On sait l’importance du cinéma indien, l’attrait de ses mélodrames sur les masses du tiers monde, ce que l’on connait moins c’est un cinéma qui lutte contre l’extrême-droite au pouvoir, le système des castes et la laïcité. Est-ce un hasard si c’est un film du kerala qui se heurte à la commission de censure de l’état ? Le malayalam est une des langues parlée au Kerala. Ce qui me permet de noter enfin quelque chose de positif concernant la France, puisque très souvent le caractère révolutionnaire et laïque du Kerala a été mis en relation avec le fait qu’il était proche des comptoirs français (Pondichery à l’ouest).C’est aussi un état où il y a eu longtemps la plus forte communauté juive de l’inde, désormais pratiquement totalement immigrée en Israël mais qui a joué un rôle dans l’implantation du marxisme. Les communistes se battent pour les paysans, contre le sort fait aux femmes, pour un système de santé gratuit et performant… pour la laïcité y compris en défendant la liberté de la création d’un membre du Congrès, c’est-à-dire le parti de centre gauche avec qui les communistes alternent et qui en général ne détruit pas les créations des communistes, ce qui donne au système une grande stabilité. Si on ne touche pas à ce que mettent en place les communistes c’est parce que les citoyens sont très impliqués dans la vie politique et leur participation est bien plus importante que dans le reste du pays, Chaque village comporte des assemblées de 1 000 à 2 000 personnes, elles sont appelées les Grama Sabhas. Aussi afin de susciter la mobilisation populaire,le PCI(M) à mis en place des sessions de formation pour former des « personnes ressources » (note et traduction de danielle Bleitrach)

Aryadan Shoukath, politicien du Congrès et scénariste du film, a réagi au tweet controversé d’un membre du comité de censure contre lui.(1)

ROSHAN MATHEW ET PARVATHY DANS ‘VARTHAMANAM’FLIX CONTROVERSY  LUNDI 28 DÉCEMBRE 2020-12: 48Personnel TNMSuivez @thenewsminute

Varthamanam , un film malayalam avec Parvathy Thiruvothu en tête d’affiche, s’est vu refuser l’autorisation de projection par le bureau régional du Kerala du Censor Board of Film Certification. Le film, réalisé par Sidhartha Siva, racoonte l’histoire d’une jeune femme de Kozhikode qui se rend à l’Université Jawaharlal Nehru (JNU) pour y mener u combat de la liberté et les problèmes auxquels elle doit faire face au cours de son voyage. «Elle est opposée au campus de Delhi de la JNU et au mouvement étudiant là-bas. Le film montre comment tous se rassemblent malgré les différences politiques et il fait preuve d’ idées très laïques », a déclaré à TNM Aryadan Shoukath, un haut dirigeant du Congrès et scénariste et producteur du film.

«Nous avons reçu un avis du conseil d’administration indiquant que le film a été envoyé à un comité de révision. Aucune raison n’a été mentionnée », déclare Aryadan Shoukath. Des sources ont déclaré à TNM que bien que d’autres membres du comité de sélection aient suggéré quelques coupes, deux membres, dont l’avocat V Sandeep Kumar, un dirigeant du BJP, ont rejeté le film parce qu’il est très critique de la politique de droite et ont déclaré qu’il pouvait perturber la paix.

Une capture d’écran qui a connu une grande diffusion est celle d’un message Twitter de l’avocat V Sandeep Kumar, qui a déclaré que le film, qui parle des abus contre les Dalits et les musulmans dans une manifestation de la JNU, et qu’i semblait “ anti-national ”. Dans le tweet, Adv Sandeep a écrit qu’il s’opposait au film parce que son scénariste et producteur est Aryadan Shoukath, ce qui est une possible référence à la religion ou au parti.

Le tweet disait: “J’ai vu le film Varthamanam en tant que membre du comité de censure. Le sujet était la persécution des dalits et des musulmans dans l’agitation de la JNU. Je m’y suis opposé. Parce qu’Aryadan Shoukath était le scénariste et le producteur du film. Bien sûr , le thème du film était anti-national. “

Aryadan a réagi au message Twitter d’Adv Sandeep (qui a depuis été supprimé), demandant en quoi le film est-il anti-national. “En quoi est-ce anti-national quand vous parlez des manifestations étudiantes dans un campus de Delhi, de la lutte pour la démocratie en Inde? Tout est là dans le tweet du membre du comité de censure et du chef du BJP Adv V Sandeep”, a écrit Aryadan sur Facebook.

“Nous vivons toujours dans un pays qui est une république démocratique, laïque et socialiste. Vérifie-t-on le clan et la race du scénariste avant de donner l’autorisation pour sa projection? Ne peut-on pas faire face à la situation d’urgence non déclarée dans le domaine culturel”, a rétorqué Aryadan.

L’ affiche du premier regard du film a été publiée en mars de cette année par l’acteur Mammootty. L’affiche montrait Parvathy vêtue d’un hijab. Les acteurs Roshan Mathew et Dain Davis jouent des rôles importants dans le film. Il est produit par Benzy Nazar et Aryadan Shoukath sous la bannière des productions Benzy.

(1) Aryadan Shoukath est à la fois un producteur de cinéma indien un politicien d’État du Kerala. Il est le fils du chef du Congrès national indien, Aryadan Muhammed, (l’ancien ministre d’État du Kerala de l’électricité). Aryadan Shoukath est la personnalité culturelle et politique la plus en vue de la municipalité de Nilambur (anciennement panchayat).  Il était le président du panchayat de Nilambur quand il a gagné le meilleur prix de panchayat du Kerala du gouvernement d’état, et est actuellement le président de la municipalité dans le contexte du Front de gauche dirigé par les communistes.

Son premier film en 2003, Paadam Onnu: Oru Vilapam, était un acte d’accusation contre l’orthodoxie musulmane sur l’éducation des filles. Il a remporté 15 prix, dont le National Film Award for Family Welfare et le Prix du meilleur film asiatique au Festival de Madrid. Son dernier film, Vilapangalkkappuram, raconte l’histoire d’une jeune fille qui fuit les émeutes anti-musulmanes notoires dans le Gujarat pour venir au Kerala.