Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le PCF a 100 ans : trois questions à son secrétaire général, Fabien Roussel

Publié le 29 décembre 2020 à 16h44

Je partage ce programme “minimum” en ce jour anniversaire de la naissance du PCF au Congrès de Tours. C’est pourquoi soit je voterai à la présidentielle pour Fabien Roussel, soit je m’abstiendrai. Mais par rapport à ce qui est l’objet de nos recherches dans ce blog, à savoir ce moment historique où le monde bascule soit dans le socialisme soit dans la barbarie, la description de ce que peut être le PCF est juste mais encore insuffisante si elle ne prend pas place dans ce mouvement planétaire. La création du PCF s’est faite dans le début d’un mouvement anti-impérialiste né de l’horreur de la guerre, il s’est développé avec ce mouvement, s’est rétréci avec la contrerévolution qui a frappé le continent européen et aujourd’hui il doit impérativement savoir faire ce que son fondateur, longtemps après Tours, Maurice Thorez a toujours su mener, la dimension de classe, la lutte nationale et l’internationalisme. La porte est entrouverte, mais il faut l’ouvrir largement sur l’avenir qui est déjà là. (note de Danielle Bleitrach)

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Le communisme est « plus que jamais d’actualité face aux crises » sanitaire, économique et sociale, affirme le secrétaire général du PCF Fabien Roussel qui n’écarte pas une candidature communiste en 2022, dans un entretien pour le 100e anniversaire de son parti.

Que signifie être communiste aujourd’hui ?

« L’idée communiste est plus que jamais d’actualité, face à la crise sanitaire, au chômage et à la pauvreté. La pandémie et les crises économique et sociale qu’elle va amplifier révèlent l’incapacité du capitalisme à apporter une réponse aux besoins des citoyens. Nous avons plus que jamais besoin d’un nouveau modèle qui mette l’être humain au centre de l’action politique et en finisse avec les logiques financières, pour construire un idéal de paix et de fraternité. Les raisons pour lesquelles le PCF est faible aujourd’hui, c’est que nos adversaires – le monde de la finance, le monde économique – ont été meilleurs que nous dans la lutte des classes qu’ils mènent à l’échelle du monde. Ils ont gagné quelques batailles, le monde ouvrier en a perdu, la lucidité pour le Parti communiste est de l’admettre. Mais le capitalisme a montré ses limites alors que le communisme est encore plein de potentiel. Nous avons 100 ans d’avenir devant nous ».

Le capitalisme a survécu à toutes les crises en sachant se transformer. Est-ce que le communisme sait lui aussi se transformer et se réinventer pour s’adapter aux exigences du XXIe siècle ?

« Le PCF était déjà présent sur la question climatique aux élections européennes de 1989. L’urgence sociale et l’urgence écologique sont les deux défis auxquels nous voulons répondre. Nous devons lier ces deux défis. Un Français sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec la crise sanitaire, le nombre de pauvres va encore augmenter, l’enquête de l’Insee nous le dira. Aujourd’hui, la pandémie sert de camouflage, elle est le prétexte à un vaste mouvement de désindustrialisation avec son cortège de licenciements, ce qui entraîne une colère dans le pays qu’on a du mal à imaginer. On ne répondra pas aux enjeux écologiques et sociaux en restant dans le système actuel. Le capitalisme est générateur de catastrophes sanitaires et climatiques qui seront toujours plus importantes dans les années qui viennent. C’est pour cela que nous voulons inventer un nouveau modèle de société, faire une révolution démocratique, sociale, écologique ».

Au fond, qu’est-ce qui vous distingue des autres partis de gauche, PS ou LFI, et, dans cette optique, quelle sera votre position pour la présidentielle de 2022 ?

« Ce qui nous distingue des socialistes et des insoumis, c’est que nous, on veut une révolution démocratique, pour se réapproprier les niveaux de décision et donner le pouvoir au monde du travail dans les entreprises. On veut que le politique décide, non l’économique. Les grandes lois sociales du XXe siècle n’ont pas pu se faire sans nous. Quand le PCF est faible, les conquêtes sociales se font rares. Donc, il faut reconstruire l’influence du PCF et reconquérir le cœur du monde du travail. En 2012 et en 2017, on a soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Pour 2022, nous tiendrons une conférence nationale, les 10 et 11 avril, au cours de laquelle les délégués se prononceront sur le projet du parti et diront si, oui ou non, ce projet doit être porté à la présidentielle par un communiste ou quelqu’un d’autre. Ensuite, d’ici au 9 mai, nos quelque 50 000 adhérents trancheront. Le choix que nous ferons au printemps aura été soupesé, il sera conduit jusqu’au bout ».

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8 Commentaires

  • Berthe Poggiale Avidor
    Berthe Poggiale Avidor

    Commentaire sur les arguments de Mr Fabien ROUSSEL à propos des 100 ans du PCF

    Il y a plus de trente ans j’ai quitté le PCF car, avec douleur, je voyait que le Parti Communiste Français qui avait succédé au « PCF de la Résistance, le Parti des fusillés à l’occupant fasciste nazi » respecté par la vox populi, marxiste léniniste bolchévik jusqu’à en mourir, était devenu un parti réformiste et électoraliste, un Parti composé de carriéristes opportunistes, qui avait jeté aux orties l’objectif de la prise du pouvoir et l’instauration d’une société à économie socialiste allant vers le communisme, à savoir la propriété collective des moyens de production synonyme d’abolition de l’esclavage salarié. 

    Monsieur Fabien ROUSSEL, tout comme Maurice Thorez le 18 novembre 1946, acte l’abandon total de la conception Marxiste-Léniniste de la révolution socialiste, et conforte l’idée que « par avancées successives de réformes démocratiques, sociales et économiques, le capitalisme s’effondrera de lui même, cédera la place de manière tout à fait pacifique » !!!!!!!!!! C’est cette conception inepte du socialisme à la française qui ressort de ses arguments.

    Il est clair, à ce jour, que la politique électoraliste social démocrate de l’actuel PCF ne fait qu’accentuer son rejet parmi une population paupérisée au maximum outre le fait que l’actuel PCF ayant perdu la quasi totalité de ses adhérents et militants est devenu ce PCF de technocrates opportunistes et carriéristes qui n’a plus aucun lien avec les prolétaires et la population de notre pays.

    L’oligarchie financière mondiale et française, dans la grande guerre de classe actuelle menée contre les peuples, se réjouit de la déliquescence de l’actuel PCF. Elle est arrivé, après la mort du charismatique Joseph Staline, à détruire l’URSS bolchévik de l’intérieur, en achetant les renégats qui s’étaient incrustés à l’intérieur de ses organismes et a, ainsi restauré le capitalisme ce qui lui permet, petit à petit, de faire main basse sur ses richesses immenses. Et elle ose l’infamie extrême, n’ayant plus de contre pouvoir, de lancer une campagne tendant à assimiler le communisme au nazisme, Les bourreaux deviennent des victimes, les victimes des bourreaux. 

    Et summum de l’ignominie l’actuelle direction du PCF, esclave de ses reniements, et courbant l’échine face aux diktats de ses bailleurs de fonds, par haine de l’URSS et de son dirigeant intègre Joseph Staline, toute honte bue, cautionne les campagnes médiatiques déchaînées et répétées, qui veulent reporter les crimes d’exterminations massives commis par les nazis sur le compte de ceux qui les combattaient.

    Voilà ce que m’inspire les arguments inconsistants de Monsieur Fabien ROUSSEL.

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    • Danielle Bleitrach

      je suis loin de partager tous les attendus de cette démonstration, mais comme ils sont argumentés et sur le fond, et que d’autre part comme je lui avais demandé Berthe Poggiale Avidor a fait un effort pour être plus courte et qu’elle a toujours été correcte envers ceux qu’elle contestait je considère que son texte doit être publié, même si le désaccord ne date pas de trente ans mais de l’origine même du PCF (maurice thorez). Il n’en est pas de même de la réponse insultante de BG à cette contribution. Donc si vous voulez être publié sans la moindre censure je vous conseille de demeurer corrects les uns envers les autres.

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  • Papadopoulos georges
    Papadopoulos georges

    Je partage entièrement cette analyse. Ou je vais constater une prise de position pleinement communiste, même si c’est nécessaire d’écarter les troskistes du parti qu’elles que furent leurs responsabilités à la tête du parti. Et je voterais. Ou rien de cela arrive et je voterais nul.

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  • Thérond Patrice

    se réapproprier les niveaux de décision et donner le pouvoir au monde du travail dans les entreprises”. Mais ne faut-il pas plutôt changer les modes de décisions et donner la propriété des outils de production (matériel et service) pour que les citoyens aient le pouvoir de choisir leur vie et avenir ?

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  • Francis1
    Francis1

    En effet il est essentiel que le registre du parti communiste français ne soit pas absent de cet évènement politique malheureusement majeur de la Vième république.Lire en compléments:
    http://descartes-blog.fr/2020/12/26/le-non-centenaire-du-parti-communiste-francais/#comments

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  • joclaude
    joclaude

    Bien vu ta position qui nous sépare toujours dans la lecture que nous faisons de nos philosophies Marxistes-Léninistes ! Oui on a laissé la période Miterrandiste faire deux pas en arrière. Notamment parce que la Constitution aurait pu sur la lancée être modifiée par referendum dans le sens de la justice sociale et fiscale pour qu’il soit plus difficile pour une majorité notamment à revenir sur les Nationalisations nouvelles et anciennes en un simple vote parlementaire ! J’en reviens donc au Programme commun avec cette avancée qui a permis à cette Union de l’emporter hélas, trop vite surpassée par cette marche arrière décevante et démobilisera l’électorat Révolutionnaire et même progressiste !
    Tu connais la maxime Latino-Américaine :” El pueblo Unido jamas sera vencido !” C’est la condition sinequanone de l’emporter, ce qui a fait dire au nouveau Président Progressiste de Bolivie ceci je crois: nous avons gagné parce que nous avons su garder la confiance du Peuple” ! J’ai déjà écrit qu’il ne faut pas nier l’évidence qu’il n’y a pas de majorité Révolutionnaire et Progressiste à l’heure actuelle même si la crise capitaliste s’abat sur une catégorie de Citoyens qui se pensait intouchable dans leurs conditions de vie ! Réfugiée pour l’instant derrière “c’est la faute du Bon Dieu et de la fatalité” Leur souffrance n’en est pas encore et loin s’en faut d’en accuser le régime capitaliste qui ne leur apparaît pas suffisamment “odieux”. Alors partant, je maintiens qu’un nouveau programme commun avec des données sociales et fiscales devant se concrétisées rapidement au besoin par une modification profonde ou par un changement de Constitution ! Les revendications ne manquent pas pour un écrit clair, précis de ce programme susceptible de l’emporter. Il faut tout faire pour effectivement ne pas changer un pantin par un autre et pour longtemps ! Maintenant c’est vrai je suis déçu que même la lancée de Mélenchon n’a pas permis en 2017 de séduire ce marais électoral comme l’appelait nos Anciens! J’en accuse beaucoup les “merdias” des milliardaires et du pouvoir qui confisquent et déversent tous les jours une propagande mensongère et pleine de mutisme volontaire . Car en effet l’armée de battants disponible les années d’après guerre a disparu avec la ruée des médias télévisés et la presse de l’opposition complètement disparue aussi car écrasée sous le joug des manias de la finance et la fin des subventions d’après-guerre! Cette réalité nous pose encore question pour gagner à armes égales dans la bataille des idées ! Bataille que les gérants du capitalisme ne peuvent que la perdre et le savent très bien, raison pour laquelle ils accepteront que contrains et forcés une répartition médiatique un tant soit peu équitable avec l’opposition Révolutionnaire et Progressiste. Voilà une revendication qui ne devrait pas être omise dans un programme de Front Populaire !

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    • Philippe, le Belge
      Philippe, le Belge

      Je partage votre constat sur les médias et leur propagande implacable mais celle-ci est également l’œuvre de tous les appareils institutionnels nationaux et européen depuis des décennies, l’enseignement y étant en première ligne, et est l’élément essentiel dans le blocage d’un réel passage de la “catégorie de Citoyens qui se pensait intouchable” à la possibilité de ne fût-ce que envisager un passage au communisme!
      En effet, il me semble, au contraire de ce que vous écrivez, qu’un nombre de plus en plus grand de ces citoyens constatent déjà depuis quelques années, crises climatiques et sanitaires jouant un rôle dans l’accélération de cette prise de conscience, l’impasse du capitalisme mais ils sont, du fait de cette propagande, incapables d’envisager le communisme autrement que sous le prisme des “crimes” réels ou supposés, de Staline ou des dirigeants chinois, nord-coréens, Cubains.

      Ils peuvent, si on leur donne tous les éléments de réflexion, tout à fait concevoir que la Chine a mieux géré la crise sanitaire actuelle que les autres pays et même concevoir qu’elle l’a fait grâce à son organisation communiste mais leur image de la révolution culturelle de Mao leur interdira d’imaginer faire la même chose chez nous.
      Ils peuvent aussi, imaginer, et même demander, une organisation décisionnelle plus locale et participative mais les discours des Onfray et Chouard leur interdira d’aller jusqu’à voir la similitude avec les soviets!
      En fait, de par leurs revendications, certains sont même déjà communistes sans le savoir! Mais, dans l’incapacité de braver l’interdit communiste “totalitaire”, au lieu que d’aller au fond de leur raisonnement, se rangent derrière les idéalistes “écologistes”, socio-démocrates ou anarchistes si ils ont une sensibilité de gauche, ou derrière le RN si ils n’ont aucune sensibilité et croient encore que les fascistes sont anti-système.

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  • Vincent Gouysse

    Quoique n’ayant pas le même vécu que beaucoup de camarades plus âgés (je n’ai pas encore quarante ans), je rejoins la camarade Berthe dans son constat auquel j’ajouterai ceci :

    1° Pour Fabien Roussel, être communiste aujourd’hui, c’est abandonner l’analyse matérialiste dialectique de la société bourgeoise pour réduire le communisme à un humanisme petit-bourgeois planant au-dessus des classes et à des vœux pieux d’égalité, de fraternité et de justice. C’est en totale opposition avec Marx qui a cloué au pilori ces envolées lyriques. Mais à la décharge de Fabien Roussel, l’achèvement de la « mutation » du communisme en humanisme bourgeois s’est achevée dans les années 1990 avec Robert Hue (cf. Communisme : La mutation – 1995). Il n’est donc pas surprenant que la question de la propriété commune des moyens de production et de l’abolition de l’esclavage salarié, pourtant jugée capitale par Marx (et ses successeurs), n’est même pas abordée alors qu’elle est plus que jamais d’actualité…

    2° N’en déplaise à Fabien Roussel, la désindustrialisation et pour l’essentiel achevée depuis bien longtemps. Ce à quoi va servir la pandémie, c’est justifier la destruction rapide de ce que Marx appelait les « chaînes dorées » de l’esclavage salarié, qui n’ont été obtenues chez nous que grâce au (néo-)colonialisme (France-à-fric) et à la place privilégiée de l’impérialisme français dans la division internationale du travail (secteurs de haute technologie : aéronautique, aérospatiale, nucléaire, ferroviaire à grande vitesse. Ce monopole technologique est aujourd’hui brisé, et la « société de consommation » occidentale n’a plus de base matérielle et agonise sous nos yeux. Quant à l’écologie, je veux bien, car seul le communisme permettra d’éviter le gaspillage généralisé des ressources, mais ne le réduisons pas à la question du « changement climatique d’origine anthropique » qui est une gigantesque manipulation du G7 pour endiguer le développement économique des « émergeants » (la Chine en premier lieu), et qui va aujourd’hui servir de justification idéologique et morale d’un retour à une « sobriété heureuse »… des masses populaires en cours de déclassement !

    3° Mr Roussel veut enfin « que le politique décide, non l’économique »… Les conséquences funestes de son idéalisme philosophique : en cela, rien de le distingue du reste de la « gauche »… Marx lui aurait répondu que selon la conception matérialiste-dialectique de l’Histoire, c’est toujours l’économique qui l’emporte… Si l’on veut proposer une alternative politique au capitalisme, il faut avant tout mettre en place une alternative économique. Et il n’y en a pas 36 ! Il faut briser le monopole économique de la bourgeoisie ! On en revient là-encore à la question de l’abolition de la propriété privée des moyens de production, dont Marx jugeait qu’elle résumait à elle seule le communisme… Dommage que Mr Roussel ne l’évoque à aucun instant, même du bout des lèvres…

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