Nous avons une classe politique française qui paraît en état d’extase devant l’opération libyenne. Ce serait un triomphe et notre président est devenu un grand chef de guerre flanqué de son homme lige BHL. l’Histoire jugera sévérement cet acte méprisable et ses conséquences, il est encore trop tôt. Rien n’est achevé et surtout pas la paix et la démocratie que l’on nous vante.
Nous sommes au moment exact où Georges.W. Bush débarque en Irak sur un porte avion et déclare que la Guerre est gagnée…
Ils n’ont rien appris. Sarkozy ne se sent plus et rêve de Syrie et d’Iran, de frappe préventive! Sur des installations nucléaires? C’est du délire mais la France a choisi d’insulter le Président sur n’importe quoi et de lui donner quitus du pire. Le PS approuve. Ca aussi c’est dans l’ordre des choses: on sait à quel point ce parti n’a jamais raté une expédition coloniale… Quant aux communistes et à leur candidat Melenchon, ils préfèrent parler d’autre chose sans songer à porter la question de la légitimité et le coût devant le peuple, leur position est inaudible, on l’impression qu’ils ne savent même pas pourquoi ils sont contre… Surtout si l’on considère que pour Melenchon ce fut une conversion tardive à la non intervention… Comme Blum en Espagne pas plus clair que ça… Une sorte de coquetterie inexplicable… Quant à jacques Fath, le responsable aux affaires étrangères de la polex, en son temps il réclamait un largage d’armes sur Bengahzi et l’Humanité envoyait des jeunes J.C nous vanter la rébellion… C’est dire si tout cela est clair dans l’esprit du Français qui a du mal à boucler ses fins de mois… Et qui ignorera toujours le coût de l’opération…
Est-ce que dans un tel contexte, celui où un peuple qui en opprime un autre, qui se félicite de la colonisation, peut être libre? La trahison ne s’arrêtera pas à ce lâche assentiment aux menées de l’OTAN et les mêmes forces trouveront bien le moyen de freiner les luttes, de tout reporter sur la ridicule présidentielle, ce combat de canards boiteux qui parle de n’importe quoi pour éviter l’essentiel, se distribue déjà les maroquins. parce le problème est bien là: ils ont tous perdu la mémoire… La France est gâteuse et son actualité s’excite entre un individu capable d’un rapport consenti de sept minutes et une victoire tout aussi glorieuse… Tous en état d’éjaculation précoce… et se prenant pour Don Juan…
Pourtant les raisons de dénoncer l’opération ne manquent pas. La Résolution de l’ONU a été violée tant de fois et sous tant de formes que plus personne ne se souvient du contenu tandis que l’OTAN bombarde et bombarde encore les villes pour ouvrir la voie à dieu sait qui…Qui se souvient qu’il s’agissait de protéger le peuple libyen de l’aviation de Khaddafi ? Des dizaines de milliers de morts et un nombre incalculable de blessés bien sur tout cela est attribué aux forces de khaddafi mais en ce moment même le pilonnage de l’oTAN poursuit son oeuvre destructrice sur Syrte. Notre armée en état d’éjacultation précoce s’excite sur un regroupement de bédouin.
Quant aux conséquences, un jour du temps où Jacques Chirac s’opposait à l’intervention en Irak, il a dit que l’on ne mesurait pas les conséquences d’une intervention… Il avait raison, nous savons pour l’Irak, nous ignorons tout sur la Libye.
Martine Aubry et les autres s’inclinent devant le vainqueur, se félicitent, c’est une courte-vue… Ils n’ont rien appris et on va leur confier les clés de la maison France ? Non seulement ce qu’ils ont à proposer au plan intérieur est dérisoire mais ils sont prêts à nous faire participer à toutes les aventures de l’OTAN. Y compris nucléaire. Et comme notre président a le temps avant les élections de se déchaîner en Syrie et en Iran on ne voit pas qui s’opposerait à ce bellicisme…
Jean Daniel, qui n’est pas un dangereux révolutionnaire mais a un peu de bouteille dans son éditorial du nouvel Observateur émet quelques objections; cette révolution ne ressemble pas à celle de Tunisie et son contenu démocratique reste à démontrer. Pire encore il souligne le fait que l’apparent consensus en particulier en Afrique, dans les pays anciennement colonisés n’est pas celui que l’on croît et pas seulement parce que l’Afrique doit beaucoup à Khaddafi mais parce que l’opération française après celle en Côte d’ivoire a renforcé les méfiances contre la France. La Libye a 90% de sa population sur les côtes, mais il suffit de regarder une carte pour percevoir que le Sud appartient à une zone désertique partagée avec d’autres pays qui peuvent être autant de sanctuaires pour les rébellions.
La France ressort plus isolée qu’il n’y paraît
“Où sont pour le moment les différences entre Tunis et Tripoli ? La première qui a sauté aux yeux de mes amis les plus attentifs, c’est qu’en Tunisie les femmes s’affichent, tandis qu’en Libye elles se cachent. Rien ne se fait sans elles dans le premier pays et rien ne se fait avec elles dans le second. L’idéal démocratique est sans doute affirmé dans les résolutions initiales des deux révolutions, mais de manière restrictive pour les femmes en Libye.
La seconde différence, c’est que si les islamistes (Frères musulmans ou Salafistes) sont fortement présents dans les deux pays, ils ne suscitent pas à Tripoli la réprobation qu’une bonne partie des Tunisiens leur réservent. La situation, en tout cas, est bien plus dangereuse en Libye qu’en Tunisie ou en Egypte. Chacun, en effet, y possède des armes et certains sont bien décidés à s’en servir pour régler des conflits ethniques, régionaux ou tribaux. Il faut cependant corriger cette affirmation en raison du constat fait par les délégations étrangères de la détermination et de la compétence des responsables du Conseil National de Transition(CNT).
Revenons maintenant aux débats qui ont précédé l’intervention française. La question a été de savoir si elle a été désintéressée ou si, sous le prétexte de sauver les insurgés de Benghazi, on n’a pas voulu séduire de futurs électeurs et servir des intérêts plus égoïstes, notamment pétroliers. Intervenir où que ce soit, n’est-ce pas faire preuve de cette arrogance occidentale qui a toujours cherché à imposer la démocratie par la guerre dans les pays colonisés ou, récemment, en Afghanistan et en Irak ? Les Algériens le pensent et ils ne sont pas les seuls.”
En effet tout cela risque d’être une victoire à la Pyrrhus. Il y a trois acteurs qu’il faut observer de très près outre les réactions africaines, d’abord la Turquie qui est en train de conquérir un rôle hégémonique en Méditerranée et qui n’a aucune sympathie pour les menées de Sarkozy. Actuellement elle joue aux échecs, si les anciennes puissances coloniales prétendent avancer leurs pions, la Turquie bouge son fou du côté de Gaza. L’Algérie depuis le début de l’affaire se fait peu d’illusion sur la vertu de la France et sur son amour de la démocratie, et comme le peuple algérien est un des plus politisé, il se méfie de cette expansion impérialiste autant que d’un renforcement des islamistes. Enfin la Chine qui joue un rôle important en Afrique est plus que sur la réserve. Ce rôle a débuté en 1950 dans l’esprit de la Conférence de Bandung et très rapidement dans une rivalité catastrophique avec l’Union Soviétique. Mais la Chine qui paraît en avoir terminé avec les idéologies en fait insiste beaucoup sur son aspect pays sous développé et prétend se ranger dans la coopération sud-sud et l’aide mutuelle de pays en voie de développement sans préalable politique. A ce titre, elle ne peut que partager l’inquiétude générale du Sud sur cette vague colonialiste d’un Occident en crise.Une coopération avait été établie entre la Chine et la Libye de Khaddafi, une collaboration autour de grands programmes d’équipements comme partout en Afrique. Il intéressant à ce propos de lire le diagnostic de la Chine sur la situation libyenne et leurs interrogations sur “faut-il ou non revenir ? “
C’est ce que l’on peut lire actuellement de plus pertinent sur le sujet dans le domaine de l’analyse d’une situation et de ses difficultés. Vous remarquerez que l’article ci-dessous du Quotidien du Peuple, l’organe du Parti Communiste Chinois, accumule les problèmes que va rencontrer la nouvelle administration libyenne, la description aboutissant toujours à l’idée que l’intervention loin d’avoir résolu les problèmes n’a fait que les compliquer. L’auteur de l’article qui est une responsable du ministère du commerce est qui est déjà intervenu il y a peu pour freiner l’ardeur des entreprises qui voudraient revenir en libye, présente la position chinoise. Elle reste fidèle à sa ligne politique de non ingérence et pratique une sorte de méthode Coué: il est évident que le nouveau gouvernement a tout intérêt à se bien conduire avec la Chine… Pendant ce temps la découverte du fait que des entreprises d’Etat chinoises auraient continué à livrer des armes à Khaddafi (révélations du Nex York Times) tend à constituer une fois de plus un dossier contre ce pays.
Les problèmes auxquels fait face la Libye selon le quotidien du peuple.
Même si on ne sait pas exactement où se trouve Mouammar Kadhafi, il lui sera de toute façon quasiment impossible de reprendre le pouvoir en Libye. Abdel Jalil, Président du Conseil National de Transition de l’opposition, a déclaré que des élections seront tenues dans les huit mois qui viennent et qu’un gouvernement sera formellement établi. Mais même si le risque de voir des force extrémistes émerger est exclu, le peuple Libyen fait toujours face à un certain nombre de défis.
Le détonateur qui a conduit aux troubles sociaux en Libye et dans d’autres pays arabes est le fort taux de chômage dans la jeunesse. La forte proportion de la jeunesse dans la population du pays n’est pas devenue un « dividende démographique » pour la vitalité économique et sociale. Au lieu de cela, elle est devenue une source d’instabilité. Le fort taux de chômage, dans une grande mesure, peut être attribué à la croissance désordonnée de la population, à la structure économique déraisonnable de la Libye et à la prédominance du pétrole, du gaz et des autres industries de ressources, qui n’étaient pas propices à la création de suffisamment d’emplois pour une force de travail nouvelle et importante.
La sur-dépendance envers la croissance des revenus du pétrole n’est en général pas favorable au développement des industries non pétrolières (en particulier l’industrie manufacturière) dans les pays exportateurs de pétrole, et le schéma normal de croissance sera difficile à changer, même après que le Gouvernement Kadhafi ait été chassé du pouvoir. Pour transformer le modèle de croissance et sortir du piège de la « malédiction des ressources », le Gouvernement Libyen va devoir posséder une forte capacité à agir. Mais l’opposition pourra t-elle ou non établir un nouveau gouvernement ayant de l’autorité et de fortes capacités à agir, seul l’avenir nous le dira.
La Libye souffre de défauts intrinsèques s’agissant de l’établissement d’un gouvernement unifié et faisant autorité, et la guerre civile n’a fait qu’aggraver les choses. Historiquement parlant, la cohésion dans un pays qui compte plus de 140 tribus était faible. Au sein même de l’opposition, il y a un certain nombre de factions qui ne possèdent pas un noyau politique faisant autorité. Sachant que l’opposition compte de nombreuses factions armées et que l’idée même d’unité est faible, on ne sait pas vraiment si la Libye pourra maintenir l’unité de la Nation.
Pire encore, le changement de régime en Libye pourrait aggraver les troubles politiques dans d’autres pays arabes. Nous avons vu ces effets en Algérie et en Syrie. Un environnement interieur et extérieur stable est essentiel pour un pays qui se trouve dans un processus de reconstruction.
Pour rétablir la stabilité politique dès que possible, la nouvelle direction Libyenne doit éviter une épuration politique extrême, et évaluer de manière objective les mérites et les erreurs du régime Kadhafi. Car après tout, c’est Kadhafi qui a fait de la Libye un pays moderne. C’est Kadhafi qui a nationalisé les ressources qui étaient auparavant contrôlées par les compagnies pétrolières occidentales. D’autres pays arabes, ainsi que l’Iran et les pays exportateurs de pétrole d’Amérique du Sud ont suivu l’exemple de la Libye, qui a fait que les compagnies pétrolières occidentales ont dû donner plus de 50% -contre 5% auparavant- des revenus, enrichissant les pays arabes, et autres, producteurs de pétrole.
Sous Kadhafi, la Libye a fait de remarquables progrès sociaux et économiques. En 2008, le PIB par tête de la Libye était de 14 802 Dollars US, le plus élevé d’Afrique. Le Gouvernement Kadhafi a amené l’électricité dans tous les coins et recoins de la Libye et atteint un taux de 55,7% d’inscription dans les études supérieures. La nouvelle disposition du pays doit maintenir, à défaut de l’améliorer, le niveau de progrès social et économique atteint sous Kadhafi.
Un rejet complet du Gouvernement Kadhafi et de ses réalisations économiques et sociales, et le lancement d’une forte épuration politique risquent d’ébranler les fondations politiques de la Libye. Et c’est exactement ce que l’on craint à l’heure actuelle, l’opposition semblant manquer d’une direction politique faisant autorité.
Les principaux chefs rebelles comme Abdel Jalil et le chef de l’exécutif du CNT Mahmoud Jibril sont d’anciens fonctionnaires du Gouvernement de Kadhafi. Si la nouvelle direction lance une épuration politique aggressive, cela pourrait porter préjudice aux deux nouveaux dirigeants. Quant à Ali Tarhouni, autre leader potentiel, responsable du pétrole et des affaires financières, et qui bénéficie du soutien américain, il pourrait ne pas avoir de bases solides en Libye du fait de ses 38 années d’exil aux Etats-Unis.
La Chine a toujours suivi un principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays, et elle n’a aucun intérêt politique à soutenir l’une ou l’autre faction contre l’autre. A part inciter les nouveaux dirigeants Libyens à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine, les prncipaux intérêts de Beijing sont dans le domaine des affaires.
La Chine possède de nombreux projets de construction et d’ingénierie en Libye, qui sont des investissements directs pour un usage civil. Elle exporte davantage de produits vers la Libye qu’elle n’en n’importe de ce pays d’Afrique du Nord. Afin d’obtenir des intérêts d’affaires maximaux en Libye, la Chine tient à ce que la Libye soit unie et sûre sur le plan territorial.
Ahmed Jehani, le responsable du Conseil National de Transition en charge de la reconstruction, a dit que tous les contrats légaux, y compris ceux signés dans le domaine du gaz et du pétrole et dans d’autres secteurs, seront honorés. Le CNT a gardé les projets que les entreprises chinoises ont signé, et il a déjà exporté la première livraison de pétrole à la Chine, car il sait que la Chine est désireuse de participer à la reconstruction post-conflit de la Libye.
Le nouveau Gouvernement Libyen doit améliorer les moyens d’existence de la population et maintenir le pays uni, et il n’a aucune raison d’exclure les entreprises chinoises, qui sont connues pour pouvoir fournir des produits excellents mais bon marché, et qui sont bonnes dans les projets de construction.
Si le nouveau Gouvernement Libyen veut s’attacher les services des entreprises chinoises dans la Libye post-Kadhafi en plus d’honorer les anciens contrats, il devra alors dédommager les résidents et entreprises chinois qui ont subi des pertes pendant la guerre civile, et les traiter de la même manière que les entreprises américaines et européennes qui négocient des nouveaux contrats. La Chine est confiante dans le fait que le nouveau Gouvernement Libyen saura prendre les décisions justes.
L’auteur, Mei Xinyu, est chercheur à l’Académie Chinoise de Commerce et de Coppération Economique Internationaux, affiliée au Ministère du Commerce.
Vues : 3