Une des choses que vous apprenez en Asie centrale c’est à quel point non seulement les nations existantes sont étroitement liées à l’histoire de l’URSS, mais combien ce lien est culturel et dépasse les simples relations politiques pouvant lier par exemple la France à son ancien empire colonial. L’URSS ne s’est pas contenté de reprendre l’héritage de l’empire russe qui avait peu à peu annexé ces terres mais elle a retrouvé aussi des langues en leur donnant une écriture, le même travail a été fait dans les costumes, les instruments de musique, les danses, les outils. La place des femmes y compris comme au Kirghizstan le droit à gouverner, d’être émir fait partie de cet héritage même s’il y a tentative de l’opposer dans sa dimension nationale au communisme. Ce refus de voir détruites les statues de Lénine et même parfois la reconstruction de celles de Staline en Russie, fait partie de ces enjeux. Osh que j’ai eu la chance de visiter a un de ces merveilleux marchés qui marquent les chemins des caravanes et son histoire éclaire les propos de ce dirigeant communiste en leur donnant une profondeur historique qui manque souvent à nos analystes (1). Kazbek Kutsukovich Taisaev, est secrétaire du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, premier vice-président du CC UCP-PCUS, vice-président de la commission de la Douma d’État chargée des affaires de la CEI, de l’intégration eurasienne et des relations avec les compatriotes, il dit ici la profondeur des liens de L’Asie centrale avec l’URSS (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop.)
Au Kirghizstan, la question de la démolition du monument de Lénine à Osh s’est posée. Il est remarquable qu’Almaz Mambetov, le nouveau maire, fasse activement pression en faveur de cette idée.
29-08-2021
https://kprf.ru/kpss/204972.html
Grâce à Vladimir Ilyich en URSS sont apparus l’éducation et les soins de santé gratuits, les retraites, et l’homme du travail dans tous les pays du monde ont eu la possibilité de lutter contre l’oppression du capitalisme, pour sa liberté et son indépendance. L’économie, le pouvoir politique et le potentiel militaire sont montés en flèche. C’est Lénine qui nous a légué l’état de la justice sociale. Les années du pouvoir soviétique ont notamment été marquées par une floraison sans précédent de la culture spirituelle et physique du Kirghizstan. C’est au cours de cette période qu’est née la littérature écrite nationale distinctive du peuple kirghize.
Le gouvernement de l’URSS a pris toutes les mesures pour augmenter le nombre d’établissements d’enseignement et la formation des écoliers et des étudiants et pour accroître le potentiel intellectuel du pays. En 1924-1925, environ 500 écoles ont ouvert leurs portes et plus de 32 000 enfants y ont étudié.
La révolution a changé le pays, le transformant en un nouveau monde civilisationnel de type soviétique. Le déroulement de la collectivisation de masse a entraîné la transformation de l’agriculture kirghize, qui comptait environ un millier de petites exploitations pastorales. L’une des tâches les plus difficiles – la transition vers la vie sédentaire – a été résolue, et des centaines de nouveaux établissements sont apparus dans la république. Après l’appel de Vladimir Lénine à construire le socialisme, la célèbre coopérative tchécoslovaque “Interhelpo”a construit une usine textile, une fonderie, une centrale électrique, des hôpitaux et d’autres installations sur le territoire de l’actuel Kirghizstan, sur la base du volontariat. Et les ateliers d’usinage d’Interhelpo sont devenus plus tard l’usine de Frounze.
Sous la direction du parti de Lénine-Staline, le peuple kirghize a créé sa propre culture – socialiste dans son contenu, nationale dans sa forme – et s’est constitué en une nation socialiste, contournant la phase destructrice du capitalisme. Le tsarisme étouffait littéralement toute pensée avant-gardiste, exaltant la bourgeoisie et laissant les gens du peuple à la portion congrue.
Et le monument à Vladimir Ilitch n’est pas seulement un hommage au dirigeant soviétique, mais aussi aux libertés et aux réalisations de la période soviétique qui sont toujours préservées chez nos frères du Kirghizstan.
Le comité central du parti communiste du Kirghizstan a protesté énergiquement. Les communistes du Kirghizstan estiment qu’Almaz Mambetov n’a aucun droit moral de rester à son poste. Et nous soutenons cette décision de toutes les manières possibles.
“Les Kirghizes sont un grand peuple avec sa propre couleur et ses traditions. C’est un peuple avec lequel nous sommes inextricablement liés par l’histoire. Et nous devons chérir notre patrimoine commun : les différents monuments, les monuments de l’ère soviétique et les récits culturels. C’est pourquoi il est nécessaire de soutenir la langue de communication internationale – le russe – sans elle, nous ne pourrions pas interagir les uns avec les autres. La langue est la colonne vertébrale sur laquelle repose notre force commune. Et dans ce cas, il ne s’agit pas seulement de démolir le monument de Lénine, mais avant tout d’une attaque contre notre culture et notre histoire communes. J’ai beaucoup d’amis du Kirghizstan – ce sont tous des gens merveilleux, quel que soit leur statut ou leur position, nous avons des relations chaleureuses avec chacun d’entre eux et je suis moi-même originaire d’Ossétie. Tout ceci est l’œuvre d’interventionnistes occidentaux véreux qui veulent briser l’intégrité et les liens fraternels de nos États. Nous devons faire tout ce qui est possible pour limiter le pouvoir des russophobes et des nationalistes opposés à notre héritage. Les représentants du Parti communiste des 18 États membres de l’UCP-PCUS ont déjà envoyé leurs télégrammes au président. Et nous poursuivrons ce travail”, a déclaré Kazbek KutsukovichTaisaev, secrétaire du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, premier vice-président du CC UCP-PCUS, vice-président de la commission de la Douma d’État chargée des affaires de la CEI, de l’intégration eurasienne et des relations avec les compatriotes, commentant l’évolution de la situation en Kirghizie.
Bref commentaire sur la ville d’Och par Danielle Bleitrach
La ville d’Och est la deuxième ville du Kirghizstan et une des plus anciennes villes de l’Asie Centrale, elle est située à l’ouest dans le contrefort des montagnes proches du Tadjikistan. Sa fondation remonterait à trois millénaires. Avec bien sûr des fondateurs plus ou moins mythiques comme le roi Salomon d’Israël en fait confondu avec Suleyman mais qui en fait pour les musulmans locaux le deuxième lieu sacré de l’Islam après la Mecque. Un autre fondateur mythique serait Alexandre le Grand. Plus assurés sont les vestiges d’un établissement lié à la civilisation du bronze et à la culture des céréales découverts par les archéologues. De toute manière dans la zone du pays proche de l’Ousbekistan et du Tadjikistan, l’emprise musulmane est forte. Même problème en ce qui concerne le statut des femmes. Och est un centre religieux de l’Asie centrale dans lequel la foi permet de guérir toutes les maladies, une sorte de Lourdes avec une spécialité : le traitement des femmes stériles et le châtiment pour celles qui s’y présenteraient sans la pureté des mœurs requise.
Le bâtiment en bois de la mosquée était construit dans les années 1908-1910, mais elle a été fermée par un décret du pouvoir soviétique et a été occupée par la fonderie dont fait état l’article comme une des étapes de la modernité kirghize. La partie sud du territoire kirghiz avait été formellement incorporée à l’Empire russe en 1876, au cours du Grand Jeu (rivalité coloniale anglo-russe venue de l’Inde et de l’Afghanistan).La répression de plusieurs révoltes par le tsarisme a pousse un certain nombre d’habitants à émigrer vers l’Afghanistan ou la Chine. En 1918, un soviet est fondé dans la région et l’oblast autonome Kara-Kirghiz est créé en 1924 au sein de l’URSS. En 1926, il devient la République socialiste soviétique autonome de Kirghizie. En 1936, la République socialiste soviétique kirghize est intégrée comme membre à part entière de l’URSS.
La mosquée été ouverte à nouveau en tant que mosquée seulement en 1943, par Staline en signe de la tolérance religieuse du gouvernement soviétique et de la lutte commune contre l’ennemi nazi. Le musée de la ville marque ce syncrétisme : en 1953, toujours sous l’influence de Staline, est établie une carte
qui énumère les divers clans Kirghizs et les tribus ( une structuration de la société qui continue à être fondamentale dans la société Kirghize). Le paradoxe est que l’URSS a favorisé également les héros nationaux locaux s’opposant à l’empire tsariste. Au centre de la ville il y a un monument à Kourmanjan Datké, «l’Impératrice Du sud», connue pour l’opposition à la conquête Russe. Son portrait orne le billet de banque de 50 som. Mais aussi il y a le monument de Lénine, non loin du mémorial consacré à la Grande Guerre nationale avec l’inscription dans les langues Kirghizes et Russes «personne n’est pas oublié – rien n’est oublié». Et que le maire de la ville prétend abattre.
https://youtu.be/I3H86R3zx3E(film)
Mais ce centre religieux a attiré l’intérêt de divers pays qui ne pratiquent pas le même syncrétisme. Dans les années récentes la mosquée a connu une restauration grâce aux fonds de l’Arabie Saoudite et aujourd’hui elle peut contenir jusqu’à 5000 croyants. Ce sont ces influences-là, comme les fondations allemandes, les fonds turcs et les USA (base militaire liée à la guerre en Afghanistan) bien sûr qui œuvrent pour attaquer l’influence de l’URSS et à travers elle celle de la Russie, voire de la Chine, en créant les conditions d’une déstabilisation et de luttes tribales.
Il est difficile dans le cadre de cet exposé de prétendre décrire l’histoire très instable de la Kirghizie depuis la fin de l’uRSS. Notons que la présence d’une base américaine ne favorise pas la stabilité. La Kirghizie est à la fois considéré comme la nation la plus démocratique non seulement à cause des élections mais de l’intervention des citoyens dans de vigoureuses manifestations et une des plus corrompues,. nous avions d’ailleurs ici même fait état des troubles intervenus lors de la dernière élection présidentielle de 2021. Le résultat en est le renforcement de l’influence russe, le repoussoir qu’est l”Afghanistan et la misère accrue a détourné partiellement les Kirghizes de l’influence occidentale et US . La révolution de couleur tentée au même moment en Biélorussie et en Kirghizie ont connu le même échec.
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