Ce texte dit assez clairement une des possibilités de la situation actuelle et nous ne cessons d’y faire référence: Trump est un syndic de faillite qui se donne pour mission de préserver ce qui peut l’être de la puissance des Etats-Unis en arrachant la plus grande part du gâteau en terme de zones d’influence à piller. Il envisage un nouveau Yalta qui suspendrait les hostilités et reconnaitrait ce qui est perdu. Mais c’est sans compter sur ce qu’est le monde multipolaire et le rôle accordé aux peuples, à la pression exercée sur leurs dirigeants qui accepteraient les exigences des Etats-Unis à la manière d’une Europe qui a disparu de tout dialogue entre les grands. C’est là que l’absence totale d’une vision géopolitique des partis communistes et des dirigeants européens est le plus préjudiciable non seulement pour le monde du travail mais pour la France elle-même. L’étroitesse, la mesquinerie de ces « élites » politico-médiatiques, est comparable au rêve de Macron qui à l’OTAN a connu un Waterloo diplomatique en prétendant brader la souveraineté française à une hypothétique Europe qui elle ne se reconnait que dans la vassalité aux USA. Face à cette situation, le landerneau français le nez sur le guidon électoral ignore les enjeux et participe du déclin non seulement en se conformant au consensus atlantiste mais en enfermant les luttes françaises dans un espace sans issue. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
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L’histoire est presque risible, mais instructive. Cette rumeur a apparemment été lancée par l’agence japonaise Kyodo Tsushin, qui citait des sources chinoises anonymes : le gouvernement chinois aurait l’intention d’inviter Donald Trump au défilé organisé à Pékin le 3 septembre pour commémorer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce même défilé auquel Vladimir Poutine a déjà été invité.
Est-ce comme la très attendue conférence de Yalta en Crimée, du 4 au 11 février 1945, où les trois grandes puissances victorieuses (l’URSS, les États-Unis et la Grande-Bretagne) ont décidé au plus haut niveau de l’avenir du monde d’après-guerre ? Quelle idée merveilleuse et juste !
La presse à Pékin s’est naturellement tournée vers la belle Mao Ning (la Maria Zakharova du ministère chinois des Affaires étrangères). Celle-ci a répondu qu’elle ne disposait d’aucune information à ce sujet. Ce qui est certain, c’est que les autorités chinoises ont déjà annoncé leur intention d’inviter les chefs d’État et de gouvernement étrangers, ainsi que d’autres personnalités directement liées au 80e anniversaire de la Victoire, à participer au défilé.
Personne n’est plus directement concerné que la Russie et les États-Unis à cet égard. Il convient ici de rappeler que cette guerre a été menée par les États-Unis depuis décembre 1941, principalement dans l’océan Pacifique, et qu’elle s’est terminée par l’occupation du Japon, l’Europe étant un théâtre secondaire pour les Américains. En 1945, la Chine était presque entièrement occupée par le Japon, mais il restait des poches de territoire non conquis, et le gouvernement s’accrochait à ce bout de terre au sud-ouest (Chongqing). Il n’aurait peut-être pas tenu le coup sans l’escadrille des « Tigres volants » de Chennault et l’aide américaine.
Nous avions également besoin de cette aide, et la résistance chinoise était encore plus indispensable. Si le Japon n’a pas attaqué l’URSS à cette époque, c’est parce qu’il ne pouvait en aucun cas vaincre la Chine, qui bénéficiait d’ailleurs d’une aide très importante de Moscou à travers notre frontière dans le Xinjiang. Enfin, le nord de la Chine, la Mandchourie, a été libéré en 1945 par les troupes soviétiques, qui ont anéanti une armée japonaise de 700 000 hommes qui, si elle était rentrée chez elle, aurait posé des problèmes aux Américains. C’est donc une triple alliance, dont les héritiers sont aujourd’hui Poutine, Xi et Trump, qui a conduit à la fin de la Seconde Guerre mondiale en septembre.
Mais là, il s’agit des leçons du passé, tandis que la vague de publications sur le thème d’un nouveau « Yalta » à Pékin concerne en réalité l’avenir, la fin de la troisième guerre mondiale hybride actuelle. Et personne ne se soucie le moins du monde de la réflexion du Japon sur ce que le gouvernement doit dire au sujet du défilé du 3 septembre et devant qui il doit s’incliner.
L’idée d’un sommet « ukrainien » pacifique entre la Russie et les États-Unis, avec la médiation de la Chine, est compréhensible, mais Trump a-t-il déjà accepté de se rendre à Pékin ?
Quoi qu’il en soit, « Yalta » à Pékin est aujourd’hui perçu par la majeure partie de la planète dans un contexte qui dépasse largement les affaires euro-ukrainiennes. Tout le monde attend un tout autre « Yalta », qui mettra fin à la bataille économique entre les deux géants, la Chine et les États-Unis. Alors, les contours de toute l’ère à venir deviendront clairs, y compris le sort de l’Ukraine, du Proche-Orient et d’autres régions.
Le résultat de cette bataille de titans à ce jour est une sorte de match nul avec des victimes des deux côtés, et si la,question du défilé à Pékin a eu des résultats, c’est sous la forme de nombreuses évaluations de la situation actuelle, une sorte de bilan de la bataille.
Ainsi, le « grand accord » à la Trump n’a pas été annoncé, mais ses contours sont clairs. Pékin a riposté en imposant un moratoire sur les livraisons d’éléments rares aux États-Unis. Il est maintenant prêt à le lever, mais il peut le rétablir à tout moment. Sans terres rares, l’industrie militaire américaine ne peut pas survivre, et sans cette industrie, entre autres, c’est la fin des idées de Trump sur la réindustrialisation du pays. Et de sa puissance militaire aussi. En conséquence, les États-Unis paieront le prix fort en renonçant à une partie de leur programme d’étranglement des technologies chinoises.
Il est clair que « comme avant » cela ne sera plus jamais, les importations – pas seulement en provenance de Chine – vers les États-Unis seront fortement réduites, et cela sera inscrit dans l’accord final. Mais si certains esprits particulièrement malveillants rêvaient que l’Amérique écrase et détruise la Chine (ou inversement), ils peuvent toujours rêver. La meilleure preuve en est le comportement des grands investisseurs. Goldman Sachs, Nomura, UBS : toutes ces sociétés investissent à nouveau avec enthousiasme dans tout ce qui est chinois et prédisent un boom dans ce domaine au second semestre et au-delà. En d’autres termes, tout le monde a déjà compris, même si, répétons-le, il n’y a pas encore officiellement de « grand accord » entre Pékin et Washington.
Dans ce cas, pourquoi ne pas annoncer cet accord, ce match nul, le 3 septembre à Pékin ? Cela pourrait même se faire plus tôt ou plus tard. Et oui, ce serait un véritable « Yalta », une réorganisation du monde, car tout le monde en a assez d’attendre et de craindre une confrontation entre les deux premières économies mondiales.
Quant à la partie européenne de la bagarre mondiale actuelle, c’est-à-dire, par exemple, le rôle de l’Europe en tant qu’instigatrice permanente de la guerre en Ukraine, il y a quelque chose d’amusant à ce sujet de la part d’un homme au double nom portugais, Trillo-Figueroa, originaire de Hong Kong. Il résume toute cette longue histoire de guerre commerciale et technologique entre Trump et le reste du monde d’un point de vue « européen ». Son verdict : c’est la fin de l’Europe. Les Européens se sont mis à genoux devant les États-Unis là où la Chine (ainsi que le Mexique et le Canada) ont négocié avec Trump.
Au final, l’Europe, à qui l’OTAN a imposé une augmentation des dépenses militaires, a tout simplement pris en charge le financement de l’industrie militaire américaine, qui finira par toucher cet argent. Elle a également réussi à se brouiller avec Pékin, prenant au sérieux les pressions de Trump sur son concurrent et ajoutant quelques insultes de son cru. Et elle a découvert que la Chine et les États-Unis avaient gagné, car pour Trump, la Chine est une puissance sérieuse, un partenaire commercial, tandis que l’Europe a perdu, car elle n’est rien.
Ajoutons à son analyse : c’est cette Europe qui est restée pour déblayer les décombres du conflit ukrainien, qu’elle a en grande partie créé (également sur ordre des États-Unis). Comme beaucoup d’autres décombres. Pendant ce temps, les gens sérieux réfléchissent à la manière de mettre fin à la phase actuelle de la lutte internationale pour le pouvoir et de conclure des accords.
Cela pourrait se produire à Pékin ou ailleurs, en septembre ou plus tard. L’essentiel est que tout le monde comprenne aujourd’hui que l’heure de « Yalta » a sonné.
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