Voici le texte qu’a envoyé Bruno Drweski à un certain nombre de camarades participants et organisateurs du débat du 6 novembre sur “la rupture avec le capitalisme”, je me permets une réponse à son texte cordiale et sur le fond.
Chers Camarades,
J’ai regardé sur youtube le débat sur le socialisme organisé au PCF et auquel vous avez participé. J’ai voulu placer ma réaction à ce débat dans les commentaires, mais placer des commentaires n’était pas prévu, ce qui est regrettable. Alors grâce à un camarade à la CGT, j’ai obtenu vos adresses et je vous envoie donc mes observations. Je suis moi-même militant CGT FERC Sup’ et ancien membre de la Commission de la politique extérieure (“polex”) du PCF avant sa disparition sous l’effet de la mutation. Voilà les observations que je voulais placer dans les commentaires youtube concernant les opinions émises lors du débat que je vous envoie dans un esprit de franchise et de camaraderie. J’espère qu’elles vous intéresseront.
Les deux interventions de Remy Herrera sont courageuses et excellentes tant dans la forme que dans le fond. On peut considérer que son acceptation de la thèse selon laquelle les pays de l’Est seraient un échec, ce serait un peu comme si on considérait en 1815 que l’idée républicaine aurait été un échec, d’autant plus que la Chine, le Vietnam ou Cuba sont eux-aussi au départ les résultats de l’expérience soviétique. Mais on doit surtout regretter que Laurent Brun n’ai pratiquement pas répondu à ce qu’a avancé Remy Herrera, ce qui est regrettable pour un dirigeant aspirant à des fonctions importantes à l’échelle de la confédération CGT. Il n’a pas vraiment abordé les causes systémiques de la crise, il n’a traité que des conséquences et des mauvaises gestions, et il n’a pas vraiment défini ce qu’il entend par marxisme, par socialisme, et donc par socialisme scientifique. Cela reste incantatoire, donc pour le moment assez stérile. Il constate certes la conflictualité existant dans la société sans expliquer la cause d’absence d’alternative crédible pour y répondre alors qu’elle est due à la dégradation des positions des organisations politiques de gauche, en particulier PCF, mais aussi d’une CGT dont la direction confédérale semble parfois avoir oublié la Charte d’Amiens et la lutte des classes, malgré des organisations départementales et des fédérations beaucoup plus avant-gardistes qui ont par exemple organisé les Assises pour un Changement de Société du 29 octobre dernier à Martigues. Entre incantations et références inexactes, on peut être déçu puisqu’on ne voit pas le programme de rupture systémique annoncé. Les Gilets jaunes ont créé, c’est quand même un succès, une rupture psychologique fondamentale dans la société, en particulier dans des milieux et des régions largement dépolitisées, et les responsabilités de nombreux leaders syndicaux et politiques de gauche dans l’absence de convergence avec eux au moment de leur soulèvement s’est révélée dramatique par ses conséquences, ce qu’un syndicaliste devrait aborder de façon auto-critique. Heureusement que beaucoup de syndicats CGT de base se sont mobilisés alors aux côtés des Gilets jaunes, cela a aidé à les politiser et à développer des contacts de terrain fructueux aujourd’hui. On aurait aimé entendre aussi quelque chose sur l’Union européenne ou l’OTAN et la paix, en particulier sur le rôle néfaste de la CES, un organisme de chapeautage supranational financé par la Commission de Bruxelles et qui est du coup devenu un accompagnateur structurel du système capitaliste où l’on discute le poids des chaines et qui transmet à ses affiliés subsides et consignes quasi-systématiquement appliquées. Tout cela montre que le niveau de connaissance et de débat au sein du PCF est descendu très bas, malgré une très bonne intervention de Danielle Bleitrach malheureusement coupée, comme d’ailleurs l’a aussi été la réponse de Remy Herrera alors que rien ne justifiait des limites de temps puisque c’est sur internet. J’ai trouvé ce débat intéressant et nécessaire, mais quand même quelque peu déséquilibré.
Fraternellement
Bruno Drweski
Cher Bruno et les autres interpelés
Ce commentaire de Bruno Drweski correspond à mes propres estimations sur certains points mais j’ai avec lui des différences importantes et j’insisterai sur elles.
Partons d’abord de ce qui s’avère secondaire même si pour moi ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : l’incapacité dans laquelle je me suis trouvée de développer une argumentation dans le temps imparti. Ce qui n’est pas une simple blessure d’amour-propre croyez le bien.
L’organisation du débat sur le mode des assemblées gauchistes où chacun a un temps d’environ 3 minutes pour parler et s’il les dépasse est coupé est insupportable. C’est une caricature de démocratie. Celui qui gère le débat ne s’intéresse qu’à sa montre ne suit absolument pas l’évolution, les dialogues et approfondissement possible. Alors que celui qui préside un débat doit n’en rien perdre et il doit arriver à en reformuler des points importants pour aider à faire avancer, il prend les interventions et les sollicite en fonction de ce à quoi l’on vise. Que l’on puisse considérer ce débat d’amphi voire de gilets jaunes comme démocratique m’apparaît comme une des formes de l’affaiblissement du parti et je le dis en étant tout à fait consciente de l’effort que l’organisation d’un tel débat a pu représenter, le courage même dont il témoigne. Simplement, il faut faire une autocritique pour avancer, une telle organisation n’est bonne ni pour l’approfondissement, ni pour l’action.
Surtout quand ce qui devrait être soulevé et qui ne l’a pas été est de l’ordre de cette affirmation de l’échec de l’URSS. Il n’y a guère eu que Pierre-Alain Millet pour émettre une réserve sur cette affirmation qu’il est pourtant essentiel de contredire parce que non seulement l’URSS a permis toutes les expériences ultérieures, mais que même son effondrement est riche d’enseignement comme l’ont compris les Chinois et ensuite parce que comme le dit Bruno Drweski, c’est un peu comme si en 1815 on jugeait de l’échec de la Révolution française. Enfin les questions que l’on prétend contourner quand elles sont fondamentales on les a dans le dos exigeant notre reddition.
Une autre tendance du débat n’a pas été combattue : l’incapacité à comprendre en quoi les questions internationales n’étaient pas un luxe intellectuel. L’argument a contrario est simple: alors que les couches populaires, la jeunesse, comme on dit en prennent plein la gueule, s’interroger sur ce qui se passe ailleurs nuirait au rassemblement nécessaire. C’est comme la mémoire, battons-nous sur ce qui nous opprime et après on refera l’histoire et on examinera l’état du monde pensent certains. C’est ce qui a été exprimé par un grand nombre d’intervenants et avec quoi je suis en total désaccord. Notez que le capital, ses médias eux ne renoncent pas à intervenir massivement sur ces questions et nous plombent avec elles. Il s’avère qu’un parti communiste ne peut pas penser comme ça. Comme je l’ai dit dans le débat la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés ont une dimension internationale qu’il s’agisse de la paix, du climat, de l’environnement, des épidémies ou des concurrences entre les forces de travail, nous serions bien démunis si nous laissions le capital les penser à notre place et il n’y manque pas. Autre chose est le fait que nos armes prioritaires de lutte face à ces défis sont nationales, notre souveraineté c’est de penser international et d’agir national et même local. Il ne peut y avoir de perspective POLITIQUE, celle du pouvoir, et de l’Etat qu’en assumant ces dimensions. Un parti communiste qui abandonne sur ces deux plans renonce à donner aux masses une perspective politique, il en fait au mieux un supersyndicat, un tenant du socialisme municipal, un club de réflexion, mais certainement pas un parti révolutionnaire.
Il est vrai qu’il y a quelque chose d’onirique (de l’ordre du cauchemar) devant la situation du PCF: il suffit de réaliser qu’un débat semi officiel ose poser la question du socialisme, que cette question sacrilège puisse être posée dans les locaux de Fabien, et miracle ultime que cela puisse paraitre un pas immense dit l’état réel où on a conduit ce parti. Il y a d’autres constats tout aussi stupéfiants, que le parti soit présent à l’entreprise parait à certains sinon devoir être contesté à tout le moins être considéré comme un rêve hors de portée.. Le socialisme municipal et ses compromis suppléant à tout… Comme le syndicat révolutionnaire… Sans parler de l’ignorance et du mépris dans lequel est tenu tout ce qui de près ou de loin se rapporte au socialisme réel… C’est ce que l’on voyait ressurgir dans ce débat y compris dans les écrits qui apparaissaient sur l’écran… Ce débat osait courageusement parler de cet invraisemblable non-dit y compris dans les discours de Fabien Roussel, celui du pays passant du sous-développement colonial à la première puissance du monde et qui revendique le socialisme à la chinoise sous la direction d’un parti communiste. Avoir fait de cette question quelque chose dont on ne parle pas sinon pour plus ou moins cautionner la position de la bourgeoisie, le capital plus ses porte-voix est invraisemblable et pourtant… Enfin sortir les cadavres (bien vivants) du placard des idées reçues de l’idéologie dominante à lui seul était à la fois un exploit et la preuve de où nous en étions. Une crise d’une violence inouïe est là et pour y faire face le monde va devoir pivoter autour du géant communiste qui nous propose une nouvelle gestion de la planète et nous en sommes à prétendre l’ignorer et à penser notre antagonisme sur l’UE, l’euro sans la moindre référence à cela? Du moins si je suis tes critiques cher Bruno. Ce débat valait mieux que ça…
C’était d’ailleurs ce que la très bonne intervention de Rémy Herrera posait sans provocation mais avec lucidité. A la différence près – le ver était dans le fruit – de cette malheureuse appréciation de l’URSS… Mais ne s’agissait-il pas du léninisme alors renvoyé à la particularité soviétique ? Cela méritait élucidation en tous les cas moi je demeure léniniste. Ce qui ne m’empêche pas de lire tout ce qui a été écrit sur la constitution des partis, leurs réussites, leurs échecs, en quoi il n’y a pas un socialisme, mais des socialismes, des formations sociales. Dans le léninisme, il y a l’idée incontournable de la nécessité d’un parti de la classe ouvrière, des couches prolétariennes pour conquérir le pouvoir et pour le conserver. La Chine est restée profondément léniniste.
J’ai récemment publié un texte de Rosa Luxembourg dans lequel elle explique pourquoi en France, après la Commune de Paris, les forces socialistes, mutualistes à la Proudhon, anarchistes, syndicalistes révolutionnaires se sont accommodées d’une fragmentation et de l’absence d’un parti révolutionnaire. Elle y voit trois raisons, le fait qu’une perspective révolutionnaire vraiment socialiste ne s’imposait pas, la seconde est la faiblesse théorique des Français et la troisième est le parlementarisme. Tant qu’on en reste là, un parti révolutionnaire, “l’arme magique” selon Mao, ne s’impose pas. On survit alors aisément dans une constellation de fragmentations et c’est là que je me permets une critique de Bruno Drweski. Il ne voit pas de quel point fragile il adresse sa critique. Personne n’échappe au phénomène et “le moi se pose en s’opposant” comme dit Fichte. Là encore retournons au diagnostic de Rosa Luxembourg, dans le fond entre PCF et ses satellites groupusculaires, les différences sont bien moindres que ce que l’on croit. Et chacun agit de telle sorte que la nécessaire unification ne puisse intervenir.
Je n’en veux pour preuve que l’étrange débat sur le soutien ou non à un candidat communiste dans cette mouvance groupusculaire qui peut construire une opposition de principe à partir des choix sur le frexit, et dans le même temps admettre l’idée d’une candidature concurrente qui, puisque Mélenchon n’est plus à la mode, s’appuierait sur un gilet jaune (je n’invente rien c’est en résumé la thèse de Questiaux). A propos des gilets jaunes, je suis d’accord sur la manière dont ce mouvement aurait dû réveiller certains, les faire passer du societal à la question sociale, encore que… c’est fou comme l’événement passé chacun retourne à son idée fixe quand il n’y a pas de parti communiste pour rendre durables les “impressions”.
On ne peut pas accuser Fabien Roussel d’avoir négligé les convergences entre PCF et gilets jaunes, alors je m’interroge sur la manière dont Bruno interpelle Laurent Brun dans ce débat, est-ce en tant que militant du PCF ou dirigeant de la CGT?
Il est vrai que Laurent Brun était du moins au début de son intervention moins percutant que d’habitude. Mais il s’est rapidement rattrapé. Il y avait deux raisons à cela, la première tenait à l’impréparation du débat et au fait que ceux qui l’avaient organisé l’avaient conçu comme un but en soi et n’avaient pas assez réfléchi à ce qui devait être atteint. Le questionnement s’en ressentait et il l’a pris bille en tête en tant que syndicaliste. A la suite de quoi, Laurent a eu du mal à trouver ses marques. Mais justement parce que l’intervention de Rémy allait plus au fond, ce qui a bloqué Laurent c’est de savoir à qui il s’adressait au-delà de ce débat, de quoi il était responsable et l’unité à préserver, pas celle du parti celle de la CGT. Ce qui fait l’intérêt de ses prises de position dans les luttes ici était confronté à l’absence d’un parti et au danger de transférer ses apories dans l’unité syndicale. C’était une assez bonne illustration du fait que ce parti déchiré par des factions en proie à des combats d’arrière-garde de banquets radicaux, de démocrates à l’américaine et de trotskistes interprétant le marxisme, entouré d’une constellation de “féodalités” comme les appelle Delaunay, en fait était une gêne pour les luttes alors qu’il devrait être l’outil indispensable.
Puisque le débat est celui du PCF n’y a-t-il pas chez Bruno la même erreur que dans le débat, ne voir que le syndicaliste? Alors qu’à l’image des grands comme Krasucki il a toujours su marcher sur ses “deux jambes”. Et pour revenir au rôle du parti, comment des gens qui sont si exigeants à l’égard du PCF peuvent-ils ne pas voir les limites sur lesquelles buttent les gilets jaunes. Les mêmes voyant comme par hasard la révolution poindre outre-atlantique ce qui est la position de l’humanité de Le Hyaric. Honnêtement on se dit que les abandons manifestes du PCF sont bien utiles pour fournir une doctrine à certains groupuscules. Les deux, PCF et sympathique groupuscule, partageant une totale inefficacité dans la construction d’un parti communiste et se rabattant faute de mieux sur la FSM. Ce que je constate y compris à Marseille c’est que le syndicalisme révolutionnaire ne met pas à l’abri des compromis que ce soit derrière Mélenchon ou les regroupements municipaux hasardeux dont tout le monde constate les limites. Dans le fond, que le parti ne soit pas à l’entreprise ne les gène pas puisque pour eux le syndicat supplée à tout… Bref! je ne suis pas convaincue par le caractère révolutionnaire de ce positionnement même si j’éprouve de la sympathie pour beaucoup d’entre eux et je dialogue avec eux, agis même, mais je ne vois pas grande différence avec ceux qui au sein du parti sont prêts à le liquider, ceux pour qui le marxisme se limite au trotskysme et certains groupuscules critiques. Sans parler de certaines dérives aux côtés de “gloires locales” qui pourtant font partie de la mise en cause de l’hôpital public sous des thèses complotistes. Bref mes chers camarades, vous avez un besoin urgent d’un parti communiste et nous en sommes tous là. Et tous ceux qui de plus en plus nombreux s’abstiennent, ont perdu jusqu’à l’idée d’avoir une force qui les représentent en ont encore plus besoin, gilets jaunes compris.
Le parti communiste devrait être le principe unificateur de toutes ces forces émiettées par tant d’expériences négatives. Principe unificateur, parce qu’il peut rompre avec ce qui ne cesse de produire de l’échec: une politique qui s’avère toujours au profit “de la finance” quelles que soient les déclarations d’intention, une politique qui multiplie les bellicismes par vassalité aux USA, une politique qui crée la concurrence entre les travailleurs en particulier à l’échelle européenne, c’est pour lutter contre cela que l’on a besoin politiquement de retrouver une souveraineté nationale celle d’un peuple qui n’est pas lié aux intérêts de multinationales financiarisées. Tout ce à quoi on assiste, tous les leurres qui se substituent aux questions fondamentales pour diviser les victimes, tout cela a un nom l’absence d’un parti communiste qui a un but politique, le socialisme, une stratégie pour y parvenir, faute de quoi il sera parfaitement inutile et s’affaiblira de plus en plus.
Un parti communiste ne peut pas survivre comme c’est le cas avec une direction bi-céphale dont l’une marque en toute occasion son refus d’un parti révolutionnaire et ses choix petits bourgeois. Si j’ai une critique à adresser à Fabien Roussel et à ceux qui sont avec lui c’est d’avoir été trop obnubilés par l’unité du parti, la crainte de la division, de s’être soi-même laissé enfermer dans des affrontements de sommet, et de ce fait n’avoir pas fait la clarté et découragé ceux qui comme moi étaient prêts à se battre à leurs côtés. Cette critique est partiellement injuste puisque Fabien Roussel a su aller sur le terrain, et dégager un début de réflexion sur toutes les questions que je pose ici. Mais la démarche prise dans les limites du 38e Congrès a été entravée, il faut mesurer les dites limites mais aussi les acquis, le fait que ceux qui veulent liquider le parti n’osent pas avancer à découvert. C’est comme ce débat, qui était une tentative méritoire pour faire la clarté et à ce titre il a été une étape courageuse mais qui aurait mérité approfondissement, réflexion, et moins de spontanéisme fut-il juvénile. Était-il utile de me faire ressentir une fois de plus à quel point l’humiliation était mon lot au nom de dieu sait quel intérêt supérieur du parti ? En rajouter dans la goujaterie au lieu de s’excuser… Ce n’était rien mais cela m’écartait sans aucun bénéfice. (1)
Mais ce pauvre débat qui a accumulé toutes les tares de la période avait le grand mérite d’exister et de nous confronter à notre état réel à tous. Maintenant s’il devait continuer dans la même logique il n’aurait aucune raison d’être et dire cela ce n’est pas avoir une attitude négative face à cette expérience, c’est dire qu’elle appelle d’aller plus loin. Pas avec moi, je suis décrédibilisée, ce qui -soyons honnête- est plus facile à réaliser quand on joue volontairement les francs tireurs, je suis suffisamment lucide pour le savoir, mais ceux qui mènent ce combat indispensable doivent savoir agir avec tous ceux qui dans le parti ont pris conscience de la nécessité de construire ce parti dont nous avons tous besoin, les rassembler, les aider politiquement, l’appel à la fraternité ne mange pas de pain, construire une pensée politique commune est indispensable.
Marx disait que l’humanité ne se pose que les tâches qu’elle peut résoudre, ce débat et l’intérêt qu’il a suscité même sous des aspects apparemment négatifs montre bien que le temps est venu de poser la tâche du socialisme et ce qui va avec le parti dont on a besoin pour imposer la démocratie qui saura tenir le capital et faire face à la lutte qui est devant nous dans cette voie. Ce que dit Rosa Luxembourg du moment où les masses ont besoin d’un parti mérite d’être réfléchi, ce sont les intérêts des exploités, mais cela va au-delà c’est une société, une civilisation, la République en danger parce que le capital est incapable de faire face. S’il y a une chose importante en ce moment c’est de bien faire mesurer partout en France comme dans le monde ce constat de carence de la classe dominante qui ne sait plus littéralement où elle va. En fait nous ne sommes pas si loin de “la catastrophe imminente et des moyens de la conjurer” dans nos sociétés occidentales capitalistes, face à laquelle un petit parti bolchevique avec une poignée de militants revendique le pouvoir face à la faillite des dirigeants. Encore faut-il arrêter de laisser le papotage politicien petit bourgeois se polariser sur des annonces de candidature qui ont déjà montré leur inefficacité. La candidature communiste indispensable a une tout autre nécessité et cela doit se sentir, je pense que Fabien Roussel, tel qu’il est avec la force de conviction qui est la sienne peut être ce candidat et que tout ceux qui ont à coeur de reconstruire un parti communiste doivent se mobiliser autour d’elle, tout le reste est incompréhensible et déconsidère ceux dont je sais qu’ils ont consacré leur vie à l’engagement communiste.
Ce débat avait l’immense mérite de porter le questionnement sur autre chose que sur un prurit électoraliste sans issue, il revenait sur nos propres objectifs et c’est à ce titre qu’il suscite intérêt et critique.
Il faut un débat qui aille plus loin, pour mesurer le tâches, les points d’appui, les obstacles dans ce qui déferle et pas l’art de se défausser sur les autres.
J’ai apprécié dans l’intervention de Rémy ce qu’il a réussi à nous faire sentir à savoir que le combat de chien qu’est le socialisme alors qu’il faut bien avouer c’était jadis pour nous un aboutissement avec toutes les illusions que nous véhiculions sur les participations gouvernementales et ce que peut faire une présence communiste. Soit on ne cesse de critiquer le gouvernement auquel nous participons et c’est intenable, soit nous devons justifier cette présence comme une réussite et nous démobilisons l’initiative populaire, surtout quand cette participation se situe dans un moment de ressac, qu’en est-il aujourd’hui?… Il y a l’UE, l’euro poser la question clairement nous aide dans notre démonstration et la nécessité d’un positionnement de rupture, l’indépendance par rapport à des diktats de destruction du service public, mais ne résout pas nécessairement le problème qui se situe à une autre échelle, croire que le frexit est la pierre philosophale c’est un peu pour moi le même palliatif qu’a été la volonté de reproduire ce qui s’est passé à la libération… OUI! Il faut libérer la souveraineté nationale de ce carcan, comme il faut sortir de l’OTAN, mais dans le même temps savoir ce que nous attendons faire de la souveraineté retrouvée parce que tout restera à faire et la manière dont nous envisageons le combat unis pour échapper à ces carcans déterminera le rôle dirigeant ultérieur. Qu’est-ce qui nous parait essentiel, dans quoi mettre toutes nos forces?
Danielle Bleitrach
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Pédinielli Dominique
Ton article est plus que pertinent, c’est exactement ce que je ressens de ton analyse, je ne pourrais pas le décrire aussi bien que toi. merci.
LEGRAND
Merci à ces 2 camarades. Là confrontation du sein du PCF doit permettre de clarifier les positions, d’avancer ensemble pour ceux qui veulent un parti utile à l’action politique des gens sur des bases de classe, et rompre avec une petite caste de dirigeants « huistes » qui ont des pratiques totalement réformistes portant atteinte à la démocratie dans le parti.