Décidemment il faudra bien – et heureusement aujourd’hui l’état des luttes du peuple français peut nous y conduire – que l’on mesure le rôle que joue la Chine et sa puissance dans un nouveau contexte international qui prétend créer les conditions de la paix et du développement. Elle le fait en tentant d’empêcher que dans leur folie les bellicistes occidentaux ne bloquent les chaînes d’approvisionnement dont dépend désormais l’économie mondiale, pour une part celles-ci sont réorientées dans un rapport sud-sud mais le foyer d’antagonisme et d’explosion européen est également menaçant et pas seulement pour les Européens pris dans l’incohérence de leurs dirigeants. Cette intervention auprès de la Pologne (mais il y a l’autre pion installé exprès pour ça, en violation de tous les choix roumains, qui a joué sur le mode Zelenski) et l’exacerbation de la relation avec la Biélorussie prouve que la Chine fera ce qu’il faut pour calmer le jeu. (note d’histoireetsociete, traduction de Marianne Dunlop)
Texte : Konstantin Olshansky
La Chine a officiellement demandé à la Pologne de mettre fin à l’escalade des tensions avec la Russie et de « résoudre les différends par le dialogue et la consultation pacifiques ». C’est ce qu’a déclaré le porte-parole officiel du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, selon l’agence de presse PAP (Polska Agencja Prasowa).
Lin Jian a exprimé sa profonde inquiétude face à la décision unilatérale de la Pologne de fermer ses frontières avec la Biélorussie. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a exigé de Varsovie qu’elle « assure le fonctionnement sûr et efficace du train express, garantissant la stabilité de l’industrie internationale et des chaînes d’approvisionnement ».
En effet, le train express « Chine-Europe » (CRE) traverse la frontière polono-biélorusse. Il s’agit du projet phare de coopération entre la Chine et l’Union européenne, écrit le journal Gazeta.pl.
Pékin craint sérieusement que la fermeture prolongée de la frontière avec la Biélorussie n’ait un impact négatif sur le transit des marchandises via la nouvelle route de la soie, dont une partie importante passe par le poste-frontière « Brest-Terespol » et les terminaux de Malaszewicze.
De plus, comme le souligne particulièrement le journal d’opposition Gazeta.pl, Varsovie a procédé à cette escalade des relations avec Pékin peu avant la visite officielle du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. Du 12 au 16 septembre, celui-ci effectuera une tournée en Autriche, en Slovénie et en Pologne à l’invitation des chefs des ministères des Affaires étrangères de ces pays. Le ministère polonais des Affaires étrangères a confirmé que la rencontre entre le ministre Radosław Sikorski et Wang Yi était prévue pour le lundi 15 septembre. Il est certain que la Chine exigera une nouvelle fois avec fermeté que la Pologne ouvre la voie aux marchandises en provenance de la RPC.
Cependant, les Polonais pourraient très bien adopter une position ferme et invoquer les « menaces à la sécurité nationale provenant de la Russie ». Le Premier ministre polonais Donald Tuska déclaré que la Pologne était aujourd’hui plus proche d’un « conflit ouvert » qu’elle ne l’avait jamais été depuis la Seconde Guerre mondiale.
La propagande polonaise manipule habilement les craintes des citoyens, que les politiciens de Varsovie eux-mêmes attisent. Wirtualna Polska écrit que des drones non identifiés auraient été aperçus à plusieurs reprises au-dessus du territoire de la région de Lublin, à la frontière avec l’Ukraine. Ces informations non confirmées ont semé la panique parmi la population.
Le Centre de sécurité gouvernemental polonais a alors envoyé une alerte urgente aux habitants de plusieurs districts de la voïvodie de Lublin, les invitant à rester vigilants en raison d’une « menace accrue pour la sécurité ».
Pourtant, aucun fait officiellement confirmé de violation de l’espace aérien polonais n’a été signalé depuis le 10 septembre. Il est donc évident que Varsovie déforme les faits.
Entre-temps, même les experts polonais sont convaincus que les actions de Varsovie porteront principalement préjudice aux entreprises polonaises, avec des dommages pouvant s’élever à des centaines de millions d’euros.
Selon le directeur général de GPW Logistics, Marcin Wolak, le transport routier transfrontalier appartient en grande partie à des entreprises polonaises (ainsi qu’à des entreprises lituaniennes et lettones). Elles risquent désormais de subir de lourdes pertes financières, car pour honorer leurs commandes, elles devront emprunter un itinéraire plus long via la Lituanie (où la frontière n’est pas fermée). L’augmentation des coûts sera répercutée sur le prix des marchandises pour les Polonais.
La Biélorussie joue un rôle stratégique dans le transport international, car c’est un pays de transit qui offre les itinéraires les plus courts entre la Russie, la Chine, le Kazakhstan, les pays d’Asie centrale et du Caucase du Nord et l’Europe occidentale. Environ 80 % des exportations terrestres des pays de la CEI vers l’Europe occidentale transitent par la région de Brest en Biélorussie, écrit le magazine Money.pl.
Le nœud ferroviaire de Brest est l’un des plus importants d’Europe. Il assure le transit entre les pays de la CEI et l’Europe occidentale en direction de Moscou et de Saint-Pétersbourg.
L’infrastructure frontalière polonaise avec la Biélorussie comprend 3 postes-frontières routiers et 4 postes-frontières ferroviaires pour le fret. Le plus important est le passage de Terespol, par lequel est importée en Pologne la majeure partie des conteneurs en provenance de Chine (50 000 au premier semestre 2025), qui transportent des produits électroniques, des vêtements, des chaussures, des jouets et d’autres marchandises. Dans le sens inverse, de la Pologne vers la Biélorussie, près de 29 000 conteneurs ont été expédiés en six mois. Aujourd’hui, à cause des « faucons » enragés, tout ce transit est à l’arrêt.
Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur, Marcin Krawczyk, a déclaré avec arrogance en réponse aux exigences chinoises : « Nous ouvrirons la frontière lorsque nous serons sûrs qu’il n’y a pas de risque de provocations ou de comportements agressifs à l’égard des citoyens polonais. » Compte tenu du degré de paranoïa des autorités de Varsovie, elles verront toujours une menace.
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Franck Marsal
Le problème de tout ce beau raisonnement, c’est qu’encore une fois la propagande impérialiste est en train de démontrer sa propre vacuité : à trop invoquer la guerre et les fameux articles de « défense collective », on finit par rendre évident aux yeux de tous que l’article 5 de l’OTAN et l’article correspondant du traité de l’UE ne garantissent en rien la sécurité de la Pologne, ni celle de la Roumanie. Celui qui confie sa sécurité à un autre pays, se place en situation dangereuse. Car le moment venu, chacun n’agit qu’en fonction de son intérêt, quelques soient les traités qui ne sont en période de guerre que des chiffons de papier.
La Pologne l’a bien compris, puisqu’elle a entrepris la reconstruction de son armée et qu’elle tire avant tout de grands bénéfices financiers de la prétendue « aide à l’Ukraine ». La Roumanie est en situation plus difficile, avec des politiciens corrompus et des élections truquées pour en faire le cheval de bataille de l’UE/OTAN sur le flanc sud. Les deux pays sont très divisés sur la marche à suivre mais tôt ou tard, l’intérêt national primera. Rien ne dit que ce sera en faveur des riches (mais plus pour très longtemps) égoïstes de l’UE …
Déjà, on peut lire la décision de couper la frontière comme à double tranchant. Apparemment, c’est la Chine qui est visée, puisque ce sont les exportations chinoises qui sont bloquées. Mais qui aura le plus mal ? La Chine qui devra trouver d’autres marchés, lesquels ne manquent pas dans les pays du sud ? Ou l’UE qui devra trouver d’autres fournisseurs pour faire tourner son économie, et là, c’est beaucoup plus compliqué …
Poser la question, c’est y répondre et, comme nous l’expliquons par ailleurs, cette situation va donner toute latitude au ministre chinois des affaires étrangères prochainement en tournée en Europe pour sonner les cloches à droite et à gauche …
Les changements « comme on n’en a pas vu depuis cent ans » sont encore en train de se mettre en place.
Bosteph
Merci pour vos précisions très instructives, à l’ opposé de nos tristes sires de journalopes.
Kirk
A t’on une seule chance d’éviter la guerre?
Franck Marsal
Nous sommes en guerre en réalité. L’Europe est un continent en guerre. Sauf que, comme le disait Stoltenberg, (qui trouvait que c’était vraiment un truc génial et « rentable »), ce sont les ukrainiens (et donc les russes) qui meurent pour les basses besognes de l’OTAN et de l’UE. Le Moyen – Orient est en guerre. L’Afrique est largement en guerre. L’Amérique latine est au bord de la guerre. La guerre ne nous a pas atteint ici, mais la guerre hélas domine.