Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Danielle Bleitrach, mémoires, interview à la Pravda, larges extraits dans Junge Welt

https://www.jungewelt.de/artikel/399002.geschichte-des-proletariats-die-kommune-verteidigte-das-land-gegen-den-verrat-der-bourgeoisie.html

Nous sommes, je l’espère, quelques-uns en train de créer les conditions de l’indispensable internationalisme. Nous tentons ici en France, de mettre à mal l’illusion d’un monde immobile. Non tout n’est pas fini, il ne faut pas se résigner à l’horizon borné et de soumission à la social-démocratie vers le fascisme. Un monde dans lequel les communistes et leur soif de paix, de justice aurait disparu. Accepter le village Potemkine des média, leur mur de censure qu’ils prétendent ériger. (1) La principale qualité de cet interview qu’a réalisée Andrei Doultsev selon les camarades de Junge Welt c’est qu’il n’y a pas de langue de bois et que j’ose dire les ombres et les lumières de l’activité politique en France. Les camarades russes et allemands, qui sont représentatifs de bien d’autres partis dans le monde sont très intéressés par la situation en France, par les communistes français qui jouissaient jadis d’un grand prestige. La Pravda a interviewé Fabien Roussel, et s’est felicitée du renouveau du PCF. Un interview de Laurent Brun, pour la CGT de la SNCF va être publié, le mien également à propos de mes Mémoires parues chez Delga (2). Il y a également à la suite de l’entretien en français la traduction en anglais par Catherine Winch et en espagnol par Jose Egido. (note de Danielle Bleitrach)

Interview de la Pravda Danielle Bleitrach

– Qu’est-ce qui vous a motivée à écrire vos mémoires?

Il y avait les 100 ans du Parti Communiste Français et ce qu’il me paraissait important de transmettre à cette occasion. Je suis née en 1938 dans une famille juive, j’ai donc été une enfant gibier obligée de fuir et qui a vu beaucoup de membres de sa famille finir en camp de concentration. Les Communistes étaient pour moi de preux chevaliers qui avaient donné leur vie pour sauver la mienne. Au premier rang des fiers héros de mon enfance se trouvait l’armée rouge. J’ai eu une très belle vie et je la lui dois, jamais je ne l’oublierai. Je voulais témoigner de cela. J’ai adhéré en 1956 lors des événements de Hongrie alors que d’autres quittaient le PCF, parce que j’ai vu une photo représentant des communistes pendus à des crocs de boucher par les contre-révolutionnaires: un véritable communiste, ce n’est pas celui qui choisit de rallier la victoire mais celui qui reste fidèle à ses engagements au cœur de la nuit et face à la défaite. Parce qu’un communiste ne tolère pas l’injustice, c’est plus fort que lui. Enfin troisième raison, je suis une intellectuelle, une universitaire pour qui l’histoire est essentielle, c’est ma passion. Je suis émue par les mains sur les parois de grottes préhistoriques, j’ai envie de placer ma main sur la leur, tout ce qui m’importe n’a de sens que dans le dialogue avec d’autres êtres humains. Nous avons d’ailleurs avec Marianne Dunlop fondé un site qui a une certaine audience et qui s’appelle histoire et société. Il tente de rétablir la vérité face à tous les négationnismes, celui qui touche à la réhabilitation du nazisme mais aussi tout ce qui prétend effacer le rôle des communistes. Mes mémoires se situaient dans le droit fil de toutes ces préoccupations, c’est une ode aux communistes avec des moments d’humour comme nous en vivons au cœur des combats.

– Votre engagement vous a menée jusqu’au Comité Central du Parti Communiste Français. Quelle est votre analyse du rôle historique de ce parti et de sa situation actuelle?

Le Parti Communiste Français est un acteur incontournable de l’histoire française. Il est né comme bien des partis de la colère contre la boucherie de la première guerre mondiale, la trahison de l’internationale social-démocrate qui a accepté la guerre. Il a été ce facteur de paix dont les peuples ont besoin autant que les puissants se nourrissent de la guerre. Mais il a su se battre quand les temps l’ont exigé. Avec le grand dirigeant qu’a été Maurice Thorez ce parti a su représenter la classe ouvrière, ses luttes contre l’exploitation et dans la même temps, face à la trahison des capitalistes, à leur volonté de diviser, il a su représenter l’unité de ce magnifique pays qu’est la France, il a eu à cœur de défendre la souveraineté du peuple français. Mais sans chauvinisme, sans xénophobie, en s’ouvrant à l’international. Cette ouverture il l’a pratiquée dans la solidarité avec l’URSS, les autres partis communiste mais aussi et d’abord dans ses luttes anticoloniales… La guerre d’Algérie était aussi au cœur de mes premières armes militantes la découverte que l’engagement communiste pouvait être dangereux comme sur les routes de l’Espagne franquiste. Malheureusement ce grand parti, respecté de tous, a connu le même sort que celui d’autres partis égarés dans l’eurocommunisme. Ils se sont coupés de la classe ouvrière. Aujourd’hui il n’y a pas plus de 2% d’ouvriers qui votent pour le PCF. Son organisation a été détruite par Robert Hue et les deux dirigeants qui ont suivi. C’est un parti qui s’est mis à la remorque de la social-démocratie. Dans mes mémoires, je raconte comment je découvre dans les années quatre-vingt des processus d’autodestruction comparables en Hongrie, en Italie, c’est un scénario qui se répète et qui n’est pas dû au hasard mais dont j’ai eu du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. Un peu comme quand je me suis retrouvée à Malte lors du sommet Bush-Gorbatchev dans la tempête où l’on ne voyait pas à un mètre.

J’analyse tout cela et en particulier le rôle joué par Mitterrand, qui est un homme de droite, rallié à l’atlantisme, au néolibéralisme, un individu corrompu et qui corrompt, qui a du sang de communistes sur les mains durant la guerre d’Algérie. Comment un tel homme a-t-il pu pratiquer une OPA sur la gauche ? Il nous a détruits mais il a plus encore détruit le parti socialiste, il a fait monter l’extrême-droite. Et là j’ai tenté d’élucider les raisons pour laquelle les communistes se sont ralliés à un tel homme alors qu’ils étaient sans illusion sur le personnage. Je tente d’expliquer pourquoi. Je ne cherche pas à régler des comptes, il y a partout des gens qui sont vendus au capital, des traîtres qui liquident les partis communistes européens, mais cela se passe dans une contre-révolution qui nait dans le milieu des années soixante-dix et qui part du Chili pour déferler sur la planète. Le doute s’installe, on le fait grandir. Le paradoxe est que les tortionnaires du mouvement ouvrier, des peuples se présentent comme les défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme. L’Eurocommunisme accompagne ce mouvement, lui donne une caution de gauche. L’épicentre est l’Europe mais d’autres partis connaissent le même sort sur d’autres continents. Tout cela se présente comme la poursuite de la « déstalinisation », une critique nationale de ce qu’a révélé Khrouchtchev.

Mais pour revenir au PCF, on ne peut pas identifier Georges Marchais aux deux autres dirigeants de l’eurocommunisme, Berlinguer et Carillo, comme Thorez est différent de Togliatti.  Marchais à partir des années quatre-vingt refuse la dérive et organise la résistance de son parti. Tout sera fait pour le déstabiliser à l’extérieur comme à l’intérieur. Ce qui fait tanguer la barque a son État-major comme aujourd’hui aux Etats-Unis et dans le capital financier mais c’est la gauche qui parait aux commandes.

 Je me suis posée une première question face à la manière dont j’ai été témoin partout de cette offensive, si je suis convaincue qu’il n’y a eu aucune révolution réussie sans un parti léniniste pour conquérir le pouvoir et pour le conserver, il y a aussi ce fait étonnant : comment des partis communistes peuvent-ils avoir à leur tête des gens qui sont tout sauf communistes et qu’on ait tant de peine à s’en débarrasser ? Faut-il l’attribuer aux partis léninistes, à leur excès de discipline oui et non. Non en réalité, ce que j’ai vu c’est qu’il a fallu détruire ces partis, chasser les dirigeants intègres et révolutionnaires, les remplacer par des complices ou des gens sans envergure, il fallait les couper de leur base de classe pour aboutir à un tel résultat, désorganiser en profondeur. Il fallait en finir avec l’internationalisme, lui substituer un vague humanisme creux. Comme pour en finir avec l’URSS il a fallu détruire la centralité de l’Etat soviétique. Le tout sous couvert de démocratie qui privait l’adhérant de sa capacité réelle d’intervention comme dans la démocratie bourgeoise.

Mais par rapport à cette destruction, en ce qui concerne le PCF aujourd’hui, il faut arriver à ce qui s’est passé au 38 e congrès, en 2018,  et qui prouve la force de l’idéal communiste dans le PCF. Depuis Maurice Thorez et sa reconquête du parti sur les opportunistes et les gauchistes on n’a jamais vu un secrétaire du Parti et son équipe mis en minorité. C’est pourtant ce qui s’est passé, des communistes qui ne voulaient plus de l’effacement de leur parti, ils ont rédigé un manifeste, j’ai participé à cette rédaction aux côtés de ceux qui ont mené ce combat. C’étaient des élus, des gens qui sur des bases diverses voulaient que le PCF existe. Il y avait la combativité de la société française, les luttes sociales contre la politique des gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche, mais ces luttes manquaient de perspective politique. L’abstention grandissait, le peuple déçu écoutait l’extrême-droite. Face à cela, la conscience est montée de la nécessité d’un parti communiste. Nous en sommes là, une porte s’est entrouverte, il y a un nouveau secrétaire, une équipe de terrain autour de lui. Pourtant on ne sort pas indemne de trente ans de liquidation et tout n’est pas gagné. Non seulement les anciens dirigeants n’ont pas désarmé et conservent des positions fortes dans la presse, dans l’international, dans la formation mais c’est une course pour reconstruire un parti, pour lui donner son autonomie dans l’état de faiblesse où il est. Pourtant on le sait « là où il y a une volonté il y a un chemin » et il faut aider à ce renouveau et j’appuie ce que tentent Fabien Roussel et son équipe en sachant que tout n’est pas gagné et qu’il reste bien des obstacles à lever. Il n’y a pas d’autres solutions pour le moment et le retour du PCF vers l’international fait partie de cette reconquête.

Votre parcours international vous a permis de faire la connaissance du Cuba, du Vietnam, de l’Union Soviétique… Dans quel pays, à votre avis, le socialisme a-t-il été établi de la façon la plus réussie? Quels sont les avantages de chacun de  ces pays?

– Je ne poserais pas la question comme ça, mais à partir des tâches qui sont celles des communistes partout. Un bilan s’impose sur ce qui affaiblit ou renforce notre intervention communiste. Certes il n’y a pas de modèle mais il y a des exemples, des expériences. Pour cela il me semble qu’il faut situer l’histoire des communistes dans un temps plus long qu’on ne le fait généralement. Quand je parle des temps longs ce sont ceux du passage d’un mode de production à un autre, d’une civilisation à une autre. Sans aller jusqu’à la chute de l’empire romain qui a duré mille ans et intervient quasiment en même temps que la découverte de l’Amérique ou sans voir que la conquête de la bourgeoisie sur la féodalité a duré 600 ans et a été rendu effective par la Révolution française, il faut mesurer que le communisme, le pouvoir de la classe ouvrière au-delà des apparences a justement été une accélération consciente grâce au marxisme léninisme mais aussi à l’incroyable épopée de l’URSS. C’est un bouleversement sans aucune mesure avec tout ce qui a eu lieu jusqu’ici où chaque fois la propriété privée était protégée et passait d’une classe dominante à une autre, là des millénaires de propriété privée ont été abolis. La révolution bolchevique a montré les possibles, pendant plus de soixante et dix ans elle a transformé une société arriérée en la faisant passer à la modernité. Mais cette transformation n’a pas été seulement interne, elle a bouleversé le monde. Un exemple : toutes les relations internationales ont été transformées, l’idéal kantien d’une paix internationale basée sur le respect des souverainetés à partir du moment où c’est celle des peuples avec une Constitution, un contrat social, a pris corps. C’est une onde de choc qui se poursuit. J’ai souvent été en URSS en tant que membre du comité central, j’ai fait des reportages en Asie centrale, en Biélorusse. Et récemment avec Marianne Dunlop nous sommes parties dans les transports en commun sur les routes de l’URSS, en Crimée, à Odessa, en Moldavie, à Moscou, Saint Pétersbourg, Kazan. J’ai observé comme sociologue, ce sentiment d’appartenance à l’Union soviétique. On parle de nostalgie, cela va au-delà. Si vous permettez une interprétation c’est plus que ça, c’est la conscience d’une civilisation. Il y a ce qui est soviétique et ce qui ne l’est pas, et face à l’agression impérialiste qui se poursuit ce qui est patriote est soviétique même si ceux qui parlent ne sont pas communistes, je pense à Lavrov qui est monsieur NIET et a hérité de Primakov et de la grande diplomatie soviétique. Le camarade Ziouganov dit des choses très justes là-dessus. Quelquefois je sens chez les camarades du KPRF des interrogations sur ce que c’est que d’être russe, la nation russe a été fondée par la Révolution  et elle est soviétique, être un patriote russe c’est être soviétique. Mais bien sûr être pleinement soviétique c’est être socialiste, chasser l’oligarchie prête à vendre le pays, à sacrifier le peuple. Cette idée de civilisation je l’ai trouvée chez Staline dans sa relation avec le théâtre, le cinéma qu’il aimait beaucoup.

Quel est le rapport avec le parti communiste ? Tous les citoyens ne sont pas des révolutionnaires, ils ne sont pas prêts à consacrer leur vie à cette mission, le rôle d’un parti communiste c’est de trouver les révolutionnaires mais aussi de les former de telle sorte qu’ils soient en capacité de convaincre ceux qui ne sont pas spontanément révolutionnaires qu’ils doivent basculer à leurs côtés, c’est en ce sens que les communistes inventent une autre démocratie, ils doivent construire avec d’autres organisations l’intérêt général d’une nation à partir d’une classe qui passe de l’en soi au pour soi. Suivant les tâches à accomplir les choix sont différents mais il y a toujours la combinaison de l’intérêt matériel et de l’appel à la dignité, au meilleur de l’être humain.

 Il y a les moments de l’élan révolutionnaire mais il y a aussi la perpétuation des acquis, la stabilisation, l’œuvre civilisatrice. Tous les partis communistes qui ont réussi leur révolution sont léninistes comme la révolution soviétique qui en général les a aidés. Mais ils ont aussi répondu à des exigences qui leur sont propres. Si Cuba oublie un seul instant qu’elle a à sa frontière le pire des ennemis, l’ile est fichue. Si La Chine oublie qu’elle a un milliard quatre cent mille chinois à nourrir, le pouvoir ne tiendra pas longtemps. Mais chacun d’eux donne à sa lutte une dimension internationale, un humanisme, une espérance, c’est au-delà des alliances, c’est un projet de société,comme l’URSS.

 Cuba c’est le partage, le don au nom de l’humanité comme base de sa souveraineté et c’est un parti communiste qui est le garant de ce projet. Cuba est fascinant parce que chaque défi de l’impérialisme loin de les faire renoncer les pousse en avant dans l’inventivité révolutionnaire, Cuba c’est l’élévation morale et un bricolage d’une créativité exceptionnelle. La Chine c’est la sortie de l’humiliation, la plus vieille civilisation du monde dépecée, forcée à la consommation de l’opium, le parti qui les a sorti de là ,du sous-développement, passe de l’élan révolutionnaire, de la guerre de mouvement à la guerre de position. Il s’agit demettre en cage le capitalisme, n’accorder aucun pouvoir politique aux capitalistes à la manière dont le capital n’a jamais accordé le pouvoir politique à la classe ouvrière allemande qui aurait dû faire la révolution, ou à laclasse ouvrière des Etats-Unis. Face à l’assaut de l’impérialisme qui ne veut pas de ce challenge, elle recommence sa longue marche, la route de la soie.

Tout cela n’a pu exister que parce que la révolution bolchevique a accompli l’impossible.

Tous  ces  révolutionnaires je les admire, et nous Français, au lieu de donner des leçons ce qui est notre péché mignon, nous avons beaucoup à apprendre et à partager la solidarité des combats. Il n’y a pas que les partis au pouvoir, j’ai rencontré des partis et des communistes partout, puisque j’ai beaucoup voyagé en tant que sociologue et pour représenter le PCF…  je décris le cas du Bénin, de l’Algérie, du Mexique, de l’Amérique latine, les Caraïbes ;  je pourrais parler du Soudan, des camarades du Toudeh iranien, des irakiens, l’archipel communiste est là partout. Comme on le voit avec le mouvement des fermiers en Inde, les communistes repartent à l’assaut du ciel en prenant pied dans le refus des injustices. Oui le communisme est vivant, la taupe de l’histoire est même en train de remonter hors de son périple souterrain.

Le PCF a été longtemps conçu comme «le parti» des intellectuels. En quoi leur rôle est-il particulier au sein du parti et de la société française?

Cela fait partie de ce que je viens de décrire, ce rôle civilisateur… J’ai été proche d’Aragon à la fin de sa vie… Il a beaucoup œuvré pour rassembler les créateurs, les intellectuels autour et avec les communistes. L’avant-garde d’une civilisation venait renforcer l’avant-garde politique pour construire une nouvelle civilisation dans laquelle les intellectuels, les artistes n’étaient plus les domestiques des puissants mais des architectes à part entière de ce monde nouveau. En France c’est un héritage de la royauté et des lumières, mais aussi de Saint Simon, le socialiste utopiste et du rôle révolutionnaire de la science, sur fond de l’affaire Dreyfus… Les communistes dans le parti de Maurice Thorez ont réussi à convaincre chercheurs, artistes, que l’engagement était le prolongement de leur recherche créative.  Il y a une dimension forces productives et éthique qui fonde le progrès que les soviétiques connaissent bien… Personnellement c’est aussi  sur ces bases-là que je demeure attachée au communisme, sur la manière dont il prend au sérieux mon apport, et dans une société que le capital, avilit. Adhérer au communisme c’est répondre à cette interpellation de l’engagement dans la lutte, d’y prendre place  en tant que militante, d’être une parmi les autres, de donner le meilleur de moi-même.Ce n’est pas facile parce que le capital organise une concurrence systématique entre les intellectuels, les artistes, les individualise et il est encore plus difficile de la dépasser que de le faire dans la production des biens matériels. Mais je crois que sur ce plan pour peu qu’ils fassent fructifier leur apport, les communistes français ont des choses à dire, par exemple comment conquérir de nouveaux publics, comment participer à l’effort d’éducation sans pour autant être soumis à un cahier des charges qui ignore l’indépendance du chercheur et de l’artiste. Cela dit là encore cet engagement a eu lieu dans ce moment inouï né de la Révolution bolchevique.

Quelle est la perspective du communisme en France et en Europe? Les partis dans ces pays-là, sont-ils en train de se retrouver?

Malheureusement l’Europe sous la dictature de l’UE, c’est-à-dire une institution qui n’est pas l’Europe mais la vassalité du vieux continent à son rejeton des Etats-Unis, est une caricature bureaucratique. Il suffit de voir la politique de Macron, sa soumission au capital, sa manière encore de proposer ses services à la nouvelle équipe de Biden pour allumer la guerre au Moyen orient. Sous couvert de proclamations indécentes aux droits de l’homme c’est le bellicisme, le pillage et une manière de s’accrocher à la crise de la société US en allant mener des campagnes militaires pour faire oublier l’échec intérieur que l’épidémie a révélé mais qui est bien antérieure. Nous assistons à l’échec d’une social-démocratie dont le projet dans ce cadre européen s’est confondu avec celui de la droite et dans laquelle monte l’extrême-droite. C’est pourquoi les partis qui ont le mieux résisté sont ceux qui comme le parti communiste grec et portugais ont pris leurs distances avec ce projet européen et avec l’eurocommunisme qui s’y ralliait. Depuis que Fabien Roussel a pris la direction du PCF, il y a un bougé, des contacts renoués avec nos camarades portugais, mais il faut aller plus loin. Personnellement je crois qu’il faut avoir l’audace de penser le continent eurasiatique si l’on veut mener une lutte anti-impérialiste. Mais c’est un questionnement.nous sommes dans le temps du questionnement et savoir poser les bonnes questions est presqu’aussi importants qu’apporter les réponses qui seront celles de la pratique.

Avec quel parti communiste en Europe aujourd’hui sympathisez-vous le plus? Pourquoi?

je souhaite que les contacts se multiplient avec des partis comme le parti communiste grec et portugais mais que nous ne négligions pas les autres pour nous donner des taches concrètes et pas seulement des réunions qui ne débouchent sur rien et sont simplement une manière de jouir des crédits européens et celui des fondations allemandes qui ne sont jamais désintéressés. Il faut se rencontrer hors des carcans européens.

– Les partis communistes, où peuvent-ils retrouver leur force aujourd’hui?

Je l’ignore, mais en vous décrivant ce qui s’est passé au 38-ème congrès j’ai insisté sur le contexte des luttes,en Europe et dans le monde. Le fait que les communistes encartés ou non étaient présents. La pression exercée par le capital est énorme, une génération vit moins bien que celle de ses parents, le taux de mortalité infantile remonte,l’espérance de vie diminue. Les défis touchent à la survie de l’espèce et il n’y a aucune force pour leur donner une issue politique progressiste sauf les communistes. Je n’ai pas encore vu un mouvement capable de remplacer un parti… Les mouvements comme celui de Macron ou de la France insoumise, sont souvent une fausse démocratie dans lequel un petit groupe au sommet finit par se substituer à l’intervention populaire qu’il est censé renouveler. Mais les partis communistes tels qu’ils sont ont besoin de se transformer dans l’action autant que dans l’approfondissement théorique. La force est toujours la même, la conviction qui se raffermit par la connaissance, l’organisation et sa cohésion, la démocratie pour agir… reprendre pied dans les masses et proposer des solutions concrètes. L’international nous aide à voir la dimension mondialisée des problèmes et à échanger nos expériences. Il faut rompre avec ce village Potemkine créé par le capital où les puissances occidentales capitalistes seraient les maitres d’une opinion internationale pure fabrication de leurs médias.

Quel égard les communistes français devraient-ils porter à votre avis aux pays comme la Russie et la Chine? Y a-t-il une incompréhension due à un manque de connaissance culturelle et à la propagande occidentale?

Voilà typiquement ce que produit le matraquage idéologique auquel nous sommes soumis, les capitalistes n’osent plus défendre leur bilan alors ils montent l’idée qu’ailleurs c’est pire, que toute révolution débouche sur la dictature. Ils en sont au niveau de l’UE à tenter d’officialiser l’identification du communisme soviétique au nazisme, Staline à Hitler. Tout cela pour blanchir les fascistes dont ils ont besoin pour tenir les masses ouvrières. Cette propagande ils en ont laissé le soin à la gauche, du trotskisme à la social-démocratie. En France, après Georges Marchais avec l’alignement total sur la social-démocratie, les dirigeants du parti communiste ont adopté cette propagande haineuse, cette méconnaissance de la réalité de ce qui se passait dans les pays du socialisme ou progressistes, quia été diffusé dans le parti et y a remplacé toute formation. Des communistes comme moi sont interdits dans la presse communiste, il ne doit y avoir aucun compte-rendu de mes livres y compris de ces mémoires.

Mais de ce point de vue, de l’histoire, de la connaissance des pays soumis à la propagande capitaliste qui atteint le niveau de Goebbels, le mensonge sans preuve, il y a un bougé non seulement à la direction du PCF autour de Fabien Roussel dont vous avez sans doute lu les déclarations sur la Russie et la Chine à l’agence Tass et que vos articles à la Pravda ont fait connaitre. Il y a aussi dans et hors le parti un mouvement qui lutte contre la désinformation. Le site que nous avons fondé Marianne et moi s’attache à faire connaitre la réalité de la Russie, de la Chine et de Cuba en particulier, il a une audience plus forte que l’Humanité. Et il n’est pas le seul, nombreux sont les sites dans et hors parti qui jouent le même rôle. Il y a des maisons d’édition comme celles qui a édité mes mémoires, Delga, qui diffuse ce qui se publie de plus novateur dans cette réflexion.Il y a les journées internationales de Vénissieux où le KPRF est présent. Mais bien sûr cela n’est pas à la hauteur du déferlement de propagande, il faut aller plus loin ensemble, déterminer des objectifs de la contre offensive, par exemple avoir des échanges de jeunes.

Cette année, nous fêtons les 150 ans de la Commune de Paris. Quel est le rôle de cet évènement pour le mouvement ouvrier international aujourd’hui?

La Commune de Paris a été l’acte fondateur de la nécessité d’une organisation propre au mouvement ouvrier. Marx dans la lutte des classes en France montre comment en France Kant devient Robespierre, le passage à l’action parfois dans une confusion théorique qui désespère les Allemands et Marx lui-même qui oscille à notre égard entre admiration de la combattivité française et irritation de notre courte vue théorique, nos incapacité dialectiques… La Commune de Paris se dégage de l’illusion de devoir reproduire la révolution française à la remorque de la bourgeoisie, un nouveau protagoniste est entré dans l’histoire, le prolétariat. Il défend le pays face à la trahison de la bourgeoisie, il invente des solutions en matière d’éducation, de droits que la révolution bolchévique concrétisera… Et surtout avec la brève histoire de cette Commune, l’illusion que l’on peut avoir sur cette bourgeoisie s’effondre, on découvre sa dictature impitoyable, le massacre, l’exil des communards avec la grande figure idéaliste et anarchiste de Louise Michel. Donc non seulement il faut un parti autonome de la classe ouvrière mais face à la dictature de la bourgeoisie il faut la dictature du prolétariat. Si je ne me trompe pas,Lénine a souhaité être enterré dans le drapeau de la Commune de Paris?

Comment cela va-t-il être célébré ? Aujourd’hui en France, il y a la volonté de stigmatiser toute révolution comme inutile et débouchant sur des massacres, des dictatures, sur la guillotine ou le goulag. Cette interprétation a commencé avec Mitterrand, la nécessité d’établir un contrefeu révolutionnaire, empêcher la force des communistes si l’on ne peut pas bloquer leur accès au pouvoir, ils doivent y être empêchés d’agir… Donc le capital et ses appareils idéologiques gonflent la social-démocratie comme au Portugal en ce moment… Ils ont ignoré les turpitudes du parti socialiste, de Mitterrand lui-même, son passé à Vichy, son anticommunisme, son rôle dans la répression coloniale, l’atlantisme, etc, en faisant de la social-démocratie celle qui défendait les libertés face à la dictature possible des communistes. L’eurocommunisme  a emboîté le pas à cette interprétation en attribuant à l’URSS  le modèle totalitaire étranger aux aspirations européennes. Et ça continue il y a un véritable détournement du passé révolutionnaire français. Entre le confinement et cette mainmise sur l’histoire, je pense que la célébration de la Commune restera aussi limitée que 1917 ou même les cent ans du parti communiste… On fera peut-être ça mieux dans un an ou deux…

– Comment la Commune de Paris a-t-elle changé la France ?

Sur le moment ça a été l’échec, l’éparpillement en divers mouvements des vaincus, malgré l’apparition du guédisme, le premier mouvement marxiste mais on revient à ce que j’ai dit, la postérité des révolutions ne doit pas être jugée dans l’immédiat, cela a construit la dimension de classe du peuple français même si cela a été dans la méfiance du politique avec le primat de l’anarcho-syndicalisme. Au plan international ça a eu une grande résonance en grande partie grâce à la compréhension qu’en ont eu Marx et Lénine.

Une des sources du mouvement ouvrier et socialiste en France du 19ème fut l’anarcho-syndicalisme. Quels sont les côtés forts et les côtés faibles de cette tradition?

Lex côtés forts c’est la combativité, la méfiance à l’égard du patronat et des organisations bourgeoises, la faiblesse c’est l’abandon du politique, la conquête du pouvoir qui se limite à la grève générale alors que les marxistes mettent leur soin dans la construction d’un parti apte à s’emparer du pouvoir d’Etat. Mais la force de Thorez c’est d’avoir construit un parti qui a unifié tout cet éparpillement et avec l’affaiblissement de ce dernier, les tendances anciennes, les clivages ont ressurgi. Encore aujourd’hui la volonté de créer le parti à l’entreprise se heurte au fait que le syndicat a déjà du mal à s’y développer sans mesurer à quel point l’existence du parti est une aide. Mais tant que le parti est ce qu’il est  sans clarté politique et divisé,on ne voit pas pourquoi les travailleurs seraient désireux de ce parti là. Tant que le PCF n’a pas reconstruit sa stratégie, ses propositions cela renforce l’idée qu’il vaut mieux le syndicat seulement, le parti n’intervenant que pendant les élections. Mais là aussi il y a des dirigeants qui prennent conscience, des militants jeunes et plus âgés… Ce sont les enjeux du prochain Congrès qui aura lieu cette année.

– Que signifie pour vous être communiste française ?

D’abord le fait d’être communiste est de donner sens à une vie. A mon âge je suis plus que jamais convaincue de la nécessité d’un tel engagement non seulement par rapport aux urgences de l’heure, aux dangers de l’impérialisme en crise, mais aussi pour les individus eux-mêmes, pour échapper au  vide social dans lequel s’autodétruisent les êtres humains, la jeunesse… Encore faut-il que les partis communistes reconstruisent solidarité, échanges, actions concrètes… Ils ont subi des dégâts comparables à l’ensemble de la société et le parti communiste français comme les autres. Quand je compare ce qu’il est à ce que j’ai connu je suis effrayée mais le reste de la société française est dans un état pire… Le PCF se transformera en transformant. Être communiste française encartée ou non c’est pour moi me souvenir à chaque moment de ce qui a fait qu’une jeune femme a choisi cette vie-là et que la vieille femme qui vous parle ne le regrette pas parce qu’elle a eu la chance de participer au meilleur de l’humanité…C’est notre grand Diderot, qui, aussi athée que moi, disait que quand on avait accompli sa vie on s’endormait bien fatigué comme après un honnête labeur… Mais il n’est pas encore temps de fermer les yeux, il faut apporter ce que l’on sait, transmettre le flambeau, dire ce que l’on croit devoir être dit et œuvrer pour que « prolétaires de tous les pays… », comme nous le faisons à travers cet interview, enfin je l’espère. Être Française c’est peut-être penser à cet instant à Robespierre qui disait « nos raisons d’exister valent mieux que notre existence». Salutations aux camarades russes et merci pour ce qu’ils nous ont donné, nous savons à quel point quand la patience russe se soulève son élan est irrésistible et la confiance que nous avons en vous réside non seulement dans ce que vous avez apporté pendant soixante dix ans à l’humanité, mais dans la manière dont vous avez refusé de céder à la contre-révolution. Je me souviens avoir rencontré le camarade Ziouganov en Inde au Congrès du Parti communiste de l’Inde en 1994, je représentais le PCF et j’étais aux côtés de J.Risquet du parti communiste Cubain, aussi attaché que moi à l’Union soviétique et nous avons fortement été impressionnés pas la conviction qui était la sienne. Cela nous a fait du bien.

(1) Nous apprenons avec joie que les camarades du Kerala qui sont confrontés comme tous les communistes indiens et d’autres communistes dans le monde à l’impitoyable censure du pouvoir pour étouffer leur voix et celle de millions de travailleurs ont consacré un article au rôle joué par Nicolas Maury et son blog perspectives communistes pour diffuser leurs combats. Un réseau auquel d’autres sites d’organisations comme le PRCF ou Grand soir arrivent à vaincre non seulement l’étouffoir mais les manières d’empêcher l’échange de réflexions et d’expériences quand les partis ne jouent plus leur rôle. Histoire et société, Marianne et moi, tous les collaborateurs du blog, continuons ce combat en étant conscients que les réseaux sociaux sont de plus en plus en train de réduire l’espace et qu’il va falloir en construire un autre, incitant les militants à s’abreuver directement aux sources, les traducteurs automatiques ayant fait d’énormes progrès.

(2) Danielle Bleitrach : Le temps retrouvé d’une communiste.mémoires. Delga 2019

Interview with Pravda, traduction de Catherine Winch

– What motivated you to write your memoirs?

There was the centenary of the French Communist Party and what I felt was important to convey on that occasion. I was born in 1938 into a Jewish family, so I was a child prey, forced to flee and who saw many members of her family end up in a concentration camp. The Communists were for me valiant knights who gave their lives to save mine. At the forefront of the proud heroes of my childhood stood the Red Army. I have lived a wonderful life and I owe it to them, I will never forget it. I wanted to bear witness to that. I joined in 1956 during the events in Hungary while others were leaving the CPF, because I saw a picture of communists hung from butcher’s hooks by the counter-revolutionaries. What a true communist is, is not the one who chooses to rally to victory but the one who remains faithful to his commitments in the midst of the night and in the face of defeat. Because a communist does not tolerate injustice, it is in his nature. Finally, the third reason is that I am an intellectual, an academic for whom history is essential, it is my passion. I am moved when I see the hands on the walls of prehistoric caves, I want to place my hand on theirs, everything that matters to me only makes sense in dialogue with other human beings. With Marianne Dunlop, we have founded a site that has a wide audience and is called History and Society [histoireetsociété.com]. It tries to re-establish the truth in the face of all denials,  the rehabilitation of Nazism but also everything that seeks to erase the role of the communists. My memoirs were in line with all these concerns, it is an ode to  communists with moments of humour as we experience them in the thick of our struggles

– Your commitment led you to the Central Committee of the French Communist Party. What is your analysis of the historical role of this party and its current situation?The French Communist Party is a key player in French history. Like many other parties, it was born out of anger against the slaughter of the First World War, the betrayal of the social-democratic international who accepted war. It was that agent of peace that the peoples need as badly, in the same way that the powerful are nourished by war. But it knew how to fight when the times demanded it. With the great leader that Maurice Thorez was, this party knew how to represent the working class, its struggles against exploitation, and at the same time, in the face of the capitalists’ betrayal and their will to divide, it knew how to represent the unity of this magnificent country that is France, it knew how to defend the sovereignty of the French people. But without chauvinism, without xenophobia, by opening up to the international scene. This openness it practised in solidarity with the USSR, the other communist parties, but also and first of all in its anti-colonial struggles… The Algerian War was also at the heart of my first militant actions : the discovery that the communist commitment could be as dangerous as it was on the roads of Franco’s Spain. Unfortunately this great party, respected by all, met the same fate as other parties lost to Eurocommunism. They cut themselves off from the working class. Today no more than 2% of workers vote for the CPF. Its organization was destroyed by Robert Hue and the two leaders who followed. It is a party that has followed in the footsteps of social democracy. In my memoirs, I tell how I discovered comparable processes of self-destruction in the 1980s in Hungary, in Italy, it’s a scenario that is repeating itself and that is not due to chance, but whose ins and outs I found difficult to understand. A bit like when I found myself in Malta during the Bush-Gorbachev summit in a storm where you couldn’t see one metre in front of your eyes.

I am analyzing all this and in particular the role played by Mitterrand, who was a right-winger, who rallied to Atlanticism, to neoliberalism, a corrupt and corrupting individual, who had communist blood on his hands during the Algerian war. How could such a man carry out a takeover bid on the left? He destroyed us, but he destroyed the Socialist Party even more, he made the extreme right rise. And there I tried to elucidate the reasons why the communists rallied to such a man when they had no illusions about the individual himself. I am trying to explain why. I’m not trying to settle scores, there are people everywhere who are being sold to capital, traitors who are liquidating the European Communist Parties, but it’s happening in a counterrevolution that was born in the mid-seventies, starting in Chile to sweep the planet. Doubt is being planted, it is growing. The paradox is that the torturers of the labour movement, of the peoples, present themselves as defenders of democracy and human rights. Eurocommunism accompanies this movement, gives it a left-wing endorsement. The epicentre is Europe, but other parties are experiencing the same fate on other continents. All this is presented as the continuation of “de-Stalinization,” a national critique of what Khrushchev revealed.

But to return to the CPF, one cannot associate Georges Marchais with the two other leaders of Eurocommunism, Berlinguer and Carillo, just as Thorez is different from Togliatti.  Marchais from the 1980s onwards refused to drift and organized the resistance of his party. Everything was done to destabilize him both externally and internally. This rocked the boat of his General Staff, as today in the United States and in financial capital, but it was the left that seemed to be in command.

 I asked myself a first question in the face of the way in which I have witnessed this offensive everywhere.  I am convinced that there has been no successful revolution without a Leninist party to conquer power and to keep it, but there is also this astonishing fact: how can communist parties have at their head people who are anything but communist and that it is so difficult to get rid of them? Should we attribute it to the Leninist parties, to their excessive discipline? No, in reality, what I saw was that it was necessary to destroy these parties, to chase away the honest and revolutionary leaders, to replace them with accomplices or people of no stature, to cut them off from their class base in order to achieve such a result, to disorganize in depth. It was necessary to put an end to internationalism, to replace it with a hollow wave of humanism. As with the USSR, it was necessary to destroy the centrality of the Soviet state. All under the guise of democracy, which deprived the party members of their real capacity for intervention as in bourgeois democracy.

But in relation to this destruction, as far as the CPF is concerned today, it is necessary to consider what happened at the 38 th Congress, in 2018, which proves the strength of the communist ideal in the CPF. Since Maurice Thorez and his reconquest of the party from the opportunists and leftists, we have never seen a Party secretary and his team put in the minority. However, this is what happened, communists who no longer wanted to see their party reduced to nothing, they wrote a manifesto, and I participated in this writing alongside those who led this struggle. They were elected officials, people who on various bases wanted the CPF to exist. There was the combativeness of French society, the social struggles against the policies of governments, whether right or left, but these struggles lacked a political perspective. Abstention was growing, the disillusioned people were listening to the extreme right. In the face of this, the consciousness rose of the need for a communist party. Here we are, a door has opened, there is a new secretary, a field team around him. However, one does not come out unscathed from thirty years of liquidation, and not everything is won. Not only have the former leaders not disarmed and still hold strong positions in the press, internationally, and in political education, but it is a race to rebuild a party, to give it autonomy in the weakened state it is in. However, we know that “where there is a will, there is a way” and we must help in this renewal and I support what Fabien Roussel and his team are trying to do, knowing that all is not won and that there are still many obstacles to overcome. There are no other solutions for the moment and the return of the CPF to the international scene is part of this reconquest.

– Your international journey has given you the opportunity to get to know Cuba, Vietnam, the Soviet Union… In which country, in your opinion, has socialism been most successfully established? What are the advantages of each of these countries?

– I wouldn’t ask the question like that, but from the tasks that are the tasks of communists everywhere.  We need to study the record on what weakens or strengthens our communist intervention. Of course, there is no model, but there are examples and experiences. For that, it seems to me that we must place the history of the communists in a longer time framework than is usually the case. When I speak of long periods of time, I am referring to the passage from one mode of production to another, from one civilization to another. Without going as far as the fall of the Roman Empire, which lasted a thousand years and intervened almost at the same time as the discovery of America, or without seeing that the conquest of the bourgeoisie over feudalism lasted 600 years and was made effective by the French Revolution, it is necessary to measure that communism, the power of the working class beyond appearances was precisely a conscious acceleration thanks to Marxism Leninism but also to the incredible epic of the USSR.

It is an upheaval without any common measure with everything that has taken place until now, where every time private property was protected and passed from one ruling class to another, there millennia of private property were abolished. The Bolshevik revolution showed what was possible, for more than seventy years it transformed a backward society into a modern one. But this transformation was not only internal, it turned the world upside down. One example: all international relations have been transformed, the Kantian ideal of an international peace based on respect for sovereignties as long as it is that of the peoples with a constitution, a social contract has taken shape. It is a shock wave that continues. I have often visited the USSR as a member of the Central Committee, I have reported in Central Asia, in Belarus. And recently with Marianne Dunlop we travelled by public transport on the roads of the USSR, in Crimea, in Odessa, in Moldavia, in Moscow, Saint Petersburg, Kazan. As a sociologist, I observed this feeling of belonging to the Soviet Union. We talk about nostalgia,but  it goes beyond that. If you allow an interpretation, it is more than that, it is the consciousness of a civilization. There is what is Soviet and what is not, and in the face of the imperialist aggression that continues, what is patriotic is Soviet even if those who speak are not communists, I think of Lavrov who is Mr. NIET and who is heir to Primakov and the great Soviet diplomacy. Comrade Zyuganov makes very accurate statements on this subject. Sometimes I feel among the comrades of the KPRF questions about what it is to be Russian, the Russian nation was founded by the Revolution and is Soviet, to be a Russian patriot is to be Soviet.  But of course to be fully Soviet is to be socialist, to drive out the oligarchy ready to sell the country, to sacrifice the people. I found this idea of civilization in Stalin’s relationship with the theatre, with cinema, which he loved very much.

What does this have to do with the Communist Party? Not all citizens are revolutionaries, they are not ready to dedicate their lives to this mission, the role of a communist party is to find revolutionaries but also to train them in such a way that they are able to convince those who are not spontaneously revolutionary that they must rally to their side, it is in this sense that the communists invent another democracy, they must build with other organizations the general interest of a nation from a class that gains self consciousness.  Depending on the tasks to be accomplished the choices are different but there is always the combination of material interest and the call for dignity, for developing  the best in human beings.

For Cuba it is sharing, giving in the name of humanity as the basis of its sovereignty, and a communist party is the guarantor of this project. Cuba is fascinating because every challenge of imperialism, far from making them give up, pushes them forward in revolutionary inventiveness. Cuba represents  moral elevation and a triumph of exceptional creativity in improvisation. ForChina it is a way out of humiliation, the oldest civilization in the world cut up, forced to consume opium, the party that got them out of there, out of underdevelopment, thanks to the revolutionary impulse, went from a war of movement to a war of position. It is a question of caging capitalism, of not granting political power to the capitalists in the same way that capital has never granted political power to the German working class, which should have made the revolution, or to the working class of the United States. In the face of the onslaught of imperialism, which does not want this challenge, China begins its long march again, the Silk Road.

All this could only exist because the Bolshevik revolution accomplished the impossible.

All these revolutionaries I admire them, and we French, instead of lecturing people which is our bad habit, we have a lot to learn and to share the solidarity of the struggles. It is not only the parties in power, I have met parties and communists everywhere, since I’ve travelled a lot as a sociologist and to represent the CPF… I describe the case of Benin, Algeria, Mexico, Latin America, the Caribbean; I could talk about Sudan, the comrades of the Iranian Toudeh, the Iraqis, the communist archipelago is there everywhere. As we can see with the farmers’ movement in India, the communists are returning to the assault on heaven by taking a foothold in the rejection of injustice. Yes, communism is alive, the mole of history is even in the process of rising out of its underground journey

– The CPF has long been thought of as “the party” of intellectuals. In what way is their role peculiar within the party and French society?It is part of what I have just described, this civilizing role… I was close to Aragon at the end of his life… He did a lot of work to bring together creators, intellectuals around and with the communists. The vanguard of a civilization came to reinforce the political vanguard to build a new civilization in which intellectuals and artists were no longer the servants of the powerful but full-fledged architects of this new world. In France it is a legacy of monarchy and the Enlightenment, but also of Saint Simon, the utopian socialist and the revolutionary role of science, against the backdrop of the Dreyfus affair. The communists in Maurice Thorez’s party succeeded in convincing researchers, artists, that commitment was an extension of their creative research. There is a dimension of productive and ethical forces that founds the progress that the Soviets know well… Personally, it is also on these bases that I remain attached to communism, to the way in which it takes my contribution seriously, and in a society that capital degrades. To adhere to communism is to respond to this question of commitment to the struggle, to take my place as a militant, to be one among others, to give the best of myself. It is not easy because capital organizes a systematic competition between intellectuals, artists, individualizing them, and it is even more difficult to overcome it than to do so in the production of material goods. But I believe that on this level, if they make their contribution bear fruit, the French communists have things to say, for example, how to conquer new audiences, how to participate in the educational effort without being subjected to a set of specifications that ignores the independence of the researcher and the artist. That said, once again, this commitment took place in that unprecedented moment born of the Bolshevik Revolution.

– What is the perspective of communism in France and in Europe? Are the parties in these countries in the process of getting themselves together?Unfortunately, Europe under the dictatorship of the EU, that is to say, an institution that is not Europe but the vassalage of the old continent to its offspring in the United States, is a bureaucratic caricature.  You only have to look at Macron’s policies, his submission to capital, his way of offering his services to Biden’s new team to ignite the war in the Middle East. Under the guise of indecent preaching of human rights, it is warmongering, looting and a way of clinging to the crisis of US society by going out to conduct military campaigns to make people forget the internal failure that the epidemic has revealed but which precedes it. We are witnessing the failure of a social democracy whose project within this European framework has been confused with that of the right and in which the extreme right is rising. That is why the parties that have resisted best are those that, like the Communist Party of Greece and Portugal, have distanced themselves from this European project and from the Eurocommunism that has rallied to it. Since Fabien Roussel took over the leadership of the CPF, there has been movement, renewed contacts with our Portuguese comrades, but we must go further. Personally, I believe that we must have the audacity to think of the Eurasian continent if we want to lead an anti-imperialist struggle. But it is a time for questioning, and knowing how to ask the right questions is almost as important as providing the answers, which will emerge from practice.

– Which Communist Party in Europe today are you most in sympathy with?  And why is that?I hope that contacts will multiply with parties like the Greek and Portuguese Communist Parties but that we do not neglect the others; we need to give ourselves concrete tasks and not only meetings that lead to nothing and are simply a way to enjoy European credits and that of the German foundations, which are never disinterested. It is necessary to meet outside of the European shackles, which is what the team of Pierre Laurent (the former party secretary who was replaced at the 38th Congress but who has kept important responsibilities) used to do, by having tasks and cooperation.

– Where can the communist parties find their strength today?I don’t know, but in describing what happened at the 38th Congress I insisted on the context of the struggles, in Europe and in the world. The fact that communists, whether card carrying or not, were present. The pressure exerted by capital is enormous, the present generation lives less well than its parents, infant mortality rate is rising, life expectancy is decreasing. The challenges affect the survival of the species and there is no force to give them a progressive political outcome except the communists. I haven’t yet seen a movement capable of replacing a party… Movements such as Macron’s or France Unbowed [la France Insoumise, Jean-Luc Mélanchon’s movement], are often a false democracy in which a small group at the top ends up replacing the popular intervention it is supposed to renew. But communist parties as they are need to transform themselves in action as much as in theoretical depth. The same strength is still present, the conviction that is strengthened by knowledge, organization and cohesion, democracy to act… to regain a foothold in the masses and propose concrete solutions. The international dimension of the party helps us to see the globalized nature of problems and to share our experiences. It is necessary to break with this Potemkin village created by capital, where the capitalist Western powers are the masters of international opinion which is a pure fabrication of their media.

– In your opinion, how should the French communists view countries like Russia and China? Is there a lack of understanding due to a lack of cultural knowledge and Western propaganda?

This is typical of the ideological battering to which we are subjected, capitalists no longer dare to defend their record, so they build up the idea that elsewhere it is worse, that any revolution leads to dictatorship. They are at the level of the EU trying to officialize the identification of Soviet communism with Nazism, Stalin with Hitler. All this is to whitewash the fascists which they need to hold down the working masses. This propaganda they entrusted to the left, from Trotskyism to social democracy.In France, after Georges Marchais with the total alignment with social democracy, the leaders of the Communist Party adopted this hateful propaganda, this ignorance of the reality of what was happening in the countries of socialism or progressive countries, which was disseminated in the party and replaced any political education there. Communists like me are banned from the communist press, there must be no reviews of my books, including these memoirs.

But from this point of view, from history, from the knowledge of the countries subjected to a capitalist propaganda that reaches the height of Goebbels’, lies without proof, there is a move not only in the leadership of the CPF around Fabien Roussel, whose statements on Russia and China you have no doubt read at the Tass agency and which your Pravda articles have made known. There is also within and outside the party a movement that fights against disinformation. The site that Marianne and I founded is dedicated to making known the reality of Russia, China and Cuba in particular, it has an audience larger than the newspaper l’Humanité. And it is not the only one, many sites inside and outside the party play the same role. There are publishing houses such as those that edited my memoirs, Delga, which publishes the most innovative material in this reflection, and the International Days of Venissieux, where the KPRF is present. But of course this is not equal to the wave of propaganda, we must go further together, determine the objectives of the counteroffensive, for example, to have youth exchanges.

– This year we are celebrating the 150th anniversary of the Paris Commune. What is the role of this event for the international labour movement today?The Paris Commune was the founding act of the need for an organization specific to the labour movement. Marx in the Class Struggle in France shows how in France Kant becomes Robespierre, the passage to action sometimes in a theoretical confusion that makes the Germans and Marx himself despair; Marx oscillated between admiration for the French fighting spirit and irritation at our short sighted theoretical views, our dialectical incapacities. The Paris Commune emerges from the illusion of having to reproduce the French revolution in the wake of the bourgeoisie, a new protagonist has entered history, the proletariat. It defends the country against the betrayal of the bourgeoisie, it invents solutions in education, in rights that the Bolshevik revolution will concretize…And especially with the short history of this Commune, the illusion that one can have about the bourgeoisie collapses, its ruthless dictatorship is made clear, the massacre, the exile of the Communards with the great idealist and anarchist figure of Louise Michel.  Therefore, not only does one need an autonomous party of the working class, but in the face of the dictatorship of the bourgeoisie one needs the dictatorship of the proletariat. If I am not mistaken, Lenin wished to be buried in the flag of the Paris Commune?

How will this be celebrated? Today in France, there is a determination to stigmatize any revolution as pointless and leading to massacres, dictatorships, the guillotine or the gulag. This interpretation began with Mitterrand, the need to establish a revolutionary counterfire, to prevent the strength of the communists if we cannot block their access to power, they must be prevented from acting there .So capital and its ideological apparatuses inflate social democracy as in Portugal at the moment… They have ignored the turpitudes of the socialist party, of Mitterrand himself, his past in Vichy, his anticommunism, his role in colonial repression, Atlanticism, etc., making social democracy the one that defended liberties in the face of the possible dictatorship of the communists. Eurocommunism followed this interpretation by attributing to the USSR a totalitarian model foreign to European aspirations. And it goes on, there is a real hijacking of the French revolutionary past.Between the Covid lockdown and this stranglehold on history, I think that the celebration of the Commune will remain as muted as the celebration of 1917 or even the one hundred years of the Communist Party.  Maybe we’ll do it better in a year or two…

– How did the Paris Commune change France?At the time it was a failure, the dispersal of the defeated into various movements, despite the appearance of Guedism, the first Marxist movement, but we come back to what I said, the posterity of the revolutions should not be judged immediately, it built the class dimension of the French people even if it was in the mistrust of politics with the primacy of anarcho-syndicalism.  At the international level it had a great resonance in large part thanks to the understanding that Marx and Lenin had of it.

– One of the sources of the labour and socialist movement in 19th-century France was anarcho-syndicalism. What are the strong and weak sides of this tradition? The strong side is combativeness, distrust of the bosses and bourgeois organizations, the weak side is the abandonment of politics, the conquest of power which is limited to the general strike, while Marxists put their efforts into the construction of a party capable of seizing state power. But the strength of Thorez is to have built a party that has unified all this dispersion, and with the weakening of the latter, the old tendencies, the cleavages have resurfaced. Even today the will to create the party at the industrial level is still hampered by the fact that the unionsare already struggling to develop,not realizing the extent to which the existence of the party is a help. But as long as the party is what it is without political clarity and divided, we do not see why the workers would want that party. As long as the CPF has not reconstructed its strategy, its proposals reinforce the idea that it is better to have only the union, with the party only presentat election time. But there too there are leaders who are becoming aware, young and older militants… These are the challenges of the next Congress, which will take place this year.

One of the sources of the labour and socialist movement in 19th-century France was anarcho-syndicalism. What are the strong and weak sides of this tradition?

The strong side is combativeness, distrust of the bosses and bourgeois organizations, the weak side is the abandonment of politics, the conquest of power which is limited to the general strike, while Marxists put their efforts into the construction of a party capable of seizing state power. But the strength of Thorez is to have built a party that has unified all this dispersion, and with the weakening of the latter, the old tendencies, the cleavages have resurfaced. Even today the will to create the party at the industrial level is still hampered by the fact that the unionsare already struggling to develop,not realizing the extent to which the existence of the party is a help. But as long as the party is what it is without political clarity and divided, we do not see why the workers would want that party. As long as the CPF has not reconstructed its strategy, its proposals reinforce the idea that it is better to have only the union, with the party only presentat election time. But there too there are leaders who are becoming aware, young and older militants… These are the challenges of the next Congress, which will take place this year.

Entrevista en Pravda de Danielle Bleitrach (Espagnol)

– ¿Qué le ha motivado a escribir sus memorias ?

Han sido los 100 años del Partido Comunista francés y me parecía importante darlas a conocer en esta ocasion.He nacido en 1938 en una familia judia, he sido por lo tanto una niña convertida en objetivo de caza obligada a huir y que ha visto muchos miembros de su familia acabar en campos de concentracion. Los comunistas eran para mi audaces caballeros que habian dado su vida por salvar la mia. En la primera linea de estos heroes de mi enfancia se encontraba el Ejercito Rojo.He tenido una muy hermosa vida y se las debo a ellos, jamas lo olidaré.  Queria expresar esto. He ingresado en 1956 durante los sucesos de Hungria mientras que otros abandonaban el PCF, porque vi una foto sobre comunistas colgados de ganchos de carniceria por los contrarrevolucionarios. Ocurre que un verdadero comunista no es quien opta por unirse en el momento de la victoria sino quien se mantiene fiel a sus compromisos en medio de la noche y frente a la derrota. Porque un comunista no tolera la injusticia, es mas fuerte que él mismo. Enfin tercera razon, soy una intelectual, una universitaria para quien la historia es esencial, es mi pasion. Me conmueven las manos en las paredes de las grutas prehistóricas. Me dan ganas de poner mi mano sobre las suyas, todo lo que me importa sólo tiene sentido en el diálogo con otros seres humanos. Hemos con Marianne Dunlop fundado un sitio web que tiene cierta audeicnai que se llama « Historia y Sociedad ». Trata de restablecer la verdad frente a todos los negacionistas, en relacion a la rehabilitación del nazismo y tambien frente a todo lo que pretende borrar el rol de los comunistas. Mis memorias se sitúan en el hilo directo de todas estas preocupaciones, es una oda a los comunistas con momentos de humor como los vivimos en medio de los combates.

– Vuestro compromiso os ha llevado hasta el Comité Central del Partido Comunista Francés. Cuál es su análisis del rol historico de este partido y de su situacion actual ?

El Partido Comunista Francés es un actor innegable de la historia francesa. Ha nacido como bastantes otros partidos de la cólera contra la carnicería de la primera guerra mundial,la traición de la internacional socialdemócrata que ha aceptado la guerra. Ha sido ese elemento de paz que los pueblos necesitan tanto como los poderosos se nutren dela guerra.Pero ha debido lucharse cuando lo exigían los tiempos. Con el gran dirigente que fye Maurice Thorez este partido ha sabido representar a la clase obrera,sus luchas contra laexplotacioon y al mismo tiempo, frente a la traición de los capitalistas, a su voluntad de dividir,ha sabido representar la unidad de este espléndido país que es Francia, ha tenido el coraje de defender la soberanía del pueblo frances.Pero sin chovinismo,sin xenofobía y abriéndose a la internacional.

Ha practicado esta apertura en la solidaridad con la URSS, con otros paritdos comunistas pero tambien y en primer lugar con las luchas anticolonialistas… La guerra de Argelia estba tambien en el centro de mis primeras acciones militantes. El descubrimiento en las carreteras de la España franquista que el compromiso comunista podía ser peligroso. Desgraciadamente este gran partido, respetado por todos, ha conocido el mismo destino que otros partidos perdidos en el eurocomunismo. Se han separado de la clase obrera. Hoy ni un 2% de obreros votan por el PCF. Su organizacion ha sido destruida por Robert Hue y los dos dirigentes que le han seguido. Es un partido que se ha convertido en remolque de la socialdmocracia.  En mis meorias cuento como he descubierto en los años 80 procesos de autodestruccion similares en Hungria, en Italia, es un escenario que se repite y que no es por casualidad pero que me ha costado comprender los actores y los objetivos. Un poco como me pasó en Malta en la cumbre Bush-Gorbachev en la tormenta en que no se veia a un metro.

Analizo tood esto y en particular el rol jugado por Mitterrando, que es un hombre de derecha, partidario del atlantismo, del neoliberalismo, un individuo corrompido y que corrompe, que tiene sangre de comunistas en sus manos durante la guerra de Argelia. Como semejante hombre ha podido practicar una OPA sobre la izquieerda ? Nos ha destruido pero ha destruido aun mas elparido socialista,ha hecho crecer a la extrema derecha. He intentado aclarar las razones que han llevado a los comunistas a unirse a este hombre a pesar de que no se hacían ilusiones sobre él. Intento expicar el porqué. No busco ajustar cuentas. En todas partes hay gente que se ha vendido al cpial, traidores que liquidan los partidoscomunistas europeos,pero eso ocurre en una contrarrevolución que nace en la itad de la década de los 70 yy que empieza en Chile para inundar todo el planeta. Viene la duda, se la hace crecer. La pradoja es que los torturadores del movimiento obrero y de los pueblos se presentan comodefensores de la democracia y de los derechos humanos. El eurocomunismo acompaña este movimiento, le da un aval de iquierda. El epicentor de Europa pero otros partidos conocen el mismo destino en otros continentes. Todo esto se presenta como la continuacion de la « desestalinización », una critica nacional de lo que había revelado Kruschev.

Pero para volver al PCF, no se puede identificar a Georges Marchais con los otros dos dirigentes del eurocmunismo, Berlinguer y Carrillo, de la misma manera que Thorez es diferente de Togliatti. Malrchais desde los años 80 rechaza la deriva y organiza la resistenciadesu partido. Todo se hace para desestabilizarlo en el interior y en el exterior.LO que hace volcar la barca de su Estado Mayor como hoy en los Estados uNidos y en el capital financiero pero es la izquierda la que aparece all mando.

Me he hecho una primera pregunta sobrelamanera que he sido testigo en todas partes  de esta ofensiva,si estoy convencida que no hay ninguna revolucion victoriosa sin un partido leninista para conquistar el poder y conservarlo, hay tambien este hecho sorprendente : como es posible que partidos comunistas puedan tener en su direccion gentes que son todo menos comunistas y que es tan dificil librarse de ellos ? la respuesta es si y no el exceso de disciplina delos partidos leninistas. No en realidad,lo que he visto es que ha hecho falta destruir estos partidos, expulsar a los dirigentes integros y revolucionarios, reemplazarlos por complices o gentes sin altura, hacia falta separarlos de su base de clase para llegar a este resltado, desorganizar profundamente. Habia que acabar con el internacionalismo, reemplazarlo por una ola de humanismo vacío. Como para acabar con la URSS ha hecho falta destruir la centralidad del Estado soviético.. Todo bao la excusa de democracia que privaba al miembro de su capacidad real de intervencion como en la democracia burguesa.

Pero en relacion a esta destrucción, en lo que concierne al PCF hoy, hay que llegar a lo que pasó en el 38 Congreso en 2018, lo que prueba la fuerza del ideal comunista en el PCF. Desde Maurice Thorez y su reconquista del partido por llos oportunidstas y los izquierdistas no se ha visto nunca a un secretario del Partido y su equipo puesto en minoría. Es lo que ha pasado. Comunistas que noquerian la desaparición de su partido, han redactado un manifiesto, he partcipado en esta redacción junto a los que han llevado la pelea. Eran electos, gentes que sobre bases diversas, querian que el PCF exista. Había combatividad en la soceidad francesa, luchas contra la politica de los gobiernos ya sean de derecho o izquierda, pero estas luchas no tenian perspectiva política. La abstención aumentaba, el pueblo decepcionado escuchaba a la extrema derecha. Frente a esto,ha crecido la conciencia de la necesidad de un patido comnista. Estamos aquí. Una puerta se ha entreabierto, hay un nuevo secretario, un equipo sobre el terreno a su alrededor. Sin embargo no se sale sin heridas de 30 años de liquidación y todo no está ganado. No sólo los antibuos dirigentes no se han desarmado y conservan posiciones fuertes en la prensa, en lo internacional, enlaformacion sino que hay una carrera por reconstruir un partido,para darle su autonomía en la situación de debilidad en la que se encuentran. Sin embargo se sabe que « donde hay voluntad hay un camino2 y hay que ayudar  esta renovación y apoyo lo que intentan Fabien Roussel y su equipo sabiendo que todo no se ha ganado y que quedan muchos obstáculos que levantar. No hay de momento otrs soluciones y el regreso del PCF hacia lo internacional forma parte deesta reconquista.

  • Vuestro recorrido internaiconal os ha permitido conocerCuba, Vietnam,la Union Sovietica…en qué pais, segun usted, el socialismo se estableció de manera mas existosa ? cuales son las ventajas de cada uno de esos países ?

– No plantearé la pregunta de esa manera,sino a partir de las tareas que deben cumplir los comunistas en todas partes. Se impone un balance sobre lo que ha debilitado o reforzado nuestra intervencion comunista. Ciertmente no hay modelas pero hay ejempos, experiencias. Para eso me parece que hay que situar la historia de los comunistas en un tiempo mas largo que lo que se hace generalmente. Cuando hablo de tiempo largo es el del paso de un modo de produccion a otro. Sin ir hastala caída del imperio romano que ha durado mil años y se produce casi al mismo tiempo que el descubrimiento de America o sin ver que la conquista de la burgesia sobre la feudalidad ha durado 600 años y fue posible gracias a la Revolucion francesa, hay que consderar que elcomunismo,elpoder delaclase obrera mas allá de las apariencias ha sido precisamenteunaaceeracion consciente gracias al marxismoleninismo y tambien a la increible epopeya dela URSS. Es una convulsion sin comparacioncon todo lo que tuvo lugar hasta hoy donde cada vez la propiedad privada estaba protegida y pasaba de una clase dominante a otra, allí milenios de propiedad privada han sido abolidos. La revolucion bolchevique ha mostrado las posibilidades duranemasde 70años y ha transromado una sociedad atrasada llevándola a lamodernidad. Pero esta transformacion no ha sido sólointerna,ha convulsionadoal mundo. Un ejmplo : todas las relacones internacionales han sdo transformadas,el ideal kantiano de una paz internacional basada en el respeto alas soberanias desde el momento ene que es la de los pueblos con una constitucion , un contrato social, tomó cuerpo. Es una onda de choque que prosigue. He estadooa menudo en la URSS como membro del Comite Central, he hecho repotajes en Asia Central, en Bielorrusia. Y recientemente con Marianne Dunlop hemos ido en transportes colecitvos por las rutas de la URSS, en Crimea, en Odesa, en Moldavia, en Moscú, San Petersburgo,en Kazán.he observadocomo socióloga este sentimiento de pertenecer ala URSS.He observado como sociologa un sentimiento de pertenecer ala Union Sovietica.Se habla de nostalgía, va mas allá. Si usted me permite una interpretacion es mas que eso, es la conciencia de una civilizacion. Está lo que es sovietico y lo que no lo  es, y frente a la agresion imperiaista que prosgue lo que es patriótico y soviético incluso si quienes hablan noson comunistas, pienso en Lavrov que es el Señor NIET y ha heredado de Primakov y la gran diplomacia sovietica. El camarada Ziuganov dice cosas muy justas al respecto. A veces siento en los camaradas del PCFR preguntas sobre qué es ser ruso, la nación rusa ha sido fundada por la Revolución y es soviética, ser un patriota ruso es ser soviético, expulsar a la oligarquia dispuesta a vender su país, a sacrificar al pueblo. Esta idea de civilización la he encontrado en Stalin en su relación con el teatro,el cine que le gustaba mucho.

Cual es la relacón cion el partido comunista ? Todos los ciudadanos no son revolucionarios, no están dispuestos a dedicar su vida a esta misión,el rol de un partido comunista es encontrar a los revlucionarios pero tmbien de formarlos de manera que sean capaces de convencer a quienes no son espontaneamente revolucionarios que deben ponerse de su lado, es en este sentido que los comunistas inventan otra democracia, deben construir con otras orgnizaciones el interés generla de una nación a partir de una clase que pasa de en sí a para sí. Según las tareas a cumplir lo que hay que hacer es diferente pero siempre está la combinación entre el interés material y la apelación a la dignidad, a lo mejor del ser humano.

Hay momentos de impulso revolucionario pero tambien está la perpetuación de lo conseguido, la estabilización, la obra civilizatoria. Todos los partidos comunistas que han realizado su revolución son leninistas y la revolución soviética en general les ha ayudado. Pero tambien han respondido a exigencias que le son propias. Si Cuba olvida un sólo instante que tiene en su frontera su peor enemigo está perdida. Si China olvida que debe alimentar mil y 400 millones de chinos,el poder no durará mucho. Pero cada uno de ellos da a su lucha una dimensión internacional, un humanismo, una esperanza, esto mas allá de lasalianzas es un proyecto de sociedad, como la URSS .

Cuba es el compartir, la donación en nombre de la humanidad como base de su soberanía y es un partido comunista el garante de este proyecto. Cuba es fascinante porque cada desafio del imperialismo lejos de hacerla renunciar les empuja hacia adelante en su capacidad revolucionaria de inventar, Cuba es la altura moral y un bricolage de una creatividad excepcional. China ha salido de la humiliación, la civilizacion mas antigua del mundo desmembrada, forzada al consumo de opio, el partido que les ha sacado de todo eso, del subdesarrollo, pasa al impulso revolucionario, de la guerra de movimiento a la guerra de posición. Se trata de poner bajo control el capitalismo,no dar ningún poder político a los capitalistas de la misma manera que el capital no ha dado jamás el poder político a la clase obrera alemana que hubiera debido hacer la revolución,o a la clase obrera de los Estados Unidos. Frente al asalto del imperialismo que no acepta este desafio, recomienza su larga marcha, la ruta de la seda.

Todo esto no ha podido existir mas que porque la revolucion bolchevique ha realizado lo imposible.

Admiro a Todos estos revolucionarios y nosotros, franceses, en vez de dar lecciones lo que es nuestro pecado prpio, debemos aprender mucho y compartir la solidaridad de los combates. No hay sólo partidos en el pode, he encontrado partidos y comunistas en todas partes puesto que he viajado mucho como socióloga y representante del PCF…describo el caso del Benin, Argelia, Mexico, America Latina, el Caribe ; podría hablar de Sudán, de los camaradas del TUdeh iraní, de los iraquies, el archipiélago comunista está en todas partes.

Como se ve con el movimiento de los granjeros en India, los comunistas se vuelven a lanzar al asalto del cielo basándose en el rechazo a las injusticias. Sí, el comunismo está vivo, el topo de la historia e incluso está emergiendo de su viaje subterráneo.

  • el PCF ha sido mucho tiempo conclebido como « elpartido » de los intelectuales. En qué su rol es particular en el sneo del partido y de la sociedad francesa ?

Esto forma parte de lo que acabo de describir, este rol civilizador…he estado cercana a Aragon al final de su vida…ha trabajado mucho por agrupar a los creadores, intelectuales alrededor y con los comunistas. La vanguardia de una civilización venía a reforzar la vanguardia política para construir una nueva civilización en la que los intelectuales, los artistas dejaban de ser los servidores de los poderosos sino los arquitectos plenos de este mundo nuevo.

En Francia es una herencia de la realeza y las Luces y tambien de Saint Simon, el socialista utópico y del rol revolucionario de la ciencia con el asunto Dreyfus de fondo…los comunistas en el partido de Maureice Thorez han logrado convencer investigadores, artistas, que el compromiso era la prolongación de su investigación creativa. Hay una dimensión fuerzas productivas y ética que funda el progreso que los soviéticos conocen bien…Personalmente es tambien sobre estas bases que me mantengo unida al comunismo, sobre la manera que toma en serio mi aporte y en una sociedad que el capital envilece. Adherir al comunismo es responder a esta interpelacion del compromiso en la lucha, de tomar allí partido como militante, de ser una entre otros,dedar lo mejor de mí misma. NO es fácil porque el capital organiza una competencia sistemática entre intelectuales, artistas,los individualiza y es aun mas difícil de superarla que hacerlo en la produccion de bienes materiales. Pero creo que en ese plano por poco que hagan fructificar su aporte, los comunistas franceses tienen cosas que decir,por ejemplo como conquistar nuevos públicos, como participar en el esfuerzo de la educación sin por ello estar sometido a la presión de cargas contrarias a la independencia del investigador y el artista. Además decir que este compromiso tuvo lugar en este momenot inaudito nacido de la Revollluci´n bolchevique.

– ¿cual es la perspectiva del comunismo en Francia y en Europa ? Los partidos en estos partidos se están reencontrando ?

Desgraciadamente Europa bajo la dictadura de la UE, es decir una institucin que o es Europa sino el vasallaje del viejo continente a su criatura de los Estados Unidos, es una caricatura burocrática. Sólo basta ver la política de Macron, su sumisión al capital, su manera de ofrecer sus servicios al nuevo equipo de Biden para encender la guerra en Oriente Medio.Bajo pretexto de proclamaciones indecentes a los derechos humanos es el belcismomo el saqueo y una manera de someterse a la crisis de la sociedad USA hiendo incluso a hcer olvidar el fracaso interior que la epidemia ha revelado y que es bastante anterior. Asistimos al fracaso de una socialdemcraica cuyo proyecto en este marco europeo se ha confundido con el de la derecha en la que crece la extrema derecha. Es por lo que los paridos que han resistido mejor como el partido comunista griego y portugués han tomado distancias con este proyecto europeo y con el eurocomunismo que lo apoya. Desde que Fabien Roussel ha tomado la dirección del PCF, hay un cmbio, se han tomado contacto con nuestros camaraas portugueses pero hay que ir mas lejos. Personalmente creo que hace falta audacia para pensr el continente eurosasiático si se quiere dar una lucha antiimperialista. Pero es un cuestionamiento. Estamos en el tiempo de un cuestionamiento y saber hacer las preguntas correctas es casi tan importante como aportar las preguntas que serán las de la practica.

-Con qué partido comunista en Europa hoy simpatiza usted mas ? ¿Porqué ?

Deseo que se multipliquen los contactos con partidos como el partido comunista griego y ortugyés pero no olvidemos los otros para darnos tareas concretas y no sólo reuniones que no se concretan en nada y son simplemente una manera de disfrutar de los crédtos europeos y de fundaciones alemanas que no son nunca desinteresadas. Hay que reunirse fuera del armazón europeo que es lo que hacía el equipo de Pierre Laurent (antiguo secretario general sustituido en el 38 congreso pero que ha conservado importantes responsabilidades), teniendo tareas, cooperaciones.

– ¿Donde pueden encontrar su fuerza los partidos comunistas ?

Lo ignoro pero al describirle lo que ha asado en el 38 congreso he insistido sobre elcontexto de las luchas en europa y en el mundo. El hecho que los comunistas encuadrados o no estaban presentes. La presion ejercida por el capital es enorme, una generación vive peor que la de sus padres, la tasa de mortalidad infantil crece, la esperanza de vida baja. Llos desafios afectlan a la supervivencia de la especie y no hay nnguna fuerza para darle una salida política política progresista salvo los comunistas. No he visto aun un movimiento capaz de sustituir el partido…los movimientos como los de Macron o Francia Insumisa, son a menudo una falsa democracia en la que un pequeño grupo en la cupula acaba por sustituir a la intervención popular que se supone quiere renovar. Pero los partidos comunistas como están necesitan transformarse en la accion tanto como en la profundización teórica. La fuerza es sempre la mismsa, la convicción que se refuerza por el conocimiento, la organizacion y su cohesión, la democracia para actuar…retomar vinculo en las masas y prooner soluciones concretas. La Internaconal nos ayuda averla dimensión mundializda de los problemas e intercambiar nuestras experiencias. Hay que rompercon este pueblo Potemkin creado por el capital donde las potencias occidentles capitalistas serían los dueos de una opnion internacional fabricada directamente por sus medios de comnicacion.

– ¿Que interées deberian los comunistas frnceses poner en su opinion a pa´ses coo Rusi y China ? ¿Hay incomprensión debida a una falta de conocimiento culutral y a la propaganda occidental ?

Esto es típicamente lo que produce la presión ideolóica a la que estamos sometidos,loscapitalistas no se atreven a defender su balance sinoque señalan que la idea de otros es peor, qe toda revolucion termina en dictadura. Al nivel de la UE intentan oficializar la identificación del comunismo soviético al nazismo, Stalin a Hitler. Todo para blanquear alos fascistas de los que necesitan para controlar a las masas obreras. Han dejado la fabricación de esta propaganda a la izquierda, del troskismo a la socialdemocracia. En Francia despues de GeorgesMarlchais con el alineamiento total con la sociadelmocracia, los dirigentes del partido comunista han adoptado esta propaganda odiosa, este desconocimiento de la realidad de lo que pasaba en los países del socialismo o progresistas, difundida en el partido que ha reemplazado toda formación. Comunistas como yo estamos vetados en la prensa comunist, no debe haber ninguna reseña sobre mis libros incluidas estas meorias.

Pero Deslde este pnto de vista, de la historia, del coonocimiento de la propaganda capitalista que llega al nivel de Goebbels, lla mentira siin pruebas, hay un cambio no solamente en la direccion del PCF entorno a Fabien Roussel del que sin duda habeis leido las declaraciones sobre China y Rusia a la agencia Tass y que vuestros artículos de Pravda han dado a conocer. Hay tambien 

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