Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

John Le Carré, so british et populaire

L’auteur britannique de l’Espion qui venait du froid, décédé samedi soir d’une pneumonie à l’âge de 89 ans. L’expérience de ma génération est d’être sortis, avec lui et le film “le troisième homme” de l’héroïsme de la Grande Guerre, de la lutte contre le nazisme aux coulisses de la Guerre froide dans les villes défaites de Berlin à Vienne.

Né David John Moore Cornwell le 19 octobre 1931 à Poole dans le Dorset anglais, le charme la fascination qu’il exerce sur nous c’est ce qui caractérise toute sa vie, il est à la fois le représentant d’une certaine tradition très british et dans le même temps il est un aventurier ou du moins proche de la trahison d’un monde devenu croupissant . Depuis Kipling, mais aussi Joseph Conrad, nous avions appris à être fasciné par cette capacité des sujets de sa majesté de transporter le rituel du thé jusque dans les coins les plus obscurs de l’invasion coloniale. Mais Le Carré c’est le bout, l’épuisement du glorieux XIX e siècle et le saut dans l’inconnu, il l’a dit bien souvent, le modèle est paternel Son père est un aventurier dénué de scrupules, dont la personnalité fascine et révulse le garçon, il l’a laissé à ses grands parents à cinq ans. L’enfant se réfugie dans les romans d’aventure. Ecole trés snob public-school dont il s’évade à 16 ans et il poursuit des études en Suisse, de là Berlin, l’Allemagne occupée et là dans l’ennui il commence à douter du sens de cette guerre dont ilavait admiré les héros. Il est devenu espion et il est affecté en Autriche où il est “mangé “d’ennui par la routine bureaucratique. En matière de tentation de double jeu, On pense bien sur à Kim Philby et effectivement celui-ci a joué un rôle puisque c’est le transfuge qui la ruine en révélant aux soviétiques sa couverture au KGB. Corwell a du alors démissionner du M16. Le décor est planté et pour notre plus grand bonheur de lecteur John Le Carré est né.

John Le Carré connait alors un succès international après la parution de son troisième roman, «L’Espion qui venait du froid» (1964), qu’il écrivit à 30 ans, «mangé par l’ennui» que ses activités de diplomate à l’ambassade britannique de Bonn en Allemagne lui procuraient.Une reconversion réussie grâce à Kim philby.

Le roman, vendu à plus de 20 millions d’exemplaires dans le monde, raconte l’histoire d’Alec Leamas, un agent double britannique, passé en Allemagne de l’Est. Son adaptation au grand écran, avec Richard Burton dans le rôle titre, marque le début d’une longue collaboration avec le cinéma et la télévision.Cette porosité entre le cinéma et l’écriture est la clé de bien des chefs d’oeuvre du XXe siècle.

John Le Carré dont on dit qu’il a révolutionné le roman policier est un de ces grands écrivains du XX e siècle qui, comme Simenon, crée un univers, dont l’écriture traduit immédiatement une capacité “cinématographique” de faire surgir un décor, des personnages qui impriment des images dans l’esprit du lecteur. Ce qui fait d’un grand roman un roman populaire est peut-être dans le secret de cette relation propre au XXe siècle entre la littérature et le travail du cinéaste.Il y a l’image, le style direct, mais il y a lefait que le scénario la manière de le mettre en axction révèle un moment historique autant et plus que la psychologie, ici l’espionnage, les errances des héros, le décor, dit le déclin de l’empire britannique, un sursis dans le sillage des Etats-Unis… Recemment il s’était montré tout aussi critique sur la mondialisation que sur le brexit; .

Danielle Bleitrach

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2 Commentaires

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    Pour les amateurs il y a eu, avant ” L Espion qui venait du froid “, deux ouvrages de Le Carré ” Chandelles Noires” et ” l Appel du mort ” moins espionnage et plus polar où l on voit aparaitre George Smiley l anti-héros, lequel après une assez longue éclipse reviendra en force avec Tinker, Taylor.. ( La Taupe) .
    Pour les courageuses et les courageux il y aura la suite ” Comme un collégien” qui rappelle Proust dans la mesure ou chaque page terminée est une petite victoire .
    Le Carré ne semble pas très à l’aise avec les héros virils des services secrets occidentaux. Sa fascination va en fait à Kim Philby. Et qui le lui reprocherait ?

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    apparaître avec deux p évidemment..

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