Je suis écœurée… Je suis sonnée comme un boxeur, j’ai mal pour cet enfant et pour cette civilisation qui s’effondre, pour ce parti qui s’est laissé engloutir en renonçant à être une avant-garde…
Cela fait des années que j’entends des rumeurs sur ce qui se passe dans la JC de Paris… jamais je n’ai voulu m’y intéresser, la politique quelle que soit la colère que l’on a devant les abandons, les trahisons, c’est autre chose …. Je vous en prie restons-en là, disons simplement qu’un enfant de 20 ans ça ne doit pas mourir. Ces enfants doivent dire leur colère, leur volonté d’être heureux comme ils le font en Grèce.
Ne croyez pas que quand je déplore qu’un parti soit mêlé à ça qu’il s’agisse de pudibonderie, nous étions mille fois moins puritains que vous… Le paradoxe c’est qu’aucun désir humain ne m’a jamais choquée simplement je pensais qu’à moins d’avoir un talent extraordinaire il y avait des choses qui n’avaient pas à être exhibées, étalées sur la place publique, je détestais les lynchages en bandes organisées, la police des mœurs… Quiconque a éprouvé le moindre désir sait qu’il est bien sot celui qui à l’amour voulut mêler l’honnêteté… Un parti communiste doit être l’espérance comme il l’a été pour moi, pour ceux de ma génération… La rupture avec tout ce qui opprime, la gomme à effacer l’ignominie humaine dans laquelle l’adolescence perd pied plus aisément que d’autres…
Mais si un enfant va au bout de sa solitude, et là oui il faut avoir de l’impression d’être sali parce que le crime est collectif ….
J’ai tenté de vous dire à quel point toutes ces obsessions pour ou contre étaient insupportables… Ce sociétal et sa morale si courte… Même de grandes causes comme le racisme et l’antisémitisme, le féminisme à force de les regarder par le petit bout de la lorgnette vous en faisiez du clochemerle… Pour ou contre le voile, le maillot de bain intégral, défiler avec des pancartes de vulves, oser le clitoris, les arabes et les noirs contre les sionistes (sic), la laïcité devenue religion, les caricatures de Charlie hebdo devenues icônes de la laïcité, la vulgarité de l’anti-cléricalisme ou au contraire la justification des crimes ignobles, rien n’échappait à cette négation de la dimension de classe, celle opposant exploités et exploiteurs, cet art de traquer le semblable en ignorant le capital… Ce populisme qui laisse seul les victimes face à l’oppression… Même face à la destruction de l’hôpital il vous fallait vous opposer entre les pro-Raoult et contre… Étonnez-vous que ces divisions minuscules ne deviennent le terrain favori de l’extrême-droite, celui de la haine ordinaire et pas celui de l’émancipation humaine… Et que la solitude individuelle soit le produit de ce “pré-fascisme comportemental” …
La géopolitique me donnait le sentiment de m’abstraire un peu… Ce parti-là n’était pas pire que les autres il reste encore ce qui se fait de mieux, de plus désintéressé… mais il tendait à devenir comme les autres, ceux de cette société nihiliste et carriériste, je n’y avais plus ma place comme des tas d’autres… Ce parti là avait renoncé à ses propres valeurs et il acceptait les réseaux du pouvoir,tout cela jamais isolé des avantages matériels, de l’argent signe du pouvoir, le financier devenait occulte. Cela n’a l’air de rien et pourtant… Appartenir à des réseaux comme dans les grandes écoles cela va avec les droits d’inscription, qui dit réseaux dit bizutage… Cela n’avait plus rien àvoir avec ce que j’avais connu dans ce parti où l’on nous disait de la camaraderie pas de copinerie… ou du moins alors c’était embryonnaire. Mais aujourd’hui c’est massif, fin de l’avant garde, il faut être accepté participer d’une élite et pas seulement sur les plateaux de télé, que faire, que trahir pour un instant de notoriété… La manière dont on me traitait, moi et d’autres, plus de débat sur le fond, l’âge, la diffamation,la censure, relevait de cette logique-là Face à qui ose rompre le consensus en bande organisé, doi têtre nié comme dans le reste dela société . Cela a peut-être à voir avec le fait d’être une femme et même d’être homsexuel, je l’ignore, mais ce que je sais c’est que n’est pas une question de sexe ni de sentimentalité… c’est une société dont nous communistes disparaissons et qui s’américanise. Une société où la classe ouvrière est marginalisée, le peuple divisé, les communistes has been et où on court derrière les mondanités du pouvoir, l’exclusion de la notoriété c’est la mort.
Dans ces cas-là, les souffrances que l’humaine condition nous imposent remontent comme des blessures impossibles à cicatriser. A l’idée d’un enfant de 20 ans suicidé nous sommes dans un au-delà du politique, dans le besoin rétrospectif de le prendre dans vos bras et de bercer ce gros chagrin et le regret de ne pas avoir été là pour lui dire “espèce d’imbécile, il te reste tant de joies à éprouver…”
Je pense à la solitude et à la souffrance de cet enfant, à mon propre enfant mort, “elle est folle parce que son enfant est fou” a dit un “bon camarade” , je pense à celui qui est encore enfermé, je ne les ai jamais abandonnés ni dans la folie, ni dans la prison, et j’ai trouvé des centaines d’amis de camarades pour m’aider grâce à ce blog dans lequel nous avons éliminé les insultes, les procès ad hominem. Nous avons fait ce qui fallait sans procès ni excuse… (1)
Être communiste c’était cela, ne pas être du côté de l’appareil de répression, mais c’était aussi donner l’exemple de la rectitude et de l’honneur. Ne pas se complaire dans les ragots… ne pas offrir la une de l’huma à une bande de femmes lynchant Polanski mais être néanmoins impitoyable devant les abus d’autorité… parce qu’il ne s’agit ni d’amour ni de sexe même, mais bien d’une société où chacun se croit le droit d’être juge, gangster, et policier ce qui n’existe que dans les mafias.
Une société de narcissiques pervers non à cause de celui ou celle qu’ils osent aimer mais parce qu’ils sont incapables d’aimer.
Est-ce que cette societé soit si pourrie qu’aucune cause ne paraisse pouvoir y être défendue hors des excès médiatiques ?
Un mot encore, j’ai vu dans certains réseaux des gens d’extrême-droite qui accusaient la direction actuelle du PCF, Roussel, il n’y est certainement pour rien, lui qui au contraire se bat pour un parti qui retourne à d’autres enjeux… comme nous le faisons ici. Parce que si ce cas nous touche autant c’est bien parce que nous avons le sentiment d’une jeunesse sacrifiée et cet enfant touché par la guerre qui leur est livrée comme une sorte de dormeur du val …
Je vous prie de ne faire aucun commentaire… mais il m’était impossible de faire comme si rien ne s’était passé.
Danielle Bleitrach
(1) qu’il me soit permis de dire aux lecteurs et désormais nombreux collaborateurs de ce blog combien je suis fière de la manière dont chacun contribue à sa tenue. Aussi étrange que cela puisse paraitre je censure rarement les opinions pas plus que je n’oriente les contributions publiées. Et pourtant tous ceux qui le découvrent et qui m’en parlent me disent qu’il y a là quelque chose que l’on rencontre peu, un vrai dialogue, de l’apport d’information…. Le respect de nos différences et un but pourtant commun. Merci donc à nous tous.
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Grégorio MARTINEZ DIAZ
Merci à toi, camarade ✊