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Dmitri Novikov sur Radio Aurora à propos du programme de la Victoire, des décisions du plénum du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie et d’un ordre mondial équitable… Quand l’Histoire en est à ce tournant, on ne peut que déplorer la censure totale, stupide, criminelle qui frappe ceux qui combattent déjà pour un monde déjà là, pourtant c’est le sort de la France qui se joue. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
La fin de l’année est traditionnellement le moment de faire le bilan et d’élaborer des projets pour l’avenir. Ce sujet a été abordé dans les studios de Radio Aurora avec la participation de Dmitri Novikov, vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie et premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État.
« La chute des anciens régimes : comment l’ordre mondial évolue-t-il et où cela peut-il mener la Russie ? » Tel était le thème principal choisi par les animateurs, le rédacteur en chef de Radio Aurora, Mikhaïl Potemkine, et le commentateur politique Fiodor Biryukov. Ils ont tout d’abord demandé à leur invité de caractériser la situation mondiale actuelle.
Dmitri Novikov a commencé sa réponse par une remarque ironique : « Nous vivons une époque intéressante, camarades ! » Expliquant ses propos, il a souligné que le monde continuait de se trouver dans le même état qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. C’est à cette époque qu’est apparu le système impérialiste, si bien décrit par V.I. Lénine. La caractéristique distinctive de l’époque moderne est l’inévitabilité des contradictions interimpérialistes.
Sous nos yeux, a poursuivi Dmitri Georgievitch, ces contradictions s’exacerbent : « À certaines périodes, elles s’étaient atténuées. Sorti vainqueur de la guerre froide, l’Occident avait le sentiment d’avoir remporté la victoire. Il a pu s’accaparer d’énormes ressources, a obtenu un marché de vente à grande échelle pour ses compagnies, de nouvelles sources de matières premières. Cela a atténué la crise mondiale du capitalisme. La consolidation de l’Occident a été obtenue grâce à la lutte commune contre l’URSS, puis à la participation commune au partage de ses richesses. Mais les communistes ont averti qu’après avoir digéré ces opportunités, l’impérialisme se heurterait à nouveau aux limites de sa croissance et manifesterait les pires traits d’un système en déclin. En effet, la crise économique s’est manifestée dès les années 2000. Elle a été suivie par une série de règlements de comptes politiques en Occident.
Comme l’a souligné Novikov, l’entretien en studio coïncidait avec le moment où Trump a fermement déclaré ses divergences avec l’Europe. Et il ne s’agit pas de désaccords personnels avec les dirigeants européens. Trump n’agit pas seul. Il est à la tête de la plus grande puissance impérialiste. Il n’aurait pas pu en devenir le chef sans être lié à des forces influentes qui estiment que l’ère du projet libéral-mondialiste est révolue. Nous entrons dans une période où d’autres méthodes sont nécessaires pour préserver l’influence de certains groupes de capitaux.
Dans ces conditions, Trump estime qu’il est trop coûteux de prendre des engagements envers les membres européens de l’OTAN. Cela mobilise du temps et des ressources. De plus, ses partenaires tentent de s’opposer à sa ligne, et la partie des élites européennes que nous qualifions de mondialistes établit également des liens avec les opposants de Trump aux États-Unis. Derrière les différentes forces politiques se cachent des intérêts financiers divergents et des visions différentes sur la manière de surmonter la crise du capitalisme. Ainsi, a conclu Dmitri Novikov, les contradictions interimpérialistes sont évidentes.
À cela s’ajoute, a précisé le représentant du KPRF, le facteur important de la Chine socialiste. Il est aujourd’hui évident que les espoirs de victoire du système libéral à l’échelle mondiale ont échoué. Même les idéologues de la « fin de l’histoire » ont été contraints de le reconnaître. La Chine montre l’exemple du développement le plus rapide. Dans un certain sens, elle remplace sur la scène mondiale la place qu’occupait l’URSS. Elle propose ainsi une alternative au capitalisme, un exemple de développement socialiste réussi.
C’est dans ces conditions que le monde accueillera la nouvelle année 2026. Après avoir souhaité de joyeuses fêtes à ses auditeurs, Dmitri Georgievitch a reconnu que personne ne savait si l’année à venir serait plus facile que la précédente. Cependant, les fêtes de fin d’année sont toujours associées à de bons espoirs. L’invité du studio a souhaité aux auditeurs de l’émission que ceux-ci se réalisent sans faute.
Mikhail Potemko a rappelé que le KPRF soutenait la politique de renforcement des liens entre la Russie et ses partenaires du BRICS et de l’OCS. À cet égard, il s’est intéressé aux perspectives qui s’ouvraient dans ce domaine.
Selon Dmitri Novikov, ce sujet comporte deux aspects. Il a soutenu l’utilisation du terme « majorité mondiale » : « C’est un terme approprié, contrairement à beaucoup d’autres. On dit souvent que la Russie doit adhérer au principe du rationalisme et du pragmatisme dans sa politique étrangère. Mais chacun a son propre pragmatisme. Pour les Européens, il est pragmatique de détruire la Russie en reproduisant le scénario déjà mis en œuvre à l’égard de l’URSS. Pour Trump, le pragmatisme consiste à renoncer à la « dépendance » européenne au sein de l’OTAN. L’utilisation de ces mots n’explique donc pas grand-chose ».
Lorsque nous parlons de la majorité mondiale, a poursuivi le représentant du Parti communiste, nous faisons souvent référence aux États issus des empires coloniaux : « Bien sûr, ils sont déterminés à former un monde multipolaire juste. Et ce n’est pas par hasard que j’ai mis le mot « juste » en premier. L’année 2025 est remarquable dans la mesure où la position du KPRF est devenue prépondérante. Il y a deux ou trois ans, tout le monde parlait simplement d’un monde multipolaire. Nous avons passé ces années à expliquer, sur différentes tribunes – nationales et internationales –, que le terme « monde multipolaire » était insuffisant. Le monde doit également être juste. »
La Chine, a ajouté Dmitri Novikov, met très justement l’accent sur cet aspect dans ses concepts de politique mondiale. L’orateur a rappelé que lorsque les puissances européennes se sont affrontées pendant la Première Guerre mondiale, le monde était en grande partie multipolaire. Même les alliés de l’Entente n’avaient pas toujours les mêmes intérêts, sans parler de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Mais… La multipolarité de l’époque n’a pas empêché la guerre mondiale. La question est donc de savoir comment rendre le monde plus juste, afin que chacun s’y sente en sécurité, ne porte atteinte aux intérêts de personne et ne puisse imposer ses conditions hégémoniques.
Les approches du KPRF ont prévalu, par exemple, lors du forum de Valdai. Selon Novikov, l’utilisation du terme « monde multipolaire juste » est devenue la norme : « Chaque pays de la planète doit être sûr de son avenir. Pour cela, il est important de trouver des moyens de résoudre les contradictions. C’est pourquoi la Chine, l’Inde et la Russie ne considèrent pas que l’époque de l’ONU soit révolue. Y a-t-il des problèmes ? Oui ! Mais ce n’est pas une raison pour « jeter l’ONU à la poubelle ». Aujourd’hui, cette organisation internationale est sans alternative pour établir un monde juste. Les dirigeants des pays de l’OCS et du BRICS soulignent qu’ils n’agissent pas pour faire obstacle à l’ONU, mais pour la renforcer. Les États-Unis, quant à eux, voudraient contrôler cette organisation ou saper son rôle ».
Dmitri Novikov n’est pas d’accord avec les déclarations virulentes qui fusent régulièrement en Russie, selon lesquelles, puisque l’ONU ne s’est pas rangée entièrement du côté de Moscou, il faut la rejeter. Mais comment l’ONU aurait-elle pu se ranger du côté de la Russie alors que les États-Unis et l’Ukraine y sont également représentés ? s’est interrogé le parlementaire communiste. Et pourtant, selon lui, il vaut mieux discuter dans le cadre de l’ONU que sur les champs de bataille des guerres « chaudes ».
Poursuivant sur le thème des associations d’intégration, le vice-président du CC du KPRF a rappelé que le BRICS vise avant tout à développer les relations économiques. Cette association accorde également une grande attention aux questions politiques. Quant à l’OCS, sa priorité est les questions de sécurité. Ensemble, elles visent toutes à garantir l’avènement d’un ordre mondial juste.
Cependant, d’autres problèmes se posent. Ceux-ci ont notamment été abordés en novembre lors du plénum du Comité central du Parti communiste russe. « Je recommande à tous ceux qui s’intéressent à la politique de lire attentivement le rapport de G.A. Ziouganov » a conseillé Novikov. Il y est notamment fait mention d’une idée importante, à savoir que le BRICS réunit des pays aux structures sociales différentes. Il y a la Chine socialiste. Il y a l’Inde capitaliste. Il y a la Russie, où les traditions socialistes sont fortes, mais où le pays est sur les rails du capitalisme. Au Brésil, ce sont aujourd’hui les forces de gauche qui sont au pouvoir, mais hier encore, c’étaient les forces de droite. Cela signifie qu’à l’avenir, nous pourrions être confrontés à un nouveau système de contradictions. Si les pays capitalistes en développement passent dans la catégorie des pays développés, cela ne les mettra pas à l’abri des contradictions interimpérialistes qui ont conduit aux deux guerres mondiales et qui conduisent aujourd’hui à des conflits, qu’il s’agisse de la situation à Gaza ou en Ukraine.
C’est Pékin qui a la vision la plus approfondie des questions de politique internationale. Selon Dmitri Novikov, cela est lié à la voie socialiste choisie par la RPC pour son développement. La Chine est sûre de ses forces et comprend qu’elle pourra résister à la concurrence sans recourir à des conflits armés. D’où toutes ses initiatives pacifiques. La Chine peut proposer un modèle de développement qui intéressera d’autres pays et d’autres peuples sans aucune contrainte.
Le premier quart de ce siècle est déjà derrière nous, les trois quarts restants sont encore devant. Au début du siècle, a rappelé le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, nous avons entendu dire que « l’expérience socialiste » avait échoué. Même aujourd’hui, dans les émissions télévisées des chaînes publiques russes, nous entendons des applaudissements pour la Chine, suivis d’attaques contre l’Union soviétique et de tentatives de prouver que son effondrement était inévitable. Et ce sont apparemment des personnes partageant les mêmes idées qui en discutent entre elles…
Dmitri Novikov est convaincu que la construction d’un « système d’arguments » aussi étrange est un comportement typique des propagandistes au service de la classe bourgeoise au pouvoir en Russie. Or, c’est pendant la période soviétique que notre pays a connu ses plus grands succès dans son histoire. C’est précisément cette voie qu’il faut suivre si nous voulons réussir. Le cours des événements le prouve très clairement.
Les animateurs ont demandé quelle expérience de l’URSS pouvait être mise à profit aujourd’hui. Comme l’a fait remarquer Dmitri Novikov, l’Union soviétique n’a pas existé quelques semaines ou quelques mois, comme la Commune de Paris, par exemple. Il a d’ailleurs raconté qu’en janvier 1918, les correspondants étrangers en Russie soviétique avaient remarqué que les dirigeants bolcheviques étaient animés d’un enthousiasme et d’un optimisme débordants. Cela s’expliquait par le fait qu’ils avaient réussi à tenir plus longtemps que la Commune de Paris. Même si les intervenants étrangers avaient ensuite réussi à étouffer le pouvoir soviétique, cette période aurait déjà apporté sa contribution à la lutte mondiale pour le socialisme. La base législative du nouvel État avait été jetée, de nombreuses questions pratiques avaient été résolues.
Comme l’a souligné l’orateur, l’histoire ultérieure de l’URSS a été marquée par de nouvelles périodes de développement socialiste : la NEP léniniste, le nombre considérable de coopératives sous Staline, la nationalisation presque totale sous Khrouchtchev. La situation internationale était également différente. Elle était extrêmement complexe au début, mais après 1945, nous avions déjà un groupe de pays socialistes.
« Ainsi, a souligné Dmitri Novikov, la période soviétique est importante. Elle donne aux communistes contemporains la possibilité de s’appuyer sur une expérience diversifiée et accumulée. Nous disposons désormais de cette richesse. Et nous pouvons l’utiliser à l’avenir pour développer la Russie socialiste, en laquelle nous croyons et pour laquelle nous luttons ».
À l’Académie chinoise des sciences sociales, dans les instituts marxistes de toute la RPC, l’expérience soviétique est étudiée très attentivement, a poursuivi le parlementaire communiste. Pendant les réformes de Deng Xiaoping, la pratique de l’époque de la NEP léniniste était particulièrement importante pour la Chine. Et Pékin l’a habilement adoptée. Aujourd’hui, le PCC soutient soigneusement la santé du système étatique du pays, en empêchant l’initiative privée de léser les intérêts de la société. Les personnes qui ont amassé de grandes fortunes ne sont pas autorisées à influencer le pouvoir. L’émergence d’oligarques en RPC est impossible.
« L’expérience de la Chine est très utile, tout comme celle de la Biélorussie, par exemple, où un système socio-économique très efficace a été créé avec des ressources très limitées. Si les dirigeants de la Russie future sont aussi talentueux que ceux de l’époque léniniste et stalinienne, ils pourront trouver des exemples pratiques significatifs dans le passé et s’appuyer avec confiance sur eux », estime Dmitri Novikov.
Mikhaïl Potemko a souligné qu’il ne fallait pas oublier les réalisations de l’ère Brejnev. « Nous ne les oublions pas », a répondu le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie. Il faut simplement comprendre ce que Brejnev prétendait être et ce qu’il ne prétendait pas être. Il ne prétendait pas être le théoricien du mouvement communiste. Dans ce domaine, il accordait sans aucun doute la primauté à V.I. Lénine. Brejnev s’est consacré au renforcement de son État socialiste et de toute la communauté des pays socialistes.
Le développement de l’URSS a connu des périodes plus ou moins fructueuses. Les dernières n’étaient pas dues à nos erreurs fondamentales, mais au fait que l’adversaire ne restait pas les bras croisés. Il a utilisé ses capacités mondiales pour faire s’effondrer le marché pétrolier, intimider ses alliés et accélérer la course aux armements. Selon Novikov, la rupture entre l’URSS et la RPC a été un cadeau inestimable pour nos adversaires : « La période Brejnev a également été marquée par un effort minutieux, attentif et progressif pour surmonter la confrontation avec la Chine, provoquée par les décisions volontaristes de Khrouchtchev. Le rapprochement entre la Russie contemporaine et la RPC est assuré non seulement par la communauté des tâches, mais aussi par le fait que, dès l’époque soviétique, un travail a été accompli pour aplanir les contradictions entre nos pays. Brejnev a bien compris son rôle historique à cet égard ».
Les animateurs de l’émission ont proposé de réfléchir à l’image de l’avenir. « Comment voyez-vous la Russie dans les cinq prochaines années ? » – telle était la question posée à l’invité. Dmitri Novikov a évoqué le programme de victoire du Parti communiste russe. Il a souligné que celui-ci accordait une attention particulière à la nationalisation : « Notre pays est vaste, avec des zones climatiques, des densités de population et des niveaux de développement différents. Nous ne pouvons pas libérer l’État de son obligation de gérer un pays aussi complexe. »
« Si nous affirmons que le marché régule tout, alors nous devons reconnaître que le départ de la population de l’Extrême-Orient est normal. C’est le marché qui en a décidé ainsi ! Mais même le tsarisme a investi dans le développement d’une région aussi éloignée. Des chemins de fer ont été construits. Une politique de peuplement a été menée. Contrairement aux railleries des démocrates, le BAM [Ligne Baïkal-Amour, NdT] a joué un rôle énorme dans le développement de l’Extrême-Orient. À l’époque soviétique, les primes « nordiques », la construction de centrales hydroélectriques et l’aménagement de territoires éloignés faisaient partie de la politique de l’État. Confier cela aux entreprises n’est pas seulement stupide, c’est une provocation et un crime. L’URSS n’aurait pas pu réaliser son projet nucléaire en s’appuyant sur les entreprises, elle n’aurait pas pu résoudre une multitude d’autres problèmes », a déclaré Dmitri Novikov.
Pour que le gouvernement puisse gérer efficacement les secteurs clés de l’économie, ceux-ci doivent être la propriété de l’État. La nationalisation est un élément de gestion efficace. Cela ne signifie pas qu’il faille tout nationaliser, jusqu’au dernier salon de coiffure. Mais tout ce qui concerne la construction aéronautique, l’extraction des minéraux, l’énergie nucléaire, le secteur bancaire, les bases du logement et des services communaux, doit relever de la responsabilité de l’État.
En outre, a poursuivi Dmitri Novikov, tous les bénéfices provenant de ces secteurs doivent revenir à l’État et être consacrés aux infrastructures, aux projets sociaux et aux investissements. Aujourd’hui, ce sont les grands capitaux qui en tirent profit. Seule une partie des fonds est versée au budget de l’État sous forme d’impôts. En revanche, les propriétaires et les dirigeants des entreprises s’enrichissent. Les oligarques s’enrichissent même dans le contexte de la guerre. Il est à la fois injuste et inefficace de céder des secteurs entiers aux grands capitaux.
« C’est précisément la grande propriété publique qui créera les conditions d’une planification stratégique à grande échelle. Et cela permettra de restaurer les positions perdues par la Russie dans les domaines de l’économie, de la science et de l’éducation. Le programme du KPRF est si clair et si bien élaboré que nous sommes confiants en nos capacités. C’est dans cet état d’esprit que nous nous présentons aux élections à la Douma. Si nos calculs étaient erronés, le parti au pouvoir, avec sa puissante propagande, se contenterait de nous ridiculiser. Mais cela ne fonctionne pas. C’est pourquoi ils utilisent un autre outil : le silence sur notre programme de victoire. Mais si vos adversaires craignent votre programme, c’est que vous avez raison », a conclu Dmitri Novikov.
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