Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le capital c’est affaire conclue entre copains et coquins …

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La bourgeoisie tombe le masque : des amendes pour les gueux, champagne-caviar pour les seigneurs ! Et les pitres de la télévision s’en donnent à coeur joie pour poursuivre leurs mensonges,entre eux comme à l’ordinaire, vulgaires et pitoyables, mon petit favori Christophe Barbier … après les repas du siècle, les élites de sciences po, ce pouvoir du capital n’en finit pas de tomber le masque et démontrer ce que vallent ses discours(note de danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Victor Sarkis

5 avril 2021

Ils avaient pourtant sorti les plus beaux maquilleurs, embauché les meilleurs communicants, travaillé le pathos au millimètre : on aurait dû le croire, « Manu », lorsque mercredi soir dernier, il nous jurait, des tremolos dans la voix, que l’éducation est sa « priorité » (défense de rire), et qu’il demandait aux soignants un « dernier » effort (là encore, défense de rire), et aux Français de « prendre sur eux », « encore un peu ».

Las, tout le monde savait que le nombre de lits en réanimation n’avait pas augmenté depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020 (sauf en déshabillant Pierre pour habiller Paul1), et que les 10 000 places en réanimation promis par le président relevaient plus de l’air du pipeau magique qu’autre chose, – et ce n’étaient pas les powerpoint préparés par les stagiaires de l’Élysée pour nous expliquer à nous autres neuneus et gaulois réfractaires que c’était « vraiment la merde cette fois-là » qui allaient changer quelque chose.

« Françaises, Français, les trop subtils, les trop intelligents, et les trop techniques vous parlent »

Voici les nouvelles, décidées en conseil de défense : vous travaillerez, et vous serez confinés durant vos vacances. Les sorties ? Le moins possible, même pour aller voir la famille. Les règles ne sont pas claires, mais s’il y a un doute, vous payerez tout de même 135 euros d’amende. Le tout à la discrétion du fonctionnaire de police qui vous contrôlera. Mais voici qu’une chaîne de télévision se permet de publier un petit reportage embarrassant, mettant des images sur un phénomène que tout le monde connaît2 : la grande bourgeoisie parisienne s’organise quelques petites soirées festives clandestines, dans des grands restaurants. Au menu : caviar et champagne, le tout sans masques, ni gestes barrière –, après tout, il faut bien faire oublier à tout ce beau monde que le Covid existe. On s’en voudrait de désespérer Boulogne-Billiancourt ! Et tant pis si cela commence à trop se voir dans les chiffres de contamination : les plus aisés sont plus contaminés que les autres, car ils respectent moins les consignes sanitaires3.

Voilà qui devrait faire taire à jamais ces crétins arrogants, si prompts à baver sur l’irresponsabilité des classes populaires, s’ils avaient deux sous de décence ! Mais non, ils en rajoutent, et assument tout ! Ils pourraient se contenter de manger du caviar et de boire leur champagne en petit comité dans leurs immenses appartements parisiens, mais non, c’est plus fort qu’eux, il leur faut leurs mondanités stupides et infantiles. Et le « collectionneur renommé » contacté par la chaîne de tout assumer et de fanfaronner : il aurait justement dîné « deux ou trois fois » cette semaine avec des « ministres », dans ces « restaurants clandestins » huppés, et nous assène cet argument-massue – « on est encore en démocratie, je fais ce que je veux ! ». Hallucinant d’orgueil, ce margoulin trahit bien la conception de la démocratie que se font ces gens-là. La démocratie pour la grande bourgeoisie, c’est de dîner pour plusieurs centaines d’euros dans un restaurant clandestin, en pleine pandémie, tandis que les pauvres doivent rester chez eux, et aller au Secours populaire4. La démocratie c’est ce travailleur au SMIC, qui doit payer 135 euros d’amende le premier jour du confinement en allant travailler un samedi, car il a oublié d’imprimer l’attestation que son employeur lui a envoyé la veille à 23h. La démocratie, c’est cette grand-mère qui touche une petite pension de misère après une vie de travail, qui ne peut plus voir ses petits-enfants depuis un an, et qui doit payer son amende pour avoir oublié de signer sa maudite attestation pour aller faire ses courses –, après s’être fait contrôler sans ménagement son sac par le vigile du magasin, car voyez-vous ma brave dame, “les vieux, ça vole !”. La démocratie, c’est cet étudiant confiné dans sa chambre de 10m², avec un budget dérisoire pour manger et une solitude radicale pour seule compagne, et l’impossibilité d’aller voir sa famille à cause des restrictions. Tout cela pendant que les incapables qui dirigent ce pays mangent du caviar, et boivent du champagne dans leurs soirées mondaines clandestines, tout en étant incapables d’organiser correctement une vaccination de masse, d’ouvrir des lits d’hôpitaux, et se prennent pour des épidémiologistes en chef.

Il faudra s’en souvenir de cette « démocratie-là » lorsqu’il s’agira de régler les comptes. Et lorsque les petits-enfants de Dzerjinski, ces « solides jacobins prolétariens » comme les appelaient Lénine, décideront enfin qu’il est temps d’arrêter de subir tant de honte et d’humiliation, ils pourront alors répondre à ces grands messieurs, qui pleureront toutes les larmes de leur corps pour que l’on ne socialise pas leurs moyens de production par la dictature du prolétariat : « nous sommes en démocratie, et nous faisons ce que nous voulons –, car cette démocratie, c’est la nôtre. Et il n’y aura pas un centime de votre fortune, un marteau-outil de vos usines, un clavier de vos start-up qui échappera à la collectivisation par les mains du prolétariat. Et si vous décidez de vous opposer à nous, alors tremblez de toutes vos forces, car nous serons aussi vertueux que Robespierre, aussi rusés et souples que Lénine, et aussi impitoyables que Dzerjinski. » Et ils se souviendront ces grands messieurs de ce salarié au smic, de cette grand-mère isolée, et de cet étudiant désespéré. Et si l’OTAN ne vient pas les sauver par la force, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer – et ce ne sera que justice.

Victor Sarkis

Notes de bas page:

1- https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/y-a-t-il-plus-de-lits-de-reanimation-en-france-depuis-la-premiere-vague-oui-mais_13905930/2-

2- https://mobile.twitter.com/m6info/status/1378089447271596038?fbclid=IwAR0guLxvnX3fQZDCz6lpFtAXTeFDyva7uACBVWxNyN3toEF2Cd2xw4rdvN4

3- https://www.lepoint.fr/societe/coronavirus-en-france-les-plus-riches-sont-les-plus-touches-05-03-2021-2416587_23.php

4- Selon un article récent de la MGEN, 33 % des français n’ont plus les moyens de manger 3 repas par jour.

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