La Pologne et les Polonais peuvent parfois être considérés comme le peuple le plus stupide qui se puisse imaginer sur le plan historique et cela ne date pas de Pilsudski et de ses sympathies pro-nazies, mais du poids de la féodalité incapable de construire une nation et faisant peser son joug sur des masses paysannes volontairement abruties avec la complicité de l’église la plus réactionnaire qui se puisse imaginer. Sans parler de cet antisémitisme ontologique dont j’ai fini par penser qu’il faisait partie de leur être au monde, leur manière d’aliénation populaire dont les effets se lisent de génération en génération. Que ces gens-là n’aient cessé historiquement de nous envoyer des Jean-Paul II et autre Walesa passe encore mais qu’ils s’obstinent encore aujourd’hui à tronquer l’histoire européenne pour imposer leurs obsessions est dramatique voire insupportable. Créer l’équivalence nazisme et communisme, URSS et Allemagne nazie est encore à leur ordre du jour alors que la majorité d’entre eux et en particulier leurs “élites” ont bien mieux supporté les nazis que les communistes et ils continuent en préférant l’Otan à la Russie. Ce serait sans doute leur rendre service que de les aider à ne pas idéologiser tout à travers leurs haines, donc voici une charitable rectification face à la propension négationniste (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
17 octobre 2021
Pourquoi la Pologne a signé un pacte avec l’Allemagne en 1934 et ce qui en a résulté – article du correspondant du journal “Courrier de Minsk “.
Un pacte rapidement signé
Aujourd’hui, la Varsovie officielle tente de présenter la Pologne d’avant-guerre à la communauté mondiale comme un pays pacifique et démocratique, qui ne souhaitait que la paix et l’harmonie, mais qui a été écrasé par des monstres – l’URSS et l’Allemagne. Des documents et des preuves montrent que l’image politique de la Pologne dans ces années-là était loin d’être angélique.
Les Polonais ont été les premiers au monde à signer un document historique avec l’Allemagne nazie – la “Déclaration sur le non-recours à la force entre l’Allemagne et la Pologne”. Les initiateurs étaient Hitler et le général-inspecteur de Pologne, en fait le chef de l’État Piłsudski. Le document est donc appelé le pacte Pilsudski-Hitler. Le 26 janvier 1934, il est signé à Berlin par le ministre allemand des affaires étrangères Konstantin von Neurath et l’ambassadeur polonais Jozef Lipsky. Cet événement a mis en marche le levier qui a rapproché la Seconde Guerre mondiale.
Il existe une rhétorique selon laquelle, dans ces années-là, Hitler n’apparaissait pas encore comme un agresseur aux yeux de la communauté mondiale, un organisateur de génocide et d’holocauste, mais simplement comme un homme politique qui déclarait son intention de redresser l’Allemagne. Il semble que ce soit en partie le cas. Mais avant la signature du traité, les Polonais ne pouvaient pas ignorer totalement à qui ils avaient affaire. Cette même année 1934, Hitler avait mis en scène la “nuit des longs couteaux”,pour en finir avec les chefs des milices de la SA, avec l’aide desquels il était arrivé au pouvoir. Il unifie en sa personne les plus hautes fonctions de l’État et prend le titre de “Führer et Chancelier du Reich”. Auparavant, il avait aboli tous les partis politiques sauf le NSDAP. Il a dissous les syndicats et arrêté leurs dirigeants. Éliminé la liberté de la presse, la liberté de réunion et l’autonomie locale. Enfin, il ouvre le premier camp de concentration d’Allemagne, Dachau, pour enfermer les opposants politiques.
Des aspirations similaires
Piłsudski lui-même était un despote et un dictateur. Officiellement, la Pologne était appelée une république. Mais en réalité, depuis 1926, le pays était dirigé par des militaires conservateurs radicaux. Outre Piłsudski, il y avait le maréchal Edward Rydz-Smigły, le colonel Jozef Beck… Seul le nationalisme polonais était reconnu dans le pays. Les autres idées semblaient suspectes. Les partis, les mouvements politiques ont été interdits. Le fascisme polonais avec son intolérance idéologique se préparait. L’État a soumis les minorités nationales à l’humiliation et à la discrimination. Les Ukrainiens, les Biélorusses, les Juifs et les Lituaniens représentant un tiers de la population, étaient sans aucun droit. Afin de recevoir une éducation et faire carrière, ils devaient adopter le catholicisme et changer leur nom en polonais. Certains l’ont fait. Les autres ont été persécutés.
La question juive inquiète également Varsovie, comme Berlin. Les Juifs allaient être déportés à Madagascar. Une commission spéciale a été créée pour s’occuper de cette question. Elle était composée de Leon Alter, le directeur de l’Association des Juifs en exil à Varsovie, de Solomon Dik, un agronome de Tel Aviv, et du major Mieczysław Lepecki. En mai 1937, la commission a visité Madagascar et a fait un rapport sur l’état de préparation de l’île pour l’établissement d’une colonie juive. Hitler a soutenu l’idée.
En juin 1934, parallèlement au Dachau nazi, par un décret gouvernemental spécial, les Polonais ont créé leur propre camp de la mort près de Brest, à Bereza Kartuska, où ils ont détenu, torturé et tué des dissidents, principalement des Ukrainiens et des Biélorusses.
Dans ces circonstances, le gouvernement polonais ne pouvait que se rapprocher du gouvernement allemand. Piłsudski appréciait les vues racistes et militaristes d’Hitler.
Après le retrait scandaleux de l’Allemagne de la Société des Nations (l’ancêtre des Nations unies), Varsovie y représente les intérêts de Berlin et soutient toutes les actions réactionnaires d’Hitler. Par exemple, l’Anschluss de l’Autriche, l’invasion de l’armée allemande dans la zone démilitarisée du Rhin en 1936.
Ils se sont leurrés eux-mêmes
Le rapprochement de la Pologne et de l’Allemagne dans les années 1930 était fondé non seulement sur des stratégies intérieures similaires, mais aussi sur des objectifs de politique étrangère similaires. Les deux États ont cherché à détruire le bloc politique formé par la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie. Varsovie et Berlin avaient des revendications territoriales sur la Tchécoslovaquie, qui ont abouti à son démembrement en 1938, grâce à la campagne commune germano-polonaise. Mais surtout, des projets d’envergure pour l’URSS !
Entre 1933 et 1935, la menace d’une guerre entre l’URSS et le Japon, en alliance avec la Pologne et l’Allemagne, apparaît. De nombreux politiciens polonais parlent ouvertement de l’imminence d’une parade polono-nazie sur la Place Rouge. L’agence d’information anglaise “Week” a diffusé le 16 mars 1934 un message selon lequel il existait des protocoles secrets dans le pacte entre Pilsudski et Hitler, sur la base desquels, avec le Japon, l’Allemagne et la Pologne devaient attaquer l’Union soviétique. En août 1934, la publication britannique “New Statesman and Nation” fait état d’une attaque coordonnée imminente contre l’Union soviétique. Le Japon devait agir en Extrême-Orient et l’Allemagne et la Pologne dans la partie européenne. Les Allemands devaient entrer dans Leningrad et ensuite se diriger vers Moscou. L’objectif de l’armée polonaise était la République soviétique d’Ukraine et Moscou via la République soviétique de Biélorussie.
La doctrine militaire polonaise officielle, élaborée en 1938, proclame : “Le démembrement de la Russie est la base de la politique polonaise à l’Est. La Pologne ne doit pas rester passive dans ce remarquable moment historique de la partition. La tâche est de se préparer bien à l’avance, physiquement et spirituellement… L’objectif principal est l’affaiblissement et la défaite de la Russie”. Avant la prétendue conquête de l’Union soviétique, une aide matérielle a été envoyée aux républiques par le biais de canaux d’agence pour fomenter le séparatisme en Ukraine, dans le Caucase et en Asie centrale. En d’autres termes, la guerre a continué à être préparée de l’intérieur. En décembre 1938, le célèbre diplomate polonais Jan Karszow-Siedlewski disait en toute franchise à ses homologues allemands : “Les intérêts de la Pologne à l’Est sont d’abord l’Ukraine, la Biélorussie jusqu’à Smolensk”.
Si tout était si bien entre les Allemands et les Polonais, pourquoi cette alliance s’est-elle mal terminée pour la Pologne ? La raison en est évidente : Varsovie n’a pas cédé à Berlin dans le conflit concernant la ville de Dantzig, un port important sur la mer Baltique. Elle était gouvernée par la Pologne depuis la fin de la Première Guerre mondiale et constituait le point de jonction entre la Poméranie et la Prusse orientale. Après le refus de la Pologne de céder la ville libre, Hitler a commencé à préparer l’invasion. Après la fin de la guerre, on saura que Varsovie a été amenée à refuser aux Allemands par des promesses d’aide militaire du Royaume-Uni et de la France, en cas de pression de l’Allemagne. En fait, personne n’avait l’intention de l’aider. Londres et Paris avaient besoin qu’Hitler occupe la Pologne, pour se rapprocher des frontières de l’URSS. La guerre serait devenue inévitable, ce qui aurait attiré toutes les forces allemandes vers l’est, loin de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Europe dans son ensemble. Ce ne fut pas le cas. Après l’occupation allemande de la Pologne, l’Allemagne et l’URSS avaient une frontière commune, mais l’action militaire sur celle-ci n’a commencé que près de deux ans plus tard. Avant cela, Hitler allait occupé la France et mener une guerre épuisante contre la Grande-Bretagne.
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E. E.
Article réellement intéressant, qui rappelle à quel point l’antisovietisme polonais a pesé pour empêcher une alliance militaire anti nazie susceptible de manœuvrer sur son sol (alliance incluant l’URSS), conduisant au pacte germano soviétique comme seule option restant alors aux soviétiques. Mais article oubliant que la Pologne, c’est aussi Rosa Luksemburg ou Marek Edelman, l’aspiration patriotique marquée par les idéaux socialistes d’un pays démembré entre 3 empires et la guerre de partisans, un espace multi culturel (où vivaient la majorité des juifs d’Europe) et un espace dont émanaient de grands internationalistes (Dąbrowski…). Et que si les généraux qui lui ont succédé appartenaient bien à l’extrême droite, Piłsudski lui même est un personnage plus ambigu, authentiquement laïc et sensible à la question sociale.