Smiley (François) émet des doutes sur la “victoire” du Chili, et bien sur depuis les primaires où le candidat du PCC avait dû céder la place à un jeune ambitieux, l’équivalent de Manuel Valls, le doute est là et il faudrait être bien naïf pour ne pas voir à la suite de quelles manœuvres et s’ébaudir sur la manière démocratique dont l’extrême-droite a salué la victoire de la gauche, comme tout s’est passé avec une si belle démocratie et les tenants d’un candidat de gauche à n’importe quel prix ne manquent pas de souligner ce même scénario. On voit tout cela si on n’est pas complètement débile, mais l’adversaire d’extrême droite était tel, une caricature, que l’on ne peut que se réjouir de sa défaite. La démocratie chrétienne, des individus aussi suspects d’allégeance aux USA que Michèle Bachelet ont été à la manœuvre pour surtout éliminer les communistes portés par le mouvement social et ils étaient probablement en phase avec la CIA. Mais comme le souligne ici daniel Arias nous ne sommes ni en 1973, ni à la fin de Pinochet, il y a la montée d’une radicalité sur toute la planète qui se combine avec la crise d’hégémonie des USA, un monde multipolaire, mais aussi avec la faiblesse des forces organisées et la caractéristique de l’absence d’une force politique révolutionnaire. A ce titre et comme le note Franck Marsal à propos de son communiqué, le Parti Communiste Chilien ce n’est pas tout à fait l’eurocommunisme et ses conséquences sur la disparition de cette force révolutionnaire… Il y des rendez-vous que ce nouveau pouvoir ne pourra éviter et qui n’apparentent pas la situation à celle des gilets jaunes et de la France où manque encore un parti communiste de cette envergure.
La coalition de centre-gauche qui, dans la période 1990-2021, a gouverné la nation pendant 24 ans, porte une lourde responsabilité dans le maintien et même le perfectionnement du système d’exploitation capitaliste dit néolibéral, né au CHILI et se présentant comme la “liberté” démocratique contre le totalitarisme communiste, alors même que par la torture on exerce les plus intolérables pressions sur les salaires et les droits sociaux. Cette coalition a exprimé ouvertement sa préférence pour Boric. Ce qui bien évidemment suscite des alertes que l’on aurait tort de négliger, mais pour autant ne pas mesurer les différences entre Kast et Boric est totalement fou. Et à ce titre si on a des doutes sur l’utilité des primaires, personnellement je n’en ai aucun sur la nécessité de voter pour Boric, tout en se posant la question de comment empêcher que le mouvement soit dévoyé par le dit centre-gauche qui n’a jamais cessé de faire le lit du capitalisme dans sa phase néo-libérale… On ne peut pas plus attribuer à Boric la politique de ses soutiens, et à ce titre la déclaration du Parti communiste chilien est très équilibrée et elle table sur l’état du rapport des forces né des luttes au Chili, luttes dans lesquelles les communistes n’ont cessé d’élargir leur audience, et cela peut être considéré comme valable pour tous les pays comme le note Daniel ARIAS. PARTOUT il faut lutter pour la paix, pour les droits sociaux et pour faire grandir l’idée du socialisme et un parti qui porte cette issue.
Cela nous amène à une question politique essentielle : elle concerne la nature de la rébellion d’octobre 2019 et toutes ses conséquences positives impressionnantes pour la classe ouvrière chilienne ? Ce qui a eu lieu Chili, c’est la lutte non pas (encore) pour le pouvoir, mais pour les masses qui, pendant des décennies, ont été trompées en acceptant (même à contrecœur) le néolibéralisme comme une réalité de la vie, jusqu’à la révolte de 2019 qui a été la première mobilisation de masse non seulement pour s’opposer mais aussi pour se débarrasser du néolibéralisme et pas nécessairement du capitalisme même si l’évolution peut être rapide si le parti communiste est là. Le mouvement a obtenu des concessions extraordinaires de la classe dirigeante : un référendum pour une Convention constitutionnelle chargée légalement de rédiger une constitution anti-néolibérale pour remplacer celle de 1980 promulguée sous le régime de Pinochet. Partout les communistes ont oeuvré pour ne pas corseter le mouvement mais pour contribuer à ses conquêtes et à sa maturation?
Le référendum a approuvé la proposition d’une nouvelle constitution et l’élection d’une convention par 78% et 79%, respectivement, en octobre 2020. L’élection de la Convention n’a donné au droites chiliennes que 37 sièges sur 155, soit à peine 23 %, tandis que ceux qui étaient en faveur d’un changement radical ont obtenu un total total de 118 sièges, soit 77 %. Plus notablement, les socialistes et les démocrates-chrétiens, les anciens partis de la Concertación, ont obtenu ensemble un total de 17 sièges. Le plus gros problème reste la fragmentation des forces émergentes visant le changement puisqu’ensemble, elles détiennent presque tous les sièges restants, mais structurées en facilement 50 groupes différents. Néanmoins, dans le contexte politique, la Convention a élue à sa présidence Elisa Loncón Antileo, une dirigeante autochtone mapuche, et 17 sièges ont été réservés exclusivement aux nations autochtones et élus uniquement par elles; un développement d’une importance gigantesque et le PARTI COMMUNISTE s’est incroyablement renforcé.
Le mouvement de masse a également obtenu d’autres concessions du gouvernement et du parlement, telles que le remboursement de 70% de leurs cotisations de retraite auprès des « administrateurs de retraite » privés, ce que les Chiliens considèrent à juste titre comme une escroquerie massive qui dure depuis plus de 3 décennies. Cela a porté un coup dur à la capitale financière du Chili. Une proposition au parlement pour le retour des 30% restants (fin septembre 2021) n’a pas été approuvée par une très faible marge de voix. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le temps sera peut être encore long, mais ce qui est rassurant malgré tout c’est les choix populaires pour plus de justice sociale et contre la haine et la répression, et j’ai le sentiment que cet état d’esprit grandit de plus en plus dans le monde.
C’est le cas en particulier en Amérique Latine, Bolsonaro sera probablement le prochain perdant.
Un ras le bol d’être pris pour une marchandise et je pense que cela est le résultat des longues luttes socialistes sous toutes ses formes.
Les conflits sociaux n’ont pas cessés à la chute du bloc de l’Est et se sont même radicalisés comme on l’a vu au Chili et même aux USA et en France.
Le problème des Gilets Jaune va revenir en force avec l’inflation et la casse des retraites à venir.
Des révoltes sans tête ni théorie vont peut être avoir lieu.
Aujourd’hui la tromperie domine, elle gagne également les dirigeants et des militants parfois sincères de gauche.
C’est cette tromperie qu’il faut déjouer et c’est un peu le rôle que joue ce blog parmi d’autres acteurs dans le monde.
Il reste à identifier les classes motrices dans la société et les rallier à la cause du communisme, tout en démobilisant une partie de la base de la bourgeoisie en neutralisant les petits bourgeois et les cadres salariés, le socle électoral de la réaction.
Il faudrait pouvoir réactualiser et adapter à la France un texte comme celui de Staline sur les problèmes économiques.
Ensuite reste entier le problème de comment populariser ces théories, ces analyses ?
C’est le rôle des PC de vulgariser ses connaissances complexes et qui parfois font front aux évidences, c’est aussi son rôle de repérer dans la société les éléments en capacité de devenir les futurs cadres communistes qui vont guider les masses vers le changement nécessaire et vital de mode de production.
Peut être reste t il une question tabou le prix à payer pour le changement qu’il faudra mettre en rapport avec le prix à payer pour le renforcement de l’exploitation capitaliste.
Et là comme en médecine il faudra faire le rapport bénéfice risque.
Mais quoi qu’il arrive il y aura un prix à payer.
Il faudra que ça en vaille le coût.
Le capitalisme est moralement et scientifiquement disqualifié il faut lui ôter le pouvoir.
Daniel ARIAS
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Smiley
Le titre de l article résume à lui seul l alternative pour les progressistes d Amérique latine ( et peut être d ailleurs ) subir un putsch sanglant ou pratiquer un réformisme mou ? Je dis bien mou car qd le réformisme réforme un tant soit peu c encore intolérable pour l impérialisme. Evo Morales et Maduro vous le diront .
En résumé : ne touchez pas aux rapports de production !
Cette joie électorale à Santiago je la partage tout en me disant que 44 % pour un pinochetiste caricatural c est quand même beaucoup.
Dechamps
Pour la suite, il faudra un Parti communiste très organisé et fort pour tenir tous les bouts de la chaîne !