Le cinéma italien tel que nous l’avons tant aimé.. Une journée particulière où Sofia a rencontré un être aussi seul qu’elle aujourd’hui c’est un enfant, l’instant d’amour qui peut durer toute une vie…et vous rendre belle de l’intérieur. (note de danielle Bleitrach)

Après dix ans d’absence, l’actrice Sophia Loren est de retour devant la caméra de son fils Edoardo Ponti. Elle incarne Madame Rosa dans cette nouvelle adaptation de “La vie devant soi” d’Emile Ajar, alias Romain Gary. A découvrir sur Netflix.

Madame Rosa, une survivante de l’Holocauste et ex-prostituée, accueille dans son appartement des Pouilles, en Italie, des enfants en perdition. À contrecœur, elle accepte de s’occuper de Momo, un réfugié sénégalais de 12 ans, qui a tenté de la dévaliser. Momo est un dur à cuire, un caïd en puissance.

Après s’être jugés et affrontés, la vieille dame et l’adolescent finiront par former une famille. Momo allant jusqu’à aider Madame Rosa à accomplir sa dernière volonté. Car “on ne peut pas vivre sans quelqu’un à aimer”.

Le Goncourt mystifié

Signé Émile Ajar, “La vie devant soi” a été couronné du prix Goncourt en 1975, le jury ignorant que ce nouveau venu en littérature était en réalité Romain Gary. Lequel avait déjà reçu le prix – qui ne peut pas être décerné deux fois au même auteur – en 1956 pour “Les racines du ciel”. C’est une des plus belles mystifications littéraires de l’histoire.

Porté avec succès à l’écran en 1977 par Moshe Mizrahi, “La vie devant soi” récoltait l’Oscar du meilleur film étranger en 1978, tandis que Simone Signoret en Madame Rosa recevait la même année le César de la meilleure actrice.

https://www.youtube.com/embed//FWnmTbuzCL8De Paris à Bari

Transposée dans l’Italie contemporaine, cette nouvelle adaptation est signée Edoardo Ponti, le fils de Sophia Loren et du producteur franco-italien Carlo Ponti – qui a produit Fellini, De Sica, Antonioni. Lui seul a su convaincre la star italienne de revenir au cinéma, onze ans après son apparition dans “Nine” de Rob Marshall.

Pour cette nouvelle lecture du roman, Edoardo Ponti a décidé de placer l’histoire sur fond du drame des migrants en Italie. Ce qui explique le choix d’un petit garçon sénégalais, et non plus maghrébin, mais aussi le déplacement de lieu. Originellement située à Paris, à Belleville exactement, l’histoire se déroule désormais à Bari, au bord de la mer.

>> A écouter, le débat de Vertigo sur “La Vie devant soi”:

Autre aménagement: le personnage de Lola, boxeur travesti dans le roman, devient transsexuel et gagne en importance. Célébration d’une humanité cabossée qui réussit, grâce à la solidarité et à l’apprentissage, à former une communauté de coeur et d’intelligence, “La vie devant soi” reste un grand roman humaniste.

Sophia Loren, éternelle

Si la réalisation est honnête et soignée, l’intérêt premier de cette nouvelle adaptation est sans conteste Sophia Loren, 86 ans, icône du cinéma italien, qui assume son âge avec grâce et naturel. Comme son personnage, la star italienne sait être humble, dépouillée et généreuse, notamment dans toutes les scènes qu’elle partage avec le jeune Ibrahima Gueye.

Même si Sophie Loren n’a plus rien à prouver, jouer Madame Rosa est un atout dans sa filmographie, tant ce personnage haut en couleur synthétise à la fois le néoréalisme rugueux et la comédie italienne, deux registres où l’actrice a été inoubliable.

Marie-Claude Martin