Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

MACRON se prend pour le SAUVEUR DU LIBAN mais il n’y a pas que lui…

L’arrivée de Macron avec un avion plein de journalistes dit tout sur le personnage et plus encore l’invraisemblable conférence de presse qu’il s’est cru autorisé à prononcer. Mais il n’y a pas que lui c’est la France entière qui a perdu le sens des réalités. Au meilleur des cas ceux qui s”indignent sur la prestation invraisemblable du chef d’Etat le font sans réellement mettre en cause la part que la France a dans cette affaire ou alors ce qui serait en cause ce serait “le système confessionnel”. Thuriféraires enthousiastes du chef de l’Etat français ou critiques “sociaux démocrates” s’ingénient à cacher l’essentiel du mal dont souffre le Liban et à quel point l’Europe est menacée de libanisation.

L’ironie sur l’avion chargée de journalistes est disons-le injuste: la France a envoyé trois avions d’aide humanitaire et du personnel d’intervention, cela dit Poutine en a envoyé 5 et sans journalistes pour admirer sa prestation. Aucun autre chef d’Etat n’a assorti son aide de la manifestation de son protectorat. Cela avait été déjà annoncé par l’invraisemblale Le Drian qui a mis à feu et sang le moyen Orient, la Syrie et qui continue à donner des leçons : « D’abord, c’est un soutien de reconstruction, de proximité, d’empathie, un soutien humanitaire immédiat dont on a besoin. L’heure est d’abord à panser les plaies (…) et puis, ensuite, il faudra se poser les questions », affirmait le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, au lendemain de la catastrophe.

Macron lui a commencé son inspection dans les ruines du port de Beyrouth où étaient entreposées, depuis des années, 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont explosé après un incendie, de là il a visité le quartier ravagé de Gemmayzé, près du port (1). L’inimaginable s’est alors produit, comme l’a très justement noté Pierre Barbancey dans l’Humanité Dimanche. Alors qu’une foule rassemblée scandait : « Aidez-nous ! Révolution ! » et « Le peuple veut la chute du régime », le président français, comme un étudiant dans une assemblée générale d’une fac en grève, a pris la parole pour annoncer qu’il proposerait un « nouveau pacte politique » (sic) aux dirigeants libanais et leur demanderait de « changer le système, d’arrêter la division (…), de lutter contre la corruption ». Sur sa lancée, il a précisé qu’il reviendrait « pour le 1er septembre, et s’ils ne savent pas les tenir (les engagements – NDLR), je prendrai mes responsabilités avec vous ».

Et Pierre Barbancey a raison de noter que la France a été et reste le principal soutien de ce système que les Libanais dénoncent oui mais ce système n’est pas d’abord “confessionnel”. Si le système n’était que confessionnel cela serait déjà un archaïsme mais s’il convenait aux Libanais nous n’aurions pas à nous en mêler, non il est mafieux. Le Liban a toujours été le lieu refuge de tous les blanchiments d’argent et sortie de capitaux, quand il ne s’agit pas des hommes eux mêmes comme dans le cas de Carlos Goshn et d’autres. Nous sommes ici comme dans d’autres lieux de la planète dans l’écroulement d’une économie financiarisée et c’est ça le problème que cet article de Pierre Barbancey au demeurant juste sur bien des points n’effleure pas. Pourtant ce qui est en cause, avant le coronavirus, c’est bien la faillite généralisée de ce système en lien avec les jeux sur le dollar et les taux d’intérêt. La crise de Hong kong n’est pas si éloignée de celle du Liban. On parle beaucoup des réfugiés syriens, de la masse que cela représente, mais le paradoxe c’est qu’ils sont aussi dans cette économie asphyxiée et pompée sans cesse une source de liquidités et tout est comme ça ce qui nourrit encore est destructeur à l’image de ce capitalisme financiarisé et militarisé.

Cette dépendance aux jeux des puissances financières en effet se double d’une dépendance géostratégique qui n’a de dimension confessionnelle ou “démocratique” que l’apparence.

Qui a intérêt à ce que la poudrière explose et là les alliances entre Israël et les Saoudiens, les gens du Golfe contre l’Iran témoignent de la volonté d’entretenir au Liban comme dans d’autres lieux de la Planète ce drame permanent et cette effondrement d’un pays. La situation est telle dans ce coin de la planète (et ce n’est pas le seul) que quand Trump déclare qu’il y a eu attentat selon son état major, sans être particulièrement complotiste on peut s’interroger s’il dit n’importe quoi ou si les informations qu’il a reçues venaient de gens impliqués.

Dans un tel contexte ce que vient dire Macron, et ce que dit Le Drian est qu’il va falloir intégrer le camp occidental et en finir avec les relations avec la Syrie autant que le Hezbollah. Le Liban réduit a quia doit accepter les conditions de l’aide étrangère et pour cela faire les concessions politiques qui s’imposent.

Il faut arrêter les atermoiement et savoir que seules les institutions internationales comme le FMI et la monarchie du Golfe – les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – peuvent être de sérieux donateurs financiers. La France à ce prix là aidera à débloquer les sommes prévues. Nous sommes parfaitement d’accord avec la conclusion de cet expert:

“Cela conduira à une dépendance totale du Liban vis-à-vis des États-Unis, des centres financiers mondiaux et des monarchies wahhabites du golfe Persique. Quelle que soit la cause de l’explosion à Beyrouth, elle profitera objectivement aux États-Unis, à Israël, à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

Ils renforceront leurs positions et essaieront, en faisant pression sur le Liban à travers leurs réseaux d’influence, en soulevant des protestations et en promettant de l’aide, le tout dans le but d’arrêter les activités du Hezbollah et de détruire un maillon clé du «croissant chiite» qui permet à l’Iran d’accéder à la mer Méditerranée à travers la Syrie et l’Irak.”

Danielle Bleitrach

(1)Au point où il en était, il aurait pu aller voir son ami Carlos Ghosn qui lui doit tant. La propriété dans laquelle Carlos Ghosn s’est réfugié après avoir fui du Japon est au centre d’un litige entre Nissan-Renault et son ancien PDG. Le constructeur automobile estime être propriétaire de la maison et avant ordonné à Carlos Ghosn de quitter les lieux très rapidement. est entiérement détruite a déploré son épouse . La maison rose de style colonial dans laquelle le couple Ghosn a reçu la presse mondiale après la fuite de l’ancien capitaine d’industrie se trouve dans un quartier chic de Beyrouth, à environ 1,5 kilomètre du port

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