Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La falsification de l’histoire et les fauteurs de guerre, par Bruno Mahlow

24 février 2022

Pour les Français qui l’ignorent alors que c’est un personnage très connu en Allemagne; Mahlow est né à Moscou parce qu’il est le fils de Bruno Mahlow (1899-1964), un fonctionnaire du KPD lui même très célèbre comme anti-nazi qui a émigré en Union soviétique. Il retourne à Berlin avec sa famille en 1947, il fait des étudies de diplomate et rejoint le service diplomatique de la RDA. De 1962 à 1964, il travaille au ministère des Affaires étrangères de la RDA et de 1964 à 1967 comme premier secrétaire de l’ambassade de la RDA à Pékin. Il joue encore un grand rôle dans les relations avec la Chine y compris avec les milieux d’affaire.
Mahlow est membre du Conseil des anciens du Parti de gauche. Il est l’un des auteurs permanents du mensuel communiste-socialiste « RotFuchs ». Ici il rappelle le rôle qu’a joué dans la montée du nazisme la falsification de l’histoire en montrant que nous sommes aujourd’hui dans un processus semblable qui ne peut que déboucher sur des effets semblables dans le continent européen. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)



Tout a commencé par une falsification de l’histoire qui a débouché sur une guerre idéologique menée par les médias


Gare aux débuts – disait-on déjà au début d’une campagne de falsification irresponsable de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale par les médias et certains hommes politiques. Aujourd’hui, nous sommes les témoins d’une guerre idéologique, de l’utilisation massive des médias de masse pour manipuler les consciences et les actions politiques.
Derrière la russophobie se cache entre autres la négation du fait que les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN considèrent la Russie comme leur principal ennemi géostratégique.

Les sanctions appliquées servent également de moyen de “punition”, en dépit de tout droit international.
Ainsi, cette falsification a également conduit à la formation du terrorisme d’État, aux mensonges et à l’agitation comme instruments politiques d’un ordre mondial basé sur les règles américaines.
Les principaux acteurs occidentaux donnent l’impression que la reconnaissance des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk a été une surprise (même si elle a été prédite).


En réalité, ces deux républiques non reconnues ont déclaré leur indépendance vis-à-vis de l’Ukraine dès 2014, tandis que la Russie ne les a reconnues que maintenant, bien que la pression à cet égard ait été forte dès le début dans la société russe et dans les deux républiques.

Mais ce n’est pas tout. Ce qui est frappant, c’est l’ignorance et la falsification des événements qui ont accompagné et commencé avec le coup d’État de février 2014, la maïdanisation encouragée par l’Ukraine, la France et l’Allemagne.


Peu après leur annonce, les accords de Minsk ont été traités comme une “feuille de papier sans intérêt” du côté ukrainien.

Cela concernait en particulier la question clé des accords de Minsk, qui comprenait la conduite du dialogue du gouvernement ukrainien avec les deux républiques. Elles étaient les véritables parties actives du conflit international.


La Russie n’en faisait pas partie.

Les acteurs occidentaux doivent donc se faire reprocher que le sort des quatre millions d’habitants du Donbass ne joue aucun rôle dans leurs cris. Pour les forces arrivées au pouvoir, la décision a été prise contre les accords de Minsk et pour l’effusion de sang.


Il est également frappant de constater la négation de la nature réactionnaire de la politique dominante, des tendances dangereuses à la fascisation qui visent en premier lieu les citoyens ukrainiens !




Même l’utilisation de la langue maternelle est punie. Le bombardement de territoires habités, de centres économiques fait partie des menaces permanentes.

La reconnaissance des deux républiques par la Russie est considérée comme une violation du principe de souveraineté et d’intégrité territoriale. Mais il faut ici se référer à la déclaration de 1970 sur les principes du droit international concernant les relations amicales entre les peuples.


Ils constituent également la base de l’interprétation de la Charte des Nations unies.

La déclaration souligne que le principe de la souveraineté et de l’intégrité territoriale doit être absolument respecté – en ce qui concerne tous les États qui respectent dans leurs actes pratiques le principe de l’égalité des droits et de l’autodétermination des peuples et qui disposent en conséquence de gouvernements qui représentent l’ensemble du peuple sur leurs territoires respectifs, sans distinction de race, de confession ou de couleur de peau.

Personne ne peut prétendre que le régime en place en Ukraine depuis le coup d’État de 2014 représente l’ensemble du peuple vivant sur le territoire de l’État ukrainien.


Nier cette position clé n’est pas à l’honneur des détracteurs de l’action de Poutine.

Parmi les actions négatives dans la crise ukrainienne figure également le rôle de l’UE, qui ne reconnaît pas la responsabilité de ses propres actions, bien que les ministres des Affaires étrangères allemand, polonais et français aient été considérés dans un premier temps comme les garants de l’accord conclu entre le président Ianoukovitch et l’opposition.

Même en tenant compte de certains passages controversés du discours du président Poutine, il convient d’écrire dans le journal de bord de la droite et de certains critiques de gauche de Poutine qu’une décision responsable sur la question de la paix implique, comme condition préalable raisonnable, de renoncer à l’antisoviétisme, à l’anticommunisme et encore plus à la russophobie. Cela contribuerait également à la consolidation de la société.

Malgré la situation extrêmement dangereuse, le régime ukrainien actuel – et il ne peut le faire qu’avec la bienveillance active des politiques occidentaux – continue à jouer avec le feu. Rien que le 23 février, le centre de l’OSCE a signalé plus de mille détonations en 24 heures. Le nombre de morts et de blessés continue d’augmenter. Au lieu de démilitariser, de renoncer à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et de répondre à l’appel de Moscou à fournir des garanties pour la sécurité de la Russie, le gouvernement ukrainien et l’alliance occidentale, avec la participation active de l’UE et de l’Allemagne, font monter la tension. La situation actuelle est très éloignée de l’objectif de Moscou de tout mettre en œuvre pour parvenir à “la paix, la stabilité dans la région et le renforcement de la sécurité”.

Même un bref retour historique sur les 30 dernières années montre que la Russie s’est efforcée avec persévérance et patience de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes d’une sécurité équitable et indivise en Europe. En contradiction avec cela, la Russie est calomniée sans aucune raison comme étant un ennemi, un agresseur. L’alliance occidentale va jusqu’à tenter de créer une “anti-Russie” sous la direction des Etats-Unis.

Pour de nombreux critiques de la Russie, même de gauche, l’engagement “plus jamais de guerre, plus jamais de fascisme” semble avoir été oublié. Plus encore, les politiques de l’OTAN soutiennent les nationalistes extrémistes et les néonazis en Ukraine. Depuis un temps infini, 8 ans, les forces arrivées au pouvoir par un coup d’État depuis 2014 refusent tout règlement pacifique du conflit. Conformément à l’article 51, partie 7, de la Charte des Nations unies et avec l’accord du Conseil de la Fédération de Russie, la Russie mène une opération militaire spéciale conformément aux accords conclus avec les deux républiques. Il s’agit de protéger des vies humaines, de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’une occupation du territoire ukrainien, ni d’une violation du principe de la liberté de l’homme en tant que valeur. Mais pour la Russie, la renonciation au droit à l’autodétermination de la nation est également inadmissible.


En outre, pour la Russie elle-même, l’autodéfense face au danger que représentent l’élargissement de l’OTAN à l’Est et le développement de ses infrastructures revêt une importance fatidique. La Russie ne peut pas accepter sans protester une répétition du 22 juin 1941. Ce n’est pas seulement une leçon pour la Russie, mais également un avertissement pour toutes les forces qui n’ont rien appris de l’histoire.


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3 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Sur la falsification on peut lire parfois certains commentaires provenant de la gauche mettant sur le même pied une lutte de deux impérialismes.
    Les faits démontrent le contraire, les provocations comme le soutien aux terroristes dans le Caucase ne sont pas le fait de la Russie, les menaces contre les minorités Russes également même si ces troubles ont commencé sous la direction criminelle de Gorbatchov le bien aimé de la bourgeoisie occidentale.
    L’intervention en Syrie s’est effectuée sous le couvert d’accords de défense légaux, contrairement à l’intervention dans ce même pays de la France et des USA.
    Comment oser parler d’impérialisme Russe ?
    Aucun territoire n’a été annexé par la Russie, peut on en dire autant des USA qui campent en Syrie, Irak, Afghanistan et qui voulaient attaquer l’Iran ; Iran trop gros morceau pour une armée américaine qui roule sur l’or mais dont leurs soldats ne valent rien.

    La falsification encore des nombreux documentaires où les nazis d’Ukraine sont présentés comme des héros dans nos chaînes publiques, c’est une complicité criminelle.

    La falsification encore quand on manipule les sentiments vis à vis des réfugiés ukrainiens et que l’on reste dans l’ignorance des massacres dans le Donbass ou encore la fuite de 13 millions d’Ukrainiens depuis 2014. Où sont nos généreux sauveurs pour aider Cuba sous embargo criminel ou bien encore les populations civiles d’Iran qui n’ont plus accès aux médicaments contre le diabète ou le cancer alors que ce pays riche peut les payer. Le malade iranien aux yeux de nos démocrates peut mourir, comme les civils au Yémen. Où en sommes nous du règlement de la crise palestinienne qui pourri la vie des arabes comme des israéliens ?
    Sans parler des milliers de noyés dans nos mers où le peuple pleure une fois sur une photo d’enfant échoué sur une plage mais oublie aussi tôt les milliers d’autres pour voter fasciste en coeur aux présidentielles.

    Falsification massive sur les communistes des pays de l’Est dont les pays ont été détruits et les dirigeants assassinés ou emprisonnés comme en Roumanie ou en RDA.

    Falsification quand on soutien des “opposants” fascistes comme en Biélorussie ou en Russie même et que dans les deux grandes monarchies européennes sont emprisonnés contre les droits de l’homme journalistes et chanteurs pour avoir osé dire la vérité, le caractère criminel de ces monarchies.

    Falsification quand pas une minute n’est consacrée aux massacres actuels en Colombie.

    Falsification massive sur l’histoire criminelle des USA qui sans hésitations, tout comme les britanniques ont supprimé des milliers de vies de civils, jusqu’à l’horreur de la bombe atomique, et aujourd’hui avec des centres de tortures comme Guantanamo ou Abu Graib.

    Plus jeune quand je découvrais le Manifeste du parti Communiste de 1848, j’avais des réserves sur la méthode préconisée pour libérer les travailleurs, mais il faut bien se rendre compte que le capitalisme n’hésite pas à utiliser la violence, son histoire est faite de sang, de guerres ou d’opérations maintien de l’ordre contre le peuple opprimé. Comme récemment au Chili en 2019.

    Nous sommes brutalement face à la réalité de la confrontation capitaliste, et nos gouvernements de vassaux mettent de l’huile sur le feu. En Europe nous allons tout perdre !
    La situation va devenir insoutenable pour nos populations et la réponse nous en avons déjà eut un aperçu lors de la révolte des Gilets Jaunes, nos flics sauront faire mieux, ils ont formés les chiliens.

    Face à cela la réponse décevante voire minable du PCF et pire celle du PCE, ne mesurant pas ce qui se joue actuellement, le frein à l’expansion impérialiste américaine ou sa poursuite jusqu’à la destruction de la Chine.

    La place de Poutine comme celle de Gorbatchev est au goulag, mais pour l’instant il faut libérer l’Ukraine de ses fascistes et des manipulateurs étrangers et il faudra que les Ukrainiens et les Russes règlent leurs comptes aux oligarques qui ont miné et détruit une formidable zone de paix et de progrès l’Union Soviétique.

    Peut être demain dans nos rues en Europe ? :
    “Paco Vampiro” lors de la Révolte Chilienne oubliée de nos média.
    Chili si chéri par les USA.
    https://youtu.be/tdtpGRR-8wU

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    • admin5319
      admin5319

      QUI DIT QUOI ?
      c’est tout de même extraordinaire la manipulation des médias. Poutine dit qu’il met en alerte sa force de dissuasion, qui a bien sur une composante nucléaire, on lui fait dire qu’il menace des gens qui n’ont aucune responsabilité. jE SIGNALE QUE LE DRIAN LUI A CLAIREMENT MENACE EN EXPLIQUANT QUE L’OTAN ETAIT UNE FORCE NUCLEAIRE ET CE AVANT POUTINE. Que tout le monde a choisi d’énumérer les armes envoyés sur le terrain. Mais pouvez vous me dire comment ces armes arrivent ? Toutes seules par le facteur du coin ou nécessitent des convois encadrés de forces militaires qui ont donc toutes chances de se retrouver nez à nez avec les Russes et donc de voir démarrer le conflit.
      La bonne nouvelle c’est que comme je vous l’avais annoncé alors que nos médias répétaient à qui mieux mieux que l’Ukraine ne voulait pas négocier, les dirigeants ukrainiens eux avaient compris qu’ils seraient de la chair à canon et ont accepté.
      Espérons que ces trois peuples frères trouveront la voix de la raison et que le cauchemar sera évité malgré tous ceux qui n’ont cessé de jeter de l’huile sur le feu au lieu de s’employer à établir une base d’accord et je n’en vois pas d’autre que l’arrêt de l’avancée de l’OTAN signé par tous et le retrait parallèle de l’armée russe. tout le reste n’est qu’agitation stérile.

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      • Xuan

        Je le signale dans un autre commentaire, mais il faut souligner que la mise en alerte de Poutine date d’aujourd’hui à 15h48 selon RT.
        Par contre le 26, heure locale, l’animateur de podcast américain Brian Taylor Cohen a interviewé Biden. Dans l’interview, Cohen a mentionné divers sujets de sanctions que Poutine avait déjà reçues. Biden a déclaré: “Vous avez deux options, déclencher une troisième guerre mondiale et entrer en guerre avec la Russie; deuxièmement, assurez-vous qu’un pays qui viole autant le droit international en paie le prix.”
        Naturellement cette info n’a pas filtré et c’est une source chinoise qui la signale.
        Parallèlement les médias d’origine russe sont censurés, de sorte que nous n’avons plus qu’une voix celle de la propagande de guerre occidentale.

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