A Marseille, avec les différentes organisations qui se sont regroupées pour la “caravane” contre le blocus, nous préparons une émission de radio avec COMAGUER et radio galère, et d’autres activités. Non Cuba n’est pas seul et quand les gouvernements trahissent, les peuples n’oublient pas. Comme le montre l’article, la situation évolue avec le poids de la Chine qui appuie le mouvement des non alignés, c’est le début d’une articulation entre le multilatéralisme au niveau des Etats et le mouvement des peuples pour la souveraineté et contre l’impérialisme, et là aussi ce n’est pas seulement nous qui aidons Cuba, c’est Cuba qui nous aide. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a approuvé le 23 Mars une résolution* émanant du mouvement des non alignés et présentée par trois pays : La Chine, l’Etat de Palestine – reconnu par l’ONU – et l’Azerbaïdjan qui condamne l’utilisation des sanctions économiques dans les relations entre Etats. L’Azerbaidjian exerce aujourd’hui la présidence d’un mouvement qui regroupe 120 Etats. La République populaire de Chine n’est qu’observateur mais entretient des rapports suivis et confiants avec le Mouvement. Le vote a été acquis à la majorité des 47 membres de la commission., soit 30 voix pour 15 voix contre. Au nombre de ces 15 opposants on compte les membres de l’UE : Autriche, Allemagne, France Pays bas Pologne et Italie plus la Grande Bretagne et le Japon , c’est à dire si l’on y ajoute le Brésil de Bolsonaro le camp occidental . Les abstentionnistes sont deux membres du Mouvement des non alignés : La Colombie et le Pérou. Il est vrai qu’il faut avoir une vision particulièrement acérée pour distinguer les signes de non alignement dans la politique de la Colombie et du Pérou.
Les membres de l’UE siégeant à la Commission des droits de l’homme avaient adopté une position commune que l’Italie a suivi sans hésitation. Les résolutions du Conseil des droits de l’homme passent souvent inaperçues mais le vote italien a été vigoureusement dénoncé par le quotidien italien en ligne CONTROPIANO dans un article intitulé : “A la solidarité de cuba le capitalisme répond par l’embargo” qui a fait scandale (https://contropiano.org/news/internazionale-news/2021/04/02/alla-solidarieta-di-cuba-il-capitalismo-risponde-con-lembargo-0137719) , la diplomatie italienne faisant preuve en l’occurrence d’une ingratitude cynique vis à vis de Cuba dont elle avait accueilli très officiellement l’aide humanitaire efficace au début de la pandémie et dont elle semblait avoir soudain oublié la popularité en Italie.
Incohérence ou versatilité d’autant plus gênante que le Ministre des Affaires étrangères Mr Di Maio n’a pas changé. Mais le cabinet italien lui a changé et Mario Draghi super technocrate banquier européen a remplacé Giuseppe Conte à la Présidence du Conseil. Donc tel petit pas de côté par rapport à la stricte orthodoxie otano-bruxelloise que le gouvernement italien pouvait faire l’an dernier lui est désormais interdit. Di Maio qui a gardé son poste tout en sachant trés bien la signification de la prise de contrôle direct de l’Italie par l’UE et la BCE a donc dû se livrer à un numéro de funambulisme bien à l’image de son parti politique les “CINQ ETOILES”. L’article qui suit publié par CONTROPIANO en est l’illustration et rend à Cuba ce qui est à Cuba. Enfin il n’est pas indifférent d’observer l’engagement de la Chine dans le patronage de cette résolution. Il intervient en effet quelques jours après le sommet d’Anchorage où la Chine a pour la première fois au cours d’une rencontre officielle entre les deux ministres des affaires étrangères des Etats Unis et de la Chine dit avec vigueur qu’elle n’acceptait plus le rôle de donneur de leçons universel et permanent des Etats-Unis en matière de droits de l’homme eu égard à la pratique réelle de ce pays en la matière.
* https://digitallibrary.un.org/record/3905138?ln=fr#record-files-collapse-header
Texte qui mérite la lecture disponible en français
Di Maio clarifie : “Nous n’avons pas voté contre Cuba”. L’indignation a donné des résultats
par Sergio Cararo 01.04.2021
Le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio a dû intervenir sur la controverse de ces jours-ci en Italie liée aux sanctions envers Cuba.
“La dernière fois que les Nations unies ont voté sur le renouvellement des sanctions pour Cuba, c’était en 2019 et l’Italie a voté pour la suppression de ces sanctions”, a déclaré Di Maio lors de son discours devant les commissions des affaires étrangères de la Chambre et du Sénat.
Ces derniers jours, certains prétendent même qu’à cause d’un article de notre journal qui est devenu viral, une véritable vague d’indignation s’est répandue dans notre pays contre la position soutenue par la représentation italienne au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.
M. Di Maio a précisé “Ces dernières semaines il y a eu un vote en faveur d’une résolution présentée par les pays non-alignés qui demandait l’abolition de l’instrument des sanctions en tant qu’instrument en soi, pas pour Cuba, pour le monde entier, pour ne plus accepter l’instrument des sanctions comme l’un des outils à la disposition des réactions des États individuels ou des organisations supranationales”.
D’après ce que nous avons pu lire, la résolution présentée par la Chine, l’Etat de Palestine Palestine et l’Azerbaïdjan au Conseil des droits de l’homme de l’ONU : “demande instamment à tous les États de s’abstenir d’imposer des mesures coercitives unilatérales, demande également la suppression de ces mesures, car elles sont contraires à la Charte des Nations Unies et aux règles et principes régissant les relations pacifiques entre les États à tous les niveaux, et rappelle que de telles mesures entravent la pleine réalisation du développement économique et social des nations, affectant également la pleine réalisation des droits de l’homme.” (Ndt souligné par nous)
À ce sujet, M. Di Maio a déclaré :
“Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il s’agit d’une généralisation qui ne peut être acceptée. Nous pouvons donc préciser que l’Italie n’a pas voté en faveur de sanctions pour Cuba et que nous sommes très reconnaissants à Cuba comme à de nombreux autres pays pour le soutien qu’ils nous ont apporté il y a un an à cette époque.”
Une clarification intéressante du ministre des affaires étrangères Di Maio. A ce stade, il semble opportun de souligner certains aspects importants.
1. La résolution contre l’utilisation de sanctions unilatérales présentée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU par la Chine, la Palestine et l’Azerbaïdjan tient un discours général sur l’utilisation punitive et discriminatoire de cet instrument. Les principaux pays soumis à des sanctions sont la Syrie, l’Iran mais aussi Cuba et le Venezuela. Donc pas une cible unique, mais tout de même des pays que les États-Unis ont placés depuis longtemps sur une sorte de “liste noire” et contre lesquels ils sévissent par des sanctions. En effet, avec la prétention d’internationaliser même les sanctions unilatérales, les Etats-Unis menacent même les pays qui n’adoptent pas de sanctions contre ceux qui figurent sur la “liste noire” d’être sanctionnés à leur tour S’il est exact que le problème est soulevé en termes “généraux”, il est non moins exact qu’il l’est dans le cadre d’une situation dans laquelle il y a toujours et seulement quelques pays qui font l’objet de sanctions de la part des États-Unis et de leurs alliés.
2. La vague d’indignation en Italie à la nouvelle que le gouvernement italien avait voté contre la résolution demandant la suspension des sanctions unilatérales contre certains pays – dont Cuba – a été si forte que le gouvernement a été contraint de répondre et de clarifier. Mais c’est aussi un formidable indicateur de la sympathie, du respect et de la solidarité dont jouit Cuba dans notre pays, sentiments que l’intervention solidaire des brigades médicales cubaines dans la première phase de la pandémie a sans aucun doute étendus et renforcés.
Au total, le ministre Di Maio a dû reconnaître la gratitude envers Cuba pour la solidarité apportée à l’Italie dans les pires moments de la pandémie de Covid et rappeler qu’en 2019 l’Italie a voté contre le blocus américain envers Cuba.
(Ndt : Il s’agit d’un des nombreux votes de l’Assemblée générale des nations Unis demandant à la quasi unanimité la levée du blocus contre Cuba.)
En espérant que la rustine ne soit pas pire que le trou, nous voulons espérer que ces clarifications indiquent une attitude qui sera maintenue même en 2021, malgré l’ivresse de la subordination aux USA qui semble envahir les sphères de décision dans notre pays. Et, surtout, qu’elle ne permettra plus au gouvernement italien de procéder avec légèreté et subordination à un choix extrême comme les sanctions contre d’autres pays et peuples.
Pourquoi donc continuer à maintenir des sanctions contre des pays qui n’ont rien fait de mal au nôtre et qui, au contraire, auraient besoin de soutien pour faire face aux urgences sociales et humanitaires (guerres, embargos, pandémies, occupations) auxquelles les sanctions s’ajoutent souvent de manière vindicative, simplement parce qu’ils ne sont pas soumis aux diktats des États-Unis ? Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement un pays qui mérite le respect du monde comme Cuba, mais aussi d’autres pays et d’autres peuples.
(traducion Comaguer)
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