Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les conditions de l’exercice du pouvoir….


De quelles maladies souffrait le «petit père des peuples»? Et laquelle d’entre elles a finalement eu raison de lui? s’interroge ce site russe en français. Ce qui est décrit est un véritable martyre , il n’était pas comparable à l’état de Roosevelt qui était proche de la fin, ni de Churchill chez qui la tension et l’alcoolisme ont gravement altéré les facultés mentales, mais il devait vivre ne serait-ce qu’à cause de la polyarthrite et de la sclérose des artères cérébrales une torture au quotidien. Si l’on ajoute à la description ce sur quoi l’article n’insiste pas à savoir la jeunesse de Staline entre quasi banditisme pour procurer des fonds au parti bolchevique, années terribles de goulag (1), fuite dans des conditions extrêmes et années de guerre civile, on s’étonne de la manière dont il a pu tenir et maitriser ce qui était au départ un parti groupusculaire et un immense pays en proie à l’anarchie. L’état de l’équipe qui l’entourait dans ces années terribles était assez proche du sien, travaillant 24 heures sur 24, dans une tension extrême. Kaganovitch, l’homme désintéressé par excellence, qui n’a pas le tempérament inhumain que l’on prête à Beria, mais qui a la même efficacité que ce dernier dans l’organisation de l’industrie, lui ce sont les transports, parait parfois proche du caractériel poursuivant son interlocuteur pour l’assommer . Staline est nettement le plus calme du lot. Il attend parle le dernier et dans le sens de plus de mansuétude. Le tout en construisant un mouvement international autour de la jeune Union soviétique et la menant vers la modernité. On est partagé entre l’admiration de l’exploit et la crainte de ce qui peut résulter d’une telle manière d’être désincarné. Mais je suis convaincue que rien n’est plus stupide pour décrire ce type de dirigeant que pouvoir personnel, ce qu’en dit Togliatti c’est que la force de Staline en particulier sur Trotski c’est sa capacité à travailler en collectif, à préserver à chaque moment la puissance de ce collectif, la vision et ce sens du collectif est ce qui caractérise ce genre d’individu dans l’histoire. Trotski reste très intellectuel donc centré sur lui-même mais conscient de l’existence d’une force sur laquelle il n’a plus prise. Alors que le groupuscule transforme le chef en gourou, et le coupe de la réalité, là il y effectivement collectif, de l’international à la nation en passant par le dévouement des membres du parti dans cette identification. c’est pour cela qu’il y a désincarnation. J’ai connu chez des proches et je peux même partager cette désincarnation, ce sentiment de ne plus rien attendre pour soi, ni même estimer, exister, simplement se confondre avec un projet historique, disparaître en lui. C’est un moment d’identification partagé comme la terreur révolutionnaire qui doit trouver sa propre stabilisation dans la lassitude des masses elles-mêmes et leur besoin de jouir de l’effort ou dans la contre-révolution qui utilise ce moment de lassitude. L’idée de totalitarisme qui elle renvoie à un monolithisme de la société menée par une idéologie me paraît fausse parce que rien n’est moins monolithique que les sociétés qui entrent dans des processus révolutionnaires, qu’il s’agisse de la France de l’ancien régime devenue la nation française, ou l’immense URSS ou même Cuba, la Chine, ce sont au contraire l’expression des diversités qui entrent dans un mouvement, un creuset contre l’oppression qui les a jusqu’ici caractérisées (note de Danielle Bleitrach)

« Son style de vie était extrêmement malsain, sédentaire. Il ne faisait jamais de sport ou de travail physique. Il fumait (la pipe), buvait (du vin, avec une préférence pour le Kakheti [vin géorgien]). Pendant la seconde moitié de son règne, il passait chaque soir à table, à manger et à boire en compagnie des membres de son Politburo. Comment, avec un tel style de vie, a-t-il vécu jusqu’à l’âge de 73 ans ? », s’est interrogé Boris Bajanov, secrétaire de Staline. En effet, au cours de sa vie, Staline a connu de nombreux problèmes de santé et maladies, aggravés par des horaires de travail rigoureux et un stress constant.

1. Myasthénie

Un groupe de dirigeants soviétiques au Kremlin. De gauche à droite : Gueorgui Malenkov, Lazare Kaganovitch, Joseph Staline, Mikhaïl Kalinine, Viatcheslav Molotov et Kliment Vorochilov.

Un groupe de dirigeants soviétiques au Kremlin. De gauche à droite : Gueorgui Malenkov, Lazare Kaganovitch, Joseph Staline, Mikhaïl Kalinine, Viatcheslav Molotov et Kliment Vorochilov.Getty Images

Selon la version officielle, à l’âge de 6 ans, Staline a été heurté par une voiture à cheval, le blessant au bras et à la jambe gauches. « Atrophie des articulations de l’épaule et du coude du bras gauche, due à des ecchymoses à l’âge de six ans, avec suppuration subséquente de l’articulation du coude », indique son dossier clinique. Cependant, il existe des photos où l’on voit que Staline pouvait assez bien contrôler sa main gauche – il pouvait par exemple soulever sa fille.

En revanche, ce bras restait souvent immobile pendant qu’il marchait, à moitié plié, appuyé contre le corps. Il semblait également plus court que le droit.

Il existe une hypothèse selon laquelle la cause du « problème de bras gauche » de Staline était une myasthénie grave, une maladie neuromusculaire à long terme qui entraîne divers degrés de faiblesse musculaire squelettique. La myasthénie grave peut être à la fois congénitale et acquise, et se déclare généralement chez les personnes âgées de 20 à 40 ans.

2. Polyarthrite rhumatoïde

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Pendant des années, Staline a souffert de douleurs aux jambes ; plus tard, on le voyait souvent boiter légèrement. Certains attribuent ce fait à ses orteils palmés – les 2e et 3e doigts du pied gauche du dictateur étaient fusionnés. Bien que ce ne soit pas une maladie, mais une malformation, la syndactylie n’était pas la cause de sa claudication.

C’était une polyarthrite rhumatoïde – Staline souffrait d’une inflammation (et probablement même d’une déformation) des articulations de ses deux jambes. Il devait porter des bottes militaires spécialement conçues en cuir très doux, les soi-disant « bottes trouées » – apparemment, ces bottes étaient si confortables que Staline les enlevait rarement, jusqu’à faire des trous dans leurs semelles. Lorsqu’il était immobile, les douleurs rhumatoïdes s’aggravaient, et lors des longues réunions, il ne pouvait pas s’asseoir au même endroit et déambulait dans le bureau.

De 1925 à 1926 (47-48 ans), Staline s’est rendu dans des centres de cure pour prendre des bains chauds de sulfure d’hydrogène provenant de sources naturelles pour ses jambes. Mais la polyarthrite rhumatoïde est une maladie complexe qui peut affecter d’autres parties du corps – elle peut provoquer une inflammation des poumons et une diminution du nombre de globules rouges, entre autres conséquences.

« À Naltchik, j’étais proche de la pneumonie. J’ai une respiration sifflante dans les deux poumons et je tousse sans arrêt », a écrit Staline à sa femme lors de son voyage de 1929. En 1935, les médecins ont interdit à Staline de nager dans la mer – toujours à cause de sa polyarthrite rhumatoïde.

3. Variole

Staline en 1932

Staline en 1932Getty Images

Staline a probablement contracté la variole à l’âge de 5 ans à Gori, en Géorgie. La maladie a rendu son visage légèrement grêlé – un handicap physique jugé repoussant par Staline. Au cours des activités criminelles de Staline dans sa jeunesse, les portraits-robots de la police le concernant contenaient toujours des informations sur les marques laissées par la variole en tant que caractéristique importante du suspect. Plus tard, sur les photos de Staline qui paraîtraient dans les journaux soviétiques, les taches sur son visage seraient supprimées par des retoucheurs.

4. Appendicite

Staline avec ses amis et sa femme Nadejda Allilouïeva

Staline avec ses amis et sa femme Nadejda AllilouïevaSputnik

En 1921, Staline a subi une inflammation de l’appendice. À ce moment-là, c’était déjà un haut fonctionnaire de la jeune URSS, et il a donc consulté l’un des chirurgiens les plus expérimentés de Russie, Vladimir Rozanov. C’est le même chirurgien qui a extrait une balle du corps de Vladimir Lénine en 1922, quatre ans après un attentat contre le « père de l’URSS » en 1918. Ainsi, au sein des cercles dirigeants, Rozanov jouissait déjà d’une grande confiance.

« L’opération a été très difficile, s’est souvenu Vladimir Rozanov. En plus de retirer l’appendice, j’ai dû faire une large résection intestinale et il était difficile de garantir le résultat. » La majeure partie de l’opération a été réalisée sous anesthésie locale, mais à mesure que le processus devenait plus compliqué, Rozanov a dû mettre Staline sous anesthésie au chloroforme – une forme très dangereuse d’anesthésie générale qui aurait potentiellement pu causer un arrêt cardiaque. Mais Staline a survécu.

5. Athérosclérose des vaisseaux cérébraux

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Staline a toujours beaucoup travaillé, surtout pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a participé à des réunions interminables avec ses fonctionnaires et des commandants – de 5 à 7 par jour, qui duraient jusqu’à 10 à 12 heures au total. Les réunions se tenaient à toute heure du jour ou de la nuit, généralement au Kremlin ou dans la datcha de Staline à Kountsevo (près de Moscou). Les chefs de l’état-major rencontraient Staline presque quotidiennement, et parfois plusieurs fois par jour.

Vladimir Vinogradov, médecin traitant de Staline dans les années 1940, a estimé que l’insomnie et l’hypertension artérielle étaient les problèmes les plus aigus du dirigeant. De retour de la conférence de Potsdam (du 17 juillet au 2 août 1945), où les négociations d’après-guerre avaient eu lieu, l’état de Staline s’est détérioré. Il s’est plaint de maux de tête, d’étourdissements et de nausées. Il a connu un épisode de douleur intense dans la région du cœur avec la sensation que la poitrine était « serrée avec une bande de fer », ce qui était très probablement dû à une crise cardiaque à petite échelle. Mais Staline refusait l’idée de se mettre au repos.

Entre le 10 et le 15 octobre 1945, Staline a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Cependant, l’AVC n’a pas conduit à une hémorragie cérébrale et n’a provoqué qu’un blocage d’un petit vaisseau cérébral. Pendant deux mois après cela, il a refusé de parler à qui que ce soit de son entourage, pas même par téléphone, tout en passant du temps à sa datcha.

À partir de 1946, Staline a allégé son emploi du temps. Ses réunions ne duraient que 2-3 heures, pas plus, et il restait la plupart du temps dans sa datcha de Kountsevo, pas au Kremlin. « L’été, il passait toute la journée à déambuler dans son jardin – les domestiques lui apportaient ses documents de travail, ses journaux et son thé dans le jardin. Au cours de ces années, il voulait être en meilleure santé, et vivre plus longtemps », s’est souvenue un jour la fille de Staline, Svetlana Allilouïeva.

Hypertension, étourdissements, problèmes respiratoires – tous ces maux sont des symptômes de l’athérosclérose, quand l’intérieur d’une artère se rétrécit en raison de l’accumulation de plaque d’athérome. Le thérapeute Alexandre Miasnikov, médecin traitant de Staline dans les dernières années de sa vie, qui était présent lors de l’autopsie de Staline, a rapporté « une sclérose sévère des artères cérébrales ». Cette maladie a rendu les dernières années de Staline insupportables.Staline en 1952

Staline en 1952Getty Images

En octobre 1949, un deuxième accident vasculaire cérébral survient, suivi d’une perte partielle de la parole. Staline a commencé à prendre de longues périodes de congé – d’août à décembre 1950, puis d’août 1951 à février 1952. Il a commencé à développer des problèmes cognitifs et de mémoire. Nikita Khrouchtchev a rappelé que parfois, Staline oubliait le nom d’une personne avec laquelle il était en contact depuis des décennies. « Je me souviens qu’une fois, il s’est tourné vers Boulganine (Vladimir Boulganine, membre du Politburo) et n’arrivait pas à se souvenir de son nom de famille. Il l’a regardé longuement et a dit : “Quel est ton nom de famille?” – “Boulganine !”, a répondu prestement Vladimir. De telles situations se répétaient régulièrement et mettaient Staline hors de lui », a écrit Nikita Khrouchtchev.

Bien qu’à la fin de sa vie, Staline ait complètement cessé de travailler, son état ne s’est pas amélioré pour autant. À la fin 1952, il subissait fréquemment des trous de mémoire et ne pouvait plus monter les escaliers sans aide. Pavel Soudoplatov, un général du renseignement soviétique, se souvient de sa dernière rencontre avec Staline à sa datcha en février 1953 : « J’ai vu un vieil homme fatigué. Ses cheveux s’étaient considérablement éclaircis et, bien qu’il parlât toujours lentement, il prononçait maintenant les mots avec effort et les intervalles entre les mots se faisaient plus longs. Apparemment, les rumeurs sur ses deux attaques étaient vraies. »

Staline est mort dans sa datcha de Kountsevo le 5 mars 1953. La cause officielle du décès était une hémorragie intracérébrale.

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(1) Voici son propre témoignage sur ces conditions:

“Je me souviens d’un fait dont j’ai été témoin en Sibérie, pendant une déportation. On était au printemps, en pleine crue des eaux. Une trentaine d’hommes étaient allés au fleuve pour repêcher le bois emporté par l’immense fleuve déchaîné. Au soir, ils rentrèrent au village, mais un de leurs camarades manquait. A ma question : – Où est le trentième ? ils répondirent, indifférents, qu’il était resté là-bas. – Comment ça, resté ? Et il me fut répondu avec la même indifférence : – Cette question ! Il s’est noyé, pardi ! Et aussitôt l’un d’eux se dépêcha de partir, en disant : – Il faut que j’aille faire boire ma jument. Quand je leur reprochai d’avoir plus pitié des bêtes que des hommes, l’un d’eux répondit, approuvé par tous les autres : – Plaindre les hommes, c’est bien la peine. Les hommes, on en fabrique toujours, tandis qu’une jument… essaie voir d’en faire une. (Animation générale) Voilà un exemple, peut-être peu important,mais fort caractéristique. Il me semble que l’indifférence de certains de nos dirigeants à l’égard des hommes, des cadres, et leur incapacité à les apprécier sont une survivance de cette étrangeattitude de l’homme envers son semblable qui se dégage de cet épisode, que je viens de vous conter, de la lointaine Sibérie.”Staline, Discours au Kremlin, 4 mai 1935

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