Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Bobby Sands ou l’alouette…

Le 5 mai 1981, le révolutionnaire républicain et socialiste, Bobby Sands alors qu’il a 27 ans à peine, pousse son dernier soupir après une grève de la faim de 66 jours. Suivie en direct dans le monde, son agonie provoque la colère contre le joug colonial que la Grande Bretagne fait peser sur l’Irlande. Nous vivons tous jusqu’à l’écoeurement heure après heure cette lente agonie et le bourreau inflexible porte un nom celui d’une femme: madame Tatcher. Comment après une telle démonstration se trouvera-t-il des gens y compris dans les rangs des communistes pour oser attribuer au socialisme, à l’uRSS les atteintes aux libertés ? Alors même que cette démonstration faite au nom du néo-libéralisme appuyait celle encore plus immonde si faire se peut de ce qui se passait au Chili.et encore et toujours le blocus de Cuba C’est l’exploit de l’eurocommunisme que d’avoir transformé ce capitalisme là et l’Europe en terre de la liberté et des droits de l’homme, alors que le communisme commençait à accepter la condamnation des mêmes avec leur accord. Les héritiers de cette abominable escroquerie, celle de l’air de liberté qui flottait en Europe, sont encore et toujours là et nous vendent leur salade,il est temps que cela cesse. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Bobby Sands serait l’alouette. Il l’a promis, en février 1979, sous la forme d’une parabole. Un texte écrit depuis les blocs H de la prison de Long Kesh, à une dizaine de kilomètres de Belfast (Irlande du Nord). Là-bas, dans ce repli de l’enfer sur terre, les membres de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) continuent la lutte. Quelques mois plus tard, Margaret Thatcher prendra le pouvoir au Royaume-Uni, mais les travaillistes ont tracé la route de la répression en leur retirant le statut de prisonniers politiques.

Une lumière crue sur le joug colonial britannique

Pétris de catholicisme, mais aspirant aussi à la réunification de leur île sous l’étendard d’une « République indépendante et socialiste », les révolutionnaires nord-irlandais multiplient les grèves, nus comme des vers dans les courants d’air glacés – grève de la couverture (la Blanket Protest) –, avec, ensuite, leurs excréments tapissés sur les murs des cellules – grève de l’hygiène (la Dirty Protest)-, jetant ainsi une lumière crue sur l’inhumanité du joug colonial britannique.

Ils portent cinq revendications immédiates : pas d’uniforme carcéral ; pas de travail obligatoire ; libre association ; une visite, un colis, une lettre par semaine ; rétablissement de la remise normale des peines. C’est simple, très basique, mais c’est trop. Pour Londres, ils peuvent toujours courir… Comprendre : ils peuvent crever.

Quelques repères. 9 mars 1954 Naissance de Robert Gerard Sands. 1972 Entrée dans l’IRA. 1973 Condamnation à cinq ans de prison. 1er mars 1976 Abrogation du statut spécial des combattants prisonniers de l’IRA. 1977 Condamnation à quatorze ans de prison. 1er mars 1981 Début de la grève de la faim. 9 avril 1981 Victoire, à 51,2 %, dans une législative partielle contre un candidat loyaliste.

La fable prémonitoire de l’alouette
Bobby Sands serait l’alouette jusqu’au bout, à la vie, à la mort. Son grand-père, raconte-t-il dans son courrier qui sera publié sous pseudonyme par les feuilles républicaines, connaissait un homme qui avait commis l’un des crimes les plus cruels. Il avait capturé une alouette et l’avait mise en cage. Constatant qu’elle ne chantait plus à tue-tête pour lui, le gars s’était braqué, privant le volatile de nourriture et de lumière. La bête, elle, n’avait jamais cédé. « L’alouette désirait ardemment sa liberté, relève Bobby Sands, mais elle mourut, plutôt que de se conformer aux souhaits du tyran, qui l’emprisonna et la tortura. J’ai l’impression d’avoir quelque chose en commun avec cet oiseau, sa torture, son emprisonnement et, à la fin, son meurtre. Elle avait un esprit qu’on ne trouve pas souvent, même parmi nous, les êtres humains, prétendument supérieurs. »

Quand il narre cette fable, Bobby Sands, pas encore 25 ans, n’est déjà plus le tranquille gamin catholique grandi dans un faubourg protestant de Belfast, avant que sa famille en soit chassée, en 1972, sous les lazzis et les menaces de mort de ses voisins. À peine majeur, rattrapé par les « troubles », il rejoint l’IRA, et est très vite arrêté dans une planque. Condamné à cinq ans de prison, Bobby Sands en profite pour apprendre le gaélique et rédiger des poèmes politiques. Il finit par être libéré, mais il a juste le temps de se marier et d’avoir un enfant. En 1977, il est renvoyé à l’ombre pour détention d’un revolver. Une condamnation de plus, cette fois pour quatorze années, qui vaut un aller simple vers les supplices dans les sinistres geôles de Long Kesh.

Les combattants de l’IRA embastillés en détenus de droit commun

Au fil du temps, dans les blocs H de la prison transformés en quartier général de l’IRA, Bobby Sands tire, avec ses camarades, les leçons de l’échec de leurs protestations et de l’intransigeance unioniste, encore renforcée, par la nouvelle majorité conservatrice en Angleterre. À la fin de l’année 1980, devenu « officier commandant » (OC) des prisonniers politiques de l’IRA, Sands planifie une grève de la faim, un mode d’action radical qui s’inscrit dans la tradition des républicains irlandais : en 1920, en pleine guerre d’indépendance, Terence MacSwiney, maire de Cork, était décédé dans la prison de Brixton (Angleterre) après avoir jeûné pendant 74 jours. Bobby Sands recueille les noms de 70 volontaires et organise un tour afin de s’installer dans la durée. C’est lui qui commence, le 1er mars 1981, cinq ans jour pour jour après que le gouvernement britannique a transformé les combattants de l’IRA embastillés en détenus de droit commun.

Notre revanche sera le rire de nos enfants.
BobBy Sands
Entre effroi et colère

Sa grève de la faim durera 66 jours. Début avril, déjà, Thatcher subit un cuisant camouflet, quand les républicains irlandais réussissent à faire élire Bobby Sands aux Communes, lors d’une législative partielle avec pour slogan : « Sa vie est entre vos mains ». Mais la Dame de fer ne moufte pas, sur le moment. « Il a choisi de s’ôter la vie, c’est un choix que son organisation ne laisse pas à beaucoup de ses victimes », dira-t-elle plus tard, avec un cynisme consommé. Entre effroi et colère, toute la planète suit en direct l’agonie du jeune homme. « S’il meurt, la Grande-Bretagne apparaîtra devant le monde civilisé comme une lépreuse », prophétise Bernadette Devlin McAliskey, ex-députée du Parti socialiste républicain irlandais. Le 5 mai 1981, Bobby Sands pousse son dernier soupir, après quelques jours de coma. Neuf autres prisonniers politiques connaîtront la même fin tragique, jusqu’à la fin août de la même année.

Sur les peintures murales, à Belfast, loin du visage hideux de l’impérialisme britannique, Bobby Sands continue, quarante ans plus tard, de sourire dans l’éclat de sa jeunesse volée. « Notre revanche sera le rire de nos enfants », promet-il. Dans un coin du paysage, toujours, une alouette s’échappe.
Un tournant pour les républicains. Présidente du Sinn Féin, longtemps cantonné à rester la branche politique de l’IRA, Mary Lou McDonald avait 12 ans en mai 1981, quand Gerry Adams, son illustre prédécesseur, portait, à l’avant d’une foule de 100 000 sympathisants, le cercueil de son ami Bobby Sands. Aujourd’hui, elle voit l’élection du gréviste de la faim comme « un tournant dans la lutte républicaine », avec le « développement de la politique électorale » qui « a planté les graines de la paix », ayant abouti en 1998 aux accords du Vendredi saint.

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1 Commentaire

  • Jakline Boyer

    Avec quelques amis nous avions créé une cellule du Pcf Bobby Sands !
    C’est bien loin tout ça.
    Aujourd’hui nous avons, venu du ” berceau de la démocratie” Julian Assange.

    Répondre

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