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Ukraine : où trouver la vérité dans les moindres détails

Le 20 février 2022 par Craig Murray. Craig John Murray (né le 17 octobre 1958) est un écrivain écossais, militant des droits de l’homme, journaliste et ancien diplomate pour le Foreign and Commonwealth Office du Royaume-Uni. Un vrai militant des droits de l’homme qui a mis en sommeil sa carrière de diplomate pour dénoncer les aveux obtenus sous la torture en Ouzbekistan avec la complicité du gouvernement britannique. De même, nous avons publié ses interventions en faveur d’ASSANGE. Il conseille ici à tous ceux qui paraissent manquer d’information sur ce qui se passe actuellement en Ukraine de tout simplement suivre les rapports de l’OSCE, mais lisez plutôt c’est édifiant (note de Danielle Bleitrach traduction de Catherine Winch).

Dans le blitz de propagande massive sur l’Ukraine, il y a un endroit où vous pouvez trouver, avec une foule de détails, la vérité sur ce qui se passe quotidiennement dans la zone de conflit de la guerre civile. Il s’agit des rapports quotidiens de la mission de surveillance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe est une organisation magistrale “créée pour surveiller la mise en œuvre des accords sur les droits de l’homme et le contrôle des armes pendant la période de la guerre froide. Elle compte la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis parmi ses 57 membres, ainsi que tous les États de l’UE. Elle opère dans les zones de conflit depuis plus d’un demi-siècle.

Plus de 40 États membres ont des observateurs dans la mission de surveillance en Ukraine. Le chef de la mission est turc, et presque tous les membres ont une formation militaire ou diplomatique. Il y a 700 observateurs, et ils sont présents en Ukraine depuis 2014. Leur travail consiste à patrouiller des deux côtés de la zone de conflit de la guerre civile et à enregistrer les violations des accords de cessez-le-feu et de désescalade, en les portant à l’attention des autorités compétentes.

Leur travail est très complet et leurs rapports quotidiens détaillés sont publics. Ils constituent la ressource journalistique la plus fantastique pour savoir ce qui se passe réellement sur le terrain – c’est pourquoi les grands médias occidentaux n’utilisent jamais cette ressource, car la vérité est à l’opposé de l’image qu’ils souhaitent peindre.

Par exemple, trois observateurs de l’OSCE se sont rendus sur le site de la fameuse attaque du “missile du jardin d’enfants”, afin de vérifier quel type de missile a été utilisé, d’où il venait, puis de comparer ces données avec le registre détaillé de l’OSCE sur les armes des deux camps dans la région et leurs mouvements quotidiens. C’est, littéralement, le travail quotidien de base de la mission. L’équipe d’observateurs experts de l’OSCE – dont deux provenaient de pays de l’Union européenne – s’est vu refuser par le gouvernement ukrainien l’accès au jardin d’enfants à son arrivée pour déterminer de quel type de missile il s’agissait et d’où il provenait. Cela constitue une violation directe de l’accord de cessez-le-feu.

Pour ceux d’entre nous qui considéraient au départ que l’attaque du jardin d’enfants n’était que de la propagande, voici une puissante corroboration.

Ceci est extrait du rapport quotidien de l’OSCE du 18 février :

” Dégâts causés à un jardin d’enfants en activité à Stanytsia Luhanska, région de Luhansk “.

Le 17 février, la Mission a suivi les informations faisant état de dommages causés à un jardin d’enfants en activité dans la partie nord-ouest de Stanytsia Luhanska Luhanska (contrôlée par le gouvernement, à 16 km au nord-est de Luhansk). Luhansk), situé à environ 4,5 km au nord-ouest de la limite nord-ouest de la zone de désengagement.

Au 22 de la rue Depovska, à environ 20 m au sud-ouest d’un bâtiment de deux étages abritant un jardin d’enfants, la SMM a observé un cratère dans l’aire de jeu du jardin d’enfants, ainsi que des marques attribuées à des éclats d’obus sur la face intérieure d’un mur en béton entourant le bâtiment. Elle a également observé un trou (d’environ 1 m de diamètre) et une fenêtre brisée sur la façade nord-est du même bâtiment, ainsi que deux fenêtres brisées sur la façade sud du même bâtiment, et deux fenêtres brisées sur le mur nord-ouest du bâtiment (au rez-de-chaussée et au premier étage).

Le SMM a estimé que les dommages étaient récents mais n’a pas été en mesure de déterminer l’arme utilisée ou la direction du tir.

Le personnel du Département des Affaires de la Jeunesse de l’Administration Civile-Militaire de Stanytsia Luhanska a déclaré à la Mission que 20 enfants se trouvaient dans le jardin d’enfants au moment de l’incident, mais n’ont signalé aucune victime.

Le SMM n’a pu effectuer son évaluation qu’à une distance d’environ 50m de la façade nord-est et d’environ 20m de la façade sud-ouest du bâtiment endommagé, car un agent des forces de l’ordre n’a pas permis à la Mission d’accéder au site en indiquant qu’une enquête était en cours”.

Ce même rapport fait état de nombreuses violations de l’accord de cessez-le-feu par le gouvernement ukrainien, qui a déplacé des armes lourdes pour menacer les zones tenues par les séparatistes et qui a conservé des armes en dehors des installations de stockage convenues. Il fait également état du même type de violations de la part des rebelles séparatistes. Aucun de ces bilans n’a été enregistré par les mêmes médias occidentaux qui aiment donner des comptes-rendus détaillés des mouvements de troupes en Russie. Voici un minuscule exemple parmi des centaines d’informations de l’OSCE, tiré du même rapport du 18 février que la visite du jardin d’enfants :

Le SMM a continué à surveiller le retrait des armes en application du

Mémorandum et le paquet de mesures et son addendum.

En violation des lignes de retrait, la Mission a observé un système de missiles sol-air dans une zone de Donetsk contrôlée par le gouvernement.

 Elle a également repéré 21 obusiers, cinq canons anti-char

(dont quatre probables) et un probable système de lancement multiple de roquettes, dans deux zones d’entraînement dans des zones non contrôlées par le gouvernement de la région de Luhansk.

Au-delà des lignes de retrait mais en dehors des sites de stockage désignés, le SMM a vu dix obusiers tractés et deux systèmes de missiles sol-air dans les zones contrôlées par le gouvernement de la région de Donetsk, dans deux enceintes (dont une près d’une zone résidentielle). Elle a également repéré deux systèmes de missiles sol-air, 12 mortiers et 41 chars dans deux zones d’entraînement situées dans des zones non contrôlées par le gouvernement de la région de Luhansk.

Dans les zones contrôlées par le gouvernement des régions de Donetsk et de Luhansk la Mission a vu sept véhicules de combat blindés. Dans les zones résidentielles des zones non contrôlées par le gouvernement des régions de Donetsk et de Luhansk, elle a également vu un canon antiaérien et deux véhicules de combat blindés (dont un probable).

Pendant la journée, la SMM a vu un minibus, trois minivans, deux voitures et dix hommes (âge inconnu) portant des vêtements de style militaire et des fusils d’assaut dans une zone résidentielle d’Oleksandrivka. (zone non contrôlée par le gouvernement, à 20 km au sud-ouest de Donetsk).

La Mission a également vu un convoi composé de quatre camions (trois de type Ural et un de type Kamaz) et de trois voitures transportant au moins sept hommes dans une zone résidentielle de Brianka (non contrôlée par le gouvernement, 46 km au sud-ouest de Luhansk) en direction du nord-ouest. Plus tard dans la journée, le SMM a vu ce même convoi à Alchevsk (non contrôlé par le gouvernement, à 40 km à l’ouest de Luhansk).

Trois pays ont maintenant retiré leur personnel de la Mission de surveillance de l’OSCE en prévision d’une guerre à venir – le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada. À mon avis, cela en dit long sur ceux qui prévoient réellement de déclencher une guerre ici. Fait extraordinaire, après avoir retiré leur personnel, les puissances occidentales informent maintenant les médias que l’OSCE (qui a été pendant des décennies un outil clé de l’architecture de sécurité occidentale) est une organisation partiale.

Une fois de plus, le parallèle avec la guerre en Irak est frappant pour ceux d’entre nous qui se souviennent que les États-Unis et le Royaume-Uni ont dénigré les rapports de l’équipe d’inspection en désarmement de l’ONU, en faveur de la propagande et des mensonges purs et simples visant à déclencher une guerre.

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