Comment à 83 ans j’ai été “suspendue”de face book pour lubricité à cause de Bela Tarr . Avant de vous conter cette extraordinaire histoire je voudrais dire les bénéfices secondaires que vous pourriez tirer de ma mésaventure:
1) Pour ceux qui ignorent qui est ce réalisateur hongrois, vous pourriez découvrir Bela Tarr et son magnifique film les Harmonies Werckmeister Il y aurait là matière à compensation pourle décérébrage que nous subissons dans les réseaux sociaux. Sachez que pour mener à bien la réalisation de ce film, sorti en 2000 et adapté d’un roman de Krasznahorkai ( Mélancolie de la Résistance) avec qui il a travaillé à plusieurs reprises, Bela Tarr, ce cinéaste hongrois exigeant a mis plusieurs années pour réunir le financement nécessaire et boucler le plan de tournage. ce film en noiretblanc a une composition originale, 39 scènes dont l’unité crée une toute autre narration.
Ce film nous parle de ce temps historique, celui de la fin du socialisme européen sur lequel nous ne cessons dans notre blog de nous interroger. Et nous considérons que cette oeuvre sans concession et qui à l’inverse de celle de Tartovski n’admet aucune transcendance est notre alliée dans notre compréhension. Là où les critiques occidentaux, comme pour Andreï Kontchalovski , ont vu une dénonciation du socialisme, ce qui avec ses qualités formelles innovantes parce qu’elles reposent sur ue exigence originale en rupture avec le monde occidental capitaliste, lui a assuré un incontestable succès international.
Mais nous nous lisons bien autre chose et nous ne le citons pas par hasard. Ce n’est pas un hasard, selon nous, si tout début de son “engagement” en tant que cinéaste, c’est Béla Balázs, le grand théoricien marxiste, qui lui offre la possibilité de mettre en scène son premier long métrage Családi tűzfészek (Nid familial) en 1977, consacré au réalisme socialiste. Cela faitpartie d’une autre de mes convictions sur le “réalisme socialiste”,sur son apport y compris chez des cinéastes comme Gremillon(1), ce n’est pas un naturalisme, c’est un réalisme mais commeil est socialiste il contient sa part d’espérance, de rêve, de spiritualité. Tout cela mériterait de longs développement et je les ai à peine esquissés dans mon livre sur larencontre entre Brecht et Lang pour le film anti-nazi, les bourreaux meurent aussi. Bela Tarr n’est pas pour moi un dissident du socialisme pas plus que Kontchalovski, Heiner Muller et d’autres mais il a décidé d’être sans concession en puisant dans sa réalité tout sauf un espoir salvateur dans autre chose sur la terre ou dans les cieux. Il ya ce qu’il voit entend, et il il nous aide à regarder sans illusion, à être impitoyable tout en conservant un besoin primaire, très pur de créer au-delà de ce qui est.
2) d’être alerté sur la nature de plus en plus imbécile de la censure,celle de facebook et autres va nous faire regretter l’intelligence de la censure humaine tant vantée par Brecht qui avec sa brutalité décapante pensait qu’il n’y avait pas de spectateur plus attentif et plus pertinent dans sa comprehension des intentions révolutionnaires d’un auteur qu’un censeur.
On peut rire de ce que je vais vous décrire en quelques mots rapides sur cette invraisemblable censure de facebook qui devrait provoquer l’intervention du ministère de la culture, s’il s’agissait de quelqu’un d’autre que de celle que nous avons capable après avoir déserté le poste, de s’indigner stupidement d’une mise à nue lors des César. A queltitre et d’où,de quelle vulgaire pretation télévisée, se reconnait-elle le droit de juger qui que ce soit au nom du bien séant de la dite culture?
Mais ce qui est en train de se passer et qui a été dénoncé en son temps par Clouscard mais aussi et d’abord par Pasolini atteint le grotesque, la pantomine d’un fascisme débarrassé de toute aspiration illusoire, la bêtise , l’incompétence, le mépris de toute connaissance, la pensée résumée en des slogans et quiinterdit tout échange d’arguments.
LES FAITS
Donc à partir d’une image extraite du film de Bela Tarr les harmonies de Werckmeister, celle d’un vieillard nu, lumineux debout dans une baignoire devant lequel la foule déchaînée, prise d’une folie de haine s’arrête, Facebook m’a suspendue durant trois jours. J’ai été convaincue d’oser diffuser des images pornographiques.
https://www.bing.com/videos/search?q=Les+Harmonies+Werckmeister&&view=detail&mid=6FCAB0C9694FEFC5E1C56FCAB0C9694FEFC5E1C5&&FORM=VRDG
Je vous conseille de visionner quelques images de ce film à partir desquelles jesuis ainsi convaincue de pornographie :
Sublime mais un tantinet sinistre qui décrit comment dans un village de la plaine hongroise, un cirque avec un nain maléfique et une baleine empaillée partout sur son sillage organise la révolte contre la grisaille, dans le village monte la folie destructrice et malgré le jeune Jonas qui tente d’apaiser mais perd peu à peu lui aussi la foi tout le monde se met en marche et tout à coup se fige devant un vieillard nu debout dans une baignoire d’une salle de bain d’hospice… face à cette image celle de l’extermination nazie la foule se replie… le tout entrecoupé de réflexion sur Bach et de la nécessité de nouvelles harmonies musicales.
je ne sais pas si je dois être prise d’une crise de fourire d’avoir à 83 ans été interdite pour trois jours pour lubricité à partir d’un film de ce type ou si nous devons nous inquiéter,? Les deux probablement. Le fascisme a toujours quelque chose de mécanique et grotesque c’est ce que Lang voit très bien… qui transforme Heydrich en pantin atroce… mais il y a un moment ou le grotesque du fascisme ne fait plus rire..J’ai 83 ans et malheureusement j’ai l’habitude de la censure politique vu mes engagements politiques et intellectuels,mais celle-ci évolue à rythme préoccupant… De mes 18 ans à disons la cinquantaine j’ai été censurée pour mes luttes anti-colonialistes d’abord durant la guerre d’Algérie et à partir de 1996 j’ai été censurée jusqu’à ce jour par l’Humanité qui a commencé par me reprocher de m’être opposé à l’intervention des Etats-Unis en Yougoslavie… et la nouvelle direction de l’humanité,et de la pressecommunistedepuis n’a jamais relâché l’interdit me frappant ce qui redoublait celui de la presse dite bourgeoise.
Il restait l’espace du web,mes blogs et mes interventions très suivies tant en France qu’au plan international, ce qui est matière d’exploit puisque j’ai réussi à connaitre une diffusion certes mnimale mais extraordinaire vu cette extroardinaire censure qui m’assiégeait de tant de bords à la fois, ceci à un âge déjà avancé, de soixante à 83 ans.
Kateb Yacine disait en pleine guerre d’Algérie “ça se rapproche on torture dans le quatorzième arrondissement de Paris , il logeait dans un arrondissement proche (je ne garantie pas les chiffres)… Mais il y avait des espaces blancs dans l’humanité, les cadavres de manifestants algériens flottaient sur la Seine.Toute petite enfant je devais fuir parce que sur la porte oùhabitaient mes parents une main avait écrit “il y a des juifs cachés ici”… Donc moi aussi je sens quand “ça se rapproche” et là c’est d’une manière inusitée, grotesque puisque me voici convaincue de diffusion pornographique à cause de Bela Tarr, un des cinéastes les plus austères qui se puisse imaginer.
Voilà j’ai voulu vous alerter et je laisse le soin à votre sagacité de juger ce que l’on peut faire …
Danielle Bleitrach
(1)parparenthèse on a dans ce combat pour le cinéma parfois d’étranges alliés. je n’arrête pas de me réjouir face aucontenu du dernier numéro de Positif. (721 mars 2021),un article de Michal Ciment dans laquelle il dit son fait à la prestigieuse revue Critique. Michel Ciment en interpellant un article de Marc Cerisuelo remet quelques pendule à l’heure sur la Nouvelle vague et à ses aspects réactionnaires qui a balayé pas mal d’acquis du cinéma français (la qualité française) qui étaient plutôt “classés à gauche”,maudits à ce titre comme Gremillon, alors que les Truffaut et autres ont porté la droite et pas seulement l’atlantisme mais un tri en son sein dont fut victime Huston. (Positif page 56-57)
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Daniel Arias
En effet quelle indécence !
Je me souviens de l’entretien de Clouscard face à Segela ce dernier défendant l’art dans la publicité dont vous trouverez un exemple dans mes liens.
L’expression artistique de la consommation de viande dans tous les sens du terme, j’imagine bien cette jeune femme consentante pour faire de la publicité, traitée de pute pour vendre des hamburger dans une entreprise de merde.
Pour arriver à ce résultat il faut avoir bien détruit la dignité de cette jeune femme, qu’elle soit dépendante, peut être étudiante avec un loyer énorme pour une chambre de merde, loué par un vieux con propriétaire de sa maison et qui vote à droite, extrême droite ou pour les verts, pour se faire une petite retraite.
Je ne peux m’empêcher de voir en contraste l’image de la femme dans le cinéma soviétique et ce jeune soldat gêné devant la jeune fille dans un wagon de “la balade du soldat”.
Il vaut mieux censurer un artiste comme Bela Tarr où cette scène de “nu” a une réelle force symbolique, comment être totalement abruti pour censurer une telle image sans lire les références à l’image.
Des images vulgaires et insultantes FaceBook en est rempli se n’est donc que sur dénonciation
que les bannissements sont effectués, par des employés robotisés, idiots, indifférents, qui n’ont aucune conscience de leurs actes, des robots qui comme cette jeune fille vont se vendre sans se rendre compte de l’impact de leurs actions, sans rêves, sans avenir. Le vide mortifère.
https://fr-fr.facebook.com/BurgerBtch/photos/a.1676084072620273/2364079603820713/?type=3&theater
https://www.burgerbitch.nl/menu/burgers
Cette entreprise n’hésitera pas à vendre ses données pour favoriser l’élection de fascistes dans des pays ou le meurtre et la prostitution sont courants.
Une vision de l’avenir par un groupe de militants Russes
https://youtu.be/qfVysnH1Cwc
Et In Shadow a modern odyssey:
https://youtu.be/2zHbIGYfmQs
La lutte idéologique devient de plus en plus urgente, les artistes et intellectuels ont un grand rôle à jouer. L’enferment dans une “culture” anglo saxonne du divertissement doit être brisé. La censure frappe tout ce qui lui est étranger, aucune ouverture sur les idées ou le monde.