Les événements fascistes en Inde sont-ils liés aux projets des USA en Asie Centrale et contre la Chine ?

Chacun mesure bien, ou du moins devrait le mesurer, à quel point les USA et leurs alliés (par exemple la France) tentent d’utiliser leur défaite en Afghanistan pour rendre l’Asie centrale instable et nuire à la fois à la Russie et à la Chine en développant un fascisme islamique. Mais il est rare que l’on fasse le lien avec la situation en Inde. Si nos commentateurs notent parfois que non seulement le Pakistan est le sanctuaire (volontaire et involontaire) des terroristes y compris plus ou moins manipulés par les États-Unis, il est rare que l’on s’intéresse au rôle de l’inde, vu qu’on a décidé une fois pour toutes que c’était une démocratie même dirigée par Modi et le BJP c’est-à-dire des nationalistes, ultra-libéraux et organisant systématiquement la répression violente des couches populaires autant que les mœurs féodales anti-femmes.

l’Humanité a brièvement fait état de ce qui se passe dans l’État du Tripura et comment des nervis du BJP, donc du gouvernement central de l’inde – qui n’avait pas pu s’emparer de cet État aux dernières élections – ont attaqué non seulement les sièges du pouvoir détenu par un front de gauche dirigé par les communistes, mais les médias et les locaux du parti communiste. Ce qui est caché par une presse française indigne c’est la vraie nature fasciste raciste, antipopulaire et anticommuniste violente de ce gouvernement indien. Mais aussi la force de la protestation populaire des campagnes et des villes, et le rôle des communistes.

Depuis ces attaques coordonnées, comme hier 9 septembre, les manifestations de protestation se multiplient contre cet assaut incroyable contre un État et son gouvernement. Ces manifestations ne se limitent pas au Tripura mais ont lieu dans toute l’Inde et en particulier dans l’état voisin du Bengale longtemps dirigé par les communistes.

Photo illustrant l’article : Une manifestation de protestation a été organisée à Agartala (capitale du Tripura) condamnant la violence du BJP. De façon pré-planifiée, les bureaux du CPI (M), y compris le siège de l’État, ont été attaqués par des troupes d’hommes du BJP. L’attaque la plus effrontée a eu lieu au bureau du comité d’État à Agartala. Ici on voit le cortège des femmes qui, comme au Kerala communiste prennent une part importante à la vie politique de l’Etat. C’est on le rappelle une spécificité des communistes indiens de développer les organisations féministes, de faire élire des femmes comme ils jouent le même rôle auprès des classes défavorisées, ce qui ne les empêche pas d’être très présents dans le monde paysan, ouvrier mais aussi intellectuel.

Tripura est un des trois plus petits états de l’inde et il est situé à l’est, proche de la frontière du Bengladesh :

comme on le voit c’est même une véritable enclave dans le Bengladesh et le nord-est de l’inde :

Ce petit état jouit de bonnes ressources naturelles : Tripura est doté de ressources naturelles intéressantes telles que le gaz naturel, le pétrole, le caoutchouc, le thé et le bambou. Tripura est bien relié aux autres États du nord-est et au Bangladesh et pourrait être une passerelle pour le commerce international entre le Bangladesh et le nord-est de l’Inde. Il partage 856 km de frontière avec le Bangladesh. l’État jouit actuellement d’un surplus d’électricité. Les tarifs de l’électricité y sont beaucoup plus bas que dans d’autres États indiens.
Une main d’œuvre qualifiée : la majorité de la population de Tripura est en âge de travailler et l’État possède un taux d’alphabétisation de 96,8 % (soit très supérieur à la moyenne nationale en particulier en ce qui concerne les femmes) ce trait est lié à la gouvernance communiste. Ce gouvernement a notamment créé six zones industrielles pour promouvoir diverses industries. L’infrastructure des télécommunications a également été améliorée avec la mise en place d’un réseau de fibre optique.

Les communistes sont souvent accusés par le gouvernement central du BJP d’être des agents de la Chine, un pur fantasme entretenu par les nationalistes du BJP et on voit bien comment la position géographique de cet Etat est intéressant dans le cadre d’une ouverture au commerce avec la Chine. par le nord-est du Bengladesh. Le Bengladesh est un État qui affiche des positions de neutralité mais qui historiquement s’est souvent trouvé proche de la Chine…

Je rappelle à ceux qui auraient oublié la situation politique et l’implantation communiste en Inde, que ceux-ci ont traditionnellement gouverné plusieurs états :

Bengale-Occidental
Au Bengale-Occidental, le Front de gauche a dirigé l’État pendant 34 ans, de 1977 à 2011, d’abord sous la direction de Jyoti Basu puis de Buddhadeb Bhattacharya (PCI(M). Il a été défait par le All India Trinamool Congress de Mamata Banerjee en 2011 puis de nouveau en 2016 et n’a pas pu reprendre le pouvoir en 2020.

Kerala
Au Kerala, le Parti communiste d’Inde (marxiste) et le Parti communiste d’Inde sont alliés avec le Parti du congrès nationaliste et le Janata Dal (Secular) au sein du Front démocratique de gauche (Left Democratic Front, ഇടതുപക്ഷ ജനാധിപത്യ മുന്നണി, LDF). C’est l’une des deux principales coalitions qui alternent au pouvoir au Kerala depuis 1957, l’autre étant le Front démocratique uni dirigé par le Congrès.

Le Front démocratique de gauche a remporté les élections en 2016 et le ministre en chef de l’État est Pinarayi Vijayan (PCI(M)).

Tripura
Le Front de gauche est au pouvoir depuis 1993 au Tripura sous la direction de Dasarath Deb (1993-1998) puis Manik Sarkar (depuis 1998).

Le Tripura a refusé le racisme anti-musulman du BJP qui a tenté d’en faire un argument électoral contre le front de gauche;

La violence des nationalistes du BJP contre des états comme le Kerala et Tripura ne peuvent pas être isolés d’événements comme la gestion catastrophique du covid par le BJP alors que les États ayant une présence communiste bénéficient outre l’alphabétisation de soins de santé. Comme de la déstabilisation musulmane entretenue dans toute l’Asie jusqu’en Chine. Mais aussi de la manière dont les Etats-Unis utilisent ouvertement Modi comme un pion contre la Chine.

Danielle Bleitrach