Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Nouveau “Front biélorusse”: il est temps de se souvenir de l’appel légendaire – “Pas un pas en arrière”

Il ne s’agit pas d’un texte d’une force politique mais bien d’un texte d’un intellectuel balte russe qui observe l’attitude de l’occident (et des pays balte) à l’égard de la Russie, le mélange de séduction et de fascisme que représente l’occident. Il est convaincu que la guerre fasciste contre la Russie est déjà là. Cette sensibilité fréquente dans une bonne partie de l’intelligentzia russe et que l’on retrouve chez André Vltchek est d’autant plus forte que l’individu connaît ce monde occidental, a été séduit et est conscient d’avoir été dupé. On retrouve quelque chose de comparable chez le grand cinéaste Konchalovsky, le mépris de l’occident et la conscience que la Russie aurait du suivre le chemin de la Chine au lieu de se laisser séduire. La parenté avec Pasolini est parfois frappante. Cela dit ces gens à la sensibilité exacerbée nous disent quelque chose de bien réel, c’est la chute terrible de l’empire occidental et il va au fascisme pour survivre, il en est déjà là. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

Le Drang nach osten continue

Vadim Avva

Vadim Avva

https://svpressa.ru/society/article/275780/

La guérison de la maladie commence par la détermination du diagnostic. Il est insensé de donner un lavement pour un rhume, ou un cataplasme aux morts. Il est tout aussi ridicule d’examinerune gangrène, en espérant que l’infection ne se propage pas à tout le corps.

Ce que l’on voit à Minsk aujourd’hui ne ressemble pas à une fin de crise. Et les forces opposées sont loin d’être à égalité. Au contraire, nous voyons le serrement inexorable et implacable des mâchoires du bulldog atlantique. L’emballage – qu’il soit polonais, lituanien, ukrainien ou autre – n’est pas important.

Loukachenko a épuisé ses ressources répressives. Et le dérapage des autorités biélorusses à cet égard est évident. Le président biélorusse est incapable d’adopter un nouveau vocabulaire, d’engager un dialogue avec la société, de marginaliser les manifestations de rue, de proposer aux citoyens un paquet de propositions pour qu’ils manifestent en sa faveur(excepté des fans rémunérés), bref, de reprendre l’initiative.

La tentative de démontrer la supériorité écrasante de leurs propres manifestation n’a pas abouti. Ce qui est logique. En temps de paix, la majorité est toujours subpassionnaire. Le revers de la passion est le conformisme. Qui a amené à des régimes de garde-chiourmes et aux camps de concentration des groupes ethniques beaucoup plus puissants que les Biélorusses.

Au quotidien, nous observons passivement le déroulement du mécanisme de pression international.

Cette pression dans différentes directions s’exerce simultanément non seulement sur Minsk, mais aussi sur Moscou. Le refus de la Pologne de reconnaître la présidence Loukachenko, le couronnement idiot par le Seim lituanien de Tikhanovskaya (il faut trouver quelqu’un qui me reconnaisse comme Australopithèque, héritier d’Elon Musk et du roi du Nord), le blabla croissant sur les sanctions, les vociférations sur l’ingérence de Moscou dans les affaires de la Biélorussie dans un style péremptoire – tout cela n’est même pas l’apothéose. Ainsi que la “Saga Navalnienne” de Berlin cousue de fil blanc avec le “Nord Stream-2”. Nous sommes juste au pied d’une montagne  grandissante d’événements. Dans un sens, il ne reste plus de temps à attendre. Le temps est écoulé.

Pour une action décisive, une mobilisation totale, il faut avoir le courage d’appeler un chat un chat. Ni la Russie ni la Biélorussie n’ont de «partenaires» en Occident aujourd’hui. Ils devraient mettre à jour leur vocabulaire.

Qui est l’Occident pour nous et la nation russe en dehors de la Fédération de Russie? Allons-y sans fantasmes. Juste les faits. Rien de personnel. Regardez – qui est inscrit, nommé et déclaré l’ennemi dans la rhétorique politique quotidienne, dans les concepts de défense, par exemple, de la Pologne, de la Lituanie, de la Lettonie, de l’Estonie? La Russie.

Russie, et dans le contexte des événements de Minsk, lisez la Biélorussie. Très proche, seulement quelques degrés d’agression en moins, mais l’essence est la même, est l’attitude envers la Fédération de Russie à Berlin, Prague, Paris.

La Russie n’est pas un partenaire, ni un ami ni un voisin. Un ennemi et une menace. Relisez lettre par lettre jusqu’à ce que ça rentre.

Il est temps de réaliser: Minsk et Moscou ne sont pas à la veille d’une grande guerre. Nous ne sommes pas le 21 juin 1941. Ni même pas le 22, quand des idiots et des lâches espéraient que ce n’était qu’un incident de frontière. Nous sommes tous ensemble depuis longtemps déjà, le 23.

C’est juste que la guerre a changé. Les escadrilles de bombardiers et la préparation d’artillerie à la sortie de la nuit ont été remplacés par la lutte pour les esprits et l’attaque médiatique. Mais alors, n’ayez aucun doute – rappelez-vous Belgrad1999 et Donetsk2014, les chars et les avions entreront dans la danse.

Les chenilles de l’OTAN, au signal, vont foncer … Au fait, sur quoi: le Neman, le Boug occidental ou le Pripyat? Ou les sources de la Dvina occidentale et du Dniepr? Là où l’agression est pensée, il n’y a pas de différence. Pour eux, tout l’espace à l’Est est un champ de bataille. Peu de gens ont remarqué que pendant une semaine entière au terrain d’entraînement de Tapa, en Estonie (ancienne unité d’entraînement et terrain d’entraînement des troupes du génie sous l’URSS), situé à 100 kilomètres de la frontière russe, la seule brigade d’artillerie stationnée en Europede l’armée, devinez de qui, des États-Unis, ont mené des tirs intensifs.

Dans cette situation, si, enfin, nous n’appelons pas ce qui se passe par son nom, sans équivoque, en fait, un mot court et terrible –la guerre, en envoyant au diable toutes les contorsions avec le terme «hybride», alors il sera tout simplement impossible d’organiser la moindre résistance.

Le moment est venu, comme disait le héros d’Anatoly Papanovdans le filmLa gare de Biélorussie, le moment où: «J’ai soudainement eu l’impression d’être au front. Tout était clair. Voici l’ennemi. Proche. Et notre cause est juste. “

Le printemps de Crimée a été largement soutenu par la population et la société civile de la république. Par conséquent, la ressource du président de la Russie était suffisante pour la victoire là-bas.

Mais la société biélorusse n’est pas seulement divisée. Un coin est enfoncé dans cette division toutes les heures. Une partie, la plus active, se trouve sous un jet d’information occidentale super puissante. Nous les voyons dans la rue. Le changement, l’euphorie de la liberté – toute cette mousse démagogique de «pseudo-démocratie», qui avec les appétits féroces des groupes d’intérêt dévorera ces gens, déchirera le destin des enfants de la plupart d’entre eux, les recrachera … Mais maintenant leurs espérances roses travaillent pour l’ennemi. Et vous devez faire quelque chose avec eux. Vous ne pouvez pas simplement les regarder. Laisser les choses suivre leur cours.

Maintenant, quand il est évident que les capacités des autorités biélorusses et russes ne suffisent pas pour gagner la guerre, dans la confrontation des civilisations, il est nécessaire de mobiliser immédiatement toutes les ressources intellectuelles de la société civile russe. Nous devons commencer l’interaction à un niveau différent.

En effet, les liens entre la Russie et la Biélorussie ne sont pas déterminés par des traités et des obligations militaires. Voir l’interview de Vladimir Vladimirovitch Poutine  – “Nos relations sont familiales, apparentées, culturelles.”

Les paroles des autorités morales et intellectuelles russes devraient devenir plus fortes, plus claires, plus parlantes pour la majorité biélorusse passive et pour les jeunes dans les rues de Minsk, que les imprécations de la Komsomole repentie Alexiévich et de l’annexe de la Defensiva polonaise – NEXTA. Il est nécessaire non seulement de vaincre ceux qui souhaitent du mal au Bélarus au niveau de l’interaction entre les autorités. Il est nécessaire de vaincre la machine de propagande de l’information dans une conversation honnête et ouverte avec les gens.

Parce qu’aujourd’hui, à l’agenda politique du Bélarus, il y a la question du rejet de l’héritage de la Victoire. Vous vous souvenez du grand film “Requiem pour un massacre” d’ElemKlimov[en russe Иди и смотри, à voir absolument, NdT]? Son action se déroule sur le territoire de la république en 1943. Au centre de l’intrigue se trouve un garçon, le premier grand rôle et peut-être le plus grand de celui qui est maintenant un acteur, mais à l’époque un jeune garçon, Alexei Kravchenko. Le héros est témoin d’une action punitive. Je montrerais ce film dans les écoles chaque année, aux générations à venir, à ceux qui disent à quel point notre monde est devenu nouveau et moderne, dans lequel “la violence et le sang sont tout simplement impossibles”.

C’est exactement ce que les gens disent aux aveugles imbéciles qui utilisent leur sang et leur violence comme des outils pour donner du fric et du pouvoir à leurs proches.

Dans “Requiem pour un massacre” réalisé par Klimov, il n’y a rien d’inventé. C’est une image calme et dure. Un village biélorusse, le mur d’une maison villageoise. Les corps des personnes – femmes, hommes, personnes âgées, enfants. Ils faisaient tous des projets d’avenir il y a quelques heures, buvait du lait chaud. Maintenant, ils sont là, couchés. Vous pouvez entendre les mouches bourdonner … Dans le final Fliora, c’est le nom du héros, tire avec férocité sur le portrait d’Adolf Hitler avec l’inscription – Libérateur.

Les changements qui sont attendus dans la rue de Minsk vont très vite qualifier Fliora de monstre, sa famille fusillée sera ignorée de tous, oubliée, et ceux qui les ont abattus seront des héros. Il n’en sera pas autrement. Cela s’est déjà produit partout, dans l’espace post-soviétique, où la revanche de la «démocratie» occidentale a eu lieu.

L’histoire de la «révolution biélorusse» est l’histoire du portrait d’un nouvel Hitler. Une histoire du changement de nom des rues, des places, de la modification de la signification de la stèle sur la place de la Victoire à Minsk, l’abandon du 1r Belorussky, l’abattage de monuments au maréchal Rokossovsky et à d’autres, comme cela s’est produit dans la belle Prague avec la mémoire de Konev, une nouvelle prise de la forteresse de Brest [Brest-Litovsk, NdT]. C’est de cela dont nous parlons aujourd’hui.

Par conséquent, ZakharPrilepin, Nikolai Starikov, le réalisateur Vladimir Menchov, les musiciens Django, Leps, Chicherina, le directeur artistique du Théâtre d’art de Moscou Boyakov, le penseur Dugin, l’acteur Okhlobystin, le rappeur Tipsi devraient parler avec le peuple biélorusse dans les rues de Minsk… Que Kirkorov, Galkin et Shnurov viennent. S’ils le veulent.

Et, bien sûr, d’autres apparaîtront. Je suis sûr que beaucoup prendront parti pour NEXTA et le portrait du “Libérateur”. Leur nom est légion. Et bien. Il est utile de connaître les ennemis de vue. Cela les empêche de vous coller un couteau dans le dos.

Aujourd’hui, le principal Donbass de la Russie ce sont les rues de Minsk et d’autres villes de Biélorussie. L’issue de la bataille pour les esprits de cette rue déterminera l’avenir. Et pas seulement de la Biélorussie, de la Russie même. Il n’est pas utile de faire des discours sur l’unité et la fraternité. Nous devons lesprouver par des faits. Nous serrer les coudes.

La machine occidentale DrangnachOsten ne sait pas s’arrêter, à moins que les eaux de l’océan Pacifique dans la baie de la Corne d’Or [celle de Vladivostok ! NdT] n’éclaboussent ses chenilles. Ce n’est pas une phrase pour le panache, mais ce que j’observe en Lettonie depuis 30 ans.

Le 22 septembre, Vladimir Poutine conduira la délégation russe à la 75e session de l’ONU. Une belle occasion non seulement de dire au monde: vous savez, nous ne reculerons plus d’un pas, mais aussi de le démontrer.

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1 Commentaire

  • etoilerouge6
    etoilerouge6

    Lisant cet article ,ns sommes le 23/06/1941, quelle que soit les formes de l’attaque les chars viendront. Cela me semble expliquer pour une part pour quelles raisons les gouvernements de l’OTAN dt la FRANCE veulent que le petit peuple reste à la maison, s’enferme, se dilue, s’infantilise, MACRON empêche toute réunion publique ou les stérilise: ds quels buts? Seulement interne COVID ou rendre impossible la conscience de la guerre qui vient et des responsables de cette guerre. L’Europe et ses peuples ont-ils conscience qu’ils peuvent disparaitre de la surface de la terre au profit des USA? Car le conflit ne peut être total mais totalement en un lieu estimé décisif. Ou des lieux. Bref espérons que j’ai totalement tort. Mais une expression contre l’agression des fascistes et des gouvernements de l’UE ss l’autorité des anciens assassins d’un tiers de la population biélorusse est quasi impossible démontrant l’avance politique de l’adversaire , la confusion des véritables démocrates.

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