Ce que tu décris avec divers camarades, cette filiation qui conduit au parti ceux qui ne sont plus des ouvriers m’inpire une réflexion sur la manière dont à partir de la fin non du terme dictature du prolétariat mais de la remise en cause de la nécessité d’une avant-garde prolétarienne, avec ses hiérarchies, on a reconduit le parti communiste du choix révolutionnaire au clientélisme sous ses multiples formes.
Je pars pour cela de mes recherches sur le monde prolétarien qui ont démarré justement dans ce contexte du 22e congrès et les conclusions que j’en tire y compris aujourd’hui.
J’étais depuis 1956, une militante de base dans une cellule de quartier puis dans ma cellule de l’Université. Partout je fondais cellule et organisation syndicale, école d’architecture, institut d’aménagement régional, je subissais des répressions, mais à cette époque-là j’étais enfin installée dans ma profession d’enseignant chercheur et j’étais membre du Comité national du CNRS. Nous étions 25 à juger des carrières, des projets scientifiques et des crédits des laboratoires de sociologie.Alain Chenu et moi dirigions un laboratoire et d’importantes recherches, dans le livre que nous avons écrit alain chenu et moi en 1979, l’usine et la vie, nous avons étudié la classe ouvrière dans les Bouches du rhône en mettant en évidence les différents types d’ouvriers, leurs modes de vie en suivant le modèle gramscien de l’ouvrier fordien. Nous avons procédé à travers l’étude statique des feuilles de paye de plus de 5000 ouvriers et grace à l’exploitation de très longs interviews passés avec plus de 230 ouvriers, plus l’observation des procès de fabrication ouvrier et leur lieu de résidence, mode d’habitat et de transport.
Nous dirigions une équipe d’une dizaine d’enquêteurs et trois collaborateurs techniques, l’enquête était financée par l’OREAM, (le centre de recherche établi autour de la création du golfe de Fos) le ministère du travail. Ses prolongements ont donné lieu à un autre livre sur Lille et Marseille (classe ouvrière et social démocratie)
nous avons également tenté de mettre en évidence les conditions de l’adhésion au PCF et s’est imposé à nous à la fois un modèle méditerranéen clanique et dans ce cadre le poids de la famille et le code de l’honneur méditerranéen.
Si j’ai si longtemps supporté la fédération du PCF des Bouches du Rhône et jusqu’il y a peu les moeurs politiques de cette fédération c’est dû à mes travaux de recherche que je poursuivais en m’interrogeant sur les formes de la décomposition de ce que je n’avais cessé d’étudier, mais cela est devenu de plus en plus douloureux, tant j’ai vu les formes claniques se substituer à ce que je définissais comme le choix révolutionnaire et sa manière de rompre avec le clan tout en assurant d’autres permanences familiales qui survivent à la fin de l’appartenance ouvrière et que tu décris dans ton propre parcours .
Pour comprendre ce que le clan il suffit de revoir le Guepard et voir comment l’aristocratie et la bourgoisie qui vient dans son sillage engendrent des formes de clientèles avec des codes de l’honneur mafieux. Celui qui tient le plus à la dignité du clan c’est le garde chasse du prince joué par Serge Regginani, il se rebelle contre l’arrivée des bourgeois dont le pouvoir nait du meurtre de masse et de la corruption par le crime.
En matière d’étude des sociétés méditerranéennes et du code de l’honneur, il y avait les recherches de Bourdieu travaillant sur la kabylie en pleine guerre d’Algérie. Il définissait assez bien la nature de ce que je voyais comme une des bases de la dictature du prolétariat permettant d’échapper au clientélisme du clan, la perception du rapport des forces et la dignité prolétaire qui en naissait. On ne se bat pas avec n’importa qui, j’ai retouvé cela à Cuba.
“Si la logique de l’honneur suppose la reconnaissance d’une égalité idéale en honneur, la conscience populaire n’ignore pas pour autant les inégalités de fait. A celui qui s’écrie: ” moi aussi, j’ai une moustache”, le proverbe répond: “la moustache du lièvre n’est pas celle du lion”. disait Bourdieu.
voici ce que j’écrivais alors :
“Etre un révolutionnaire c’est rompre avec le clientèlisme du clan mais en conserver aussi en le magnifiant cette inégalité qui mesure les différences dans l’affontement. Le premier travail d’une organisation révolutionnaire parti ou syndicat c’est de trouver des cadres qui créent la reconnaissance des autres, qui en fait créent une hierarchie aux multiples ramifications qui tient l’organisation. Parce que la grande différence entre “l’esprit clanique” et l’adhésion à un syndicat ou un parti révolutionnaire c’est celle du choix de solutions individuelles ou collectives pour le travailleur et sa famille. Un tel choix, qui apparemment ne remet pas en cause les hiérarchies interpersonnelles à travers lesquelles s’exerce le code de l’honneur, définit en fait deux systèmes de valeurs qui s’opposent nécessairement; le clientélisme et l’éthique de classe ne sont pas conciliable; c’est non seulement l’individu mais également sa famille qui entrent dans un système ou dans un autre.Le travailleur qui affirme son choix révolutionnaire et stigmatise le clientélisme le fait souvent en des termes moraux qui désignent l’individu non seulement comme un allié du patronat (une bordille) mais comme un homme incapable de résister à sa femme.”p167
Je peux mon cher PAM poursuivre aujourd’hui cette analyse pour te montrer comment dans les Bouches du Rhône des choix du parti qui ne respectaient pas la constitution d’une avant-garde mais au contraire pour tenir des troupes de plus en plus mal formées, vieillissantes, installait de plus en plus au postes clés des gens faibles et manipulables pour mieux les “tenir”.jusqu’au moment où il n’y a plus rien à monnayer. Cela a créé de fait le retour partout du clientélisme et du clanisme, dans les bastions traditionnels du port, des chemin de fer comme dans les cités populaires. On ne comprend rien à la main mise de la droite sur cette ville pauvre si l’on en passe pas par ce clanisme, ce clientélisme qui repose sur une profonde aliénation politique du prolétariat. Le parti communiste n’a pas cherché à lutter contre, il s’est fondu dans cet aspect général pour conserver quelques bastions de plus en plus réduits.
ce n’est pas seulement “un parti d’élus”comme cela a été analysé, le paradoxe c’est que le parti d’élus tente de défendre des îlots prolétariens et devient le lieu de résistances de plus en plus affaiblies devant l’ampleur de l’assaut et la Macronie c’est cela aussi, l’attaque des ultimes résistances ou subsistaient grace aux luttes des îlots. Nous sommes à un nouveau défi où les choix s’éclairent
Le terme de prolétaire peut paraître dépassé pourtant il renvoie bien à la racine des comportements de classe (celui dont la seule richesse est ses enfants), parce que le dirigeant soit d’origine intellectuelle comme Marx, Lénine, Mao, Fidel ou prolétarienne comme Thorez, sa capacité est de comprendre que ce qui ce joue est la survie de l’individu et de sa famille au point que le sublime, l’anar du XIXe siècle refuse le mariage pour ne pas perdre sa liberté de dire “merde” au patron… ça et la qualification, l’art de faire monter les prix… Comment ne pas voir que cette aliénation est toujours là et plus que jamais? C’est me taire ou perdre mon boulot, l’avancement et le changement de dénomination.
Parce que tu as raison de noter que quand Robert Hue décide d’en finir avec les cellules d’entreprise celles-ci sont malades dans la réalité. Il y a contre-révolution dans le sillage de la chute de l’URSS., un nouveau rapport des forces à l’échelle mondiale inaugurée par le Chili. Oui mais voilà le rôle justement d’un parti révolutionnaire c’est de dire “on suit ou on combat?” C’est ce qu’on fait les Cubains parce que tu crois que l’île que fuyaient les balseros,ou des jeunes filles de quinze ans se prostituaient n’était pas malade, oui mais voilà il y a eu un Fidel Castro et ceux autour, un peuple pour affirmer le capitalisme c’est pire, il n’a pas d’avenir.. La social-démocratisation du parti communiste français a été de dire on s’adapte… à ce à quoi il était impossible de s’adapter et aujourd’hui plus encore que hier
Ceux qui ont résisté l’ont fit sur leurs bases et le dialogue international est devenu plus difficile, mais nous sommes dans le temps où justement il faut échanger les expériences, sans modèle mais en méditant sur ce qui a été réalisé.
Il y a eu certes modification de la classe ouvrière mais il y a eu partout surtout destruction du parti sur des bases de classe et les structures sociales anciennes sont venues se substituer à celles qui avaient tenté de naître, c’est vrai en URSS, mais ça l’est partout dans tout le bassin méditerranéen. Nos camarades grecs ont tenu bon en exaspérant la rupture entre dictature du proléttariat et clanisme.
Enfin, je crois que la permanence des structures sociales par le biais de la famille fait que les relations du pouvoir, ce que l’on attend dans le monde prolétarien d’un chef reste le même. Un exemple, je n’ai cessé de mettre en garde Fabien Roussel contre sapropension a être seul, c’est le contraire de ce que doit faire un dirigeant d’un parti communiste qui doit être entouré. Quand il n’est pas capable de “tenir” un exécutif, au point que n’importe qui peut faire n’importe quoi c’est tout ce que ce parti compte encore de révolutionnaires qui souffrent d’une telle déchéance de direction.
J’ai personnellement toujours refusé un rôle dirigeant, étant consciente que je n’étais en rien adaptée à ce rôle même si souvent les véritables révolutionnaires tentaient de me convaincre de l’assumer, mais j’en connais les contraintes et les nécessités. Quitter le comité central, le contrat moral qui était celui de ses membres, a été pour moi le plus grand soulagement. Dans une certaine mesure redevenir une “sympathisante” du PCF le 22 avril a renouvelé ce soulagement. j’étais dans les deux cas resté au code de l’honneur d’un parti en train de disparaître, c’est dire la permanence des structures dans les mentalités.
Ce n’est pas un hasard si Jean Claude Delaunay lie le CME au parlementarisme… Le paradoxe est que le PCF conserve un impact dans les couches populaires dans une espèce de clientélisme, le clientélisme municipal. Le rôle des élus.
Que tu le veuilles ou non dans le monde prolétarien, quel que soit l’état où l’absence d’organisation révolutionnaire le laisse un dirigeant n’est jamais seul, il est garant du traitement des siens, il ne s’agite pas,il agit. Il y a des contenus comme dirait Marx sur l’essentiel à la fois subtil et grossier (pour grossir le trait), l’invite à l’action et le contrôle des tâches. Autrement à moins d’être une tête folle, il ne se lance pas… Les risques sont trop grands… Les gilets jaunes prouvent à quel point la jacquerie peut être préférée à des chefs trop faibles ou étrangers à leur préoccupations.
Le paradoxe, mais en est-ce bien un, est que l’abolition de la dictature du prolétariat correspond aussi à celui qui encore aujourd’hui dans l’imaginaire populaire symbolise cette parole populaire : Georges Marchais. Comment il a fallu de l’extérieur et de l’intérieur l’abattre,le ridiculiser pour abolir toute idée d’une avant garde au profit d’un parti dirigé comme les autres par des “spécialistes” du politique, des gens formés par et pour les médias.
Pour faire simple le peuple français n’a pas retenu que Georges Marchais avait aboli la dictature du prolétariat mais qu’il a été le dernier dirigeant à parler au nom du prolétariat en créant un rapport des forces avec la bourgeoisie jusque dans le lieu de sa domination la télévision.
Voilà je pourrais longuement développer mon analyse mais il m’était difficile de rester au parti communiste quand non content d’abolir le terme dictature du prolétariat ce que je peux concevoir il recrée les clientélismes de la soumission au capital et décapite réellement la nécessaire avant-garde capable de resister et donc de tenir la force des chacun.
On retrouve dans un tout autre contexte de civilisation, la même idée dans le parti communiste chinois, pour être égalitaire, un parti doit instituer des hiérarchies liées aux capacités, c’est même une des bases de la transition socialiste..
Il faudrait encore analyser l’épanouissement individuel que le militant peut vivre dans un parti “d’avant-garde”, qu’il s’agisse de l’enthousiasme de Ho chi minh, de ceux d’Aragon à encore aujourd’hui une bonne partie des Cubains ou nos camarades grecs, et quand on le compare à la souffrance du délitement des partis bourgeois, on se dit qu’il y a encore beaucoup à connaître sur la relation entre l’individu et le collectif.
Je dois dire que quand je me suis retrouvée à Cuba, j’ai reconnu au contraire les conditions de cette résistance et une politique de cadres totalement différente. Donc ce n’est pas parce que j’ai une passion inassouvie pour les despotes que je propose une réflexion sans tabou sur la dictature de la bourgeoisie, ses différentes formes de l’hégémonie clientéliste à la répression sans complexe et ce qu’il faut pour resister à sa violence. Mais au contraire parce que je suis convaincue que la créativité des êtres humains – et il va falloir en avoir- a besoin d’organisations dans lesquelles sont mis en cause solitude,individualisme, ego insatiable. ce qui n’intervient jamais dans un “mouvement” qui rapidement cède la place à l’isolement et un petit groupe qui se substitue aux autres. Appelez cette nécessité comme vous l’entendrez elle est nécessaire.
Danielle Bleitrach
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lemoine001
Pour que les classes qui occupent le pôle prolétarien dans le rapport social de production puissent imposer leur domination et faire échec aux classes occupant le pôle bourgeois (ce qu’on appelle la dictature du prolétariat) il faut qu’elles s’allient les classes intermédiaires et particulièrement parmi celles-ci la classe montante (celle qui met en œuvre la révolution scientifique et technique qui bouleverse notre monde). Il faut que cela se fasse à l’intérieur même du parti qui doit avoir dans ses cadres des travailleurs issus de ce panel de classes. Le parti doit pouvoir tenir un discours audible des uns comme des autres. Il doit avoir dans son secrétariat général comme à tous les niveaux des ouvriers (comme Marchais) mais aussi des ingénieurs, des informaticiens et pourquoi pas un zeste de petits patrons.
Je ne sais pas si on peut appeler cela un dépassement du clanisme. En tout cas c’était clair dans les années 70 et 80 que rien n’allait dans ce sens dans les cellules d’entreprise. Je voyais dans la banque que les communistes actifs occupaient les postes les plus bas dans la hiérarchie et qu’ils s’adressaient principalement sinon exclusivement à leurs semblables. Ils considéraient implicitement que le socialisme ne se ferait pas pour ceux qui occupaient les postes les plus élevés. Il se ferait même contre eux. Cette fermeture, ce repli sur soi « clanique si on veut » condamnait le parti à une lente disparition. Cette disparition était engagée depuis des années et ne faisait que s’accélérer. La place des intellectuels, qui sont hors classe car hors du rapport social de production, ne faisait que masquer cette carence dans la représentativité. Il y avait au sommet de grands intellectuels et dans les cellules, les sections et au-delà beaucoup d’enseignants, de professions intellectuelles. Ceux-là étaient particulièrement sensibles aux thèmes relevant du sociétal et aux influences gauchistes (Trotskystes si on veut). Cela a fait le lit de l’Eurocommunisme selon moi.
Danielle Bleitrach
l’alliance sauf chez boukharine et trotski n’a jamais supposé de leur laisser la conduite du processus révolutionnaire… du moins pas chez Marx, Lénine et tous ceux qui ont fait la Révolution… Autre chose est de recréer l’unité de la classe ouvrière justement en dépassant l’obsession catégorielle d’une partie de l’aristocratie ouvrière..
En reprenant le livre II du capital où Marx analyse le phénomène des enclosures, il montre bien qu’à chaque phase d’accumulation du capital (et le “néo libéralisme, la contre-révolution est bien une nouvelle phase d’accumulation pour lutter contre sa propre crise) il y a à la fois lumpen prolétarisation et apparition d’une aritocratie ouvrière. D’uncôté les invalides du capital, de l’autre ceux qu’ils persuadent d’appartenir à la bourgoisie.
l’historique de ce concept d’aristocratie ouvrière estparticulièrement intéressant parce qu’il met enévidence deux phénomènes, l’un les différences dans la qualification et le choix patronal de les renforcer mais aussi la relation entre nations (anglais et iralndais) et même déjà l’impérialisme et la mondialisation.
lemoine001
Il est complétement vain d’espérer que les classes supérieures éduquées accepteront une dictature du prolétariat si cela doit être une prééminence des ouvriers (même appartenant à une « aristocratie ouvrière »). Cette classe supérieure éduquée n’existait pas quand Marx vivait, elle était inexistante aussi dans la Russie tsariste. Le problème ne se posait donc pas. Mais dans la France du 21ème siècle rien ne peut se faire sans elle et encore moins contre elle (voir les travaux d’E. Todd). Elle est légitime à dire ce que devra être la société de l’après capitalisme et à y travailler car c’est elle qui, en déployant les technologies nouvelles, bouleverse nos vies et nos rapports sociaux. Elle est ce que j’appelle la classe montante.
Il semble bien que le Parti Communiste Chinois a compris cela et lui ouvre largement ses portes. Si le PCF ne fait pas le même effort, il va continuer à s’étioler (d’autant que le pays se désindustrialise). Voir ce que disait Staline après Lénine : « Il faut fonder son action non pas sur les couches sociales qui ne se développent plus, même si elles représentent pour le moment la force dominante, mais sur les couches sociales qui se développent et qui ont de l’avenir, même si elles ne représentent pas pour le moment la force dominante. »
Il ne s’agit pas d’abandonner le monde ouvrier mais que lui apporter des alliés (des alliés qui soient des égaux et non des vassaux).
Danielle Bleitrach
ce qu’ilest advenu dupCF est le résultat de cette politique qui est celle de serge mallet du PSU, c’est-à-dire quelque chose qui n’a rien de nouveau…Comparer ce qui se passe en Chine avec cette ridicule proposition rocardinenne est inapproprié… quant à inventer que cela n’existait pas en Russie une imbécilité de plus, la Russie avait comme l’analyse Lénine des formes de développement capitalistes tout à fait impérialiste mais la bourgeoisie s’accommodait du féodalisme tsariste et le soutenait y compris dans son impérialisme, vous nne répondez en rien au concept d’aristocratie ouvrière qui suppose le pillage et les inégalités entre nations ce qui est aux antipodes du modèle chinoisqui au contraire a du bâtir sa dictature du prolétariat sur la lutte contre ce phénomène d’une nation exploitée par l’impérialisme, le rôle de l’armée, bref c’est de la bouillie de chat tant vous tenez à sauver votre vision ultra-datée,scxhumpéterienne et autres.. .. vous avez le droit de penser ce que vous voulez mais ne tentez pas de venir présenter comme une nouveauté les trouvailles de serge mallet et autres barbes du début du XXe siècle et surtout ne créez pas des analogies qui n’ont pas lieu d’être, d’autres qui ne manquent pas de talent comme gérard Dumenil et domonique Levy s’y sont essayé avec leur classe technocratique destinée à prendre le pouvoir et qui serait à l’oeuvre en chine,cela n’est jamais allé bien loin..
Pour la Chine, c’est organiser une rupture dans la dictature du prolétariat entre Mao et Deng qui comme l’a trés bien analysé Remy Herrera n’existe pas et correspond seulement aux espérances occidentales de voir la Chine en finir avec le communisme.
Outre le fait que le problème du pCF n’est pas sa rupture avec les couches moyennes mais bien avec les couches prolétariennes. Aux dernières élections européenne 1% des ouvriers ont voté pour Iann Brossat, ilavait fait le plein chez les couches moyennes, xmais à la dernière minute bon nombre d’entre eux se sont détournés vers le leurre vert…
On peut analyser d’ailleurs l’opération des 150 dont nous sommes partis dans notre débat comme un prolongement de ce qui s’est passé aux européennes et l’art et la manière de parler en priorité aux “alliés” sans s’assurer de base prolétarienne… alors vos propositions ne visent qu’a nous tourner vers les alliés en omettant le fait que ceux-ci sont volatiles quand la base de classe est fragile.Ce qui n’est justement pas le cas en Chine…
Enfiilme semble surtout que vous confondez la hierarchisation nécessaire d’une avant-garde dans le socialisme avec le fait d’imposer celle de la bourgeoisie… Toutes les “dictatures” y compris celles de la bourgeoisie produisent leur propres cadres, ainsi Napoléon (robespierre plus la grande armée disait de lui Metternich) que l’on peut considérer comme le prolongement de la terreur va utiliser à son profit les cadres nouveaux qu’a produit la révolution française et en particulier ceux de l’armée tous fils de quasi prolétaires ou petits bourgeois… La dictature de la terreur devient “despotisme” dirait Marx. dans la mesure où l’alliance avec les classes féodales est tentée… En Chine le problème de l’alliance se pose d’une manière nouvelle avec la paysannerie mais justement parce qu’il y a féodalisme et lutte nationale.. Le rôle de l’armée rouge comme lieu de la promotion des cadres ici comme à Cuba est essentiel plus peut-être que le parti lui-même..
lemoine001
Serge Mallet proposait un socialisme autogestionnaire. Il est mort en 1973 alors que l’informatique commençait à peine. Il ne s’agit pas de cela.
Moi, j’ai fini ma carrière en travaillant dans le contrôle de gestion. J’ai vu comment les grands groupes ont actuellement une gestion planifiée qui va bien au-delà du simple contrôle budgétaire des débuts. Dans l’informatique (là où je travaillais) le contrôle s’est étendu à la gestion des process de production (espaces disques, utilisation de CPU, flux d’information etc.). Il suffirait de créer (après étatisation ou mise en coopérative) un contrôle de gestion étatique des contrôles de gestion des divers secteurs et entreprises pour avoir une économie socialiste planifiée centralement extrêmement efficace. Nous aurions un socialisme de marché géré efficacement (bien au-delà de ce que pouvait les comptables du plan soviétique) et qui échapperait au dictat du taux de profit immédiat (le contrôle moderne fonctionne déjà d’ailleurs en calculant les retours sur investissement plutôt que le résultat financier immédiat).
Le monde évolue dans ce sens du fait même de la concentration des capitaux et du développement des technologies modernes. La gestion échappe de plus en plus aux financiers pour passer aux techniciens. Cela se fait sans nous les travailleurs. A nous de vouloir que cela se fasse par nous et pour nous.
Danielle Bleitrach
là je suis d’accord avec vous,il y a bien sur une évolution des forces productives et je pense qu’elles vont dans le sens de la socialisation en se heurtant de plus en plus aux rapports de production tels qu’ils sont; Je suis avec beaucoup d’intérêt la manière dont la Chine tente de faire face à la baisse des exportations apparemment au niveau des chiffres globaux c’est resté équilibré mais il y a de fortes tensions, une précarité accrue, la politique des grandes infrastructures qu leur avait permis d’atténuer le choc de 2008 sera-t-il suffisant dans la situation où une économie de service s’est développée? Là oui vous avez raison il faut apprendre à gouverner…
mais ces gens qui apprennent à gouverner sont souvent issus de l’armée, je pense à Ali baba, enfants issus de la révolution oumême comme XI prince rouge envoyé 10 ans à la campagne pendant la révolution culturelle. Ou même la passionnante interview du PDG d’huwaÏ que j’avais publiée et qui étaitparu dans le point. Si aujourd’hui je publie ce texte sur le caractère chinois du”gain” c’est qu’il me paraît bien refleter tout cet apprentissage et cette attitude dans laquelle les catégories deviennent différentes et où surgit une nouvelle gouvernance…
Daniel Arias
Bien loin d’avoir votre culture, quelque chose me dérange dans cette idée de classe montante décrites dans les messages précédents.
D’une part le rôle essentiel de telle ou telle classe.
a) Le secteur primaire est la base de tous les autres, la production alimentaire et l’extraction minière sont fondamentales et indispensables, pour notre intégrité physique comme individus et pour notre société et toute l’accumulation technologique.
b) Le secteur industriel est le seul en capacité de fournir notre sécurité moderne logement, matériel de santé, électronique, énergie,…
c) Le tertiaire est plus un fourre tout où nous trouvons aussi bien enseignants et personnel soignants, que publicitaires, tradeurs, divertisseurs et valets du capital.
Il est a noté qu’une bonne partie de la classe montante très éduquée n’est d’aucune utilité dans cette crise qui a le mérite de révéler ce qui est essentiel.
Les moult enarques et autres issus de science-po ont démontré leur inefficacité car le seul domaine où ils excellent est le brassage de vent, aucune organisation industrielle ou logistique.
De plus cette classe montante que j’ai fréquenté dans mon métier d’informaticien parmi mes collègues et mes client, n’a aucune aspiration révolutionnaire, pour beaucoup ils se prennent pour des élus et sont prêt à tout pour conserver leur poste. Ils sont bien dressés. Les nouvelles générations connaissent le chômage et la précarité comment réagiront-ils ?
Pour ma part j’identifie deux autres catégories qui me semblent plus objectivement proche de ce que pourrait être un vrai PC:
– les personnels de santé conscients de leur rôle dans la société et de leurs conditions de travail, libéraux ou de la fonction publique hospitalière. Après tout ils sont un peu les enfants d’Ambroise Croizat. Très éduqués et avec des métiers essentiels nécessitant courage et bienveillance.
– les personnels des armées: des cadres soucieux de l’indépendance de l’armée française mise à mal par la case de l’industrie d’armement française et la mise sous tutelle de l’OTAN. Et les sous officiers et soldats du rang qui dans une large part sous issus des quartiers populaires, enfants de prolos et d’immigrés, qui ne sont par reconnu pour leurs missions à l’extérieur et parfois envoyés au front avec un matériel défectueux ou obsolète par économies dans le budget (embuscade de la vallée d’Uzbin en Afghanistan ), et opérations qui vont contre les valeurs morales de nos soldats comme au Kosovo.
Les points communs entre ces deux catégories sociales leur image dans la société, le courage nécessaire, le travail collectif absolument nécessaire de ces métiers, le dévouement et le mépris des dirigeants une fois passée les médailles devant les caméras. Alors que ce qu’ils demandent c’est plus de responsabilité des décideurs.
A côté de ça le développeur de nouvelles technologies facilement interchangeable, quoi de plus facile que d’acheter des ordinateurs de bureau n’importe où dans le monde et de prendre les développeurs les moins chers.
J’ai vécu la délocalisation dans les années 2000 vers l’Inde, la Pologne, Vietnam, Maroc et aujourd’hui la précarisation des développeurs en entreprise individuelle.
Cette classe de cadres qui avant les années 90 avait encore une certaine forme d’autonomie l’a perdue avec le développement de l’informatique et des procédures de contrôle. Les externalisations d’abord dans des sociétés de services les ont rendus fragiles face à la menace de déplacements loin de leurs foyers et de la perte de contrats face à des concurrents. Les anciens sont souvent victimes de pressions pour qu’ils démissionnent. Leur culture de premiers de la classe et de petits bourgeois sans capital les as rendus incapables de se défendre comme les ouvriers savent encore le faire. L’UGICT est absente de la plupart des entreprises de la classe montante.
Je vois mal en quoi cette “classe” peut servir d’appuis.
Il ne faut pas la confondre avec les rares membres de la classe moyenne et certains aristocrates qui ont rejoins les communistes comme Marx, Engels, Lénine, Castro ou le général Brossilov ou encore Idalgo de Cisneros. Nos ingénieurs ne sont pas fait de la même trempe, les plus rebelles vont acheter des légumes bio dans une AMAP, font du vélo pour sauver les pingouins et mettent une petite pièce dans la boite des resto du cœur (qui ne promet pas le grand soir) avant de partir en vacances dans un pays où ils seront servis par du personnel payé 4 euros par jour.
lemoine001
Je répondrai dans les jours qui viennent sur mon blog. En attendant, je vous renvoie aux articles suivants :
1) https://lemoine001.com/2017/10/23/sur-le-transhumanisme-et-la-dictature-du-proletariat/
2)https://lemoine001.com/2015/05/07/proletariat-et-lumpenproletariat/
Ces articles renvoient à d’autres articles sur le notion de rapport social et à une série d’articles de novembre 2013 sur “comprendre la mondialisation”. Le blog contient une multitudes de renvois qui forment un tout que je vais essayer de résumer. Il me faut un peu de temps.
Xuan
Bonjour,
Permettez-moi d’apporter une « touche personnelle » à ce débat très intéressant. J’ai été ouvrier établi, puis technicien, après avoir passé un bts par correspondance assez tard.
Je suis ainsi resté à l’usine et sur des chantiers jusqu’à la retraite, et j’ai donc pu comparer l’idéologie des uns et des autres de près, tout en essayant d’améliorer ma propre mentalité. Comme disait Mao à propos des intellectuels : certains passent à cheval sans regarder les fleurs, d’autres descendent de cheval puis ils repartent, d’autres encore s’assoient au milieu des fleurs pour y rester. Les fleurs ce sont nos millions de paysans…
Dans la première usine où j’ai travaillé au début des années 70, au lendemain d’une grève, un italien ouvrier plieur me dit un jour « promet-moi de ne jamais devenir chef ! ».
Plusieurs décennies après je connaissais un jeune ouvrier d’une extrême gentillesse, qui avait rêvé d’être pilote de formule 1. Il remplaça son père contremaître. Peu de temps après les ouvriers de son équipe me confièrent qu’il était devenu un « salaud ». Je me souviens avoir charrié un jeune diplômé chargé d’établir la liste des licenciements « méfie-toi de ne pas t’y retrouver à la fin ». Et nous avons encore en tête la chemise déchirée du DRH d’Air France.
Les commerciaux des années 80 et suivantes partaient convaincus que tout repose sur leurs épaules, méprisant les ateliers “qui ne suivent pas”…
L’idéologie de la classe ouvrière et des techniciens est aussi différente sans être à ce point conflictuelle. Entre productifs et non productifs il existe également des écarts. Par exemple entre les ouvriers de maintenance et ceux de la production.
Globalement les ouvriers de production sont davantage soudés et déterminés, moins influençables ni enclins au compromis, moins réformistes. J’ai bien dit globalement et non mécaniquement bien sûr.
Il y a donc un élément essentiel qui est la position de classe dans les rapports sociaux de production.
On peut spéculer longtemps sur le sujet, en fait la solution est aussi simple que le nœud gordien, c’est l’action collective, la lutte de classe, qui permet de savoir qui est qui.
De ce point de vue c’est la position de classe dans la lutte qui devrait déterminer le rôle dirigeant.
Dans le même esprit, les revendications « universelles » sont celles qui partent des besoins des plus exploités. Il y a un défi au bon sens consistant à valoriser ceux qui gagnent le plus, lorsque ce sont ceux-là qui ne perdent jamais un centime dans les grèves voire s’y opposent.
Il existe une frange privilégiée dans l’administration et l’intelligentsia, pour qui le salaire «à vie » paraît un communisme « déjà là », une sorte de loisir rémunéré pendant la retraite, mais qui constituerait pour l’immense majorité un « salariat à vie » et le renoncement à un repos mérité. Ce n’est d’ailleurs pas du conditionnel puisque des retraités doivent contre leur gré continuer à travailler.
Au fil du temps les transformations dans la production rebattent les cartes, mais certains aspects sont inchangés.
La sous-traitance conduit les techniciens à des fonctions d’encadrement avec les entreprises extérieures, c’est-à-dire devenir des surveillants. Je m’y suis toujours refusé.
La simple sélection du devis «le moins cher » participe elle-même à la surexploitation des sous-traitants par le donneur d’ordre, qui revient au partage de cette plus-value entre le patron sous-traitant, le patron donneur d’ordre et le banquier.
Inversement le technicien « improductif » peut devenir créateur de plus-value chez un patron sous-traitant.
Egalement au seuil des années 2000 l’automatisation a conduit les entreprises à embaucher des ouvriers possédant un bagage technique dont les anciens étaient dépourvus, mais aussi associée au chômage, à transformer des intérimaires instruits en surveillants de machine.
L’an dernier Nat London ouvrier américain présentait à la librairie Tropiques le livre de Mary-Alice Waters « la situation des classes laborieuses aux Etats –Unis d’Amérique “.
Il racontait la grève des enseignants dans plusieurs états, qui avait mobilisé l’ensemble du personnel. Les cantines avaient continué à servir des repas aux enfants dont beaucoup n’ont que ce seul repas.
Nat London signalait que nombre d’enseignants doivent cumuler plusieurs emplois, comme caissier en supermarché, parce que leur salaire est trop bas.
Il remarquait aussi l’illusion des ouvriers croyant appartenir à la classe moyenne et non plus au prolétariat parce qu’ils avaient acquis un patrimoine immobilier. La crise des subprimes les a cruellement rappelés à la précarité de leur condition, d’où une recrudescence des grèves dès que la concurrence due au chômage a diminué.
Il existe donc une prolétarisation liée à la révolution industrielle capitaliste.
Je ne veux pas scinder le peuple, ce ne sont pas les contradictions principales, mais dans chaque contradiction il y a un aspect principal et un secondaire, un révolutionnaire et un contre-révolutionnaire. L’unité du peuple est nécessaire mais la direction incombe à l’avant-garde politique et idéologique, et non à l’arrière-garde.
Les compétences techniques, scientifiques et culturelles devraient « servir le peuple », pour reprendre une expression dont le fil va du petit livre rouge à l’appel de Xi le 27 janvier « Garder l’intérêt du peuple à l’esprit est la plus grande priorité dans l’actuelle bataille ardue de prévention et de contrôle de l’épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus »
Collet
j’ai élaboré un numéro MARXOPHILES de janvier 2018 intitulé “tous prolos”, en partant du principe que “sans travail, pas de capital”. Je cite SANOFI, et ses dégâts dans le secteur de la recherche, GEMALTO, avec la carte à puces, les suicides d’ingénieurs à Renault Guyancourt, dans le même temps de suicides d’ouvriers chez Peugeot à Mulhouse, une reprise de Mickaël Wamen pour Goodyear (bonne année en anglais, il fallait le faire) et un autre de Renault ” tu diras ça à mes enfants, Carlos”
je laisse mon adresse, si quelqu’un ou une le veut : cletol-nl@orange.fr .
Pour ce qui concerne les rapports entre “dirigeants” et dirigés, il faut tout revoir évidemment, les dirigeants, c’est à supprimer. Les permanents, un vrai danger. Un bon exemple : en Haute-savoie, le secrétaire de la fédé, Emile Valla, continuait à travailler aux PTT , et on faisait 13% localement, 25% encore nationalement. C’était dans les années 80 et avant.
Jean François DRON
jai fait l’école centrale dans la foulée du 22m congrèès et une des choses qui a amené des échanges violents a été le rapport de guy Pousy sur la morale.. Remplacer les concepts philosophiques par des valeurs morales nous semblait être une hérésie profonde au point que notre intervenant, Caron – excusez moi j’ai oublié son prénom- c’est permis de nous mettre les pendules à l’heure en disant que les valeurs morales étaient de véritables pièges à cons car elles sont faites pour figer la réalité.. en ce qui concerne la dictature du prolétariat, u autre débat s’est ouvert.de quoi parlait on , de la dictature du prolétariat tel que Marx la concevait ou alors de la dictature au nom du prolétariat telle quelle s’était développer sous Brejnie ? Je penche pour dire que la majorité des communistes a penché pour le rejet de l’oligarchhie, de l’intellignetsia qui régnait à l’époque. Il n’y a pas eu d’approfondissement théorique sur la question de la part de la direction du perti ce qui ouvert grandement la porte à l’abandon du centralisme démocratique puis à la transformation du comité central en comité national. c’est ce long dépouoillement des valeurs du parti révolutionnaire qui a conduit à la dérive sociale démocrate tout en douceur sans que les adhérents s’en rendent comptent. C’est ce qui m’a fait sortir du parti depuis 2010.