Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Silvio Rodriguez: Je suis né dans un temps et un endroit très intéressant

silvio rodriguez, le trouvère cubain fait un triomphe en Espagne et il l’utilise pour collecter des médicaments auxquels il consacre l’argent de ses prestations. Un petit groupe d’opposants rassemblé autour de “patria y vida” a tenté d’empêcher les concerts et a crié devant la salle que les autorités de madrid étaient “communistes”en vain. Silvio Rodriguez parle de la musique, de l’art et de la politique.Aujourd’hui il y a un peu d’air dans cette horreur d’un monde qui semble prêt à tuer, à toujours plus écraser les autres: il s’agit pourtant de rendre la vie “intéressante”, c’est le choix qui devraitêtreceui des communistes et leur désir le faire partager par le plus grand nombre. (note et traduction de danielle bleitrach pour histoireetsociete)

3 octobre 2021 | |

CONCERT à MADRID

Silvio Rodriguez. Photo: Le Monde.

San Antonio de los Baños, 1946. L’auteur-compositeur-interprète cubain Silvio Rodriguez a reçu lundi à Leon le Prix Leteo pour sa carrière littéraire. La remise du prix, qui avant lui est allé à Michel Houellebecq, Paul Auster, Martin Amis ou Fernando Arrabal, est le prélude au festival « Palabra » qui se tient dans la ville jusqu’au 14 octobre. Tout cela, coincé entre sa participation entre la fête du PCE, dimanche dernier, et sa prestation au Wizink Center de Madrid samedi prochain.

— Le nobel de littérature résonne toujours avec le cas Bob Dylan alors que vous vous devenez le premier musicien lauréat du prix Leteo de Leon. La musique est-elle littéraire ?

Je crois savoir que la littérature a commencé par la musique. On dit qu’à la source, elle était chantée, qu’Homère utilisait la lire pour raconter ces merveilleuses histoires que nous répétons depuis. Il en fut ainsi, jusqu’à l’arrivée de l’imprimerie. Et, eh bien, c’est une façon d’utiliser la littérature. Peut-être que la commercialisation apportée par la radio a un peu déformé et a créé une fausse impression celle qui rend les les chansons mineures, parce qu’elles avaient peut-être moins de mots. Mais, par exemple, à Cuba, il y a toujours les troubadours, la tradition à laquelle j’appartiens, ils se disaient poètes. Ils avaient cette aspiration à faire de la poésie. Et j’ai été un peu inspiré, sans avoir la moindre prétention, à cet égard.

—Comment ?

J’ai eu la chance de me lier à un groupe littéraire, qui ont été les initiateurs du magazine El Caimán Barbudo et qui m’a aidé à me fixer davantage sur l’aspect littéraire, sur la partie construction des mots. Et rien que ça, c’est amusant à faire. C’est très amusant.

—Pourquoi les gens dans la rue s’emparent de tel ou tel style de musique, mais ne le font pas pour un style littéraire?

José Martí, l’apôtre de la liberté de Cuba, disait que la musique était l’âme des peuples. Cela fait partie de l’identité des êtres humains. Je crois que c’est pourquoi, en aidant à nous identifier comme un conglomérat, il nous fait nous unir.

—Qu’avez-vous remarqué à Leon et, par extension, en Espagne, lors de cette visite postpandémique?

Ici, je me sens un peu chez ma grand-mère. Je dirais qu’il y a moins de câlins à Cuba qu’en Espagne. J’ai été très surpris de voir comment vous continuez à vous embrasser et à vous embrasser encore, alors qu’il y a des critiques de l’insouciance des citoyens à la télévision à Cuba. La situation espagnole ne cesse d’évoluer. Je ne sais pas si c’est dans le bon ou dans le mauvais sens.

—Comment définiriez-vous la situation culturelle de votre pays?

Il y a une contradiction intéressante à Cuba, celle qui veut que beaucoup de gens soient éduqués et puis il y a la réalité à laquelle ils sont confrontés. Il n’y a pas assez de base matérielle, d’infrastructure, pour soutenir tout ce talent qui sort depuis quelques années. Nous sommes un pays avec de grands problèmes économiques.

—Et la situation en général?

Nous vivons des moments difficiles, très difficiles. Objectivement difficiles et aussi subjectivement. Nous changeons et les étapes du changement sont parfois très douloureuses. Espérons que celle-ci nous mènera à un stade supérieur. C’est ce que je désire et c’est pour cela que je travaille. Et c’est ce à quoi je suis engagé.

—Comment comprenez-vous l’engagement?

La classification de chanteur ou d’auteur-compositeur de chansons d’amour ou de chant protestation, ça m’a toujours semblé absurde. J’ai eu toutes les épithètes possibles. Mais c’est vraiment une même personne qui aime, celle qui prend soudain conscience d’aspects de la réalité sociale qu’il lui appartient de vivre, celle qui prend position parce qu’elle a des idées. Et l’un des engagements qui ne m’a jamais fait défaut était l’engagement envers la beauté. J’ai toujours voulu écrire de belles choses et j’ai toujours cru en la beauté. Et une autre chose en laquelle j’ai beaucoup cru, c’est l’histoire de mon peuple. J’aurais pu naître ailleurs et être quelqu’un d’autre. Mais il est arrivé que je suis né dans un temps et un endroit très intéressant. Mais, enfin, l’engagement est quelque chose qui nous touche tous. Même quand il s’agit de poser des questions.

—Au dehors de cet auditorium, plusieurs personnes chantent Patria y vida, la chanson qui a alimenté les marches contre le régime cubain, pour protester contre votre accueil à Leon. Que pensez-vous de l’utilisation de cette chanson?

La musique est un instrument et peut être utilisée par une façon de penser ou une autre. C’est aussi simple que ça. J’ai mes opinions, pas en ce qui concerne la musique, mais sur les idées que porte la musique.

— Avez-vous l’impression qu’avec l’âge, votre idéologie s’installe ou qu’elle craque?

La seule chose qui peut craquer maintenant, c’est moi-même. Et il ne me semble pas que je vais partir nulle part ailleurs.

(Pris de el mundo)

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