Voici un article important, un de plus, d’Andrei Doultsev, notre correspondant de la Pravda. Pourquoi est-ce que je le juge très important : parce que rares sont ceux qui participent aux discussions politiques (beaucoup plus nombreux sont ceux qui y ont renoncé) qui ont la moindre conscience de la période historique que nous traversons et le danger très fondamental de guerre impérialiste, le fait que l’Europe peut devenir le terrain de tels affrontements. Cet article est à rapprocher de celui récent du même journaliste sur le fait que les verts allemands sont désormais ralliés à cette guerre comme on le voit chez nous avec les Cohn Bendit ou encore dans les votes au Parlement européen. On croit que l’union de la gauche y compris avec les verts serait un rempart contre la fascisation et le bellicisme, mais si cette union est impossible c’est que sur l’enjeu le plus fondamental de la période celui de la paix et de la guerre, il n’y a rien de commun au sein de ladite gauche. Ce dont les communistes allemands ont une conscience aiguë dont ils témoignent ici. En ce qui concerne le PCF, déjà avoir un secteur international dans l’état où il est s’avère “inconfortable”, mais quand les camps vont de plus en plus intervenir ce sera totalement impraticable (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
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Les communistes allemands cherchent à mettre fin immédiatement à la participation de l’Allemagne à la guerre en Afghanistan.
Le 24 février, le gouvernement allemand a pris la décision de maintenir 1 100 soldats de la Bundeswehr en Afghanistan et de poursuivre la participation du pays à l’opération de l’OTAN. Dans le cadre de la décision du gouvernement, le parti communiste allemand a protesté contre la présence depuis vingt ans des troupes de l’OTAN en Afghanistan.
Les communistes allemands de Heidenheim ont organisé un rassemblement anti-guerre et ont déclaré : “Les soldats allemands ne sont pas un convoi humanitaire en uniforme. Des soldats de la Bundeswehr tuent des civils en Afghanistan. Après la frappe aérienne de l’OTAN sur Kunduz, au cours de laquelle 90 civils ont été tués, tout le monde le sait. Le meurtre de civils par l’armée allemande est devenu de notoriété publique. Nous nous demandons : Que font les soldats de l’OTAN en Afghanistan ? Les États-Unis se vengent du 11 septembre 2001, mais qu’est-ce que l’Allemagne a à voir avec cette campagne de vengeance ? De nombreux soldats allemands sont tués ou rentrent chez eux mutilés et blessés. Comment se porte la population afghane, et comment nous, Allemands, gérons-nous la responsabilité de la guerre et de ses victimes ? Ce sont toutes des questions que nous devons nous poser. Le gouvernement allemand n’a pas le droit de faire la guerre sans réfléchir à la responsabilité de ses conséquences.”
Les communistes allemands attirent particulièrement l’attention sur le fait qu’un grand nombre de ressources minérales rares ont été découvertes en Afghanistan il y a quelques années. Ils attirent l’attention sur le fait que les pays de l’OTAN se sont assurés le droit exclusif d’exploiter le sous-sol : “Ces ressources minérales doivent servir la population afghane, et non la richesse des pays industrialisés”, soulignent les membres du DKP.
La présence en Afghanistan depuis 20 ans, sans fin en vue, a coûté au trésor américain un billion de dollars à ce jour. De nombreux soldats considèrent que la mission est futile car la situation ne change pas. En Allemagne, les voix se multiplient pour un retrait immédiat des troupes d’Afghanistan.
Le mouvement pacifiste allemand souligne qu’il n’y a actuellement qu’une seule alternative : le retrait de toutes les forces d’intervention. Pour stabiliser la situation, les militants pacifistes proposent un retrait des troupes de l’OTAN sous l’égide de l’ONU avec la participation de représentants de la société civile afghane. “La clé de la stabilité est qu’il n’y ait pas d’arrangements entre les généraux américains et les islamistes armés afghans dans le dos des civils”, déclarent les militants allemands : “La paix doit être politiquement souhaitable et doit être intégrée dans la stratégie de développement de l’Afghanistan.”
L’opinion publique progressiste en Allemagne proteste contre la politique du gouvernement du pays, contre la participation de l’armée allemande à tout conflit militaire : “Vingt ans de guerre de l’OTAN en Afghanistan sont des années perdues. Depuis le début du conflit militaire, la situation déjà désespérée du pays n’a fait qu’empirer, et aucune amélioration ne se dessine”.
Andrei Doultsev
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