Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pourquoi la reconnaissance des Républiques du Donbass n’est pas en contradiction avec Minsk-2, par Alexei Netchaev, politologue

Après la déclaration du secteur international du PCF qui même quand il semble appeler à la paix ne peut pas s’empêcher de traîner du côté de l’OTAN, par exemple en attaquant la position de la Douma sur la reconnaissance des républiques, ce qui n’a pas d’autre intérêt que d’envoyer un message subliminal “Ne vous inquiétez pas, nous tenons le guidon, avec nous vous ne risquez pas une véritable action qui contredirait les bailleurs de fond de l’UE. La déclaration qui en fait une tonne dans les bons sentiments ne débouchant sur rien pousse la médiocrité jusqu’à feindre d’ignorer que la proposition vient des communistes russes… Donc si cela peut encore servir à quelque chose voici des arguments qui prouvent que les communistes russes n’ont pas attendu les “lumières” du secteur international du PCF pour faire des propositions (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
18 février, 2022
https://vz.ru/opinions/2022/2/18/1144329.html

https://vz.ru/opinions/2022/2/18/1144329.html

Berlin, Paris, Washington et Kiev se sont précipités pour accuser Moscou de saper les accords de Minsk et quasiment de s’en retirer. La raison en est la décision de la Douma d’État d’envoyer un appel au président russe sur la nécessité de reconnaître la LNR et la DNR. Et la France est prête à considérer une telle démarche comme une “agression non armée”.

Le Kremlin a convenu que l’éventuelle reconnaissance des républiques “n’est pas en cohérence” avec les accords de Minsk, mais, comme l’a souligné Vladimir Poutine, “en Russie, un nombre écrasant de citoyens soutient les résidents de Donbass, et les députés ont un sens fin de l’opinion publique.”

“Je partirai du principe que nous devons tout faire pour résoudre les problèmes du Donbass, mais le faire sur la base des possibilités non pleinement réalisées pour la mise en œuvre des accords de Minsk”, a ajouté le président. Et dans la formulation “possibilités non pleinement réalisées” se cache la possibilité d’une reconnaissance simultanée des républiques et de la préservation de Minsk-2. La seule question est de savoir sous quelle forme elles doivent être reconnues.

Il est bien connu que non seulement Moscou, mais aussi Paris et Berlin sont les garants de la mise en œuvre des accords. Selon l’idée des dirigeants du format Normandie, c’est la France et l’Allemagne qui devraient encourager Kiev à mettre en œuvre la partie politique des accords. Cela implique une amnistie pour les milices, l’inscription du statut spécial du Donbass dans la constitution ukrainienne, la question des élections locales et des négociations directes avec les dirigeants de la LNR et de la DNR.

La France et l’Allemagne ont-elles réussi à obtenir de Kiev les résultats nécessaires en sept ans ? Non. Elles auraient pu ? Oui. Il y a suffisamment de levier financier et politique pour le faire. La raison pour laquelle ils ne l’ont pas fait est une autre question, mais il est clair que Paris et Berlin ne sont pas les garants de la mise en œuvre de Minsk-2, mais de leur sabotage par les dirigeants ukrainiens. Cela signifie-t-il que Paris et Berlin sapent le processus de Minsk ? Définitivement oui. Cela signifie-t-il que Moscou doit répondre au non-respect des règles par Paris et Berlin ? Bien sûr que oui. Et la France et l’Allemagne ont toujours l’obligation de rétablir le système bancaire dans le Donbass pour les paiements sociaux à la population locale. Mais le problème est toujours là.
Photo : Mikhail Sokolov/TASS

La Russie peut-elle, pour des raisons humanitaires, reconnaître la LNR et la DNR alors que ses partenaires de négociation facilitent le démantèlement des accords de Minsk et que ses alliés de l’OTAN injectent des ressources en Ukraine pour faire la guerre ? La réponse est évidente. Et ici, Moscou a trois options.

Première option

Lorsque la question de la réunification de l’Ukraine avec la Russie a été tranchée à l’époque de Bogdan Khmelnitsky, Moscou a compris que l’appel de l’hetman au tsar russe et les actions de ses troupes sur le territoire polono-lituanien constituaient une violation de leur serment au roi Jan Kazimir ainsi que de certaines règles de l’époque. Néanmoins, le Zemsky Sobor [Assemblée de boyards, nobles, marchands, clergé, etc. réunie ici en 1653 pour l’occasion, NdT] a trouvé un moyen de sortir de cette situation : si le roi “n’a pas tenu son serment et a violé la foi chrétienne orthodoxe de la loi grecque”, les Ukrainiens sont libres de prêter serment au roi et le tsar prend sous sa protection non pas des “rebelles” mais des “hommes libres”. Aujourd’hui, les habitants de Donbass (et pas seulement) peuvent se révéler être de telles personnes libres.

Et comme la procédure de retrait des accords de Minsk n’est précisée nulle part, il suffit à Moscou d’enregistrer : a) au moins un mot tordu de Vladimir Zelensky sur Minsk-2 ; b) au moins un coup de feu tiré par les forces armées ukrainiennes avec un type d’arme interdit par Minsk-2 ; c) et en prime – d’enregistrer l’incapacité de Paris et de Berlin à être garants de l’application des accords. Autrement dit, ce n’est pas “la Russie qui sape les accords de Minsk”, mais l’Ukraine, l’Allemagne et la France qui les enterrent, ce qui est tout à fait conforme à la réalité. D’autre part, si Moscou, pour certaines raisons, ne veut pas “faire faire demi-tour à l’avion au-dessus de l’Atlantique” à la manière de Primakov, il existe deux autres variantes pour résoudre ce problème, mais elles nécessiteront quelques amendements au texte de la résolution de la Douma d’État et la transmission de ce document au président.

Deuxième option.

Il pourrait s’agir, par exemple, d’une “reconnaissance temporaire de la LNR et de la DNR jusqu’à la mise en œuvre complète des accords de Minsk”. Une formulation similaire est contenue dans le décret de Vladimir Poutine du 18 février 2017, selon lequel la Russie reconnaît temporairement et jusqu’à ce que la situation dans le Donbass soit résolue sur la base de Minsk-2, les “documents et les plaques d’immatriculation des véhicules” des citoyens ukrainiens vivant dans le Donbass. Cette approche affirme l’engagement de la Russie envers les accords de Minsk et permet d’atteindre deux autres objectifs : faciliter les activités économiques étrangères de la LDNR et assurer la sécurité militaire des républiques de manière officielle.

Troisième option

La Russie peut s’inspirer de l’expérience des États-Unis, où la “loi sur les relations avec Taiwan” a été adoptée en 1979. Dans ce document, Washington adhère à la politique de la “Chine unique” et définit une voie pour le développement des relations bilatérales avec les “autorités de Taiwan”. Cette même loi établit l’engagement

de Washington en faveur de la sécurité militaire et économique de Taïwan, et Pékin doit s’en accommoder depuis des décennies.

Ainsi, la Russie dispose de plusieurs options pour reconnaître la LNR et la DNR qui n’ont rien à voir avec la remise en cause ou le retrait des accords de Minsk. Ces mêmes accords, dont pas une seule clause ne plaît au président Zelensky et à ses collègues. En outre, une nouvelle série de bombardements sur la DNR et la LNR laisse penser que l’Ukraine est incapable d’évaluer correctement la décision de Moscou de retirer ses troupes après les exercices et qu’elle continue de violer délibérément Minsk-2, profitant de l’infinie patience du Kremlin.

C’est pourquoi la Russie est libre de déterminer l’avenir du processus de Minsk en fonction de ses intérêts nationaux et de considérations humanitaires. C’est pourquoi Moscou peut reconnaître les Républiques du Donbass maintenant ou plus tard, dans les frontières actuelles ou dans d’autres, en choisissant l’une ou l’autre option de reconnaissance juridique internationale et de soutien aux républiques. Toutes ces questions sont discutables, mais le droit de Moscou de les résoudre face à l’inaction de Paris et de Berlin est indiscutable et ne contredit pas Minsk II.

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2 Commentaires

  • Xuan

    C’est fait maintenant. Ursula von der Leyden peut piailler “La reconnaissance des deux territoires séparatistes constitue une violation flagrante de la loi internationale, de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et des accords de Minsk”, mais une “agression non armée” n’appelle que des sanctions postiches.

    Naturellement le vert-de-gris Jadot “en appelle à une réponse française et européenne ferme et unie”.
    Il est regrettable qu’une fois de plus Roussel s’assoie entre deux chaises en parlant de “décision extrêmement grave”.

    Au contraire la décision de Poutine arrose l’incendie avant qu’il ne dépasse le seuil de l’irréversible. L’UE peut faire du bruit, l’Ukraine devra se tenir à carreau.
    Maintenant Biden n’a plus qu’à rentrer chez lui.
    Ou bien prendre de vraies sanctions sur le gaz russe ou le réseau SWIFT, qui pèseraient tout aussi lourd sur la France et l’Allemagne. Mais là c’est toute la stratégie de l’unité occidentale qui s’effondre. Sale temps pour les élections de mi-mandat.

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    • admin5319
      admin5319

      JE CROIS qu’il est inutile de déplorer la position de ROUSSEL, le malheureux a été piégé par la politique de ses mentors qui considéraient que l’élection présidentielle se jouait au plan intérieur et qui ont de ce fait tenté d’acheter la paix interne dans le PCF en laissant la bride sur le cou à Pierre laurent, MGB et d’autres. je trouve même que grâce à ses choix républicains et souverains, il s’en sort un peu mieux que ce qu’on pouvait le craindre. Je vous signale que je n’ai cessé de vous mettre en garde y compris ceux qui ne voient que la Chine, malheureusement vous avez joué à des petits jeux dangereux renforçant de fait les manoeuvres de mélenchon et ignorant ce qui avait toute chance d’éclater en Afrique et en Europe même, à savoir non seulement l’OTAN mais l’éclatement de la bulle financière toute chose qu’une campagne juste sur le plan interne mais qui laisse la gestion de la politique internationale à des incapables voir à des vendus va à un moment se heurter à un mur.

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