont les résistants étaient déportés, emprisonnés ou assassinés.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault-la-legion-d-honneur-ne-sera-pas-retiree-au-general-franco-dictateur-de-l-espagne-pendant-40-ans-2023249.html
    Une belle amitié:
    https://d220hvstrn183r.cloudfront.net/attachment/77163597912639643326.large
    Accident de Palomares:
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Palomares

    Les collaborateurs de ces méchants nazis ont été dans l’administration française Papon Bousquet pour les plus médiatiques et jusqu’à la Présidence.

    Finalement nous revenons à une variante de la longue collaboration avec les forces répressives du capitalisme qui mutent avec le temps plus ou moins brusques, la semaine sanglante de la Commune, la fusillade de Fourmies, la répression des Gilets Jaunes.

    Les crimes de l’armée britannique impériale n’ont jamais fait passé les Lords britanniques pour des méchants pas plus que les gouvernements successifs des États-Unis au palmarès criminel prestigieux.

    La répression de très longue date des propriétaires contre les prolétaires en général et les révolutionnaires en particulier par leurs forces de l’ordre n’est qu’une continuité.

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    • PacoB

      A Ottowa (Canada), la police recherche pour “crime de haine“ les auteurs d’une simple inscription “Nazi war monument” sur un monument glorifiant les Waffen SS de la 14e division Galicia.
      On en est là !
      https://twitter.com/HerveHannoun/status/1284190850717802496

      Pour le totalitarisme en France (et ailleurs), je me demande si dès 1983 on n’en avait pas déjà la preuve lorsque François Mitterrand répond à Danielle Mitterrand à propos du tournant de la rigueur. “La France, comme le reste du monde est assujettie à une dictature financière qui gère tout, décide de tout.” source: Les Mitterrand p301

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