Histoire et société

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Bulgarie : Oui à la monnaie nationale ! Non à l’euro !

Les Bulgares continuent de se battre pour le maintien du lev, leur monnaie nationale, tout en affichant leur position vis-à-vis de l’UE dans son ensemble. Des manifestations massives contre l’introduction de l’euro ont de nouveau secoué le pays le 31 mai et ont été les plus importantes de l’histoire. Les citoyens veulent que les autorités les entendent, mais leurs revendications légitimes sont ignorées. Les relations nord-sud dans lesquelles les puissances impérialistes derrière les USA ont de plus en plus de mal à affronter la lutte des classes à l’échelle internationale ont leur écho dans l’instabilité chronique des gouvernements au sein de l’UE. Il y a la volonté de la commission européenne et des pays dominants comme l’Allemagne et la France d’imposer leurs propres candidats y compris en violant le résultat des urnes ou en provoquant des révolutions de couleur comme en Serbie… Avec la montée des résistances populaires et face à la trahison de la gauche, des nationalismes chauvins comme en Roumanie. La Bulgarie, toujours proche de la Russie, à sa manière fidèle à ses liens historiques résiste à l’euro..lors que la proposition pour le prochain budget de l’UE après 2027 arrive à grands pas,la révolte couve. Dernier signe d’agitation : quatorze États membres ont approuvé un document officieux s’opposant aux projets de la Commission européenne visant à centraliser la gestion et la distribution des fonds de l’UE. « Seuls un budget distinct et solide et une méthodologie d’allocation basée sur les régions, reflétant les différents niveaux de développement des régions, ainsi qu’une législation autonome dédiée à la politique de cohésion, peuvent garantir que le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) assurera l’unité, la compétitivité et la convergence à long terme dans les régions de l’UE », peut-on lire dans le document. La Bulgarie, la République tchèque, la Grèce, l’Espagne, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie ont signé le texte intitulé « Politique de cohésion dans le futur CFP », qui vise à garantir une enveloppe distincte pour réduire le fossé socio-économique entre les régions européennes les plus riches et les plus pauvres. C’est au-delà des appartenances politiques mais très marqué par la manière dont le nationalisme eet l’extrême-droite ont récupéré la nostalgie des peuples de l’ex-pacte de Varsovie, du socialisme après l’expérience d’une gauche qui privatise et sacrifie les couches populaires dans ue démarche pro-européenne et « démocratique ». L’appel de plus de la moitié des États membres fait suite à une fuite concernant les projets de la Commission de créer un pot de financement unique pour chaque pays de l’UE (couvrant environ 530 programmes) et de lier la réception des fonds à la réalisation d’objectifs politiques..(note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://gazeta-pravda.ru/issue/60-31697-69-iyunya-2025-goda/da-levu-net-evro

La Pravda N° 60 (31697) 6-9 juin 2025 (5e page)

Auteur : Sergey ADAMOV.

En 2023, en quelques mois seulement, 604 000 signatures avaient été recueillies en faveur d’un référendum national sur le maintien de la monnaie nationale. 480 000 signatures ont été validées et, conformément à la loi sur la participation directe des citoyens aux organes du pouvoir public et à l’autonomie locale, le Parlement était tenu d’organiser un référendum.

Au début du mois de mai de cette année, le président bulgare Rumen Radev a proposé aux députés de fixer la date du référendum, mais le 13 mai, la coalition pro-occidentale a rejeté l’idée d’un plébiscite national, confirmant ainsi la suppression du lev à compter du 1er juillet. Le motif officiel de ce refus était l’engagement pris par le pays avant son adhésion à l’Union européenne de passer à l’euro.

Les partisans du référendum ont également été accusés, selon de nombreux députés, de vouloir discréditer la Bulgarie aux yeux de l’Europe et du monde entier et de déstabiliser la situation déjà instable dans le pays.

Mais l’opposition souligne que l’engagement ne précise pas de délai concret et qu’il n’empêche en rien la tenue du référendum. « Il faut avant tout penser à son propre peuple, et non à une discréditation imaginaire aux yeux des autres. Quant à l’instabilité, c’est le gouvernement qui doit s’en prendre à lui-même, et non aux patriotes », », peut-on lire dans une déclaration commune des partis opposés à l’adoption de l’euro.

Les organisateurs des manifestations du 31 mai ont déclaré qu’environ 300 000 personnes y avaient participé. « À Sofia, 50 000 Bulgares libres ont manifesté, et 250 000 autres se sont joints aux manifestations dans d’autres régions. Au total, les manifestations ont eu lieu dans 134 villes et 72 villages. C’est un record national, jamais autant de personnes ne sont descendues dans la rue en une seule journée », a déclaré le président du parti « Renaissance », Kostadin Kostadinov.

Outre la capitale, des manifestations importantes sous le slogan « Oui au lev, non à l’euro ! » ont eu lieu à Varna, Plovdiv et Pernik. Partout, on pouvait voir des banderoles avec des slogans tels que « Liberté au lev bulgare », « L’avenir appartient aux États souverains » et « Nous ne voulons pas de l’euro ».

À Ruse, la police a bloqué le centre-ville et des échauffourées ont éclaté. Des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants ont également été signalés à Sofia et Plovdiv en raison du blocage des rues, mais ils n’ont fait ni victime ni arrestation. Lors de la dernière manifestation dans la capitale, le 22 février, des manifestants et des policiers ont été blessés et des dizaines de personnes ont été arrêtées.

Le 4 juin, jour de l’adoption de la loi de 1880 sur le lev, une nouvelle manifestation a eu lieu à Sofia, cette fois devant le parlement encerclé par la police. «La manifestation du 31 mai a été entendue et remarquée en Europe et dans le monde. Nous voulons exercer les droits constitutionnels que le Parlement nous a refusés. Nous défendons non seulement un symbole bulgare vieux de 145 ans, mais aussi la démocratie et le droit à la dissidence sur des questions qui détermineront l’avenir des générations futures », peut-on lire dans la déclaration commune des manifestants.

Les partisans de la gauche justifient très concrètement leur position. Dans leurs documents d’information, ils rappellent que les pays qui sont passés à l’euro ont connu des pics d’inflation. En trois ans, les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité ont augmenté de 15 à 45 % selon les pays et ne baissent pas depuis. À cela s’ajoute une inflation annuelle de 20 %.

En outre, la Banque centrale européenne (BCE) limite la dette publique et le déficit budgétaire des pays ayant une monnaie nationale. Après l’introduction de l’euro, ces limites seront supprimées et le gouvernement libéral pourra noyer la Bulgarie sous les dettes, la condamnant ainsi au sort de la Grèce.

« Nous ne deviendrons pas plus riches après le passage à l’euro, quoi qu’en disent les autorités irresponsables. Les pays riches l’étaient déjà avant l’adoption de la monnaie unique européenne. Il en va de même pour les taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires et à la consommation, rien ne prouve qu’ils baisseront », peut-on lire dans le manifeste de l’opposition.

Il souligne également que la Bulgarie se retrouvera dans le troisième groupe d’influence sur la politique monétaire et financière de la BCE, dominé par des géants tels que l’Allemagne et la France. Dans son évaluation des conséquences de l’abandon du lev, la Banque nationale de Bulgarie affirme que l’entrée dans la zone euro n’aura pas d’impact positif significatif sur l’économie.

Beaucoup ont noté que les 31 mai et 4 juin, les participants aux manifestations ont non seulement scandé des slogans en faveur du lev, mais ont également condamné la politique de Bruxelles, les actions agressives de l’OTAN et les attaques anti-russes du gouvernement bulgare. Les experts s’accordent à dire qu’il ne s’agit plus seulement de confiance dans l’euro, mais que l’ampleur des manifestations montre le degré de rejet des valeurs imposées par l’Occident collectif.

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